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Les Éditions Ysaÿe

Marie CORNAZ

Docteure en Musicologie, Marie Cornaz est conservatrice de la Section de la Musique de la Bibliothèque royale de Belgique (Bruxelles) et Maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles

L’activité de la maison d’édition bruxelloise « Éditions Ysaÿe » n’a, à ce jour, fait l’objet d’aucune étude fouillée. Si les lignes qui suivent ne peuvent prétendre combler ce vide, elles se conçoivent comme le premier jalon d’investigations qui doivent être poursuivies en prenant pour base une série de sources primaires, qu’il s’agisse des éditions elles-mêmes, mais également de documents d’archives, de diverses correspondances ou encore de la presse de l’époque. Il reste en effet de nombreuses pistes à défricher puisque la bibliographie touchant à cette maison d’édition se limite aux quelques lignes rédigées par Paul Raspé et publiées en 1982 dans l’ouvrage collectif La Musique en Wallonie et à Bruxelles1.

Bien que le nom-même de cette maison d’édition fasse référence au violoniste, compositeur, organisateur de concerts, chef d’orchestre et pédagogue liégeois Eugène Ysaÿe (1858-1931), elle est créée en 1921 par le quatrième enfant et second fils de ce dernier, Antoine Ysaÿe (1894-1979)2, qui n’aura de cesse, toute sa vie, de faire connaître le parcours d’artiste et l’œuvre de son père de diverses façons, entre autres par l’écriture d’une biographie qui connaîtra plusieurs versions et rééditions3, mais aussi par la création d’une Société puis d’une Fondation Eugène Ysaÿe, ainsi que par la mise sur pied d’une maison d’édition lui donnant l’opportunité de diffuser la musique paternelle. Dans la foulée, Antoine Ysaÿe est également à l’origine de la constitution, en 1976, du « Fonds Eugène Ysaÿe » au sein des collections musicales de la Bibliothèque royale de Belgique, ensemble rassemblant des manuscrits autographes, des partitions imprimées, des coupures de presse, des programmes de concerts, de la correspondance, des photos, mais aussi plusieurs spécimens de publications musicales estampillées « Éditions Ysaÿe ».

Né le 11 avril 1894 à Forest (Bruxelles) dans la demeure familiale du 48 avenue Brugmann, Antoine Ysaÿe reçoit le prénom de son grand-père maternel, Antoine Bourdau, major au 11e régiment de ligne ; il est bien le fils de ses parents et non, comme certains ont pu l’écrire, celui qu’aurait eu le maître avec sa jeune élève bruxelloise Irma Sèthe, premier prix de violon au Conservatoire de Bruxelles en 1891 et qui fête ses 18 ans le 27 avril 18944. En effet, si la correspondance intime entre Eugène Ysaÿe et son épouse Louise, conservée à la Bibliothèque royale de Belgique, révèle bien qu’une relation triangulaire entre le maître, son épouse et la jeune fille se noue entre avril et novembre 1893, elle ne laisse aucun doute quant au fait que l’enfant est bien porté par Louise5. Au-delà de ce qui ne regarde que la sphère privée, la relation passionnelle entre Irma et Eugène Ysaÿe, qui cessera définitivement suite au départ de ce dernier pour sa première tournée américaine en novembre 1894, semble avoir marqué Antoine, qui entretiendra une relation épistolaire dès 1938 avec celle qu’il appellera sa « marraine6 ».

Cet enfant, conçu et né au sein d’un duo parental vivant sa plus grande crise de couple, aura toujours une place à part dans la fratrie et lorsque, dès mai 1899, Antoine Ysaÿe, qui n’a que cinq ans, est gravement malade, son père ressent le besoin de composer et d’achever, en septembre 1900, sa pièce pour violon et piano Rêve d’enfant, la dédiant à son « p’tit Antoine7 ».

En novembre 1914, Antoine Ysaÿe a 20 ans et sert sous les drapeaux comme ses deux autres frères, l’aîné Gabriel et le puîné Théodore ; rejoignant le 19e régiment de ligne, il évoquera plus tard ses souvenirs de guerre dans son ouvrage Contes barbelés, publiés en 1936 sous le pseudonyme de Serge Antonys, une contraction de « Sergent Antoine Ysaÿe8 ».

Au sortir de la guerre, Antoine Ysaÿe épouse à Bruxelles le 24 mai 1919 Augusta Mackelberge (1892-1973)9 et est père le 29 septembre suivant de son premier enfant, Serge (1919-2007), qui deviendra médecin. Eugène Ysaÿe, installé sans son épouse aux États-Unis depuis janvier 1917 et cumulant depuis octobre 1918 les fonctions de chef permanent du Cincinnati Symphony Orchestra et de professeur de la classe de violon (perfectionnement) au Cincinnati Conservatory of Music, n’est donc pas présent au mariage de son fils ni lors de la naissance de son petit-fils, puisqu’il ne revient que pour quelques semaines en Belgique en juillet 1919, avant de réintégrer son poste mi-septembre, cette fois-ci accompagné de sa femme et de ses fils Gabriel et Théodore.

Cette même année 1919, Antoine Ysaÿe, qui a étudié le violoncelle, fonde une société d’administration de concerts et de spectacles, installée en plein centre de Bruxelles, au 14 rue des Hirondelles, près de la place de Brouckère10, et prend la tête de la Société Philharmonique de Bruxelles, qui avait été créée en 1912 par son oncle, le pianiste Théo Ysaÿe, décédé le 24 mars 1918 ; le premier concert de la nouvelle direction prend place dans la salle de l’Union Coloniale le 12 décembre 191911.

En 1920, Antoine Ysaÿe commence à s’impliquer dans le milieu éditorial, son nom apparaissant sur la méthode La technique du violon : exercices, gammes et arpèges à la première position dans tous les tons, du violoniste Mathieu Crickboom (1871-1947), un des élèves préférés d’Eugène Ysaÿe, sorti avec les honneurs de sa classe au Conservatoire de Bruxelles et qui sera, quelques années plus tard, le dédicataire de la 5e Sonate pour violon seul de son maître ; l’adresse éditoriale est en effet « Comptoir de Musique Moderne /Ant. Ysaÿe & Co., Bruxelles », tandis que la mention « Copyright 1920 by Antoine Ysaÿe & Co. » est placée dans le coin inférieur droit de la première page12.

Si cette participation est un début, l’activité des Éditions Ysaÿe démarre véritablement en 1921 et non pas en 1922, comme l’écrit Paul Raspé13. Ainsi, Le Ménestrel du 15 avril1921 fait paraître une publicité pour la maison « Antoine Ysaye & Cie », située à Bruxelles au 12-14 rue d’Arenberg, expliquant qu’elle combine les activités d’éditeur de musique, d’organisateur de concerts et d’impresario, se targuant de s’occuper « des plus grands artistes du monde entier14 » ; pour marquer le coup, cette annonce est placée dans les numéros suivants du périodique français et ce pendant plusieurs mois. L’adresse de la rue d’Arenberg est en rait celle d’une autre maison d’édition reprise par Antoine Ysaÿe, la maison Katto, firme fondée vers 1850 par Jean-Baptiste Katto (1819-1898)15. En rachetant ce commerce, Antoine Ysaÿe acquiert en réalité le catalogue d’une des maisons d’éditions musicales les plus importantes installées à Bruxelles durant la seconde moitié du xixe siècle, qui, au début du xxe siècle, continuait à proposer des éditions de classiques destinées aux classes du Conservatoire de Bruxelles, des partitions de compositeurs belges tels que Peter Benoit, ou encore issues d’un répertoire plus léger tel que la valse Fanita de Georges Lauweryns (1884-1960), éditée en 1909 et ornée d’une page de titre illustrée par l’artiste Henry-Valéry Vander Poorten (qui signe sous le nom d’artiste Valéry)16.

Entre juin et septembre 1921, Eugène Ysaÿe est une nouvelle fois de passage en Belgiaue, avant de retourner à Cincinnati. Les Éditions Ysaÿe n’ayant pas encore véritablement démarré leurs activités, le violoniste-compositeur s’adresse à l’éditeur bruxellois Schott Frères pour publier sa Sérénade pour violoncelle et piano, qu’il dédie à son fils violoncelliste Antoine17.

Début juillet de la même année, Antoine Ysaÿe fait savoir par voie de presse qu’il met en vente en ses locaux bruxellois 500 000 « morceaux de musique » ; cette vente se poursuit jusqu’à fin août et permet au repreneur des éditions Katto de vendre ce qu’il ne désire pas garder18. Antoine Ysaÿe est alors également à la tête du « Bureau international des Concerts Ysaÿe », se faisant limpresario pour la Belgique de musiciens tels que le violoniste ukrainien Mischa Elman (1891-1967), qui venait de se produire à plusieurs reprises avec Eugène Ysaÿe aux États-Unis19, gérant donc, en l’absence de son père, les Concerts Ysaÿe, société de concerts que ce dernier avait mis sur pied en 1896, qui avait interrompu ses activités pendant la guerre avant de les reprendre en novembre 192 020.

À la suite de cette vente imposante, Antoine Ysaÿe débute son activité éditoriale en automne, par la sortie de trois publications millésimées 1921, proposant toutes des compositions d’Eugène Ysaÿe ; il s’agit des pièces pour violon et piano Divertimento, dédié à son fils aîné Gabriel, et Au rouet, dédié à la violoniste belge Maud Delstanche, ainsi que Méditation, pour violoncelle et piano, dédié au violoncelliste français Fernand Pollain (1879-1955)21. Ces publications sont en réalité de nouvelles impressions des éditions Schott sorties au début de cette même année. Elles reprennent respectivement les cotages d’origine « S.F. 5594 », « S.F. 5595 » et « S.F. 5598 », mais sont pourvues d’une nouvelle page de titre, mentionnant « Editions Antoine Ysaÿe & Cie », suivi des adresses bruxelloises de « J. B. Katto » et du « Comptoir de musique moderne » (3 rue Hôtel-des-Monnaies)22, encadrant une vignette, qui n’est autre que le dessin réalisé par l’affichiste belge Henri Meunier (1873-1922) pour l’affiche du premier des Concerts Ysaÿe, qui s’est déroulé le 5 janvier 1896 au Cirque Royal à Bruxelles ; sous cette vignette apparaît la mention « Copyright 1921 U.S.A. », protection qui, ne figurant pas sur les éditions Schott, a probablement été négociée grâce aux contacts américains d’Eugène Ysaÿe, reparti en bateau le 17 septembre 1921 pour New York, afin de se préparer à la reprise des cours et des concerts à Cincinnati. Ces nouvelles éditions proposent également une page de couverture spécifique, reprenant le titre de l’œuvre, le nom du compositeur et une vignette indiquant « Editions Ysaye / Anciennement J. B. Katto / Bruxelles / 12-14 Rue d’Arenberg », décorée du même dessin de Meunier et sous laquelle est précisé que l’éditeur fait appel, pour l’impression, à l’Imprimerie Dogilbert, appelée « Imp.[rimerie] Belge de Musique », dont les ateliers sont situés également à Bruxelles23.

Antoine Ysaÿe édite encore, en cette année 1921, Douze mélodies, recueil pour chant et piano du compositeur belge Albert Dupuis (1877-1967). Le cotage est tel qu’usité précédemment par la maison d’édition Katto, constitué des initiales « J. B. K. » (pour Jean-Baptiste Katto) suivies d’un numéro d’ordre24.

Le 1er mai 1922 et les jours suivants, Antoine Ysaÿe organise rue d’Arenberg une grande liquidation de musiques « pour cause de transformations25 », action qui se termine début juin26. À la fin du mois de mai, son père revient définitivement en Belgique, ce qui ne manquera pas d’influencer la suite des activités de la maison d’édition. Quelques semaines plus tard, Antoine Ysaÿe est père pour la seconde fois puisque son fils Jacques (1922-2017) naît le 12 août. Celui-ci sera musicien et se fera connaître en tant que compositeur de musique légère sous le pseudonyme de Jack Say27.

Si les Éditions Ysaÿe démarrent symboliquement en 1921 en éditant essentiellement des œuvres du maître, elles proposent dès 1922 un répertoire varié, comme l’édition des 24 Kinderliederen/Chansons enfantines/Nursery songs pour voix et piano du compositeur anversois Flor Alpaerts (1876-1954), publiée en quatre volumes de six pièces possédant chacun sa page de titre personnalisée illustrée par l’artiste liégeois Marcel Baugniet (1896-1995) ; si la vignette est celle des Éditions Ysaÿe, le cotage suit le modèle de la maison d’édition Katto28.

Toujours en 1922, Antoine Ysaÿe publie plusieurs partitions de musique légère dont les pages de titre sont dessinées par l’illustrateur bruxellois Peter De Greef (1901-1985), artiste qui débute alors dans le métier. Parmi celles-ci, Pantomime. Colombine pour piano d’un certain A. Hannay29 ou encore Maison à louer, chansonnette écrite et composée par Victor Lefèvre30 que l’éditeur Katto avait publiée pour la première fois en 1854 dans sa collection Les fleurs musicales31. Le cotage de ces publications reste constitué des initiales de l’éditeur Katto et d’un numéro d’ordre.

Probablement cette même année, Antoine Ysaÿe sort une berceuse de sa plume, titrée Dans le hamac opus 1, qui, bien qu’estampillée Éditions Ysaÿe, porte toujours un cotage Katto32. Il ne semble pas avoir réitéré l’expérience puisqu’aucune autre composition, manuscrite ou imprimée, n’est répertoriée.

En 1923-1924, le fox-trot chanté C’est la garçonne, avec paroles et musique d’Yvan Fouyat, présente le double copyright « Fouyat 1923 » et « 1924 by Ant. Ysaÿe ». La référence à Katto abandonnée, cette publication est la première des Éditions Ysaÿe disposant d’un cotage propre à Antoine Ysaÿe, constitué des initiales « A. Y. » et d’un numéro d’ordre, ici le 322133 ; pour faciliter la gestion des cotages, Antoine Ysaÿe choisit de rester dans la continuité de ceux employés par la maison Katto, dont les derniers numéros se situaient autour du chiffre 3200 ; il lui arrivera ensuite d’attribuer des cotages pourvus d’un chiffre inférieur à ceux des derniers numéros Katto, voulant probablement, de cette manière, combler des « trous » dans la progression numérique, devant gérer en parallèle le stock restant de Katto et ses propres éditions. Ce même fox-trot est réédité en 1924, en grand format et en couleurs, avec le même cotage, tandis que la page de titre détaille une double adresse bruxelloise : le 10 rue Fourmois, artère située dans la commune bruxelloise d’Ixelles non loin de l’avenue Brugmann34, et le 11 rue d’Assaut, au centre-ville, tout près de la cathédrale des Saints-Michel-et-Gudule35.

Dès les éditions suivantes, le nom d’Antoine Ysaÿe est placé sous la mention « Editions Ysaÿe » et seule demeure l’adresse du 10 rue Fourmois, qui correspond à la maison familiale d’Augusta Mackelberge36, comme on le voit par exemple sur la publication, en 1924, de la mazurka pour piano En dirigeable composée par un certain Alfred Croisé37.

Juin 1924 est probablement le mois de parution aux Éditions Ysaÿe des Six sonates pour violon seul opus 27 d’Eugène Ysaÿe en six publications séparées38, comprenant une page de titre présentant le titre générique « Six sonates pour violon seul » sous-titrée par le titre de la sonate concernée ; celles-ci portent la nouvelle adresse des Éditions Ysaÿe, à savoir le 10 rue Fourmois ; le nom de l’imprimeur Dogilbert figure également sous l’adresse éditoriale ; il s’agit des premières éditions d’œuvres d’Eugène Ysaÿe affublées d’un cotage « A. Y. ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser à première vue, si l’édition en recueil porte bien le copyright 1924, elle n’est sortie qu’en 1926, reprenant les cotages des éditions séparées de 1924 mais apportant de nombreuses corrections. En effet, sur les exemplaires de l’édition en recueil, on trouve la mention, sur la page de couverture arrière, « Sorti des presses de l’Imprimerie de Musique Dogilbert / le 8 Mai 1926 » ; cette sortie en 1926 est confirmée par le fait que plusieurs exemplaires numérotés de cette édition en recueil portent la signature manuscrite d’Eugène Ysaÿe datée de mai 1926 et non de 192439. Ces deux éditions connaîtront un succès retentissant et permettront à ces œuvres, conçues dans la lignée de Bach, d’entrer directement dans le répertoire de prédilection des plus grands violonistes de l’époque, qu’il s’agisse notamment de l’Autrichien Fritz Kreisler (1875-1962) ou encore du Français Jacques Thibaud (1880-1953). La presse de l’époque note d’ailleurs : « Notre grand maître a publié récemment un cycle de Six Sonates pour violon seul, conçues dans la pensée de créer, pour l’instrument solo une littérature moderne, qui continue l’œuvre de Jean-Sébastien en tenant compte de l’évolution harmonique et technique40. »

Le mois de juin 1924 voit vraisemblablement sortir aux Éditions Ysaÿe la Sonate en ut mineur pour violoncelle seul opus 28 d’Eugène Ysaÿe, dédiée au violoncelliste belge Maurice Dambois (1889-1969) et se voyant attribuer le cotage « A.Y. 3341 », correspondant au numéro qui suit directement celui conféré à la 5e Sonate pour violon seul41. La même année, l’éditeur sort la Sonate en ré majeur pour violon solo et basse du compositeur italien Pietro Nardini (1722-1793), proposée dans une version harmonisée par Eugène Ysaÿe en 191242. On peut supposer que ce dernier ait suggéré cette publication, afin de mettre en évidence son travail de redécouverte de la musique ancienne, baroque et classique, né au départ de sa fascination pour la musique de Bach, qu’il joue en concert dès l’âge de 21 ans.

Enfin, les Éditions Ysaÿe proposent aussi en 1924 la pièce pour voix et piano Starrenglans, L’Étoile du soir du compositeur flamand Peter Benoit (1834-1901), œuvre composée en 1855 qui faisait partie du catalogue de la maison d’édition Katto reprise par Antoine Ysaÿe43. Ici, l’impression est confiée non à Dogilbert mais à l’imprimeur spécialisé en musique Joseph De Vleeschouwer qui se charge aussi de l’impression des éditions musicales de la maison d’édition L’Art Belge.

Le 31 janvier 1926, une réunion se tient dans une salle de la « Brasserie flamande », rue Orts à Bruxelles, à l’appel d’Eugène Ysaÿe, pour dénoncer les agissements de la Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique (SACEM) française et prôner la nationalisation de cette structure dans chaque pays ; l’idée de ce « Premier congrès national des auteurs, compositeurs & éditeurs de musique de Belgique44 » est de constituer un comité provisoire avant la mise sur pied, lors d’un prochain congrès, d’un comité définitif qui procédera à l’établissement des statuts d’une nouvelle société ; ce comité provisoire est composé d’Eugène Ysaÿe, de son fils Antoine et des compositeurs belges Joseph Jongen (1873-1953), Lodewijk Mortelmans (1868-1952), Albert Sykes (qui dirige l’orchestre de danse du Kursaal d’Ostende) et Emiel Hullebroeck (1878-1965)45 ; ce dernier avait mis sur pied en 1922 la Nationale Vereniging voor Auteursrecht (NAVEA) et l’espoir nourri par certains était de pouvoir bâtir à partir de cette structure une véritable société nationale belge de gestion des droits, ce qui ne deviendra une réalité qu’en 1945, avec la création de la Société d’Auteurs Belge – Belgische Auteurs Maatschappij (SABAM).

En 1926, les Éditions Ysaÿe sortent trois arrangements d’Eugène Ysaÿe, dépourvus de dédicataires : deux pour violon et piano ou orgue, avec le second mouvement, Air, de la Suite n° 3 pour orchestre en ré majeur BWV 1068 de Bach46 et l’Andante de la Sonate pour flûte et basse continue opus 1 no 7 HWB 367b de Haendel47 ; quant au troisième, pour violon et piano, il concerne la Valse en mi mineur opus posthume de Chopin48.

Dans la foulée des discussions liées aux droits d’auteur, Antoine Ysaÿe lance à Bruxelles la revue mensuelle L’Action musicale, conçue comme l’« organe officiel du comité d’action des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de Belgique », dont le premier numéro sort le 15 février 1927. Cette revue, dont le siège est situé au 48 avenue Brugmann, à savoir l’adresse paternelle, sera publiée jusqu’en 193449. Mais Antoine Ysaÿe n’a pas sa langue en poche et au mois d’avril, il est impliqué dans deux procès ; le premier concerne le fait qu’il a assigné en dommages et intérêts plusieurs personnalités de la SACEM dont Fernand Rooman, agent général pour la Belgique, pour avoir publié, dans le bulletin de la SACEM, le discours prononcé par le compositeur bruxellois Paul Gilson (1865-1942) contre Antoine Ysaÿe à la Chambre syndicale des Auteurs, Éditeurs et Compositeurs de musique, discours ayant entraîné l’exclusion de ce dernier du sein de cet organe. Le second procès est intenté par Rooman contre Antoine Ysaÿe qui, dans son pamphlet Une révolte chez le Tsar, traite la maison de Rooman de « lupanar » ; le fils d’Eugène Ysaÿe sera condamné aux deux procès, devant finalement payer à Rooman 10 000 francs de dommages et intérêts50.

Tout ceci n’empêche pas les Éditions Ysaÿe de continuer à éditer la musique du maître et l’année 1927 est prolifique puisqu’elle voit sortir de l’Imprimerie Nationale de Musique (établissement actif dès la fin du xixe siècle), les réductions avec piano de la Paraphrase sur un thème de Mendelssohn pour chant opus 3051, du poème symphonique pour deux violons Amitié opus 26 dédié à Théodore Lindenlaub (1854-1929)52 mais également du Poème nocturne pour violon et violoncelle opus 29 dédié au violoniste belge Albert Zimmer (1874-1940) et au violoncelliste français Jacques Gaillard (1875-1940)53, de la Fantaisie pour violon opus 32 dédiée à la violoniste américaine Jeannette Dincin (1902-1967)54 et des Pièces de clavecin de Rameau adaptées pour violon et piano55.

En 1928, les Éditions Ysaÿe sortent Pavane opus 656 et Prélude et Fugue opus 1057 du violoncelliste et compositeur liégeois Charles Houdret (1905- après 1964), musicien introduit auprès de la reine Élisabeth par Eugène Ysaÿe avant de tomber en disgrâce58. La musique ancienne reste également à l’honneur puisque deux éditions d’arrangements du maître sortent cette même année, la Sonate en fa mineur de Pietro Antonio Locatelli (1695-1764), sous-titrée Au tombeau59, et la Sonate en la mineur de Niccolo Pasquali (1718-1757)60. Mis à part ces publications, Antoine Ysaÿe délaisse l’activité éditoriale au profit de l’organisation de concerts, ayant annoncé au mois de mai 1928 qu’il dirige à présent l’O.G.R.A. (Office Général de Renseignements Artistiques), depuis le 10 rue Fourmois61, organisant les séances-concerts Ysaÿe, mais aussi d’autres manifestations musicales, notamment au Kursaal d’Ostende, utilisant son pseudonyme de « Serge Antonys62 ». Ceci explique que dès 1929, plus aucune publication estampillée « Éditions Ysaÿe » ne sort de presse.

Les années qui suivent sont marquées par le décès, le 12 mai 1931, d’Eugène Ysaÿe à Bruxelles, à l’âge de 72 ans. En 1932, Antoine Ysaÿe s’investit dans l’édition du Bulletin trimestriel d’information des Concerts Ysaÿe, association qu il continue à diriger, tandis que son jeune frère, Théodore, est administrateur et Jacques Thibaud, président du comité artistique63.

Dans le cadre de ces Concerts Ysaÿe, Antoine Ysaÿe fait venir des musiciens de renommée internationale, tels que, durant la saison 1932-1933, le jeune violoniste Yehudi Menuhin (1916-1999) ou encore le pianiste Alfred Cortot (1877-1962) et le violoniste Fritz Kreisler64. Le 2 janvier 1934, il devient père pour la troisième et dernière fois, avec la naissance de Michel (1934-2017) qui œuvra, comme son père, à perpétuer la mémoire d’Eugène Ysaÿe.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Antoine Ysaye redouble d’activités, tout en ne faisant pas redémarrer les Éditions Ysaÿe. Dès juillet 1940, il écrit régulièrement une « Chronique musicale » dans le journal La Nation Belge, réquisitionné par la « Propaganda Abteilung » depuis le 23 mai 1940. Installé dès le début du conflit au 2 rue Émile-Bouilliot à Ixelles65, immeuble à appartements que son père avait fait construire par l’architecte Raphaël Delville en 192 866, il y fonde l’association sans but lucratif « Société Eugène Ysaÿe » qui proposera dès la saison 1941-1942, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, des concerts dont certains sont complétés par des conférences d’initiation à la musique qu’il assure lui-même et qu’il ponctue d’auditions de disques ; parmi les concerts mis sur pied par la « Société Eugène Ysaÿe », celui du 4 avril 1944 permet à Antoine Ysaÿe d’inscrire au programme des œuvres inédites de son père, dont la mélodie Automnale vertu, interprétée par la chanteuse belge Lydia Léare, qui n’est autre que la fille du compositeur Jean Strauwen (1878-1947)67. Les relations qu’il entretient avec l’Occupant durant les années 1940-1945 valent à Antoine Ysaÿe d’être interrogé début janvier 1945 au sujet de son activité au sein de La Nation Belge, puis d’être emprisonné quelques semaines à la prison de Saint-Gilles pour avoir « méchamment favorisé les desseins de l’ennemi68 », avant d’être libéré.

L’après-guerre laisse les Éditions Ysaÿe inactives. Antoine Ysaÿe change plusieurs fois de domicile, passant du 2 rue Émile-Bouilliot à Ixelles au 3 place Albert-Leemans, dans la même commune, pour ensuite s’installer, au début des années 1950, au 39 rue de l’Escrime à Forest69. À cette dernière adresse, il met sur pied le 10 mars 1961, avec ses trois fils Serge, Jacques et Michel, l’association sans but lucratif « Fondation Eugène Ysaÿe », qu il préside et qui a pour premier objectif « l’entretien du souvenir du maître Eugène Ysaÿe » ; il est alors conseiller à la SABAM ; le président d’honneur qui est désigné n’est autre que le violoniste ukrainien David Oïstrakh (1908-1974), premier grand prix du Concours Eugène Ysaÿe de 193770.

Dans les années qui suivent, les Éditions Ysaÿe renaissent de leurs cendres et font paraître plusieurs œuvres d’Eugène Ysaÿe, dont, en 1967, la Sonate pour deux violons seuls71. Les moyens techniques de reproduction sont rudimentaires, puisqu’ils agit d’un fac-similé de manuscrit autographe, d’une simple polycopie à laquelle on a ajouté une page de couverture spécifiant l’adresse éditoriale. À cette époque, les Éditions Ysaÿe sont aussi disponibles en dépôt chez Schott Frères à leur adresse bruxelloise du 30 rue Saint-Jean. Antoine Ysaÿe a également développé une distribution internationale, puisque dès 1962, la firme Elkan Music Publishing de Philadelphie, fondée par l’Anversois émigré aux États-Unis Henri Elkan (1897-1980)72, représente les Éditions Ysaÿe aux États-Unis et au Canada, tandis que la même année, l’Academia Music Limited Company de Tokyo passe un contrat d’exclusivité de vente des Éditions Ysaÿe pour le Japon.

En 1968 et l’année suivante, les Éditions Ysaÿe publient Les Cahiers Ysaÿe, rassemblant notes et souvenirs ayant trait à Eugène Ysaÿe73. Au cours des années 1970, elles publient plusieurs œuvres musicales inédites d’Eugène Ysaÿe, comme les trios Le Londres et Le Chimay en 197074, pourvues d’un cotage composé désormais des initiales « E. Y. » (pour Eugène Ysaÿe) et d’un numéro d’ordre ; elles sortent également les nouvelles éditions de 1972 et 1974 de la biographie qu’Antoine Ysaÿe a consacrée à son père75. Au décès du biographe, le 1er juin 1979, les Éditions Ysaÿe rentrent dans une nouvelle léthargie, dont elles ne sortiront plus qu’à une seule reprise, en 1997, pour la parution d’un volume de souvenirs écrits par Jacques Ysaÿe, le second fils d’Antoine76.

Au terme de ce parcours chronologique, il apparaît clairement que la maison d’édition musicale « Éditions Ysaÿe » a connu son heure de gloire avant la Seconde Guerre mondiale et plus précisément entre sa création en 1921 et le décès d’Eugène Ysaÿe en 1931. Au cours de cette décennie, Antoine Ysaÿe, qui profite des relations de son père dans le milieu musical, se voit confier par ce dernier l’édition de ses compositions. L’après-Ysaÿe laisse la maison d’édition beaucoup moins active, bien qu’elle serve régulièrement la mission que s’est désormais assignée Antoine, celle de perpétuer la mémoire du maître.

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1 Paul Raspé, « L’édition musicale », dans La Musique en Wallonie et à Bruxelles, éd. Robert Wangermée et Philippe Mercier, Bruxelles, La Renaissance du livre, 1982, p. 215.

2 Mis à part Antoine, Louise Bourdau (1868-1924) et Eugène Ysaÿe ont eu quatre autres enfants : Gabriel (1887-1961), Caroline dite Carry (1889-1930), Thérèse dite Thésy (1890-1956) et Théodore (1898-1934).

3 La première version de cette biographie est publiée en 1947 : Antoine Ysaÿe, Eugène Ysaye. Sa vie, son œuvre, son influence d’après les documents recueillis par son fils, Bruxelles ; Paris, L’Écran du monde ; Les Deux Sirènes, 1947.

4 Volker Timmermann, auteur de la notice consacrée à Irma Sèthe sur le site du Sophie Drinker Institut (http://www.sophie-drinker-institut.de/cms/index.php/saenger-sethe-irma [page consultée le 20 décembre 2017]) évoque cette filiation sur base d’un article de Thomas Foehl ; ce dernier gère l’arbre généalogique en ligne d’Irma Sèthe sur cette base (https://www.geni.com/people/Irmgard-Irma-Saenger-S%C3%A8the/6000000022255639139 [page consultée le 20 décembre 2017]). L’article de Silke Wenzel sur le site « Musik und Gender im Internet » ne fait à juste titre pas mention de cette filiation (cf. http://mugi.hfmt-hamburg.de/Artikel/Irma_Saenger-Sethe [page consultée le 20 décembre 2017]).

5 Bibliothèque royale de Belgique (ci-après B-Br) Mus. Ms. 1472 (lettres d’Eugène Ysaÿe à son épouse et de Louise à son mari, entre avril et novembre 1893) ; dans une lettre datée du 29 novembre 1893, Louise, enceinte d’Antoine, écrit à Eugène : « Cher petit, il me semble qu’il ressemblera à sa marraine, tu auras alors l’illusion que c’est elle qui te l’as donné !! » (B-Br Mus. Ms. 1472/XI/19). Ajoutons également qu’Irma Sèthe se produit en concert au Conservatoire de Bruxelles avec Eugène Ysaÿe le 22 avril 1894, soit 11 jours après la naissance d’Antoine (cf. Le Guide musical du 22 avril1894).

6 Cette correspondance est également conservée à la Bibliothèque royale de Belgique. Nous ne savons pas si Irma était effectivement, pour l’église catholique, la marraine d’Antoine Ysaÿe.

7 Bibliothèque du Conservatoire de Liège (ci-après B-Lc) 00/3U10, 1032252, carton 10 : volume relié comprenant, aux pages 55-59, le manuscrit autographe définitif, signé et daté, de Rêve d’enfant.

8 Serge Antonys, Contes barbelés, Bruxelles, Éditions du Zèbre, 1936 (B-Br FS LXXXV 1.344 A) ; dans cet opuscule, l’auteur n’évoque ni sa famille ni la musique ; à la fin de la guerre, Antoine Ysaÿe aura le grade d’adjudant.

9 Le faire-part de mariage est conservé sous B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/6. Augusta Mackelberge, dite « Loulou », qu’Antoine fréquente en tout cas depuis 1915 (B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/1), décède le 6 août 1973 ; le roi Léopold iii fait parvenir à Antoine Ysaÿe une lettre dactylographiée de condoléances, datée du 21 septembre de la même année (B-Br Mus. Ms. 1472/VI/2).

10 Voir la lettre à en-tête adressée par Antoine Ysaÿe à David Oïstrakh le 28 mai 1951 (B-Br Mus. Ms. 1472/VII/9) : « Administration de concerts et spectacles Antoine Ysaye fondée en 1919 /14, Rue des Hirondelles / Bruxelles / (Place de Brouckère) » ; sur cette lettre, la première adresse a été barrée pour faire place à celle de 1951, 3 place Albert-Leemans.

11 La Nation belge du 10 décembre 1919.

12 B-Br Mus. 1.133 c ; cette édition ne possède pas de « cotage » ; le « cotage », qui ne doit pas être confondu avec le numéro d’édition, est un numéro d’ordre attribué aux planches d’origine et qui figure au bas d’une page de musique imprimée. Il peut être constitué d’une combinaison de chiffres, de lettres et de symboles, dans laquelle le nom d’un éditeur peut être inclus.

13 Paul Raspé, « L’édition musicale », art. cit. [note 1], p. 215.

14 Le Ménestrel du 15 avril 1921.

15 Paul Raspé, « L’édition musicale », art. cit. [note 1], p. 210.

16 B-BrBecko III/59BMus.

17 Cette édition porte le numéro d’opus 22 et le cotage « S.F. 5599 ».

18 Le Soir du 3 juillet 1921 ; Le Soir du 28 août 1921.

19 Le 1er décembre, le Bureau organise le concert Mischa Elman prenant place au Conservatoire de Bruxelles (Le Peuple du 20 novembre 1921).

20 La Dernière Heure du 29 octobre 1920 indique que les places des concerts des 6 et 7 novembre 1920 se prennent chez « Katto, A. Ysaye et Cie, successeurs, 12-14, rue d’Arenberg ».

21 B-Br Mus. 822, Mus. 821 et 843.

22 Le « Comptoir de musique moderne » avait été fondé en 1886 à Bruxelles, 40 rue de l’Hôpital (cf. Paul Raspé, « L’édition musicale », art. cit. [note 1], p. 212).

23 À noter qu’à la Bibliothèque royale, seul l’exemplaire Mus. 821 C d’Au rouet possède cette page de couverture.

24 B-Br Mus. 5.297 C : cotage « J.B.K. 3273 ». La mention « Copyright 1921 U.S.A. » est également présente.

25 Le Soir du 30 avril 1922.

26 Le Soir du 7 juin 1922.

27 Marc Danval, « Say (Ysaye), Jacques dit Jack », dans Dictionnaire du jazz à Bruxelles et en Wallonie, Liège, Mardaga, 1991, p. 262. Antoine Ysaÿe utilise également ce pseudonyme de « Jack Say » pendant la Seconde Guerre mondiale (B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/14).

28 B-Br III 69.673 ; les cotages des quatre volumes sont « J.B.K. 3276 », « J.B.K. 3277 », « J.B.K. 3284 » et « J.B.K. 3285 ».

29 B-Br Mathot III/133 C Mus. : cotage « J.B.K. 3280 ».

30 B-Br Mathot III/121 C Mus. : cotage « J.B.K. 10 ».

31 B-Br Mus. 5.905 C.

32 Antoine Ysaÿe, Dans le hamac : berceuse pour violon ou violoncelle avec accompagnement de piano opus 1, Bruxelles, Éditions Antoine Ysaÿe & Co., s. d., cotage « J.B.K. 3264 » (B-Br Mus. 820).

33 B-Br Mathot III/26 B Mus.

34 Paul Raspe, « Lédition musicale », art. cit. [note 1], p. 215, indique de manière incorrecte que l’adresse éditoriale 10 rue Fourmois apparaît vers 1928.

35 B-Br Mathot III/99 C Mus.

36 Cette adresse figure notamment sur une lettre envoyée par Antoine à sa fiancée en novembre 1918 (cf. B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/5).

37 B-Br Mathot III/86 C Mus. : cotage « A.Y. 3144 ».

38 Les cotages sont respectivement « A.Y. 3219 », « A.Y. 3339 », « A.Y. 3332 », « A.Y. 3338 », « A.Y. 3340 » et « A.Y. 3355 ».

39 C’est notamment le cas de l’exemplaire papier impérial du Japon numéroté 9 dédicacé à Antoine Ysaÿe par son père en mai 1926 (B-Br Mus.159 C).

40 La Libre Belgique du 25 novembre 1925.

41 B-Br Mus. 164 C.

42 B-Br Mus. 4070 C : cotage « A.Y. 3444 ».

43 B-Br Mus. 7.955 C 5 : cotage « A.Y. 3340 » ; un exemplaire de l’édition Katto est conservé à la Bibliothèque du Conservatoire d’Anvers (ZL BENOI etoile 1).

44 B-Br Mus. Ms. 4147/XX/27 (collection Henry Le Bœuf) : discours d’Eugène Ysaÿe au premier congrès national des auteurs, compositeurs & éditeurs de musique de Belgique.

45 L’Indépendance belge du 2 février 1926 ; La Libre Belgique du 2 février 1926.

46 B-Br Mus. 3.810 C : cotage « A.Y. 3388 ».

47 B-Br Mus. 3.973 C : cotage « A.Y. 3402 ».

48 B-Br Mus. 3.874 C : cotage « A.Y. 3453 ».

49 B-Br Mus. Ms. 4147/XX/28 (collection Henry Le Bœuf) : premier numéro de L’Action musicale (15 février 1927). Cette revue existe encore en 1934.

50 L’Indépendance belge du 26 avril 1927 ; Antoine Ysaÿe perdra en appel, la justice considérant que Rooman avait le droit de publier la sentence d’exclusion d’Antoine Ysaÿe et que ce dernier devait en effet être condamné pour ce qu’il avait écrit (cf. Le Soir du 7 mars 1929).

51 B-Br Mus. 4.276 : cotage « A.Y. 3439 ». Le thème utilisé par Eugène Ysaÿe est le second mouvement (Canzonetta allegretto) du Quatuor pour deux violons, alto et violoncelle en mi bémol majeur opus 12 (1829).

52 B-Br Mus. 901 C: cotage « A.Y. 3446 ».

53 B-Br Mus. 903 C : cotage « A.Y. 3447 ».

54 B-Br Mus. 824 C : cotage « A.Y. 3457 » ; Jeannette Dincin devient la seconde épouse d’Eugène Ysaÿe le 9 juillet 1927.

55 B-Br Mus. 621 C, sans cotage.

56 B-Br Charles Scharrès III/383 Mus. : cotage « A.Y. 3466 ».

57 B-Br Charles Scharrès III/384 Mus. : cotage « A.Y. 3467 ».

58 Houdret sera à l’initiative de la Fondation musicale Reine Élisabeth (1929), des Concours Eugène Ysaÿe de 1937 et de 1938, ainsi que de la Chapelle musicale Reine Élisabeth (1939) avant d’être emprisonné pour détournement de fonds en 1944, puis libéré en 1947 (cf. Michèle Fornhoff, Charles Houdret : portrait d’un monstre sacré, travail du séminaire en musicologie « Patrimoine musical belge. Questions de recherche », Université libre de Bruxelles, 2017, non publié, p. 32 et 37).

59 B-Br Mus. 4 c : cotage « A.Y. 3413 ». Ysaÿe arrange ici la Sonate opus 6 n° 7 extraite du recueil XII Sonate da camera (1746).

60 Bibliothèque du conservatoire de Bruxelles CR-D-0431 : édition sans cotage. Ysaÿe adapte la Sonate en la mineur opus 1 n° 4 extraite du recueil Sonate a violino solo e basso (s. d.).

61 Le Soir du 27 mai 1928.

62 C est le cas dans La Saison d’Ostende du 22 juillet 1928, où il annonce sous ce nom le concert prévu au Kursaal le 29 du même mois.

63 B-Br B 3.845.

64 Menuhin est programmé le 5 janvier 1933, Cortot deux semaines plus tard, le 19 janvier, et Kreisler le 4 mai de cette même année (B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/28 : brochure de la saison 1932-1933 des Concerts Ysaÿe).

65 Comme l’atteste une lettre datée de Bruxelles du 12 juin 1940 qu’Antoine Ysaÿe adresse à une certaine Hedwige et comprenant cette adresse comme en-tête. Je remercie Chris Murray de m’avoir communiqué le dossier qu’il a constitué sur l’activité d’Antoine Ysaÿe pendant la Seconde Guerre mondiale, contenant notamment une copie de cette lettre, conservée au centre d’études et de documentation Guerre et Sociétés contemporaines (CegeSoma, AA 1423/1329/2/262) ; il a exposé le résultat de ses recherches le 31 mars 2015 à l’université de Manchester, dans la communication « Antoine Ysaÿe and Belgian Musical Life During the Second World War ».

66 Région de Bruxelles-Capitale. Inventaire du patrimoine architectural. Ixelles. Rue Émile Bouilliot 2, http://www.irismonument.be/fr. Ixelles. Rue_Emile_Bouilliot.2.html [page consultée le 13 avril 2018].

67 Le Pays réel du 8 avril 1944 ; je remercie Chris Murray de m’avoir communiqué une copie du programme de ce concert du 4 avril 1944 au Palais des Beaux-Arts, organisé par l’association sans but lucratif Société Eugène Ysaÿe. Lydia Léare a participé à plusieurs concerts dans les milieux rexistes, notamment le 15 décembre 1940 au quartier général du parti Rex, 11 rue Mercelis à Bruxelles (cf. Le Pays réel du 10 décembre 1940).

68 B-Br Mus. Ms. 1472/XIII/14 : compte-rendu dactylographié rédigé par Antoine Ysaÿe, relatant son interrogatoire, son emprisonnement et les positions à défendre lors du procès ; B-Br Mus. Ms. 1472/XIII-16 : lettre d’Antoine Ysaÿe adressée de prison à son épouse, datée du 21 février 1945.

69 B-Br Mus. Ms. 1472/1/1 : lettre d’Antoine Ysaÿe à Albert Schweitzer datée du 27 août 1952 avec en-tête de la rue de l’Escrime. Paul Raspé, « L’édition musicale », art. cit. [note 1], p. 215, indique de manière incorrecte que l’adresse éditoriale de la rue de l’Escrime date de 1965.

70 Moniteur belge du 16 mars 1961 ; en 1962, la Fondation possède une seconde adresse, au 14 avenue de la Prairie à Vevey (Suisse) ; la structure sera opérationnelle jusqu’au décès d’Antoine Ysaÿe, en 1979.

71 B-Br Mus. 200 C.

72 The Harvard Biographical Dictionary of Music, éd. Don Michael Randell, Cambridge-London, The Belknap Press, p. 245.

73 B-Br Becko II/40 A Mus.

74 B-Br Mus.18 C et Mus.19 C.

75 Antoine Ysaÿe, Eugène Ysaye 1858-1931 : étude biographique et documentaire illustrée sur sa vie, son œuvre, son influence, Bruxelles, Éditions Ysaÿe, 1972 (B-Br M us. 5.639) ; id., deuxième édition, 1974 (B-BrMus. 5.640A).

76 Jacques Ysaÿe, Histoires aléatoires, Bruxelles, Éditions Ysaÿe, 1997 (B-Br Danval I/430 A).