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Elisa Marazzi, Libri per diventare italiani: l’editoria per la scuola a Milano nel secondo Ottocento

Milan : Franco Angeli, 2014. 331 p.

Livia CASTELLI

Università di Roma La Sapienza

On devient Italiens, aussi, par l’essor d’une nouvelle industrie : c’est le sujet de cet ouvrage consacré aux acteurs majeurs de la production du livre et du matériel pédagogiques à Milan (la « Leipsiz d’Italie » pour le Giornale della libreria), depuis l’unification de l’Italie entre 1860 et 1871, jusqu’au début de la dictature fasciste en 1922. L’analyse porte sur des pratiques de production et de publication des textes qui demeurent parmi les plus mal connues. Les bibliothèques conservent des fonds encore inexploités de cette production à grande diffusion. Face à Turin et Florence, centres traditionnels d’une édition scolaire soutenue et spécialisée, liée à la philologie et au monde académique, face aux maisons d’édition locales de la péninsule, Milan construit sa propre spécificité grâce au livre destiné aux écoles primaires.

En six chapitres (Geografia del libro di testo. Uno sguardo comparativo, p. 31-55 ; Istruire guadagnando. Editori scolastici tra pedagogia e mercato, p. 57-82 ; La fabbrica dei manuali e gli artigiani del libro. Strategie editoriali a confronto, p. 83-173 ; Per una teoria della collana. Progetto editoriale e usi impropri, p. 175-213 ; Tra istruzione e diletto: libri di premio, libri di lettura, p. 215-242 ; Dal feuilleton al libro e ritorno. Strategie di integrazione nell’editoria pedagogica, p. 243-307) quatre dynasties de professionnels du livre sont étudiées, imprimeurs, éditeurs ou libraires : Vallardi, Trevisini, Agnelli, Carrara. Trois points forts de l’édition au xixe siècle sont également passés au crible : les livres de prix, les collections, et les revues de lecture ou pédagogiques. Production et assortiment des éditeurs ne se limitent pas au livre, mais comprennent aussi des objets, cartes et plans, et autres supports pédagogiques : une production nationale est désormais créée pour un marché jusqu’alors satisfait par des produits importés.

Dans sa diversité l’offre éditoriale comprend des livres de prix, de lecture, des revues destinées à la formation professionnelle des enseignants qui véhiculent ainsi les débats pédagogiques de l’époque, les exigences de meilleures conditions de travail, et les besoins en informations légales des nouveaux acteurs de l’école primaire.

À partir des années 1860 et 1870, deux facteurs ont influencé l’édition scolaire : l’intervention de l’État central dans le domaine de l’enseignement primaire, et la réorganisation de la géographie éditoriale à la faveur de l’unification. Par le biais de l’enseignement élémentaire obligatoire, le Royaume d’Italie, né de l’expansion piémontaise, entend former les nouveaux sujets de sa propre culture et de son idéologie libérale, paternaliste et travailliste. L’Unité a brisé le monopole de l’impression du livre scolaire du royaume lombardo-vénitien, auparavant centré sur l’Imperial regia stamperia. L’industrie milanaise développe un nouveau centre de production d’imprimés à grand tirage dans une ville à l’industrialisation rapide, où les connaissances techniques et scientifiques évoluent parallèlement à l’organisation commerciale et entrepreneuriale.

Nées entre l’Ancien Régime et 1879, attentives à saisir les opportunités du marché créées par les politiques publiques, les quatre maisons ont su, de différentes manières, élaborer des stratégies commerciales, ouvrir des succursales, importer des nouveautés de l’étranger (surtout d’Allemagne), faire la promotion de leur offre dans leurs propres revues, attacher leurs lecteurs au moyen de collections construites de manière plus ou moins rigoureuse. Dans ce contexte qui cible avant tout la rentabilité, Il risveglio educativo (1884-1900), revue progressiste et laïque, est à l’origine d’une série d’éditions de qualité nées autour de sa rédaction. D’abord éditée par son fondateur, l’instituteur Guido Antonio Marcati, elle devient le fleuron de la maison Massi, un éditeur qui se spécialise dans les revues pédagogiques mais qui opte ensuite pour une carrière politique. Ayant perdu ses ambitions originelles, la revue finit par devenir un simple support commercial, puis s’éteint quelques années plus tard.

Les sources sollicitées par cette étude sont les catalogues des éditeurs, les revues qu’ils ont publiées, leur matériel publicitaire. Quelques enquêtes ont été conduites également en archives (archives du Ministère de l’Éducation, et des maisons d’édition elles-mêmes). Un index général comprend les noms de personne, des maisons d’édition, des collections, des périodiques cités, des institutions et des associations.