Charles Asselineau face aux Minores du romantisme
José-Luis DIAZ
Université Paris Diderot
Les délicats garderont sa mémoire et, tôt ou tard, il se trouvera certainement quelqu’un pour consacrer à ses œuvres […] une étude complète qui montrera l’homme de goût et d’émotion.
Charles Monselet, « Asselineau », De A à Z, portraits contemporains, Paris, G. Charpentier, 1888, p. 14.
LE PETIT ROMANTISME DES BIBLIOPHILES
Comme l’a montré Mélanie Leroy-Terquem1, le rôle des bibliophiles dans les premiers pas de l’histoire littéraire du romantisme vu de ses « marges » a été majeur. C’est à un bibliographe, à un bibliophile, Léopold Derôme, qui a été bibliothécaire à la Sorbonne, à qui revient l’honneur d’avoir inventé la catégorie des « petits romantiques », en intitulant ainsi l’un des chapitres, décevant, de son livre : Causeries d’un ami des livres. Les Éditions originales des Romantiques (Paris, Rouveyre, 1886-1887), dont le sous-titre est : « Bio-bibliographie romantique ».
C’est un autre bibliographe et bibliophile, Eugène Asse (1830-1901), surnuméraire (1883) puis sous-bibliothécaire à l’Arsenal, qui a collaboré au Bulletin du bibliophile que dirige son ami Georges Vicaire dans les années 1890, qui, le premier, en 1900, a consacré cette fois tout un livre aux petits romantiques2, qui se contente d’évoquer quelques figures en désordre, sans relier cette évocation par un fil conducteur. Ce qu’offre en revanche Henri Lardanchet, fondateur de la « Bibliothèque du Bibliophile » (Lyon, 1912-1939), ne serait-ce que par le titre de son livre : Les Enfants perdus du romantisme (19053).
Mais c’est d’abord un autre bibliophile, qui fut surnuméraire à la Mazarine4 et collaborateur du Bulletin du bibliophile5, c’est Charles Asselineau (1820-1874), qui a lancé le mouvement : en collectionnant lui-même les éditions des romantiques achetées à bas prix sur les quais quand il en était temps6, jusqu’à pouvoir se donner à cet égard le rôle de prophète7, puis en rédigeant, à partir du début des années 60, l’ouvrage qui en 1872, en sa deuxième édition, prendra pour titre Bibliographie romantique, et sera complété d’un appendice en 18748.
Dans sa première édition, en 1866, le titre indique la modestie un peu jouée du propos, mais aussi l’origine bibliophilique de l’entreprise de ce collectionneur, qui ne cache pas que la « petite bibliothèque » dont il distille les merveilles est la sienne : Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique. Bibliographie anecdotique et pittoresque des éditions originales des œuvres de Victor Hugo, Alexandre Dumas, Théophile Gautier. Petrus Borel, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, etc., etc., etc., illustrés d’un frontispice à l’eau-forte de Célestin Nanteuil et de vers de MM. Théodore de Banville et Charles Baudelaire, Paris, chez René Pincebourde, 1866. Mais avant de paraître sous forme de livre, ces Mélanges ont paru dans une petite revue du temps, éditée par Auguste-Poulet-Malassis, la Revue anecdotique, dans ses numéros d’août à octobre 1862, tout juste avant qu’elle ne se transforme en Petite Revue anecdotique, et ne soit reprise par Techener. C’est ce qui explique la double dimension, bibliophilique mais aussi anecdotique, du propos, auteur et revue se retrouvant ainsi en connivence dans le registre du « petit » (Petite revue rimant avec « petit format » mais aussi avec « petits romantiques »), et le mot de « pittoresque » étant ici doublement justifié, tant par l’importance prise par l’évocation des vignettes romantiques auxquelles Asselineau attache grande attention, parce que les livres qu’il a collectionnés en sont souvent pourvus, que par le dessein de donner une version haute en couleurs de la petite histoire littéraire.
C’est à cette toute première manifestation d’origine bibliophilique de l’histoire littéraire du « petit romantisme », pas encore ainsi désigné alors, que je vais m’attacher ici, tout en ayant un œil sur la suite de la genèse de ce qu’on finira par baptiser le « petit romantisme ». Et si je les désigne comme des Minores du romantisme, c’est que c’est l’expression à laquelle a recours Asselineau lorsque, en 1867, il essaie de relancer, dans la Petite Revue anecdotique, la série de ses évocations de romantiques mineurs ou attardés. Mais il se contente alors d’une seule notice consacrée à l’obscur Théodore Guiard9, avouant, lors de sa reprise en volume, que l’interruption fut causée par le sentiment que la matière lui parut épuisée10.
ASSELINEAU POLYGRAPHE
Bibliophile, bibliographe, bibliothécaire, Asselineau fut aussi un écrivain journaliste très actif dont on peut retenir son recueil de nouvelles, préfacé par Baudelaire, La Double vie (1858), Le Paradis des gens de lettres (186211) ou encore Les Sept péchés capitaux de la littérature12. On sait aussi qu’il fut l’un des premiers biographes de Baudelaire13. À titre de bibliophile, il ne s’est pas contenté des romantiques, puisqu’il s’est intéressé entre autres à Furetière14 et à Jean de Schélandre15, et que l’un de ses autres livres publiés dans ce domaine propose le catalogue d’une bibliothèque très éclectique, peu portée sur le quasi contemporain16. Bibliophile écrivain, il est aussi l’auteur d’un petit récit de fiction intitulé L’Enfer du Bibliophile (186017). Bibliophile mais aussi historien littéraire déclaré, il l’est dans cette Histoire du sonnet, pour servir à l’histoire de la poésie française qu’il publie en 1857 sous forme d’une brochure de 43 pages tirée à 150 exemplaires, où il se propose de faire ce que lui-même appelle de « l’histoire littéraire amusante » et dont rend compte le Bulletin du bibliophile en avril 1857. Collaborateur régulier du Bulletin du bibliophile, c’est avec éloge que Francis Wey y rend compte de ses Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique, en janvier 1867, dans un article où il définit Asselineau comme le « panégyriste éloquent d’une école dispersée en sectes diverses plutôt qu’anéantie », mais aussi comme un « causeur » bibliophilique. Le félicitant de son dévouement « à la postérité orpheline du romantisme », il le compare à Nerval18, le situe dans la lignée de son « paternel ami Charles Nodier19, à qui, remarque-t-il, Asselineau a voulu rendre hommage en lui empruntant jusqu’au titre d’un de ses ouvrages bibliophiliques :
Un des causeurs les mieux écoutés de ce petit salon, ouvert sous le nom de Bulletin du bibliophile aux amis des livres, aux honnêtes gens qui se souviennent encore de la littérature, M. Asselineau, pour cette culture élégante de la bibliographie, me paraît, et chacun l’aura remarqué, l’héritier le plus direct du maître sous la bannière duquel il s’abrite en rappelant, dans le titre du piquant travail qu’il nous offre aujourd’hui, le souvenir d’une des gracieuses fantaisies de Charles Nodier20.
Francis Wey songe aux Mélanges tirés d’une petite bibliothèque, ou Variétés littéraires et philosophiques, que Nodier a publiés en 1829 chez Crapelet, rappel d’autant plus juste que la ligne qu’adopte Asselineau est en effet très proche de la ligne définie par Nodier dans sa préface, en particulier la distance qu’il prend avec les « cataloguistes21 ».
Mais s’il ne s’est pas intéressé aux seuls romantiques, c’est bien à ce titre qu’en tant que bibliophile Asselineau a été surtout remarqué, et s’est vu l’objet d’une réception critique non négligeable, en raison de sa conscience mise à publier en quatre vagues, entre 1862 et 1874, sa Bibliographie romantique, et des travaux complémentaires sur le même sujet. Ainsi de ses articles sur Jules de La Madeleine22 et Nerval23 que publie la Revue fantaisiste. Ainsi de sa réédition de Gaspard de la nuit, en 1869, complété d’œuvres diverses24. Ainsi de deux articles sur Nodier, le premier publié en 1867 dans le Bulletin du bibliophile25, le second en 1868 dans Le Bibliophile français. Dans ce second article, Asselineau insiste sur le Nodier bibliophile, grand maître « en ces matières délicates de la bibliographie et de la catalogie26 », mais aussi créateur du rôle :
[…] si Nodier n’avait pas créé le Bibliophile, il l’avait, on peut le dire, inventé. Il l’avait présenté au monde et lui avait délivré son état-civil. Il l’avait si bien inventé qu’il en était devenu lui-même l’incarnation et le type. On ne pouvait lire le mot, ou l’entendre prononcer, sans imaginer aussitôt ce personnage long et maigre, un peu voûté, qu’on avait tant de fois rencontré cheminant, les mains derrière le dos, sur les quais et dans les rues, et lançant un regard oblique vers les vitrines des libraires, ou vers les étalages des bouquinistes27.
LE ROMANTISME VU DE 1860
En ces années 1860, rappelons qu’Asselineau n’est pas le seul à revenir sur le romantisme, en privilégiant les minores. Il y a là une vague de fond, à la fois critique et éditoriale, qui ne concerne pas le seul romantisme, puisque c’est du côté des « Grotesques » de Gautier (1834-1844) et des « Victimes de Boileau » chères à Philarète Chasles (1839)28 que ce mouvement de rétrospection a commencé, dès les années 40. Au cours de la décennie suivante, c’est au tour « les oubliés et dédaignés » de la fin du xviiie siècle que Monselet a mis en vedette (185729), précédé par Paul de Musset30, Arsène Houssaye31 et Nerval32.
Parmi les manifestations d’un tel penchant concernant le romantisme, retenons l’article de Fortuné Calmels, lui aussi publié dans la Revue fantaisiste en 1861, qui évoque Louis Bertrand, sous un titre dans l’esprit de Monselet : « Les Oubliés du xixe siècle33 ». Ce qui témoigne d’un retour convergent, en ce début des années 60, aux écrivains mineurs de la première moitié du siècle. D’autant plus que se manifeste l’intérêt contemporain de Baudelaire envers Petrus Borel34 dans la même Revue.
Remarquons par ailleurs que, en dehors des bibliophiles et de critiques, deux autres sortes d’écrivains sont les moteurs de ce tropisme rétrospectif qu’entraine la mort annoncée du romantisme. D’une part, les mémorialistes, Nerval, Gautier, Dumas, Houssaye, qui, depuis le début des années 50, multiplient, de l’intérieur, les retours en arrière sur le romantisme 1830 dont ils ont été les acteurs. D’autre part, les journalistes et les chroniqueurs, pour qui ces excentriques sont pain béni. Ainsi de Jules Claretie qui, après avoir évoqué Élisa Mercoeur, Hippolyte de La Morvonnais, Georges Farcy, Charles Dovalle, Alphonse Rabbe en 186435, consacre un livre à Pétrus Borel le lycanthrope l’année suivante, publié chez Pincebourde36 comme Asselineau l’est en 1866. Ainsi de Monselet, plus journaliste et gastronome que bibliographe37, qui ne tarde pas à s’attacher, en ses Portraits après décès (1866), à des personnages hauts en couleur du petit romantisme : Nerval, Lassailly, Ourliac, Soulié. Ce qui ne manque pas de produire un certain brouillage à la fois social et générique entre ces divers ressusciteurs du romantisme ; brouillage dont Asselineau lui-même est un exemple, puisque bibliothécaire et bibliographe, il fut aussi journaliste, critique et écrivain, se revendiquant à la fois bibliophile et homme de lettres, car, selon lui, les deux fonctions se confondent, puisque « l’homme de lettres est toujours, et avant tout, bibliophile38 ». Sans oublier qu’Asselineau fut aussi une figure du monde littéraire, comme en témoigne l’évocation de son intérieur faite dans la Petite Revue anecdotique, le 2 juin 186639, tout comme l’émoi suscité par la vente de sa bibliothèque à sa mort en 187440.
En raison de cette identité littéraire complexe, la contribution de la bibliophilie à l’histoire littéraire, chez lui mais aussi certains de ses successeurs (Derôme, Asse, Uzanne), fut moins strictement bibliophilique qu’on ne pourrait le penser. Ce fut le fait d’« hommes doubles » : bibliophiles, parfois de surcroît bibliothécaires et bibliographes, mais ayant une seconde carrière comme journalistes et écrivains, et pratiquant une bibliophilie dépédantisée, pour reprendre une expression qu’Asselineau applique à Nodier. Sur le plan générique, ce fut l’âge des bibliophiles pratiquant les mélanges propres à distraire le « curieux », mais aussi les genres en vigueur dans la presse – biographies, portraits, anecdotes, sans oublier l’histoire littéraire naissante en ses formes journalistiques, qui précéda d’un quart de siècle l’histoire littéraire universitaire. Ce fut en particulier le cas à propos de ces quasi-contemporains que restaient en 1860, les romantiques d’après 1830, dont, conformément à la lorgnette de la presse, les journalistes tout autant que les bibliophiles s’attachèrent en ces années 1860 à proposer des panoramas, alors même qu’on se sentait appartenir encore à la « queue du romantisme41 ».
Dans la pratique d’Asselineau, une telle situation historique explique la dimension, pas seulement bibliophilique, mais aussi apologétique et nostalgique, de son rapport à ses « chers romantiques42 », attitude confirmée par la préface et la postface en vers que lui donnent Théodore de Banville et Charles Baudelaire, évoquant, l’un, l’aube radieuse de 1830, l’autre le crépuscule du romantisme, tout comme par la vignette que lui offre l’une des gloires du bataillon sacré des illustrateurs de 1830, Célestin Nanteuil. En retour de ces consécrations emblématiques, Asselineau inclut les meilleurs de la génération présente dans la « queue du romantisme », grande consécration à ses yeux43. Ce qui ne manque pas de lui valoir des critiques de la part de ceux de qui, renâclant contre la longévité du romantisme, estiment qu’il est temps de passer à autre chose. Ainsi d’Alphonse Duchêne qui dans Paris-Magazine s’exclame : « Vous nous la baillez belle avec vos romantiques ! Foin de vos poètes à rimes riches et de vos ciseleurs de phrases ! Le romantisme a fabriqué, sculpté une magnifique lanterne que la génération actuelle a mission d’allumer, et qu’elle allume déjà44 ! » Reproches qu’Asselineau a entendus : « D’aucuns ont trouvé à mon panthéon une odeur de nécropole. Que nous veut-il, ont-ils dit, avec ses admirations rétrospectives ? À quoi bon ces résurrections, ces exhumations de cadavres décomposés par l’oubli45 ? » Ce qui, loin de le contrarier, le confirme dans son rôle d’apologiste rétrospectif du romantisme, qui sous couleur de bibliographie, écrit, au choix, un pamphlet contre la littérature contemporaine46, ou un ultime manifeste romantique.
ASSELINEAU BIBLIOGRAPHE DU ROMANTISME
Mais s’il excède ainsi le rôle d’un simple bibliographe, c’est bien en tant que tel qu’Asselineau se présente, tant par les titres que prend successivement son ouvrage, par leurs préfaces que par sa manière d’ordonner ses notices en commençant pour chaque auteur par la bibliographie de ses œuvres successives. « Ce livre est […] avant tout un catalogue : je dirai même qu’il n’est que cela », affirme-t-il dans sa préface de 1866, non sans reconnaître qu’il n’en a pas gardé ni le titre ni la forme, parce que « quelques-uns de mes chers romantiques sont aujourd’hui un peu bien oubliés. Il fallait justifier mes préférences et montrer l’auteur en même temps que le livre47 ».
Aussi peut-on penser, comme le rédacteur de la Revue anecdotique qui y introduit la série de ses articles en 1862, que la bibliographie est pour lui une simple couverture : « La forme de catalogue qu’il a adoptée, insinue-t-il, n’est peut-être qu’un moyen de couvrir l’inégalité de sa critique48. » Mais les préoccupations bibliophiliques d’Asselineau n’en sont pas moins réelles. Ce sont elles qui entrainent la valeur, philologique et mystique, attachée aux éditions originales : « C’est une phase, une période de temps que j’étudie, affirme-t-il, et pour en dégager l’esprit et l’inspiration propre, je les cherche dans ses productions immédiates, dans ces premières éditions où la pensée et le goût de l’auteur semblent tout gouverner, jusqu’au caractère du titre et au dessin du frontispice49. » Ce sont elles qui provoquent l’attention qu’il porte à la « physionomie » des livres qu’il passe en revue50, à leur typographie51, à leur format, à leurs rares reliures – tant que Nodier, contredit par Derôme, craint de voir les romantiques mourir brochés52. Le bibliophile est aussi à l’œuvre dans le soin mis à commenter les titres, faits pour choquer, et les préfaces outrecuidantes53 ; à relever les épigraphes saugrenues, tout en manifestant sa nostalgie à l’égard de cette mode caractéristique du romantisme54 ; à être attentif aux dédicaces ; à avoir l’œil sur les annonces en quatrième de couverture55.
Mais, en fait, par-dessus l’épaule du bibliophile, c’est bien l’historien littéraire en Asselineau qui met l’accent sur tous ces paratextes et péritextes caractéristiques, parce qu’ils ont l’avantage de proposer des panoramiques millesimés. Avec, en prime, la saveur attachée à ces ouvrages mort-nés restés à l’état de titres en quatrième de couverture, tel le célèbre Traité sur l’incommodité des commodes. Asselineau bibliophile insiste aussi sur la rareté des exemplaires subsistants de ses auteurs d’élection, surtout depuis que « certains amateurs » à qui il prétend avoir « montré l’exemple » […] se sont jetés sur le gibier romantique56 ». Il commente aussi leur cote montante57, leur « valeur vénale », comme dira Derôme58. À côté des œuvres principales de ses Minores, il surveille leur production journalistique et leurs œuvres diverses, autant dans le cas de Borel qui a dirigé plusieurs journaux que dans celui d’Aloysius. Bibliographe pittoresque, il insiste sur les vignettes59, d’autant qu’il évoque un temps où le crayon et la plume étaient complices, et où Tony Johannot recevait de vive voix l’inspiration devant animer ses quatre vignettes de l’édition originale Notre-Dame de Paris60 – qu’Asselineau est fier de posséder.
ASSELINEAU ET L’HISTOIRE LITTÉRAIRE
À ce bibliographe attentif, est-il permis d’écrire l’histoire littéraire du romantisme ? Lui-même dit n’en avoir pas la prétention, et argue de la difficulté qu’il y aurait à le faire parce que le romantisme reste l’actualité : « Peut-être me dira-t-on qu’il y avait mieux à faire, et qu’au lieu d’une série de portraits inégaux de faire et de dimension, on pouvait essayer un tableau d’histoire. À cela j’aurais plusieurs réponses à faire, dont une qui les résume toutes : c’est qu’écrire l’histoire de l’École romantique, ce serait écrire l’histoire de la littérature du dix-neuvième siècle61. »
Une telle modestie ne doit pas faire oublier que, très tôt, Asselineau a manifesté un rapport militant à l’histoire littéraire, tendant même à en faire l’une des grandes innovations du siècle :
L’histoire littéraire est une conquête, parlons mieux, une création de notre siècle. Précédemment, l’histoire littéraire n’existoit que dans les commentaires, dans les mémoires et dans les anas ; on n’alloit guère plus loin (je parle en général, bien entendu) que la biographie d’un auteur, l’examen d’un livre ou la caractérisation d’un genre. Il étoit réservé au xixe siècle de chercher la parenté des écrivains entre eux, d’étudier la filiation des divers génies, et de faire à travers les livres l’histoire des idées62.
Sans prétendre si haut, il se félicite d’avoir, « sans y penser » écrit la « chronique d’une période de l’histoire du livre au xixe siècle63 ». Mais notre « humble » bibliophile ne cache pas que son secret espoir est d’avancer « la besogne du futur historien des lettres et des livres au dix-neuvième siècle64 ». Attitude que confirmera, en 1886, Octave Uzanne, qui fait de ces « monomanes » que sont les bibliophiles d’« utiles collaborateurs pour l’histoire littéraire de ce siècle » du fait de leur « passion du document65 ».
En raison d’une telle pratique ancillaire de l’histoire littéraire, c’est tout naturellement en tant que chroniqueur, non encore en tant qu’historien littéraire, qu’Asselineau est présenté dans la Revue anecdotique en 1862. Puisque le temps n’est pas venu d’écrire l’histoire du romantisme, Asselineau a eu raison de prendre le sujet « par la queue » :
En attendant l’historien qui doit marquer les phases, indiquer les rôles et signaler les deux ou trois grands courants d’idées qui ont précipité le renouvellement de notre littérature, l’écrivain dont nous parlons, prenant pour ainsi dire le sujet par la queue, est parti des extrémités pour arriver au centre de la question66.
Simple bibliographe et chroniqueur du romantisme en attendant qu’on puisse faire mieux, Asselineau est cependant l’un des premiers à être conscient que l’histoire littéraire future devra s’intéresser aux écrivains mineurs, bien plus caractéristiques du mouvement littéraire d’ensemble que les génies de premier plan, trop idiosyncrasiques. Ce sera, on le sait, une des idées force de Lanson. Asselineau l’exprime l’un des premiers, à mots couverts67, car, à l’égard de ses minores, il a une attitude plus apologétique qu’objective. Mais notons que Francis Wey lui donne néanmoins quitus de s’être intéressé à eux, parce qu’une époque est « mieux définie par les écrivains de second ordre, calqués de plus près sur le goût public et la mode, que par les génies d’exception68 ». Avant que l’histoire littéraire universitaire n’y insiste, l’idée sera confirmée par ses successeurs, Léopold Derôme69 et Eugène Asse70, moins hagiographes que lui.
Asselineau, quant à lui, a tendance à valoriser ses « petits », à promouvoir en eux des maîtres injustement méconnus, tels que Bertrand71 ou Nerval, à établir un Panthéon, complémentaire sinon véritablement « alternatif », des écrivains du second rang, et à jauger la haute valeur du romantisme selon la quantité de ces talents injustement tombés « dans les limbes de l’oubli72 ». Tout cela en insistant sur « la supériorité des talents secondaires d’alors sur ceux du même ordre dans le temps présent73 ».
Alors que Derôme ne cachera pas son antipathie pour les « vaincus de l’Idéal », qui n’ont été selon lui que le « vulgaire des écrivains d’alors74 », Asselineau, lui, les considère avec piété ces « utiles pionniers » qui « ont été, au jour de la victoire, noyés dans la gloire des chefs75 ». Mais à côté de ces deux usages, typique et apologétique, il leur fait aussi jouer un autre rôle : celui d’inconnus susceptibles de piquer la curiosité, alors que sur les grands, dit-il, « la renommée n’a rien laissé à dire76 ». Préoccupation de journaliste en quête du « curieux », du « piquant », et donc tenté de sauter Petrus Borel puisque Claretie l’a devancé, tout comme Lassailly que Monselet a investi la même année77.
Cela le conduit à donner presque plus d’importance aux portraits et aux anecdotes78 qu’à la bibliographie, et à avantager les écrivains qui eurent de la personnalité, et dont la vie fut plus poétique que l’œuvre79, l’auteur l’emportant ainsi à titre de « chair à fiction80 » sur son œuvre. Car, comme l’écrit Monselet, « l’histoire des gens presque inconnus doit avoir pour beaucoup de lecteurs l’attrait du roman ». « Les choses qui sont arrivées à Lassailly ne sont-elles pas aussi intéressantes que les choses qui ne sont pas arrivées aux personnages d’Alexandre Dumas ? Sa folie ne vaut-elle pas les folies inventées81 ? » Ce qui annonce une histoire littéraire romancée, usage commun de cette « histoire littéraire en robe de chambre » qu’on pratiquait alors du côté de la Revue anecdotique selon Xavier de Villarceaux82.
Face à ces « talents secondaires83 » qu’il répugne à désigner comme des « petits84 », Asselineau a donc une attitude double : de curiosité mais aussi de sympathie, en raison de leur appartenance au romantisme, époque qu’il idéalise en bloc – âge d’« enthousiasme intellectuel », « règne de l’esprit85 » – en comparaison de la décadence contemporaine : réalisme, suivisme, affairisme et littérature industrielle.
L’heure n’est pas encore venue pour lui de périodiser le mouvement, de le penser par générations, ni d’y distinguer diverses galaxies. Mais déjà, tout comme Sainte-Beuve, il montre une attention aux dates, d’autant plus qu’« en littérature tout ce qui vient à sa date a sa valeur86 ». Il attache grande importance aux périodiques et aux publications collectives, qui manifestent un esprit de groupe, lui aussi millésimé. Ainsi des Annales romantiques, qu’il lit avec attention sur les dix années qu’elles couvrent. Et constant est son souci d’historien du livre, attentif à définir l’époque romantique par ses pratiques éditoriales et typographiques, pages de titres, préfaces mais aussi eaux fortes, jusqu’à voir une preuve de la « grandeur réelle et légitime du mouvement littéraire de mil huit cent trente » dans « cet essor nouveau donné à la librairie et aux arts qui en relèvent » :
Toutes les grandes époques littéraires ont eu un contre-coup dans l’art de fabriquer les livres et de les orner. Notre renaissance poétique du xvie siècle a eu les impressions de Kerver, de Vascosan, de Jean de Tournes ; les écrivains du cycle de Richelieu ont eu l’in-quarto majestueux de Courbé et de Sommaville, les portraits de Thomas de Leu, de Léonard Gaultier et de Claude Mellan ; le règne de Louis xiv a trouvé Barbin et Mabre-Cramoisy, Edclinck, Nanteuil, Romyn de Hooghe et Bernart Picart ; le charmant groupe des conteurs sceptiques du xviiie siècle, des Hamilton, des Caylus et des Dorât, nous a valu les délicieux frontispices de Cochin, de Marillier, de Gravelot, d’Eisen, de Moreau le jeune et de Saint-Aubin. Eh bien ! L’École romantique a eu l’in-octavo de Gosselin et de Renduel, les impressions d’Éverat ; elle a eu les eaux-fortes de Célestin Nanteuil, les vignettes de Johannot, de Devéria et de Jean Gigoux, et la gravure sur bois restaurée par Thompson et Porret87.
Au fil de la plume, il esquisse des regroupements : le romantisme d’avant le Cénacle, dont il retrouve les teintes lactées chez Dovalle88, chez Guttinguer89, comme dans le premier frontispice des Annales romantiques (1823)90 ; « la famille des écrivains-artistes », à laquelle appartient Aloysius Bertrand91, famille que cet admirateur de Gautier met au plus haut ; le « filon saint simonien92 », qui se manifeste en poésie dans une publication collective telle que Les Étoiles (1834) ; les provocateurs dandys à la Musset, à la Arvers, dont l’« Avis aux mères de familles », placé en tête de La Mort de François ier, rappelle le ton contemporain de Namouna et d’Albertus93 ; et, bien sûr, « les fidèles de la confrérie du bousingot94 », montrant pour « ces incendiaires et ces forbans95 » une sympathie limitée96, et s’attirant une lettre de mise au point du vieux Philothée O’Neddy97 qui l’invite, sans succès98, à relativiser la place de Borel et à renoncer à ce mot de « bousingo ».
De manière plus globale, deux tendances se distinguent selon lui parmi les minores romantiques. D’une part, les imitateurs, les suiveurs, pompant sans le savoir les modes qui passent, tels Antoine Fontaney99, Ulric Guttinguer100 ou Félix Arvers101. Ce qui fait d’eux des écrivains miroirs102. Mais en face, à l’opposé, tous ceux qu’il ne désigne pas comme des « excentriques », ainsi que Champfleury l’a fait en 1853, mais par des formules apparentées : les extravagants, les originaux, les bizarres, les mystificateurs103, voire les fous, vis-à-vis desquels il marque une prédilection. C’est ce que note son présentateur dans la Revue anecdotique : « Placé au point de vue du bibliographe et du curieux, c’est pour le bizarre, pour le rare, pour l’inconnu qu’il a réservé ses préférences104. » Ce qui fait que se rejoignent la prédilection du bibliophile pour les livres rares, et celle de l’homme de lettres de sensibilité médiatique pour ces êtres eux aussi « rares », surprenants par leurs excentricités : les « originaux du siècle romantique ». D’autant plus aisément qu’il lui arrive, en retour, de qualifier les livres de sa bibliothèque d’« originaux », lorsqu’il affirme qu’« au grand jour de [s]a vente après décès, les amateurs rechercheront les exemplaires de cette collection d’originaux105 ».
C’est là ce qui donne à sa démarche sa cohérence, mais ce qui risquerait aussi d’en constituer la limite. N’était de sa part, un constant éloge de l’esprit de liberté, de désintéressement, d’originalité, d’audace, de variété, d’imprévu, qui souffla sur « l’aube romantique » (Banville), si bon à entendre à l’heure de ces soleils couchants dont se lamente Baudelaire. N’était aussi une constante antithèse faite entre les manières de se comporter en littérature et d’investir le champ littéraire à l’âge romantique et à l’époque présente106. Avec chez Asselineau pourtant, point trop de passion encore pour les excentriques et les révoltés – comme ce sera le cas dans la lecture des petits romantiques faite par les surréalistes, puis par les Cahiers du Sud, au siècle suivant. Car lui a tendance à penser que c’est parce qu’ils ont dépassé les extravagances de leurs commencement107 que les romantiques sont devenus les nouveaux classiques et le romantisme toute la littérature d’un grand siècle.
« Ces livres, dit-il, je les aime. Ils sont mes favoris, mes classiques. Je les ai quêtés, recueillis, triés sur le volet ; je les ai fait habiller de mon mieux par les meilleurs tailleurs pour livres108. » De quoi apercevoir quelques-unes des limites de ce petit romantisme en habit de gala, « bibliophilisé » est-on tenté de dire.
Mais, au total, point de meilleur exemple de cette collaboration d’un bibliophile à l’histoire littéraire,au cœur de nos préoccupations communes, que la Bibliographie romantique d’Asselineau. Collaboration modeste, propédeutique qui en appelle pour faire la vraie besogne aux historiens littéraires de l’avenir. Mais qui se place dans la perspective d’une histoire littéraire valorisée, et montre déjà bien des réflexes de ce qu’elle sera plus tard : le privilège accordé aux minores, le sens des dates, le regard sur les péritextes et les illustrations, le sens des modes et des contagions collectives, mais aussi, contribution spécifique de la bibliophilie à l’histoire de la littérature, l’importance attachée à l’histoire du livre, en sa matérialité signifiante, et l’attention donnée aux premières œuvres et à leurs premières éditions. Ce qui lui permet, dans le cas de Guttinguer, d’entendre « l’accent, le cri de la poésie du dix-neuvième siècle à son éveil109 ». Au total, une histoire littéraire encore épiphanique, anecdotière, chroniqueuse, peu pressée d’ordonner et de classer. Mais sensible, grâce à la connivence que ce « pêcheur d’ombres110 » manifeste envers ses oubliés. À bonne distance du romantisme, de manière à pouvoir l’envisager en stéréoscopie ; du dehors mais aussi du dedans. À partir de l’état de ses livres mais aussi de l’état des âmes, tout comme dans la perspective de son devenir.
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1 Mélanie Leroy-Terquem, La Fabrique des « petits romantiques ». Étude d’une catégorie mineure de l’histoire littéraire, Paris iv, 2007, sous la direction de Françoise Mélonio.
2 Eugène Asse, Les Petits romantiques : Antoine Fontaney, Jean Polonius, l’indépendance de la Grèce, et les poètes de la Restauration, Jules de Resseguier, Édouard d’Anglemont, Paris, H. Leclerc, 1900. Le chapitre sur Antoine Fontaney a d’abord paru dans le Bulletin du bibliophile en 1896.
3 Henri Lardanchet (1875-1935), Les Enfants perdus du romantisme. Jean-Pierre Veyrat, Louis-A. Berthaud, Hégésippe Moreau, Charles Lassailly, Ausone de Chancel, Hector de Saint-Maur, J.-George Farcy, J. Imbert Galloix, Armand Lebailly, Napoléon Peryat, Adolphe Vard, Paris, Perrin, 1905.
4 « J’ai dit qu’Asselineau n’avait eu aucune ambition, je me suis trompé : toute sa vie il désira faire partie des conservateurs de ce trésor de livres qui se nomme la Bibliothèque Mazarine. En dépit des offres des ministres qui lui montraient toujours des places toutes vacantes, pendant douze années, il fut patiemment surnuméraire, pour arriver à pénétrer dans ce Paradis des Gens de lettres. […] Je crois même que dans les dernières années de sa vie il arriva à toucher, comme bibliothécaire, jusqu’à quatre-vingts francs par mois […] », « Discours prononcé sur la tombe de M. Charles Asselineau, le 31 juillet 1874, par M. Théodore de Banville », dans Catalogue de la bibliothèque romantique de feu M. Charles Asselineau, homme de lettres, sous-bibliothécaire à la Mazarine […], Paris, A. Voisin, 1875, p. xiii.
5 Le Bulletin du bibliophile le compte au nombre de ses rédacteurs et souligne son appartenance à la Bibliothèque Mazarine.
6 « Les Roueries de Trialph, devenues rares après avoir traîné en nombre sur les quais pendant vingt ans, sont aujourd’hui recherchées à haut prix par ceux qui n’ont pas eu l’esprit de les ramasser dans la case à cinq sous », Bibliographie romantique. Catalogue anecdotique et pittoresque des éditions originales des œuvres de Victor Hugo, Alfred de Vigny, Prosper Mérimée, Alexandre Dumas, Jules Janin, Théophile Gautier, Petrus Borel, etc., par Charles Asselineau, avec une eau-forte de Bracquemond, 2e éd., Paris, P. Rouquette, 1872, xxxii-264 p., in-8°. [Désormais abrégé en BR], p. 73.
7 « On ne peut le nier, les romantiques sont aujourd’hui classés en bibliographie. Il y a des collectionneurs de romantiques, des librairies et des catalogues où les éditions romantiques sont cotées à des prix qui m’étonnent moi-même. J’en suis bien aise ; d’abord parce qu’on n’est jamais fâché d’être un peu prophète […] », Préface 1872, BR, p. iii.
8 Charles Asselineau, Appendice à la seconde édition de la Bibliographie romantique, Paris, Rouquette, 1874, paginé 263-335.
9 « Les Minores du romantisme. Théodore Guiard », La Petite Revue anecdotique, 15 avril et 1er mai 1867.
10 « En 1867, la Petite Revue, recueil publié par le premier éditeur de ce catalogue, annonça une suite à ces notices. Ce devait être, sous le titre de Minores du romantisme, comme un supplément destiné à des ouvrages plus récents, à des auteurs plus jeunes ou attardés, ne se rattachant aux premiers que de loin et par des analogies. Cette seconde série a été interrompue dès le premier numéro, à cause de l’impossibilité aussitôt reconnue de lui donner une étendue suffisante. Les noms manquaient », Préface 1872, BR, p. x.
11 Charles Asselineau, Le Paradis des gens de lettres selon ce qui a été vu et entendu. L’an du Seigneur 1861, Paris, Poulet-Malassis, 1862.
12 Deux des chapitres en sont publiés dans la Revue fantaisiste, en 1861. Voir : Les Sept péchés capitaux de la littérature et Le Paradis des gens de lettres, par Charles Asselineau, Paris, Alphonse Lemerre, 1872.
13 Charles Asselineau, Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre, par Charles Asselineau, avec portraits, Paris, Alphonse Lemerre, 1869.
14 Id., Recueil des factums d’Antoine Furetière, de l’Académie française, contre quelques-uns de cette Académie, réimprimés pour la première fois avec une Introduction et des notes, Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1859, 2 vol. in-16.
15 Id., Notice sur Jean de Schelandre poète verdunois (1585-1635), 2e éd. [entièrement refondue et très augmentée (1re éd. 1854)], Alençon, 1856.
16 Mélanges curieux et anecdotiques tirés d’une collection de lettres autographes et documents historiques ayant appartenu à M. Fossé-Darcosse, publiés avec les notes du collecteur et précédé d’une notice [préface] par Charles Asselineau, Paris, Techener, 1861.
17 Id., L’Enfer du bibliophile, vu et décrit par Charles Asselineau, Paris, Jules Tardieu, 1860.
18 Francis Wey, « Charles Asselineau, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque », Bulletin du bibliophile, 24 janvier 1867, p. 11.
19 « Cet art de conter beaucoup de choses avec brièveté, de saisir dans un ouvrage et d’en dégager en trois mots le sens profond, de révéler quelque secret touchant aux circonstances, aux causes cachées de la publication, enfin d’ajuster une clef à toute œuvre close, c’est là ce qu’a su faire en se jouant, et comme en un passe-temps littéraire d’une suprême élégance, mon paternel ami Charles Nodier, le maître de ceux d’aujourd’hui pour la science de manier notre langue, et de la rajeunir sans altérer sa marque française », ibid., p. 9.
20 Ibid., p. 10.
21 « Mon intention, en écrivant ces notes semi-bibliographiques, semi-littéraires, comme une espèce d’appendice au Catalogue de mes livres, n’a pas été de recueillir les faits généralement connus qui s’y rapportent, et que les critiques, les bibliographes et les cataloguistes ont pris soin d’établir avant moi », Charles Asselineau, Mélanges tirés d’’une petite bibliothèque, ou Variétés littéraires et philosophiques, Paris, Crapelet, 1829, p. iv-v.
22 1er septembre 1861, 14e livraison, p. 67-80.
23 15 septembre 1861, 15e livraison, p. 131-153.
24 « Nous avons essayé nous-même, depuis lors, de réaliser ce vœu, en publiant à la suite d’une nouvelle édition de Gaspard de la nuit un certain nombre d’articles, d’essais, de lettres, etc., glanés dans les colonnes du Provincial et du Patriote : Gaspard de la nuit. Fantaisies à la manière de Rembrandt et de Callot par Louis Bertrand, nouvelle édition, augmentée de pièces en prose et en vers, tirées des journaux et recueils littéraires du temps, et précédée d’une introduction, par M. Charles Asselineau, Paris, Pincebourde, Bruxelles, Librairie européenne de C. Muquardt, 1869, in 8°, frontispice eau-forte », ibid., p. 77.
25 « Nouvelle étude sur Charles Nodier », Bulletin du bibliophile, 1867, p. 97-109.
26 « Personne plus que lui n’a aimé, parce que nul n’y a excellé comme lui, à traiter ces matières délicates de la bibliographie et de la catalogie. […] sans doute la bibliographie ne date pas de Nodier. […] mais lui, le premier, il a animé cette science jusque-là maussade ; il l’a dépédantisée, et en a fait un genre littéraire, presque un genre poétique », « Charles Nodier », Le Bibliophile français, gazette illustrée, 1868, t. ii, p. 1-10 (p. 1-2 pour la présente citation).
27 Ibid., p. 4.
28 L’étude a paru en deux parties dans la Revue des Deux Mondes, le 15 juin puis le 15 août 1839 : « Les Victimes de Boileau. i. Les Goinfres, Marc-Antoine Gérard de Saint-Amand » ; « Les Victimes de Boileau. ii. Les Libertins. – Théophile de Viau ».
29 Charles Monselet, Les Oubliés et les Dédaignés. Figures littéraires de la fin du xviiie siècle, par M. Charles Monselet. Tome i. Linguet, Mercier, Cubières, Olympe de Gouges, le cousin Jacques, le chevalier de la Morlière, le chevalier de Mouhy, Alençon, Poulet-Malassis, 1857.
30 Paul de Musset, Extravagants et originaux du xviiie siècle, Paris, Charpentier, 1848, in-12, 480 p.
31 Arsène Houssaye (1815-1896), Galerie de portraits du xviiie siècle, 4e éd, Paris, Charpentier, 1848, 2 vol., in-18.
32 Nerval, Les Illuminés, récits et portraits, Paris, Victor Lecou, 1852.
33 Asselineau reprend lui-même exactement cette expression (BR, p. 125). Mais il évoque aussi ses « aimables oubliés » (BR, p. iii). Ailleurs, il met ensemble les « oubliés et les « contestés » (BR, p. 158).
34 Publié dans la Revue fantaisiste, le 15 juillet 1861.
35 Jules Claretie (1840-1913), Élisa Mercœur, Hippolyte de La Morvonnais, George Farcy, Charles Dovalle, Alphonse Rabbe, Paris, Mme Bachelin-Deflorenne, 1864, 114 p., in-8 (Collection du bibliophile français).
36 Id., Petrus Borel le lycanthrope. Sa vie, ses écrits, sa correspondance. Poésies et documents inédits, Paris, René Pincebourde, 1865 (Bibliothèque originale).
37 Voir cependant son Catalogue détaillé, raisonné et anecdotique d’une jolie collection de livres rares et curieux dont la plus grande partie provient de la bibliothèque d’un homme de lettres bien connu, Paris, Pincebourde, 1871. Voir sur cet éditeur bibliophile : Le Catalogue Pincebourde, petite revue des curiosités bibliographiques. Livres sur l’Époque romantique, la Galanterie, la Biographie, la Bibliographie, le Théâtre, l’Histoire anecdotique, politique et littéraire, Paris, Pincebourde, 1868-1869-1870.
38 Charles Asselineau « Les Variétés littéraires, morales et historiques de M. S. de Sacy », Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, septembre 1857, 13e série, p. 1201.
39 « Intérieurs de quelques gens de lettres et d’artistes. Charles Asselineau », 2 juin 1866, p. 29-33.
40 Voir « Vente de la bibliothèque de M. Asselineau », L’Amateur d’autographes, d’Étienne Charavay fils, novembre-décembre 1874, p. 183-186, article précédé de sa « Nécrologie » par Maurice Tourneux (p. 168-174).
41 Pour cette expression voir entre autres : Daniel Bernard, « La queue du romantisme », Revue du monde catholique, 1864, t. ix, p. 660-675.
42 « Quelques-uns de mes chers romantiques sont aujourd’hui un peu bien oubliés », BR, p. xiii.
43 « Si nous avons encore une littérature, où la trouverons-nous, sinon dans ce groupe, peu nombreux à l’heure qu’il est, d’écrivains parmi lesquels, suivant l’expression consacrée – a frétillé « la queue du romantisme » – c’est-à-dire ceux qui ont conservé pure et nette la tradition de 1830 : amour du beau, culte de l’art, soin du bien dire et conscience dans le travail ; je le dis de Charles Baudelaire comme de Théodore de Banville, de Leconte de Lisle comme de Paul de Saint-Victor, de Gustave Flaubert comme de Barbey d’Aurevilly et comme d’Edmond et Jules de Goncourt, comme de tous ceux, selon la maxime de Chateaubriand, qui croient encore qu’écrire est un art […] », Charles Asselineau, Préface de 1872, BR, p. ix.
44 Cité par Charles Asselineau, ibid., p. vii.
45 Ibid., p. vi.
46 Certains, dit-il, « ont trouvé impertinente la préférence maintes fois marquée dans le cours de l’ouvrage pour les talents de second ordre du temps passé sur les talents du même ordre dans le temps présent. Ceux-là ont eu le nez plus fin : ils ont senti le piège. Eh bien ! oui, il est temps de le dire, ce catalogue qui n’est qu’un catalogue aujourd’hui, était un pamphlet en 1866 », Préface 1872, ibid., p. vi-vii.
47 Préface 1866, ibid., p. xiii.
48 « Charles Asselineau, Mélanges tires d’une petite bibliothèque romantique », Revue anecdotique des excentricités contemporaines, 1re quinzaine d’août 1862, t. vi, p. 41-42.
49 Charles Asselineau, BR, p. xvii.
50 « Notre catalogue est plutôt descriptif et pittoresque qu’analytique. Il s’informe moins de l’intérieur des livres que de leur physionomie et de leurs conditions diverses », ibid., p. xvi-xvii.
51 Voir par exemple ce qui est dit à propos de Gaspard de la nuit : « La typographie même la plus recherchée est à peine au niveau de cette prose si savante ; il eût fallu l’art délicat d’un scribe du moyen-âge. Cependant ce volume imprimé par M. Victor Pavie avec le soin d’un ami et dans le loisir de la vie de province, est un monument typographique assez remarquable », ibid., p. 78.
52 « Il y a un malheur : on ne veut pas relier les Romantiques : “Les Romantiques, dit-il, sont condamnés à mourir brochés ; ils n’auront pas même un tombeau de basane où attendre la poussière et les vers dans ces immenses nécropoles qu’on appelle des bibliothèques” ». Mais Derôme conteste : « Eh bien ! Nodier se trompe ; on n’a pas relié les Romantiques de son vivant, mais l’heure des Romantiques est venue », Léopold Derôme, Les Éditions originales des romantiques. Causeries d’un ami des livres, Paris, É. Rouveyre, 1887, p. 207. Nodier a écrit cela dans un article du Bulletin du bibliophile en 1834 : « De la reliure en France au xixe siècle » (t. i, p. 46).
53 « Comme aux jours de révolution et de scission, on exagérait la cocarde et l’on chargeait les couleurs du drapeau. Et plus le titre était surprenant, plus la vignette était farouche, plus l’épigraphe saugrenue, plus la préface outrecuidante et hérissée de points d’exclamation, plus on était sûr de n’être pas confondu avec l’ennemi, d’épouvanter le bourgeois et d’exaspérer le critique », Charles Asselineau, Préface 1866, BR, p. xix.
54 Asselineau cite à cet égard un article de Fontaney, publié dans la Revue des Deux Mondes le 15 décembre 1836 : « Une autre perte notable que nous avons faite, est celle des épigraphes, tout à fait passées de mode aujourd’hui. Or, les épigraphes fournies par toutes les gloires littéraires du pays et de l’étranger, n’étaient certainement pas le moindre agrément de la petite poésie contemporaine », Préface 1866, ibid., p. xvii.
55 « Et les annonces donc ! n’y a-t-il pas toute une révélation dans ces titres de livres pressés au verso des couvertures ? Que de Quiquengrognes ! que de livres qui n’ont jamais été faits, mais qui ont été rêvés du moins, et dont les titres attestent par leur bizarrerie, par leur insolence même, les prétentions et l’humeur du moment. C’était : Pâture à liseurs ; Faust Dauphin de France ; Appel aux jeunes Français à cœurs de lions ; puis les Contes du Bousingo, par une camaraderie ; puis les Aventures de deux gentilshommes périgourdins, un beau titre à la Scarron ; Fumée de ma pipe, choses quelconques ; Contes du froc et de la cagoule, etc. », Préface 1866, ibid., p. xviii-xix.
56 « Aussi, je le déclare, trouver un exemplaire de ce temps-là en bon état, épargné par le ciseau des cartonniers et pourvu de ses vignettes, est un vrai quine à la loterie, surtout depuis que de certains amateurs à qui j’ai montré l’exemple – je puis le dire sans me vanter – se sont jetés sur le gibier romantique », Préface 1866, ibid., p. xiv.
57 « […] les éditions romantiques sont cotées à des prix qui m’étonnent moi-même », Préface 1872, ibid., p. iii.
58 « Outre des anecdotes sur l’auteur, son œuvre et la vie littéraire, on trouvera de plus des remarques sur la valeur vénale des livres, celle qu’ils ont eue ou qu’ils ont acquise, ce qui peut leur en donner une s’ils n’en ont pas encore. On comprend que dans cette valeur, la rareté, les vicissitudes qu’un livre a eues à traverser, la décoration artistique, la reliure, ont une part considérable », Léopold Derôme, op. cit. [note 52], « Avertissement » non paginé.
59 « Plus d’un parmi les écrivains dont je parle, et ceux-là même dont j’ai le plus longuement parlé, ont été dénoncés à ma curiosité par le titre de leur livre et par la vignette », Charles Asselineau, Préface 1866, BR, p. xx.
60 « Au temps dont je parle, le crayon était vraiment confident de la plume, et complice aussi. La vignette se faisait en même temps que la page. Elle se faisait même avant, par intuition, tellement on était sûr de se comprendre et de marcher au but », Préface 1866, ibid., p. xviii.
61 Ibid., p. xiv.
62 Charles Asselineau, « Les Variétés littéraires, morales et historiques de M. S. de Sacy », Bulletin du bibliophile et du bibliothécaire, septembre 1857, 13e série, p. 1201, p. 1187.
63 Id., Préface 1866, BR, p. xi.
64 « Pour moi, mes desseins sont plus humbles, et si plus tard, dans cinquante ans d’ici par exemple, un brave homme tenté de se faire le Justin ou le Florus de notre littérature, vient chercher dans ces pages quelques renseignements pour l’histoire de nos idées et de nos débats, mon ambition sera remplie », Préface 1866, ibid., p. xvi.
65 Octave Uzanne, Nos amis les livres. Causeries sur la littérature curieuse et la Librairie, Paris, Quantin, 1886, p. 266.
66 « Charles Asselineau, Mélanges tires d’une petite bibliothèque romantique », Revue anecdotique des excentricités contemporaines, 1re quinzaine d’août 1862, t. vi, p. 42.
67 Selon Asselineau, les « efforts partiels » des Minores « marquent plus sensiblement la marche de l’entreprise et la difficulté du but poursuivi. Chacun d’eux nous montre dans son œuvre, ceux-ci sous le rapport du sentiment, ceux-là sous le rapport de la langue et du style, une fraction de l’effort général », BR, p. 124.
68 Francis Wey, « Charles Asselineau, Mélanges tirés d’une petite bibliothèque », Bulletin du Bibliophile, 24 janvier 1867, p. 13.
69 « Les grands noms de l’École Romantique ne sont pas ceux qui la désignent le mieux. Ceux qui les portent, auraient pris une enseigne différente qu’ils n’en existeraient pas moins. Ce sont les talents de second ordre, ceux qui ont subi la direction des maîtres, qui en ont souvent exagéré la manière et les doctrines, qui lui ont donné une physionomie à part, la représentent avec ses qualités et ses défauts, ses tics, sa couleur tranchée », Léopold Derôme, op. cit. [note 58], p. 81. Voir aussi : « Plus ils ont été petits, plus ils gardent la couleur locale », ibid., p. 180.
70 « On connaîtrait mal le mouvement littéraire qui, sous le nom de Romantisme, a jeté un si vif éclat sur le second tiers de notre siècle, si l’on s’arrêtait seulement aux grands écrivains qui s’en détachent et dont la gloire est maintenant consacrée. Pour l’embrasser tout entier, en bien pénétrer le sens, la nature, il faut s’engager plus avant dans cette étude, devenir familier avec d’autres écrivains moins illustres, dont les noms même sont aujourd’hui à peu près oubliés, mais qui, par leurs défauts, par l’exagération des principes d’une école dont ils s’étaient fait les adeptes, ne les mettent que mieux en relief, n’en rendent que plus saillant le caractère. Ce sont eux que nous appellerons les Petits romantiques, et dont nous voudrions raviver quelques figures », Eugène Asse, Les Petits romantiques, op. cit. [note 2], p. 5.
71 Charles Asselineau, Préface 1866, BR, p. xxi.
72 Ibid., p. xxi.
73 Ibid., p. 125.
74 « On recueillera un jour ces pâles chefs-d’œuvre de la décadence romantique comme on recueille les petits poètes du xvie et du xviie siècle qui n’ont eu de leur vivant qu’une lueur de gloire, et dont le moindre livre est devenu un objet d’art. Plus ils ont été petits, plus ils gardent de couleur locale. Ils n’ont été de fait que le vulgaire des écrivains d’alors. Les petits de la Bohème romantique sont plutôt les vaincus de l’Idéal », Léopold Derôme, op. cit. [note 69] p. 180.
75 Ibid., p. 124.
76 Ibid.
77 Asselineau déclare : « Je me crois dispensé de revenir sur ce livre, dont on s’est beaucoup occupé à cause du titre, et qui n’est, en fin de compte, qu’une débauche d’esprit d’un feuilletoniste de l’école du bon sens exaspéré », ibid., p. 73.
78 « En somme, il nous a semblé qu’il se trouvait dans ces Mélanges tirés d’une Bibliothèque romantique assez de particularités, assez de renseignements, assez d’anecdotes pour leur mériter accès dans une Revue anecdotique », « Charles Asselineau, Mélanges tires d’une petite bibliothèque romantique ». Revue anecdotique des excentricités contemporaines, 1re quinzaine d’août 1862, t. vi, p. 42.
79 Ainsi d’Antoine Fontaney : « Poète, il l’était même dans sa vie, terminée par un roman douloureux dont les mémoires d’un célèbre romancier nous ont livré à demi le secret », Charles Asselineau, BR, p. 127.
80 La formule est de Mélanie Leroy-Terquem : « C’est ainsi que le “petit romantique”, à défaut d’être chair à canon, devient chair à fiction », op. cit. [note 1], p. 80.
81 Charles Monselet, « Lassailly », Portraits après décès : avec lettres inédites et fac-similé, Paris, A. Faure, 1866, p. 40-41. Ce que confirme Francis Wey à propos de Régnier-Destourbet : « Au surplus, le vrai roman, ici, c’est l’existence de Régnier, équivoque et follement bigarrée d’ascétisme et de délire », « Charles Asselineau, « Mélanges tirés d’une petite bibliothèque », Bulletin du bibliophile, 24 janvier 1867, p. 16.
82 « Ce dixième volume est rempli d’anecdotes sur vous, sur moi, sur tous les autres ; on y donne des “intérieurs” d’écrivains, d’artistes et d’excentriques. C’est l’histoire littéraire en robe de chambre ou en vareuse », Xavier de Villarceaux, « Histoire littéraire. iii », Revue du xixe siècle, 1er juillet 1866, t. ii, p. 159.
83 « On est frappé, en serrant de près ces hommes et ces œuvres éclipsés, de la supériorité des talents secondaires d’alors sur ceux du même ordre dans le temps présent », Charles Asselineau, BR, p. 125.
84 Cela lui arrive pourtant : « Toute la vie, toute la gloire de Félix Arvers tiennent dans ces quelques lignes. Il restera comme une preuve de plus de la fécondité de ce temps où les grands talents faisaient si vigoureusement germer les petits », ibid., p. 70.
85 Ibid., p. 226.
86 Ibid., p. 187-188.
87 Ibid., p. xi-xii.
88 « Les œuvres de Dovalle ont le caractère de la poésie du temps où il apparut, ce caractère un peu vague, cette forme un peu voilée, un peu abstraite de la poésie des Edmond Géraud, des Loyson, des Brugnot, et des premières œuvres de Rességuier, de Fontaney et de Labenski, de tout ce chœur en un mot qui procédait plutôt de Lamartine que de Victor Hugo, mais que la publication des Ballades et des Orientales allait pousser vers une facture plus sévère et plus savante », ibid., p. 24.
89 « […] c’est dans ses premières œuvres surtout que j’aime à rechercher l’effort, l’accent, le cri de la poésie du dix-neuvième siècle à son éveil », ibid., p. 134.
90 « Ce premier volume a pour frontispice un dessin allégorique, lithographie représentant une femme voilée et drapée, couronnée d’étoiles, et emportée dans les espaces sur un char antique attelé de deux chevaux noirs galopant. La lettre nous dit que c’est là la “muse romantique”, et cette symbolique nous déconcerte un peu actuellement. Ce n’est pas la muse vigoureuse, agile et clairvoyante des Orientales ou des Émaux et Camées qui se fait ainsi promener sur un char olympique à travers l’azur silencieux », ibid., p. 90.
91 « Sans réclamer pour lui le premier rang qu’il convient sans doute de réserver à des talents plus amples et plus robustes, je ne crains pas de dire que parmi les écrivains du second, en ce temps-là, il est peut-être celui dont le nom est le plus assuré de vivre, par cette seule raison qu’il s’est plus exclusivement qu’aucun autre attaché à l’art. Il s’est placé lui-même dans la famille des écrivains-artistes, des architectes de mots et de phrases », ibid., p. 76.
92 « Ce filon saint-simonien n’était pas inutile à marquer dans une carte du romantisme », ibid., p. 74.
93 « On reconnaît le ton et les prétentions (la date d’ailleurs est la même) des premières strophes d’Albertus et du premier chant de Namouna », ibid., p. 66-67.
94 « Où sont-ils aujourd’hui les cousins du poignard, les fidèles de la confrérie du bousingot ? Cherchez Augustus Mac Keat dans M. Auguste Maquet, Alphonse Brot, dans ses romans lunaires, et Bouchardy, au cœur de salpêtre, dans les mélodrames de la Gaîté ! Ils valaient mieux dans leur bon temps ! », ibid., p. 215.
95 « Que veulent-ils, ces incendiaires et ces forbans ? Ils hurlent, ils tempêtent, ils sacrent, ils blasphèment ; les poètes vocifèrent, les peintres écument, les architectes lèvent le pic, les sculpteurs brandissent le marteau. […] à les entendre fulminer contre le mensonge social, contre l’impureté du mariage, et organiser la croisade contre les institutions civiles et politiques, quelque révolutionnaire de nos jours serait peut-être tenté de les prendre pour les précurseurs du socialisme », ibid., p. 201.
96 Ibid., p. 215.
97 Ibid., p. 45.
98 Voir en effet ce qu’il continue d’écrire en 1872 : « Pétrus Borel marque une phase ou plutôt une déviation du romantisme, produite par l’invasion de la politique dans la littérature, après la révolution de Juillet », ibid., p. 46.
99 « Le premier livre de Fontaney, qui est un recueil de vers, parut en 1825. C’est de ces essais comme on en faisait tant alors, dans une époque tourmentée de poésie, où chacun était en quête de modèles », ibid., p. 126-127.
100 Sur Arthur : « C’est un mélange du Gymnase, de Corinne, et de la Comédie-Française ; le Werther s’y montre par instants, mais avec une certaine pudeur. Valérie n’eût pas mieux dit », ibid., p. 136.
101 Ibid., p. 68-69.
102 Tel Fontaney selon le jugement d’Eugène Asse : « A. Fontaney fut le miroir fidèle d’une époque où la phraséologie religieuse, le sentiment chrétien lui-même, se mêlaient aux passions les plus fougueuses, les plus désordonnées, où le satanisme alternait dans le même homme avec l’ascétisme, où dans le roman et jusque dans la vie réelle. On pouvait être à la fois Antony, René et Jocelyn », Eugène Asse, op. cit. [note 74], p. 7.
103 Ainsi de Cabanon : « C’était un mystificateur à outrance, au temps où les mystifications étaient à la mode », ibid., p. 196.
104 « Charles Asselineau, « Mélanges tires d’une petite bibliothèque romantique », Revue anecdotique des excentricités contemporaines, 1re quinzaine d’août 1862, t. vi, p. 41.
105 Charles Asselineau, Préface 1866, BR, p. xxi.
106 « D’un côté les complaisances, les compromis, une uniformité déplorable dans les données et dans les moyens, uniformité commandée par la mode ou exigée par la “demande” ; de l’autre, une originalité plus ou moins attrayante, plus ou moins de bon aloi, mais enfin de la variété, de l’imprévu, quelque chose de personnel et de libre qui fait songer davantage à l’homme et moins au tâcheron assis devant sa table », ibid., p. 61-62.
107 « Et généralement, je l’oserai dire, c’est parce que le siècle a fait Champavert et Feu et Flamme, et toutes les extravagances et les folies reprochées à son commencement, qu’il a produit dans sa vigueur les œuvres saines et robustes qui l’honorent, et qui l’ont mis au rang des grands siècles de la littérature française », ibid., p. xx.
108 Ibid., p. xxi.
109 Ibid., p. 134.
110 Chaffiol-Debillemont, « Charles Asselineau, un pêcheur d’ombres », Petite suite excentrique, Paris, Mercure de France, 1952.