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Louis-Philippe et les livres


De la collection familiale à la bibliothèque du musée de l’histoire de France

Charles-Éloi VIAL

Conservateur, BnF, dép. des Manuscrits ; docteur en histoire de l’université Paris-Sorbonne, chercheur associé au centre d’histoire du xixe siècle (EA 3550)

« L’une des meilleures manières de recréer la pensée d’un homme : reconstituer sa bibliothèque », avait noté Marguerite Yourcenar1. Il est pourtant ardu, faute de témoignages ou de livres annotés, de déterminer quelles ont pu être les lectures des grands personnages du passé. Les catalogues de bibliothèque, faute de mieux, peuvent en donner une image, mais leur inconvénient est de ne pas révéler quels étaient les livres lus, seulement ceux qui étaient rassemblés à l’usage du prestigieux lecteur, généralement par un bibliothécaire attaché à l’idée de constituer une collection reflétant plus le rang de son propriétaire que ses goûts propres. Dans le cas du roi Louis-Philippe, on se retrouve face à une énigme. Ses biographes les plus récents n’ont fait qu’effleurer le sujet, mais il est possible, grâce aux archives familiales des Orléans (cf. Annexe 1), de retracer non seulement le portrait d’un lecteur, mais aussi la constitution d’une impressionnante collection de livres, ainsi que les pratiques de lecture de quelques-uns des membres de sa famille.

UN PRINCE LECTEUR

Une jeunesse studieuse

Les livres ont occupé une place importante dans l’éducation de Louis-Philippe2. S’il n’existe pas de catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal, riche de 13 000 volumes avant 17893, ni de liste des livres rassemblés par Mme de Genlis au pavillon de Bellechasse, on sait que sa gouvernante avait pour habitude de rédiger des extraits des auteurs classiques que les princes d’Orléans emmenaient en voyage4.

Louis-Philippe écrivit lui-même, au début de son exil en Belgique et en Suisse en 1793, une liste des livres qui lui manquaient. On y retrouve tout ce qui constituait la bibliothèque d’un prince instruit, les essentiels de la littérature d’alors, des travaux de référence sur l’histoire de la France et de l’Europe, mais aussi plusieurs ouvrages militaires fondamentaux : citons par exemple, pour la première catégorie, les classiques Lettres de Cicéron à Atticus, le Cours de Littérature de La Harpe, les Œuvres théâtrales de Lesage. Pour la deuxième, les Mémoires de Saulx-Tavannes et l’Histoire de France de Velly. Pour la troisième, les Mémoires des officiers du génie sur la fortification perpendiculaire. Le jeune prince réclamait aussi des ouvrages inattendus, qui témoignent d’un goût pour le pittoresque et d’un intérêt inattendu pour la géographie et les sciences naturelles, comme l’Ichtliologie de Bloch, la Physique de Ligot de Lafond, le Dictionnaire d’histoire naturelle de Valmont de Bomare, l’Histoire générale des Voyages de l’abbé Prévost. Plusieurs récits de voyage au Levant, en Syrie, en Abyssinie, en Turquie, témoignent d’un intérêt pour l’Orient. Sur le document, certains titres sont précédés d’un astérisque : il s’agit peut-être de ceux que Louis-Philippe jugeait les plus importants, parmi lesquels les Œuvres de Rabelais, la Géographie de Büsching, les Œuvres militaires de Vauban, l’Essai sur l’usage de l’artillerie dans la guerre de campagne et de siège d’Edmé Puget, les Mémoires de Philippe de Commynes, de Joinville et de Brantôme, le Dictionnaire de Bayle, les œuvres de Thucydide, Xénophon, Polybe, Tite-Live, Salluste, César, l’Histoire romaine de Rollin et le Voyage du jeune Anacharsis en Grèce5.

Des livres pour l’exil

Les lectures d’exil de Louis-Philippe durant son séjour à la cour de Ferdinand ier à Palerme de 1809 à1814 peuvent être étudiées grâce à un carnet inédit conservé dans les archives de son homme de confiance, le chevalier Nicolas-Thomas-François de Broval, chargé de défendre ses intérêts auprès du gouvernement britannique. Dès juin 1812, il ordonna qu’on lui fasse porter les journaux anglais « par chaque paquebot ». Ne recevant les nouvelles de France qu’avec plusieurs mois de décalage, il ne réclama qu’en janvier 1813 les nouveautés publiées à Paris l’année précédente : les Éphémérides politiques, littéraires et religieuses de Paris de François-Joseph-Michel, La Conversation, poème de Jacques Delille, le traité d’éducation La Mère gouvernante ou principes de politesse fondés sur les qualités du cœur, de Sophie de Renneville et le roman La Princesse de Nevers, ou Mémoires du sire de La Touraille, de Jacques-Antoine Révéroni Saint-Cyr6. Un autre document permet de documenter l’histoire des lectures du duc d’Orléans à la fin de son exil : le catalogue de la bibliothèque de sa résidence anglaise de Twickenham, où il résida pendant les Cent-Jours et jusqu’à son retour en France en 18177. On y retrouve 144 titres, dont 38 appartenant à Marie-Amélie. La duchesse d’Orléans lisait ainsi des ouvrages édifiants comme les Lectures de l’abbé Sicard, des traités de pédagogie comme les Leçons d’une gouvernante, et des romans tels Jeanne de France et Les Battuecas par Mme de Genlis, Adolphe de Benjamin Constant ou des livres d’histoire comme l’Histoire d’Italie par Fantin-Desodoard, l’Histoire d’Henri le Grand par Mme de Genlis. Les catégories de l’art militaire et des pamphlets politiques étaient réservées au duc, qui lisait par exemple De la Monarchie suivant la Charte de Chateaubriand, la Note historique sur le procès de Marie-Antoinette par Chauveau-Lagarde, Du Gouvernement représentatif et de l’état actuel de la France par Guizot, la Correspondance du duc d’Otrante avec le duc de Wellington, ouvrages traitant principalement de la situation politique de la France depuis la Révolution. Sa bibliothèque conservait enfin plusieurs recueils de gravures, représentant des paysages anglais, des capitales étrangères ou des scènes des Cent-Jours.

LES BIBLIOTHÈQUES DU DUC D’ORLÉANS

Retour en France

Les archives des Orléans montrent que Louis-Philippe enrichit sa bibliothèque dès son retour au Palais-Royal. Dans le même temps, le réaménagement des châteaux familiaux de Neuilly, Eu, Bizy et du Raincy entraîna la création de plusieurs bibliothèques privées. Mais l’accumulation de livres par Louis-Philippe révèle bien plus que la simple volonté de tenir son rang. Elle n’est pas non plus l’émanation de la curiosité d’un prince amateur de romans et de livres d’histoire. Elle montre au contraire qu’il se comportait en véritable bibliophile, tentant d’amasser la collection la plus considérable possible, pouvant à la fois contenter ses besoins de lecture et ceux de sa famille, mais également documenter n’importe quel travail d’érudition concernant les Belles-Lettres ou les Beaux-Arts. Cette accumulation de livres entamée à partir de 1817 se poursuivit jusqu’en 1848, à la fois dans les résidences familiales des Orléans et dans les palais de la Couronne, où plusieurs bibliothécaires travaillèrent simultanément à constituer d’immenses collections de livres anciens, cartes et gravures. L’étude des archives permet de mieux comprendre le fonctionnement de ces bibliothèques, de connaître les lectures de la famille royale, et enfin de découvrir une autre facette d’un roi collectionneur.

Le Palais-Royal : naissance d’une bibliothèque princière

Les archives concernant les bibliothèques de Louis-Philippe avant son accession au trône sont peu loquaces. Un premier catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal ne mentionne que 400 titres achetés dans les premières années de la Restauration, auxquels vinrent s’ajouter les 144 titres rapportés de Twickenham en 1817. On constate, à l’étude de ce premier catalogue, que les « pamphlets politiques », l’histoire de France, et les recueils de gravures y occupaient une place importante, comme les ouvrages en anglais8. Les documents comptables montrent que le duc d’Orléans enrichissait tous les mois sa bibliothèque en se fournissant chez les libraires des galeries du Palais-Royal. Il faisait aussi régulièrement relier des livres pour Neuilly, Eu et le Palais-Royal par les meilleurs artisans, tels Simier ou Thouvenin. Louis-Philippe n’employant pas encore de bibliothécaire, son contrôleur des dépenses et le directeur de son Garde-meuble s’occupaient de régler fournisseurs et relieurs. Jusqu’en 1823, les livres furent inventoriés par les employés du Mobilier de la Maison ducale. Les archives comptables concernant les livres, les tableaux et les objets d’art se retrouvent ainsi mélangés dans le même carton (300AP I 134).

Quelques registres comptabilisant les livres acquis par souscription ou pour lesquels le duc avait offert une aide financière à l’auteur montrent que sa bibliothèque permettait aussi à Louis-Philippe de s’affirmer comme mécène. De nombreux mémoires de paiement pour des recueils de gravures ou des livres anciens chez des libraires parisiens ou anglais, tout comme des listes de livres acquis dans des ventes aux enchères, permettent aussi de suivre la constitution de l’immense collection de portraits gravés de personnages historiques, aujourd’hui conservée au musée national du château de Versailles9.

Le 1er janvier 1822, par l’entremise du député Stanislas de Girardin, l’ancien sous-préfet Jean Vatout obtint la place de bibliothécaire du duc d’Orléans. Si l’on en croit son Journal, jusqu’en septembre 1823, il dut croire que sa fonction n’était qu’honorifique. Finalement incité par Louis-Philippe à se mettre au travail, il s’occupa de reclasser la bibliothèque, alors dispersée entre les appartements du premier étage du Palais-Royal, où les livres avaient été placés dans des armoires vitrées ou des serre-papiers, sans souci de classement. Il fallut presque une année à Vatout pour « débrouiller le chaos où se trouvaient les livres »10. Il fit notamment relier les volumes provenant de la duchesse douairière Louise-Marie-Adélaïde d’Orléans, née Penthièvre, décédée en 1821. Le bibliothécaire fit appel à plusieurs relieurs, Tessier, Desforges, Fauchet et enfin Thouvenin, nommé « relieur du duc d’Orléans », qui se chargea de quelques manuscrits provenant de la succession Penthièvre, notamment un Gaston Phébus enluminé qui reçut une reliure en maroquin violet11, ainsi qu’un évangéliaire carolingien aujourd’hui perdu.

Jean Vatout s’occupa aussi d’ouvrir la bibliothèque du Palais-Royal aux curieux et d’envoyer des livres achetés en double dans les châteaux d’Eu, Bizy, Neuilly et au Raincy, les Orléans souhaitant trouver leurs livres favoris dans leurs villégiatures. Il se chargea en outre de compléter les collections de journaux, parmi lesquels le Moniteur, mais aussi plusieurs périodiques libéraux, des titres appartenant au parti ultra, sans oublier des journaux étrangers comme le Times. Il souscrivit aussi à plusieurs publications de luxe telles que la Description de l’Égypte. Vatout fut également chargé de classer les portefeuilles de gravures et le médaillier du duc12. Il s’occupa enfin de publier certains ouvrages élogieux à l’égard du duc d’Orléans et de sa lignée, comme les Mémoires du duc de Montpensier, les Mémoires de Gaston d’Orléans, ou les Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, de rédiger des articles flatteurs sur Philippe-Égalité dans la Biographie des contemporains13, et de racheter ou détruire des documents critiquant la maison d’Orléans, notamment un chapitre des Mémoires du duc de Lévis14.

Vatout mit plusieurs années avant d’obtenir l’aménagement d’une pièce entièrement consacrée aux livres. Le 4 janvier 1827, le bibliothécaire note dans son Journal qu’une bibliothèque venait d’être installée par l’architecte Fontaine au Palais-Royal, même si aucun plan conservé ne permet d’en préciser l’emplacement. La bibliothèque du château de Neuilly fut aménagée au même moment dans un salon du rez-de-chaussée. La bibliothèque du Palais-Royal fut agrandie en juillet15, même si une partie des livres était toujours répartie dans six pièces de l’appartement du premier étage de l’aile dite « de Chartres »16. Selon un ancien catalogue rédigé avant 1830, les volumes tenaient alors dans 12 armoires vitrées. En 1832, seul chiffre disponible, les bibliothèques du Palais-Royal, de Neuilly et d’Eu contenaient 30 000 volumes17.

À la veille de la Révolution de Juillet, la collection de Louis-Philippe était donc devenue digne d’un prince de son rang. Son cadre de classement respectait les usages de l’époque : la catégorie « Religion et Morale » arrivait en tête, tandis que celle consacrée à l’histoire de France était subdivisée en sous-ensembles chronologiques18. La collection comportait aussi de nombreux ouvrages de littérature anglaise, allemande et italienne, ce qui en faisait une bibliothèque de choix pour le duc d’Orléans, qui parlait plusieurs langues, de même que pour Marie-Amélie dont l’italien était la langue maternelle (Annexe 2).

Lectures familiales

Les Orléans consacraient plusieurs heures par jour à la lecture et à la conversation en famille19. Deux carnets tenus de 1817 à 1825 répertorient les livres envoyés du Palais-Royal à Neuilly à la demande des princes. Le 6 août 1817, Marie-Amélie demanda par exemple un roman épistolaire, Adèle et Théodore, un livre de contes, les Veillées du château, et les Beautés de l’histoire russe. Le registre mentionne les recueils de lithographies de Carle Vernet représentant des chevaux anglais, que le duc d’Orléans souhaitait montrer au prince de Joinville ; le Paris ancien et moderne, une histoire de Marie reine d’Écosse et les cartes des campagnes de Bonaparte en Italie par Bacler d’Albe pour Louis-Philippe ; l’Histoire de Gustave iii de Suède et le Nouveau Robinson pour le duc de Chartres ; l’Histoire de Venise et la Tragédie de Jeanne d’Arc pour la duchesse. Dans l’entourage des Orléans, le baron Atthalin, aide de camp du duc, semble avoir apprécié les récits de voyage, Mme de Malet, dame de compagnie de Marie-Amélie lut plutôt des romans, tandis que le maître d’hôtel Uginet réclama l’Histoire de l’Inquisition20.

LES BIBLIOTHÈQUES DE LA COURONNE 
SOUS LA MONARCHIE DE JUILLET

Les bibliothèques de la Liste civile

Dès 1830, Louis-Philippe et sa famille délaissèrent leurs résidences familiales et vécurent la majeure partie de l’année dans les palais de la Couronne, où des bibliothèques avaient été aménagées depuis le Premier Empire. Ces bibliothèques dépendaient de la Liste civile, qui gérait les biens attribués au souverain à son avènement, ainsi que les 25 millions de francs alloués annuellement aux dépenses de la cour21. Un bibliothécaire particulier du roi, installé au Louvre, était chargé des achats et des frais de reliure, secondé par des conservateurs attachés aux résidences de la cour. Initialement prévue pour la famille royale, la bibliothèque du Louvre jouait le rôle d’une centrale d’achat, redistribuant les livres nouvellement acquis entre les palais. Les bibliothèques de Fontainebleau, de Saint-Cloud et de Compiègne furent enrichies tout au long du règne, tandis que la bibliothèque de Rambouillet fut déposée au château de Versailles en 1832, quand le château fut rendu à l’État et mis en location.

Louis-Philippe accorda des moyens extrêmement généreux aux bibliothèques de la Couronne. En 1834, le budget de la Liste civile avait prévu 50 000 francs pour les souscriptions, 30 000 pour les achats, 15 000 pour les frais de reliure et 94 700 pour les achats courants, soit 189 700 francs22. Au cours du règne, le roi lança aussi plusieurs chantiers. Le plus important eut lieu en 1838 au palais de Saint-Cloud23, où une nouvelle bibliothèque fut aménagée en remplacement de celle constituée pour Napoléon par Percier et Fontaine en 1802, dans une pièce située en prolongement du Salon de la Vérité, au centre du palais. La pièce, éclairée par une verrière le jour et par de grandes lanternes en chêne doré la nuit, meublée de lourds fauteuils capitonnés, se développait sur trois niveaux, entourés de rambardes en fer forgé24. « Avant 1838, cette pièce n’était qu’un couloir obscur. Dubreuil, architecte de Louis-Philippe, a décoré cette délicieuse bonbonnière d’or et de chêne sculpté, où l’on a réuni 12 000 volumes »25. Au palais de Trianon, occupé après 1835, Louis-Philippe fit aussi aménager un appartement et une petite bibliothèque26, qui furent installés dans l’aile à l’opposé des anciens petits appartements de Napoléon27.

Les bibliothèques du Domaine privé

Malgré son avènement au trône, Louis-Philippe avait conservé la jouissance du Domaine privé de la famille d’Orléans, dont l’administration était distincte de celle de la Liste civile, même si, en dépit de cette séparation théorique, l’argent de la Couronne servit souvent à l’embellissement des résidences familiales du roi des Français. Le Palais-Royal, Neuilly et Eu furent simultanément alimentés en livres achetés avec l’argent de la Liste civile et avec les crédits du Domaine privé. La bibliothèque centrale du Louvre tint scrupuleusement le décompte des livres déposés dans les demeures familiales des Orléans, notamment à l’occasion des séjours de Louis-Philippe. La Liste civile disposant de moyens bien plus élevés, les crédits du Domaine privé finirent par ne plus servir qu’à compléter les collections de journaux et les publications de luxe que le Palais-Royal et le palais de Neuilly continuaient de recevoir, à acquérir les ouvrages subventionnés par le roi ou à acheter quelques livres rares ou manuscrits précieux.

Les bibliothèques de Neuilly, d’Eu et du Palais-Royal, appelées « bibliothèques particulières du roi », étaient toujours théoriquement administrées par Jean Vatout, nommé Premier bibliothécaire du roi. Cependant, ce dernier travailla de moins en moins après 1830, son titre prestigieux lui permettant de vivre à l’abri du besoin et de mener à bien ses travaux d’écriture. Les archives de la bibliothèque du Palais-Royal sont donc moins importantes sous la Monarchie de Juillet. À plusieurs reprises, Vatout nota par exemple dans son registre de correspondance que les livres proposés à l’achat à la bibliothèque du Palais-Royal par des auteurs avaient été déjà acquis par la bibliothèque du Louvre qui avait pris soin de les placer sur les rayonnages. Les souscriptions proposées ou acceptées par le roi semblent par ailleurs n’avoir été notées dans ce registre de correspondance que très irrégulièrement. Ce n’est qu’à partir de 1836 qu’il fut correctement tenu, c’est à dire au moment où Vatout cessa définitivement de travailler et où ses registres furent tenus par un bibliothécaire envoyé par le Louvre28.

Des collections dignes d’un roi

Faute d’inventaires précis, on ne peut réellement apprécier le travail accompli par les bibliothécaires de Louis-Philippe après 1830 qu’en étudiant les pertes advenues en 1848. Les bibliothèques de tous les palais avaient été soigneusement entretenues et mises à jour, alors même que les livres n’étaient que rarement consultés. À la fin du régime, le roi disposait ainsi dans son cabinet particulier du Palais-Royal de 168 titres consacrés à l’histoire de France, tous très récents, alors qu’il n’occupait plus la pièce depuis son installation définitive aux Tuileries en 183129. En 1848, en comptant le cabinet du roi et les livres répartis dans les appartements, la seule bibliothèque du Palais-Royal était riche de 2 611 titres, sans compter les partitions et les collections de périodiques30, soit approximativement 30 000 volumes31, ce qui en faisait une des bibliothèques les plus riches de la capitale. Le médaillier de Louis-Philippe, pillé en 1848, était constitué de monnaies et médailles de la période médiévale à la monarchie de Juillet, d’une collection de pièces anglaises offertes par la reine Victoria, en tout « 260 médailles en or, en électrum, en argent et en bronze. On y trouvait des médailles de quatre-vingt-trois peuples ou villes, et d’un grand nombre de rois ou chefs, de toutes les parties du monde connu des anciens. La seconde partie, celle qui se composait des médailles romaines, n’était pas moins intéressante ; elle présentait une belle suite d’empereurs, d’impératrices, de princes et de princesses, et s’élevait à 813 médailles »32.

La bibliothèque de Neuilly comptait quant à elle 9 565 volumes dont plus de la moitié furent détruits lors de la révolution de 184833. Certains livres provenant du Palais-Royal et de Neuilly, furent dispersés en deux ventes, les 8 mars et 6 décembre 1852. Les catalogues ne mentionnent cependant que 2 393 numéros, ce qui montre l’ampleur des pillages advenus pendant la révolution de Février. Les nombreux livres anciens, richement reliés, les manuscrits médiévaux ou modernes34, les recueils de gravures ou de plans, dispersés à cette occasion, montrent la richesse exceptionnelle de cette collection35.

La bibliothèque du château d’Eu, épargnée par les pillages de 1848, fut elle aussi vendue en 1853. Au cours de la première vacation, 2 061 volumes furent dispersés, puis 2 213 pour la seconde, soit en tout 469 titres. Dans ce château occupé pour de courts séjours de plaisance, les collections complètes de revues étaient nombreuses : le Mercure de France (216 volumes), la Revue des deux mondes (53 volumes), la Revue de Paris (58 volumes), le Moniteur (128 volumes), les Procès-verbaux des assemblées de 1789 à 1799 (238 volumes), les Œuvres de Walter Scott (128 volumes) ou l’Annual Register (65 volumes). Outre les romans et récits de voyage, l’histoire, et notamment celle de la Normandie, occupaient une bonne partie des étagères. Le caractère familial de cette bibliothèque est souligné par la présence de plusieurs ouvrages portant les armes de la duchesse douairière d’Orléans, mère de Louis-Philippe, du duc du Maine, propriétaire du château d’Eu au début du xviiie siècle, ou encore des princes de Condé36.

LECTURES DE LA FAMILLE ROYALE

Les lecteurs et leurs bibliothécaires

Conséquence du retrait de Jean Vatout, les princes eurent souvent recours à l’administrateur de la bibliothèque du Louvre, l’académicien Victor-Étienne de Jouy, et surtout à son adjoint Louis Barbier, fils du bibliographe Antoine-Alexandre Barbier, qui avait été bibliothécaire de Napoléon ier de 1807 à 1815. Louis Barbier devint le principal pourvoyeur de livres de la famille royale (Annexe 3). Ainsi, lors des « camps » de Compiègne, les grandes manifestations militaires régulièrement organisées par Louis-Philippe en 1833, 1834, 1836, 1837, 1841 et 184637, il fut chargé de constituer des bibliothèques provisoires à la demande du duc de Nemours : les livres étaient amenés du Louvre et mis à disposition des officiers généraux présents au camp38.

Le duc d’Orléans et le prince de Joinville eurent régulièrement recours à Barbier, tout comme les précepteurs des ducs d’Aumale, de Montpensier et des princesses Marie et Clémentine d’Orléans. Pour la fin du règne, on retrouve des demandes très précises des instituteurs du comte de Paris, qui montrent que l’héritier du trône devait lire non seulement des imprimés sur la géographie, l’histoire de France et les sciences naturelles, mais aussi consulter certains des manuscrits conservés à Neuilly ou au Palais-Royal, comme celui des Mémoires du duc de La Vauguyon, ministre des Affaires étrangères de Louis xvi en 1789, cité dans plusieurs lettres mais sans doute disparu en 1848, ou encore un recueil des dessins de Louis xiv enfant. Marie-Amélie réclama quant à elle les œuvres de Balzac, et le duc de Nemours celles d’Alexandre Dumas39. Le roi lut surtout des éditions d’anciens traités diplomatiques, ainsi que des ouvrages relatifs à la monarchie espagnole, qui reflétaient sans doute ses préoccupations politiques. Pour ses loisirs, il demanda cependant quelques mémoires relatifs au Premier Empire, ainsi que des ouvrages sur l’histoire de France. Enfin, à partir de 1840, les enfants de Louis-Philippe se firent aménager de petites bibliothèques privées dans leurs appartements des Tuileries, où les livres déposés par la bibliothèque du Louvre étaient installés et classés à leur usage, ce qui explique que seuls les ouvrages les plus rares ou précieux, ainsi que les grands formats, furent toujours réclamés à Louis Barbier40.

Les places de bibliothécaires dans les palais de la Couronne étaient également devenues des sinécures enviées. Le plus illustre des écrivains à en bénéficier fut Alexandre Soumet, nommé à Compiègne de 1830 à sa mort en 1845. En 1843, la disparition de l’académicien Casimir Delavigne, bibliothécaire de Fontainebleau depuis 1830, suscita de nombreuses candidatures, d’après le récit de Cuvillier-Fleury, précepteur du duc d’Aumale : « De Latour a fait appuyer par le duc de Montpensier la candidature de son père, homme d’esprit et bibliophile distingué. Elle a de grandes chances de réussir. Belmontet, le napoléoniste converti, avait aussi demandé la place. Quant à Alexandre Dumas, il la sollicite pour son glorieux fils, qui a dix-huit ans et qui sort du collège ». La bibliothèque de Chantilly, léguée au duc d’Aumale par le duc de Bourbon, fut également surveillée par un bibliothécaire, Émile Augier, ancien condisciple du duc d’Orléans au lycée Henri iv et dramaturge débutant41.

Quelques registres de prêt montrent que ces bibliothèques étaient fréquentées par les invités du roi ainsi que par les employés de la cour42. À Compiègne, l’ancienne bibliothèque particulière de Napoléon, aménagée en 1808, continua à être enrichie pour Louis-Philippe, tandis que les autres occupants du château fréquentaient la bibliothèque de la cour, installée au deuxième étage. D’après ces documents, en mai 1837, lors des festivités offertes après le mariage du duc d’Orléans, le bibliothécaire eut par exemple à déplorer la perte de 47 volumes non rendus par les invités du roi et leurs domestiques43. À Fontainebleau, la bibliothèque particulière de Napoléon située au rez-de-chaussée fut également utilisée par la famille royale et des livres concernant l’art militaire y furent placés à l’usage des fils de Louis-Philippe, tandis que la cour utilisa la grande bibliothèque installée depuis 1807 dans l’ancienne chapelle Saint-Saturnin44. Les Orléans ne firent que de rares séjours à Fontainebleau et Compiègne, même si de nouveaux catalogues furent rédigés à l’usage du roi des Français45. Du fait des destructions et des incendies advenus en 1848 et 1870, les catalogues et les registres de prêt des bibliothèques de Neuilly, du Raincy, de Saint-Cloud, des Tuileries ou même du Louvre ont disparu, ce qui empêche d’étudier avec davantage de précision leur fonctionnement quotidien. Si aucun document n’a été conservé pour le château d’Eu, la correspondance du docteur Blache, médecin du comte de Paris, évoque quelque peu la bibliothèque et les soirées passées en compagnie de Louis-Philippe à lire à voix haute des romans ou des livres d’histoire : « Hier la duchesse d’Orléans avait la migraine […]. Nous avons lu […] une nouvelle assez médiocre intitulée Madeleine, et publiée dans la Revue des deux mondes46. Ces lectures ne laissent pas que d’être assez difficiles en présence de la princesse, excessivement puritaine. Il faut souvent passer des phrases toutes entières, substituer une expression à une autre un peu trop libre », écrit-il le 26 juillet 1846. Un an plus tard, il nota : « Nous avons terminé la soirée en lisant quelques chapitres fort gais de Don Quichotte, pour nous sortir des tristes pages de l’Histoire des Girondins. Nous en sommes justement au procès de Louis xvi47 ».

LA BIBLIOTHÈQUE DU MUSÉE 
DE L’HISTOIRE DE FRANCE DE VERSAILLES

Un musée en quête d’une bibliothèque

Parmi toutes les bibliothèques des palais, celle de Versailles doit être placée à part48. Dès les premières commandes d’œuvres d’art destinées au musée de l’histoire de France voulu par le roi, les collections de livres appartenant à la Couronne furent rapidement mises à contribution. Louis Barbier fut ainsi chargé de fournir la documentation de la Direction des musées royaux au moment de la constitution du musée de l’histoire de France. Les demandes de livres, qui étaient pour la plupart des histoires des sièges de villes et des batailles de l’Ancien Régime, ou encore des descriptions des résidences royales, alimentèrent les réflexions de la commission, encadrée de près par le roi, qui était chargée de valider les programmes iconographiques49. On retrouve ainsi une demande datée du 19 octobre 1836 par laquelle Alphonse Cailleux, directeur des Musées royaux, réclamait pour une séance de travail avec le roi la Relation du siège et de la prise de Valenciennes (1677) ; la Lettre de M. le comte de Louvigny à M. le maréchal de Grammont son père (sur la prise de Valenciennes) du 17 mars 1677, insérée dans le Recueil de pièces d’histoire et de littérature ; la Lettre du duc de Saint-Aignan (François Beauvilliers), et réponse de Louis xiv, sur la prise de Valenciennes et de Tournay en 1677 ; les Mémoires de Pelisson50. Ces références bibliographiques servirent sans doute à la commande de l’huile sur toile de la Prise de Valenciennes par le roi Louis xiv le 17 mars 1677, livré en 1837 par Jean Alaux pour Versailles51, et de la peinture sur toile marouflée d’Édouard-Henri-Théophile Pingret sur la Prise de la ville de Bouchain près de Valenciennes par le duc d’Orléans, frère de Louis xiv, après cinq jours de tranchées, le 12 mai 167652. La semaine suivante, Cailleux demanda à Barbier une histoire des croisades abrégée, qui devait lui servir pour une autre réunion avec le roi, et le 6 décembre suivant une Vie de Bayard et les Lettres de Louis xii. Le 17 janvier 1837, Cailleux demanda l’Histoire d’Italie de Guichardin, le 4 février la Vie de Louis xv par d’Argenseuil et le Siège de Metz en 1572 par Bertrand de Salignac (1665), le 14 février l’Histoire justifiée contre les romans par Lenglet du Fresnoy ainsi que les volumes de l’Histoire de France de De Thou consacrés aux règnes de Charles ix et Henri iii, le 23 février l’Histoire de la Révolution de Thiers et l’Histoire des ducs de Bourgogne de Prosper de Barante, le lendemain l’Histoire des dernières campagnes de S. A. S. Mgr le duc de Vendôme, et enfin, le 19 septembre, l’Histoire des Croisades de Michaud. Par une lettre non datée, Cailleux réclama aussi les six volumes de la Chronologie historique militaire des connétables et maréchaux de France, véritable somme publiée entre 1760 et 1778 par Jean-Baptiste Pinard, commis au ministère de la Guerre.

Pour répondre à ces demandes pressantes, Louis Barbier fit venir à Paris des livres provenant des palais. En 1835, le bibliothécaire de Compiègne dut ainsi expédier à Paris une série d’ouvrages en lien avec Versailles et le règne de Louis xiv, qui ne furent retournés qu’en 1838 :

A233 : Vues et plans de Versailles & Galeries ;

A233 : Plans et vues de Versailles ;

A234 : Les plaisirs de l’Isle enchantée ou les fêtes & divertissements donnés à Versailles en 1664 ;

A232 : La Grande galerie de Versailles & les deux salons qui l’accompagnent, peints par Le Brun, dessinés par [J. Massé], Paris, Imprimerie Royale, 1752 ;

A234 : Tapisseries du Roi, représentant les 4 Éléments ;

A235 : Van der Meulen, Vues, marches et autres sujets servant à l’histoire de Louis xiv, gravées en 1687 […]53 ».

À Fontainebleau également, des ouvrages sur l’histoire de France furent prélevés puis restitués entre 1836 et 183854. Ces allées et venues de livres durent prouver au roi l’importance, pour un musée tel que Versailles, de disposer d’une bibliothèque couvrant tous les domaines de l’histoire de France, capable d’attirer les savants, d’éclairer la compréhension des œuvres accrochées sur les murs du musée et d’aider à la documentation des artistes.

La collection d’un musée-livre

Dans son premier rapport à Louis-Philippe du 26 juillet 183355, l’architecte Frédéric Nepveu, chargé de la transformation du palais en musée, avait déjà évoqué son idée d’installer une bibliothèque publique au rez-de-chaussée de l’aile Nord, ce qui avait alors peu intéressé le roi. En 1835, Louis-Philippe décida cependant de faire don au musée de sa collection de portraits gravés, ce qui motiva quelques travaux au premier étage, dans l’ancienne bibliothèque de Louis xiv. Le roi avait voulu que les nouvelles étagères reproduisent les mesures de celles du château de Neuilly afin d’accueillir les volumes56. Louis-Philippe n’eut pas le temps de finaliser son don avant 1848 et ses recueils ne furent cédés au musée de Versailles qu’au xxe siècle. En revanche, quelques livres durent être installés au château dans la foulée, puisque la bibliothèque fut agrandie, au détriment de la pièce voisine, la salle à manger « des retours de chasse », où les panneaux en porcelaine peints furent décrochés en octobre pour laisser la place à des étagères57.

En avril 1836, Louis Barbier fut finalement chargé par Louis-Philippe de constituer la bibliothèque du musée58. La seule trace de son travail est un brouillon de rapport :

J’ai été chargé par le roi, il y a plus d’un an, de former dans le palais de Versailles une bibliothèque spéciale d’œuvres relatives à l’histoire de France et à l’histoire militaire de France. D’après les instructions qui m’ont été données verbalement par M. le comte de Montalivet, je me suis occupé après avoir pris connaissance des ouvrages qui composent la bibliothèque du palais de Versailles, de faire le choix dans les catalogues des diverses bibliothèques de la Couronne des livres qui étaient de nature à être placés dans le projet de bibliothèque dont le plan a été conçu et tracé par Sa Majesté. Après d’assez longues recherches, j’ai fait préparer des livres qui devaient être reliés [provenant des] bibliothèques de Fontainebleau comme de Saint-Cloud, pour être placés dans la bibliothèque du palais de Versailles. […] Le roi […] a bien voulu me faire espérer qu’il pourrait bientôt venir pour l’examiner59.

Selon Jean Vatout, la bibliothèque devait recueillir « tous les ouvrages analogues au caractère historique [du] palais de Versailles, les mémoires de l’histoire de France, l’histoire de France par les meilleurs auteurs, les récits et les plans de nos grandes batailles, les biographies de tous les hommes célèbres », afin de compléter « l’admirable collection de souvenirs français du musée »60. Des livres prélevés à Compiègne et à Saint-Cloud vinrent rejoindre ceux de Rambouillet, placés en réserve à Versailles en 1832. Grâce aux immenses collections des palais de la Couronne, où l’histoire de France, les mémoires historiques et les livres d’art militaire étaient particulièrement bien représentés, Louis Barbier parvint à mener à bien la constitution de la bibliothèque du musée Versailles en un peu plus d’un an. La plupart des livres, aujourd’hui conservés à la BnF, à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à la Mazarine ou à la bibliothèque municipale de Versailles, montrent qu’il était parvenu à rassembler une riche documentation, comportant des ouvrages datant du règne de Louis xiv61 ainsi que des classiques de la littérature historique du xviiie siècle62. Quelques volumes portent les estampilles de différents palais, qui prouvent qu’ils furent transférés à Versailles, notamment une édition de 1752 de la Satyre Ménippée63, ou un recueil d’anecdotes sur Louis xiv publié en 179364.

Louis Barbier fit également acheter des travaux récents sur l’histoire de France, médiévale ou moderne65, des fac-similés de manuscrits66, plusieurs études sur Versailles67, ainsi que des études savantes sur les costumes68, utiles pour les artistes. Il rédigea le catalogue de cette nouvelle bibliothèque, particulièrement riche en livres sur la peinture, la stratégie, la tactique et l’histoire militaire, ainsi qu’en recueils de gravures anciennes, tous classés dans la catégorie des « Sciences et Arts ». On y trouvait également de nombreux ouvrages sur l’histoire de France et des autres pays d’Europe69. En récompense de son travail, il reçut la légion d’honneur en mai 183770 et fut inclus dans la liste des privilégiés conviés à l’inauguration du musée le 11 juin suivant71.

Tous les volumes affectés au musée de l’histoire de France reçurent un cachet « Bibliothèque du Roi – Versailles ». À la fin du règne, la bibliothèque du musée comptait ainsi 2 922 volumes72. Bien qu’appauvrie par quelques prélèvements, notamment celui de 1 200 volumes envoyés au palais de l’Élysée à l’usage du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en janvier 185073, elle continua à être enrichie jusqu’en 1870, avant sa fermeture en 188074. La plus grande partie des livres furent envoyés à la Bibliothèque municipale de Versailles, où ils sont dispersés dans le fonds ancien, à l’exception de 5 000 volumes qui partirent au palais de Compiègne, où la bibliothèque accueillait toujours des lecteurs75. La dispersion du fonds de la bibliothèque de Compiègne en 1891 explique que certains volumes du musée de l’histoire de France de Versailles se retrouvent aujourd’hui à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à la Mazarine, à la bibliothèque municipale de Compiègne ainsi qu’à la BnF76.

Fontainebleau et Compiègne : deux autres bibliothèques 
pour l’histoire de France ?

Les bibliothèques des palais devinrent à leur tour des centres de ressource sur l’histoire de France. Jean Vatout, chargé par Louis-Philippe de rédiger des histoires des différents palais de la Couronne, remarqua qu’à Fontainebleau, « depuis 1830, le roi a doté cet établissement d’importantes publications et de grands ouvrages pittoresques », ce qui rapprochait la bibliothèque de Fontainebleau des thématiques couvertes par le musée de Versailles77. Le roi fit aussi acheter 24 manuscrits pour Fontainebleau, parmi lesquels un livre d’heures du xve siècle, un manuscrit sur vélin de L’Office des chevaliers du Saint-Esprit provenant du comte de Toulouse78 et un « État général par le menu des ouvrages, réparations et despenses faictes pour les bastiments du chasteau de Fontainebleau, hostelz, maisons, parcs, jardins et lieux qui en deppendent… »79, rédigé entre 1639 et 1642. À la fin du Second Empire, pas moins de 3 771 documents anciens avaient été rassemblés à Fontainebleau80.

À Compiègne, plusieurs recueils de chartes anciennes avaient été achetés dès la Restauration81. Ces recueils intitulés « Compiègne, fidèle à ses rois », composé de chartes et de documents allant de 1589 à 1766 et « Compiègne et ses environs », comprenant différentes pièces sur parchemin concernant des maisons religieuses compiégnoises aux xviie et xviiie siècles, furent reliés aux armes de Louis-Philippe82. Selon un inventaire de 1870, 20 incunables et 177 éditions du xvie siècle étaient conservés à Compiègne83. Les palais de la Couronne, de moins en moins occupés, ne servant plus que pour des événements dynastiques comme les mariages princiers, soigneusement restaurés et remeublés dans le goût « néo-médiéval » ou « néo-Renaissance », devenaient ainsi des lieux de mémoire et des dépôts d’archives, consacrés à l’histoire de la monarchie française depuis la période médiévale jusqu’à la Monarchie de Juillet.

Ce bref tour d’horizon ne pourrait se conclure sans quelques chiffres. Le comte de Montalivet, ancien ministre et intendant de la Liste civile de Louis-Philippe, qui s’attacha dans les premières années du Second Empire à défendre la mémoire du roi, dresse un portrait élogieux des bibliothèques de la Couronne, louant la générosité du monarque envers les auteurs, sa « liberté d’esprit » dans « l’acquisition de tous les ouvrages qu’à défaut de titres plus sérieux une célébrité passagère ou la popularité du moment recommandait à la curiosité des bibliophiles et des hommes d’études », et le nombre important de souscriptions dont bénéficia la bibliothèque du Louvre84. Selon ses calculs, tous les ans, la Liste civile avait en moyenne dépensé 120 000 francs pour les acquisitions de livres et les frais de reliure. En 1832, les bibliothèques de la Couronne conservaient en tout 111 689 volumes85, dont 53 418 volumes pour le Louvre, 27 149 pour Fontainebleau, 10 823 pour Compiègne, 8 513 à Saint-Cloud, 1 196 à Meudon, 2 922 à Versailles, 1 720 à Trianon, 2 604 à l’Intendance de la Liste civile, 1 431 aux Tuileries et 1 643 au Conseil d’État, sans compter les 30 000 volumes appartenant au Domaine privé, répartis entre le Palais-Royal, Neuilly et Eu. Il n’y a pas de chiffres pour la fin du régime, mais on peut supposer que ces collections avaient dû doubler en 1848. Le réseau des bibliothèques de la Liste civile et du Domaine privé, sans rivaliser avec la Bibliothèque royale de la rue de Richelieu, alors riche d’environ 700 000 volumes, formait malgré tout une des collections les plus importantes du royaume, conservant entre 350 000 et 400 000 volumes, bien plus que les 200 000 volumes de la Bibliothèque Sainte-Geneviève ou que les 90 000 volumes de la Mazarine86. L’importance de cette collection montre que le duc d’Aumale n’a pas été le seul grand bibliophile de la famille d’Orléans, mais que le roi-bourgeois a lui aussi été grand lecteur, ainsi qu’un collectionneur de livres des plus assidus.

Annexes

ANNEXE 1 : SOURCES DU FONDS 300AP 
CONCERNANT LES BIBLIOTHÈQUES

300AP III 13, « catalogue de livres que nous n’avons pas et que nous désirerions avoir », par Louis-Philippe, v. 1793-1794.

300 AP I 134 : factures de libraires et catalogues de la bibliothèque de Twickenham et du Palais-Royal.

300 AP I 1063* : catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal, ouvrages d’art.

300 AP I 1066 * : bibliothèque du Palais-Royal, registre d’ordres.

300 AP I 1070* : bibliothèque du Palais-Royal, registre de prêts.

300 AP I 1080* : envoi de livres au cabinet du roi.

300 AP I 1091* : entrée et sortie de livres de la bibliothèque du Palais-Royal.

300 AP I 1108* : correspondance relative à des achats de livres.

ANNEXE 2 : CADRE DE CLASSEMENT DE LA BIBLIOTHÈQUE 
DU PALAIS-ROYAL (AN, 300AP I 134), AVEC LE NOMBRE 
DE TITRES INDIQUÉ ENTRE PARENTHÈSES

Religion et Morale (210) ;

Sciences : Sciences intellectuelles (29) ; Sciences mathématiques (9) ; Sciences naturelles (23) ; Sciences médicales (18) ; Sciences économiques (17) ; Systèmes d’éducation (30) ; Livres d’éducation (161) ;

Histoire : Histoire ancienne et romaine (22) ; Histoire de France (72) ; Biographies françaises (24) ; Histoire de Louis xvi (68) ; Empire (40) ; Restauration (64) ; 1830 (126) ; Histoire générale étrangère ; Histoire du Nord (48) ; États du Midi (46) ; Politique et biographies générales (23) ;

Voyages (106) ;

Vues et collections de gravures (62) ;

Vues et collections en grand in-folio (127) ;

Littérature (101) ; Traductions (16) ; Poésie (171) ; Théâtre (23) ; Romans (244) ;

Livres italiens : Religion, sciences, histoire (36) ; Sciences et éducation (45) ; Histoire et politique (29) ; Voyages, littérature (74) ; Littérature et romans (95) ;

Littérature allemande : Religion et Morale (24) ; Sciences et éducation (31) ; Histoire et politique (57) ; Voyages et Beaux-arts (56) ; Littérature et romans (228) ;

Livres anglais : Religion, sciences (160).

ANNEXE 3 : QUELQUES EMPRUNTS DE LA FAMILLE ROYALE 
À LA BIBLIOTHÈQUE DU LOUVRE D’APRÈS Le NAF 5181 
(BnF, DÉPARTEMENT DES MANUSCRITS)

EmprunteurLivre demandéDate 
de l’emprunt
Marie d’OrléansCatalogue des tableaux de la galerie royale 
de MunichSaint-Cloud, 
20 juillet 1832
Marie d’OrléansJohan Nepomuk Strixner, Die Sammlung Alt- Nieder- und Ober-Deutscher Gemälde 
der Brüder Sulpitz und Melchior Boisserée 
und Johann BertramJuillet 1832
Clémentine et Marie d’OrléansM.-J. Schmidt, Histoire des AllemandsSaint-Cloud, 22 août 1832
Clémentine et Marie d’OrléansHistoire des Provinces-Unies Saint-Cloud, 
22 août 1832
Clémentine et Marie d’OrléansMonuments de la France de Montfaucon Neuilly, 
26 septembre 1832
Clémentine d’OrléansThomas Frognall Dibdin, Voyage bibliographique, archéologique et pittoresque 
en FranceTuileries, 
22 décembre 1832
Clémentine d’OrléansPierre Le Vieil, L’Art de la peinture sur verre 
et de la vitrerieTuileries, 
22 déscembre 1832
Marie-AmélieSacre de Napoléon par Percier et Fontaine Tuileries, 
22 décembre 1832
Clémentine d’OrléansAubigné, L’Histoire universelle (1626)Tuileries, 
26 décembre 1841
Duchesse d’OrléansAnselme de Sainte-Marie, Histoire généalogique et chronologique de la Maison royale de FranceTuileries, 
21 décembre 1837
Duchesse d’OrléansJournal des débats, 1819-1821Tuileries, 
31 juillet 1838
Duchesse d’AumaleCharles Gavard, Galeries historiques du palais de Versailles16 octobre 1846
Louis-PhilippeRapport général sur la marche 
et sur le développement de l’institution royale agronomique et sur la situation de la ferme 
de Grignon au 1er janvier 182812 octobre 1836
Duc de NemoursRomans d’Alexandre Dumas8 janvier 1847
Comte de ParisÉtienne Baluze, Histoire des capitulaires 
des rois français ; Étienne de Lacépède, 
Histoire générale, physique et civile de l’Europe depuis les dernières années du ve siècle 
jusque vers le milieu du xviiie7 novembre 1845
Comte de ParisJean Vatout, Le Château d’Eu ; Histoire d’Allemagne Histoire de la Maison de Bourbon11 juillet 1846
Comte de ParisBernard de Reste, Histoire des pêches, 
des découvertes et des établissements 
des Hollandais dans toutes les mers du Nord,16 décembre 1846
Comte de ParisBernard de Montfaucon, L’Antiquité expliquée et représentée en figures5 janvier 1847
Comte de ParisAnnales maritimes et coloniales : David Le Roy, La Marine des anciens peuples… ; Mémoires 
de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres5 décembre 1847
Duc d’AumaleGuillaume-Emmanuel-Joseph Guilhem 
de Clermont-Lodève, Examen critique 
des anciens historiens d’Alexandre le Grand12 février 1834
Louis-PhilippeMémoires du maréchal Suchet 9 juillet 1836
Louis-PhilippeMémoires de Mlle Avrillion ; Mémoires 
du maréchal Ney ; Revue trimestrielle ; 
Mémoires de la duchesse d’Abrantès 30 septembre 1833
Louis-Philippe Georg Friedrich von Martens, Recueil 
des principaux traités d’alliance19 novembre 1846
Louis-PhilippeMathieu Dumas, Précis des événements militaires ou essai historique sur les campagnes 
de 1799 à 18146 janvier 1836
Duc de MontpensierJean-Baptiste Dugas-Montbel, 
L’Iliade d’Homère9 novembre 1839
Louis-PhilippeLa Novísima recopilacion de la Leyes de Espana[1846?]
Comte de ParisGeorges Touchard-Lafosse, Histoire 
des environs de Paris6 octobre 1845
Comte de ParisGéographie de Strabon ; Ippolito Rossellini, 
I monumenti dell’Egito e della Nubia ; 
Jean-François Champollion, Précis du système hiéroglyphique29 novembre 1844
Comte de ParisLa Flore et la Faune des Pyrénées 12 juillet 1845
Comte de ParisJacob-Nicolas Moreau, Principes de morale, 
de politique et de droit public ; Traité 
de la Justice de Moreau ; Manuscrit 
des Mémoires du duc de La Vauguyon26 juillet 1845
Comte de Paris La Chasse royale de Charles ix ; Recueil des vieux poètes français d’Augier 21 mars 1846
Comte de ParisVoyage de La Pérouse, Voyage 
de d’Entrecaseaux, Voyage de Dumont d’Urville1er septembre 1846
Comte de Paris Mémoires de Brantôme10 octobre 1846
Comte de Paris Étienne de Jouy, Vues des côtes de France 
dans l’océan et dans la Méditerranée1er décembre 1846
Comte de ParisTélémaque de Fénelon ; Maximes morales 
et politiques tirées de Télémaque18 décembre 1846
Comte de Paris Pascal Coste et Eugène Flandin, Voyage 
en Perse ; Charles Texier, Description 
de l’Arménie, la Perse et la Mésopotamie ; Hector Horeau, Panorama d’Égypte et de Nubie ; Voyage autour du monde de Dumont-d’Urville ; Voyages de Cook ; Franz von Kausler, Atlas des plus mémorables batailles ; Aubin-Louis, Millin, Antiquités nationales ; Bernard de Montfaucon, Les Monuments de la monarchie française ; Mme Genlis, Mémoires inédits ; Lancelot Turpin de Crissé, Commentaire sur les Institutions militaires de Végèce21 décembre 1846
Comte de ParisRelation de la conquête du Mexique de Diaz ; Voyages et conquêtes de Cortés (1588) ; 
Lettres à Cortés (1838)5 janvier 1847

____________

1 Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien, « Carnets de notes », Paris, Gallimard, 1982, p. 524.

2 Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994, p. 109-110 ; Arnaud Teyssier, Louis- Philippe : le dernier roi des Français, Paris, Perrin, 2010, p. 41-42. Aux p. 301-303, on trouve quelques observations sur l’influence des livres sur l’état d’esprit de Louis-Philippe, féru d’histoire et « dominé par cette lecture permanente du passé ».

3 Luc-Vincent Thiéry, Guide des amateurs et des étrangers voyageurs à Paris, Paris, Hardouin et Gattey, 1787, t. i, p. 264.

4 Stéphanie-Félicité de Genlis, Leçons d’une gouvernante à ses élèves, ou Fragments d’un journal qui a été fait pour l’éducation des Enfants de Monsieur d’Orléans, Paris, Onfroy, 1791, t. ii, p. 555-561.

5 AN, 300AP iii 13, « catalogue de livres que nous n’avons pas et que nous désirerions avoir », par Louis-Philippe, v. 1793-1794.

6 AN, 224AP 1, dossier 3, cahier de notes de Louis-Philippe intitulé « ordre donnés de Palerme à Mess. Thomas Coutts et Cie, mes banquiers à Londres, commencé en juin 1812 ».

7 AN, 300AP i 134, « Bibliothèque de Mgr le duc d’Orléans et Madame la duchesse d’Orléans à Twickenham », 1er janvier 1817.

8 AN, 300AP i 134, minute du catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal, [1817].

9 Hélène Delalex, « La collection de portraits gravés du roi Louis-Philippe au château de Versailles », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2011, [en ligne :] http://journals.openedition.org/crcv/11331 [page consultée le 7 janvier 2018].

10 AN, 300 AP iii 73, Journal de Jean Vatout.

11 Aujourd’hui BnF, Mss, Français 616, « Livre de la chasse que fist Gaston Phébus, seigneur de Béarn ».

12 AN, 300AP i 1113, dossier 3, « rapport sur la bibliothèque de Monseigneur » par Vatout, 3 août 1824.

13 Sur ce point, l’auteur renvoie à un de ses précédents travaux : « La bibliothèque de Louis-Philippe en 1824 d’après un rapport de Jean Vatout, bibliothécaire du duc d’Orléans », Bulletin du bibliophile, 2, 2016, p. 356-370.

14 G. Antonetti, Louis-Philippe…, op. cit., p. 539.

15 AN, 300AP iii 73, Journal de Jean Vatout.

16 H. Delalex, « La collection de portraits… », art. cit.

17 Camille Bachasson de Montalivet, Le roi Louis-Philippe et sa Liste civile, Paris, Michel Lévy frères, 1851, p. 141-144.

18 AN, 300AP i 134, Catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal, rédigé vers 1830 et enrichi jusqu’en 1848.

19 Sur le quotidien des Orléans : Anne Martin-Fugier, Louis-Philippe et sa famille, 1830-1848, Paris, Perrin, 2012, p. 113-118.

20 AN, 300AP i 134, registres des livres prêtés par la bibliothèque du Palais-Royal, 1817-1825.

21 En 1832, cette somme fut ramenée à seulement 12 millions par les députés afin de limiter la puissance financière du roi (Ch.-É. Vial, Les Derniers feux de la monarchie, la cour au siècle des révolutions, 1789-1870, Paris, Perrin, 2016, p. 346-348).

22 BM Versailles, F 644, résumé du budget général de la Liste civile pour l’exercice 1834.

23 AN, O4 2073, travaux pour l’intérieur du palais de Saint-Cloud, 1838.

24 Florence Austin-Montenay, Saint-Cloud, une vie de château, Genève, Vögele éditions, 2005, p. 203. Il existe une vue de la bibliothèque dans Le Palais de Saint-Cloud, photographies rassemblées par Armand Schneider, fol. 81 (BnF, Estampes, 4-VE-99-B+).

25 Philippe de Saint-Albin et Armand Durantin, Palais de Saint-Cloud, résidence impériale, Paris, Librairie centrale, 1864, p. 76.

26 BM Versailles, ms. F 764, Catalogue de la bibliothèque et du cabinet du palais de Trianon, 1836-1837.

27 Lucile Pierret, « L’appartement de Louis-Philippe ier au Grand Trianon », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles, 2011 [en ligne http://journals.openedition.org/crcv/11757.

28 AN, 300 AP i 1066, registre de correspondance de la bibliothèque du Palais-Royal, 1823-1848.

29 AN, 300AP i 134, inventaire des livres qui composent la bibliothèque particulière du roi au Palais-Royal, rédigé vers 1835 et enrichi jusqu’en 1848.

30 AN, 300AP i 134, catalogue de la bibliothèque du Palais-Royal, rédigé vers 1830 et enrichi jusqu’en 1848.

31 Compte de la liquidation de la Liste civile et du domaine privé du roi Louis-Philippe, Paris, Henri et Charles Noblet, 1852, p. 61.

32 Camille de Montalivet, Le roi Louis-Philippe et sa Liste civile…, op. cit., p. 376.

33 Idem, p. 377.

34 Quelques-uns de ces documents sont conservés dans des collections publiques. Outre le Gaston Phébus (BnF, Mss, Français 616) déjà cité, on peut signaler un recueil intitulé Traité de droit public de 1755-1756 (BnF, Mss, Français 10796), ainsi qu’un Mémoire concernant la forme des assemblées des Estats de Languedoc du xviiie siècle (BnF, Mss, NAF 10663). Six volumes intitulés « Estat et menu général de la dépense ordinaire de la Chambre aux Deniers du roy, 1670-1713 », achetés par le comte Rœderer, sont aujourd’hui conservés à la bibliothèque municipale de Versailles (ms. P 124 à P 129).

35 Catalogue de livres provenant des bibliothèques du feu roi Louis-Philippe, Paris, Potier, Defer, 1852, 2 vol.

36 Catalogue des livres provenant de la bibliothèque du château d’Eu, dont la vente aura lieu le jeudi 30 décembre 1852, Paris, Potier, 1852 ; Catalogue des livres provenant de la bibliothèque du château d’Eu (suite et fin), dont la vente aura lieu le mardi 5 avril 1853, Paris, Potier, 1853.

37 Françoise Maison, « Les camps sous Louis-Philippe, vus du château », Bulletin de la Société historique de Compiègne, 36, 1999, p. 167.

38 BnF, Arsenal, ms. 14679, fol. 11, lettre de Borel de Bretizel, aide de camp du duc de Nemours, Paris, 31 juillet 1841.

39 BnF, Mss, NAF 5181, fol. 103, lettre de la comtesse de Bondy à Louis Barbier, 24 juin [1834] et fol. 105, lettre de l’aide de camp du duc de Nemours à Louis Barbier, Paris, 8 janvier 1847.

40 AN, O4 2091, établissement de trois corps de bibliothèque dans le salon des aides-de-camp du prince royal en 1840 ; O4 2159, établissement d’une bibliothèque en acajou dans l’appartement de la princesse Clémentine en 1842 ; O4 2161, établissement d’une bibliothèque dans l’appartement du duc de Montpensier, 1842 ; O4 2164, établissement d’une bibliothèque dans l’appartement de la duchesse d’Orléans aux Tuileries, 1842.

41 Alfred-Auguste Cuvillier-Fleury, Correspondance du duc d’Aumale et de Cuvillier-Fleury, Paris, Plon, 1910, t. 1, p. 207, lettres au duc d’Aumale, Paris, 26 décembre 1843, p. 206, et 12 juillet 1844, p. 322.

42 Voir Ch.-É. Vial, « Du maréchal d’Empire à la lingère : lecteurs et prêts de livres dans les bibliothèques de la Couronne au xixe siècle », dans Des bibliothèques populaires à la lecture publique, éd. Agnès Sandras, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2014, p. 101-119.

43 BnF, Arsenal, mss 7432 et 7433, registres des prêts de la bibliothèque de Compiègne, 1832-1845 et 1845-1854.

44 Jean Vatout, Palais de Fontainebleau, Paris, Firmin-Didot, 1840, p. 619.

45 Ceux de Fontainebleau sont conservés in-situ et ceux de Compiègne dans les collections de la BnF (Arsenal, ms. 7417).

46 Roman de Jules Sandeau, publié en feuilleton dans les numéros des 1er et 15 juin, 1er et 15 juillet, 1er août 1846.

47 Eu, musée Louis-Philippe, inv. 982-19, correspondance du docteur Blache, lettres à son épouse, 26 juillet 1846 et 26 juillet 1847.

48 Sur la genèse de ce musée, on lira notamment A. Martin-Fugier, Louis-Philippe…, op. cit., p. 106-108.

49 Sur les sources de l’iconographie du musée de l’histoire de France, on lira Thomas W. Gaethgens, Versailles, de la résidence royale au musée historique, Paris, Albin Michel, 1984, p. 119 et suiv.

50 BnF, Mss, NAF 5181, fol. 109, lettre de Cailleux à Louis Barbier, 19 octobre 1836.

51 Jean Alaux, Prise de Valenciennes par le roi Louis xiv, le 17 mars 1677, huile sur toile, 1837, Versailles musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. MV2733.

52 Édouard-Henri-Théophile Pingret, Prise de la ville de Bouchain près de Valenciennes par le duc d’Orléans, frère de Louis xiv, après cinq jours de tranchées, le 12 mai 1676, huile sur toile marouflée, 1837, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, inv. MV152.

53 BnF, Arsenal, ms. 7429, fol. 4v., lettre d’Alexandre Soumet, bibliothécaire de Compiègne à Louis Barbier, Compiègne, 22 novembre 1835, copie. Note en bas de la page : « Reçu ces ouvrages retournés de Versailles le 18 juin 1838 ».

54 Archives de la bibliothèque du château de Fontainebleau (non cotées, conservées in-situ). L’auteur remercie Vincent Droguet, directeur des collections du château de Fontainebleau, et Patricia Kalensky, responsable de la bibliothèque, qui lui ont permis de les consulter.

55 AN, O4 2857, rapports de Nepveu à Dubuc, directeur des bâtiments de la Couronne, 26 juin 1833.

56 Archives du château de Versailles, carton « 1835 – 7 » : établissement d’armoires dans la bibliothèque de Louis xiv, dossier 6 : « fourni une bibliothèque en chêne de choix ».

57 AN, O4 2857, rapports de Nepveu à Dubuc, directeur des bâtiments de la Couronne, 4 février et 18 octobre 1835.

58 BnF, Mss, NAF 5181, fol. 221, lettre de Fain à Louis Barbier, Paris, 19 avril 1836.

59 Idem, fol. 422, rapport de Louis Barbier [à Montalivet ou au baron Fain], s. d. [1837].

60 Jean Vatout, Palais de Versailles, Paris, Firmin-Didot, 1837, p. 130.

61 Par exemple : André Félibien, Relation de la feste de Versaille, du 18 juillet mil six cent soixante- huit, Paris, Imprimerie royale, 1679, BSG, Réserve Delta 146 RES (P2), portant une estampille « Bibliothèques du roi – Versailles ».

62 Par exemple : Jean de Beaurain, Louis-Bruno Boisgelin de Cucé, Histoire militaire de Flandre, depuis l’année 1690 jusqu’en 1694 inclusivement, Paris, Beaurain, 1755, 4 vol., BnF, RLR, RES LH4-1811 (1-4).

63 Satyre Ménippée…, Ratisbonne, Chez les héritiers de Matthias Kerner, 1752, Mazarine, 8° 53902-1, portant les estampilles « Bibliothèque du roi – Saint-Cloud » et « Bibliothèque du roi – Versailles ».

64 Claude Sixte Sautreau de Marsy, Nouveau siècle de Louis xiv, ou poésies-anecdotes du règne et de la cour de ce prince…, Paris, Buisson ; Londres, Deboffe, 1793, 4 vol., Mazarine, 8° 56613 (1-4), portant les estampilles « Bibliothèque du roi – Saint-Cloud » et « Bibliothèque du roi – Versailles ».

65 Augustin Thierry, Dix ans d’études historiques, Paris, J. Tessier, 1836, BM Versailles, Couderc D 406 ; Prosper de Barante, Mélanges historiques et littéraires, Paris, Ladvocat, 1835, 3 vol., portant l’estampille « Bibliothèque du roi – Versailles ».

66 [Robert le Diable], Le Roman de Robert le Diable en vers du xiie siècle, publié pour la première fois d’après les manuscrits de la Bibliothèque du roi, Paris, Silvestre, 1837, BSG, Réserve Delta 53227 RES.

67 Jean Vatout, Palais de Versailles, Paris, Firmin-Didot, 1837, BM Versailles, Lesort E 1033 ; Jean Eckard, Dépenses effectives de Louis xiv en bâtiments au cours du temps des travaux, et leur évaluation, au cours actuel, d’après des documents authentiques, particulièrement celles de Versailles, Paris, Dentu, 1838, BnF, PHS, L37b-4499. Ces deux exemplaires portent une estampille « Bibliothèques de la Couronne – Versailles » datant du Second Empire.

68 Par exemple : Camille Bonnard, Costumes des xiiie, xive et xve siècles, Paris, Treuttel et Wurtz, 1829, BnF, RLR, RES G-1405 et 1406, reliure au chiffre de Louis-Philippe portant l’estampille « Bibliothèque du roi – Versailles », ou encore Horace de Viel-Castel, Collection des costumes, armes et meubles pour servir à l’histoire de France depuis le commencement du ve siècle jusqu’à nos jours, Paris, Treuttel et Wurtz, 1827-1832, 3 vol., BnF, PHS, L17-11.

69 BM Versailles, ms. F 765, Catalogue de la bibliothèque du palais de Versailles, 1836-1837, mis à jour et remanié jusqu’en 1870.

70 AN, LH/110/21 (dossier de Légion d’honneur de Louis Barbier).

71 BnF, Mss, NAF 5181, fol. 73, lettre de l’aide de camp du roi à Louis Barbier, Trianon, 9 juin 1837.

72 Compte de la liquidation…, p. 61.

73 Archives du château de Versailles, registre de correspondance du régisseur du palais, lettre à Jean-Martial Bineau, ministre des travaux publics, 7 janvier 1850.

74 Dans son état final, le catalogue de la bibliothèque de Versailles, qui a été très lourdement augmenté, recense 2 643 titres pour 10 292 volumes (Théologie : 70 titres en 517 volumes ; Jurisprudence : 104 titres en 426 volumes ; Sciences et Arts : 651 titres en 1 856 volumes ; Belles-Lettres : 495 titres en 1 777 volumes ; Histoire : 1 323 titres en 5 716 volumes).

75 AN, F21 6201, d. 17, lettre de Jules Ferry, président du Conseil et ministre de l’Instruction publique, à Sadi Carnot, ministre des Travaux publics, Paris, 21 janvier 1881.

76 Brigitte Sibertin-Blanc Durand, « Les bibliothèques du château de Compiègne, de 1790 à 1892 », Bulletin de la Société historique de Compiègne, 2001, n° 37, p. xliv-xlvi.

77 J. Vatout, Palais de Fontainebleau…, op. cit., p. 611.

78 Aujourd’hui BnF, Mss NAL 703 et 767.

79 Aujourd’hui. BnF, Mss, NAF 20150-20153.

80 BnF, Arsenal, ms. 9299, dossier 16, rapport de Lorédan Larchey au ministre de l’Instruction publique, Paris, 24 août 1873.

81 AN, O3 2202, rapport d’Antoine-Alexandre Barbier à Pradel, directeur de la Maison du roi, 10 septembre 1820, au sujet de l’achat de chartes médiévales concernant Compiègne.

82 Un troisième recueil fut intitulé « Répertoire sur Compiègne » (BM Compiègne, ms. 9, 12 et 14).

83 Le recensement servit au Catalogue général des incunables de France, travail commencé au début de la iiie République (BnF, Mss, Français 21531, fol. 44, lettre de René Goblet à Jules Troubat, 26 juin 1886).

84 C. Bachasson de Montalivet, Le roi Louis-Philippe et sa Liste civile…, op. cit., p. 141-144.

85 Selon Antoine-Alexandre Barbier, les bibliothèques des palais comptaient 68 700 volumes en 1814 (AN, O3 2200, d. 4, rapport à Louis xviii, 12 mai 1814).

86 Pierre-Augustin-Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, Paris, Firmin-Didot, 1838, vol. 6, p. 125.