« Great Conspiracy » et « Bloody Plot » : la médiatisation de la révolte irlandaise et le déclenchement de la guerre civile anglaise (1641-1642)
Stéphane HAFFEMAYER
Professeur d’Histoire moderne, Université de Rouen
La dissémination des nouvelles dans l’Europe du xviie siècle1 laisse entrevoir un si fort développement des « réseaux » d’information à l’échelle du continent2 qu’elle en ferait presque oublier l’importance des « effets de frontière » qui affectent leur mobilité et influencent la communication entre les nations3. En 1641 et 1642, la médiatisation en Angleterre de la révolte irlandaise illustre cet « effet de frontière » par l’organisation d’un espace mental structuré par un imaginaire nourri de représentations performatives. Au cours des mois qui suivirent la rébellion, les presses londoniennes produisirent plusieurs centaines de récits horrifiques d’actes barbares dont les prolongements sur le sol anglais menaceraient la survie de toute la communauté protestante. En s’appuyant sur les dépositions des témoins et des victimes4, l’historiographie la plus récente5 a continué à questionner les raisons du soulèvement et revu à la baisse l’ampleur réelle des « massacres » ; mais elle s’est peu interrogée sur les modalités et les répercussions de leur médiatisation dans le contexte très particulier de la « révolution des médias6 » que connaissait alors l’Angleterre. Alors qu’en France au cours des années 1970 et 1980 fleurissaient les études sur la presse d’Ancien Régime, en Angleterre, un courant révisionniste reléguait à l’arrière-plan la dimension idéologique de la guerre civile anglaise et l’étude des imprimés produits pendant la révolte. Dans une nouvelle perspective qui repose la question de l’influence de l’idéologie et des médias dans le cours de la révolution anglaise7, il s’agit ici de montrer que la question de la médiatisation de la révolte irlandaise est essentielle pour comprendre l’enchaînement de décisions politiques ayant abouti à la rupture de confiance entre le roi et le parlement et à la constitution de deux partis armés, prélude à la guerre civile.
D’après le journal de la Chambre des Communes8, le 1er novembre 1641, alors que le roi se trouvait en Écosse pour tenter de négocier avec les Covenantaires, dix-sept Lords, membres du Conseil Privé du Roi, se présentèrent devant les députés pour les informer d’une « grande trahison et rébellion générale des papistes irlandais en Irlande et d’un projet d’égorger tous les protestants en Irlande, et de s’emparer de tous les forts du roi » ; le texte élaboré par les Lords Justices et membres du Conseil présents dans le château de Dublin, ainsi que des lettres et témoignages, furent lus devant la Chambre des Communes. Puis il fut décidé qu’un comité comprenant des membres des deux chambres serait envoyé à la Cité de Londres pour y faire une déclaration sur l’état des affaires en Irlande, et solliciter un emprunt de 50 000 livres auprès de la Ville. Une publication9 informa les Anglais d’un vaste complot des papistes irlandais pour s’emparer du château de Dublin et des autres fortifications du royaume.
Dans la crainte que la rébellion irlandaise ne fût le prélude à une insurrection générale des papistes sur le sol anglais, les députés ordonnèrent un ensemble de mesures d’exception visant, de manière préventive, à renforcer la surveillance des membres les plus en vue de la gentry catholique, expulser les prêtres, identifier et contrôler les étrangers. La crainte que l’Angleterre ne devienne un « champ dans lequel se répandrait le sang anglais » inspira une pétition manuscrite intitulée « Arguments pour la sécurité du Royaume » qu’un certain Dr. L. envoya au Parlement, proposant des mesures radicales telles que l’exécution des « grands délinquants », l’expulsion des évêques, l’arrestation des meneurs, la séquestration des biens papistes10. Le 9 novembre, méfiantà l’égard des nations catholiques et de leur soutien éventuel au soulèvement irlandais, le leader des Communes John Pym demanda au Parlement que les lettres en provenance de France et d’Anvers soient ouvertes par le Comité des deux Chambres chargé des affaires d’Irlande11 : dans l’hypothèse d’un complot international des puissances catholiques, il importait de contrôler la circulation de l’information à destination des rebelles.
En même temps, la publicité accordée à ces mesures d’exception accréditait les rumeurs de complot papiste qui circulaient dans le pays et affluaient à Londres ; par un effet du calendrier national qui se substituait au calendrier catholique, elles entrèrent en résonnance avec les commémorations annuelles du Guy Fawkes Night en mémoire de l’échec du Gunpowder Plot du 5 novembre 1605 : dans un climat de peur collective, la réactualisation mémorielle du complot trouva matière à des réinvestissements sous des formes nouvelles dont les imprimés donnent le reflet. En l’occurrence, la « révolution des médias » qui avait accompagné la convocation du Long Parliament se caractérisa par la production de centaines de petits occasionnels de 6 à 8 pages sur les affaires d’Irlande. En l’absence de presse périodique – c’est tout juste le moment « d’invention de la presse12 » – certains se contentaient de relater, de manière factuelle, l’évolution de la révolte, les avancées ou reculs des rebelles ; mais la plupart des textes se partageaient entre la révélation de supposés complots et des récits horrifiques de tortures et de meurtres commis par les rebelles sur des protestants martyrisés. Cette forme sensationnaliste de médiatisation exprimait les fantasmes collectifs d’une culture martyrologique enracinée dans la mentalité protestante ; mais surtout, elle participa à la cristallisation de l’opposition idéologique13 entre le roi, soupçonné de soutenir les rebelles, et son parlement : en se faisant le reflet de la peur obsidionale du « popish plot », l’imprimé participa à la rupture de confiance entre le roi et la nation anglaise et justifia la constitution d’une armée parlementaire qui mena à la guerre civile.
Les supports de la médiatisation de la révolte irlandaise peuvent se décliner en quatre catégories :
– les textes pseudo-informatifs pastichant le modèle formel de la presse périodique et inscrivant la narration événementielle dans une continuité fictive ;
– les textes de révélation d’un supposé complot papiste, se déclinant en multiples variantes du Gunpowder Plot ;
– les imprimés rapportant les actes de torture et d’exécution commis par les papistes irlandais ;
– une iconographie martyrologique, nourrie de références anti-espagnoles empruntées aux « boucheries » américaines.
Avec les espoirs de réformation qui avaient accompagné la convocation du short puis du Long Parliament, la périodicité de l’information anglaise avait fait l’objet de plusieurs tentatives éditoriales qui s’efforçaient d’imiter l’agencement formel des gazettes, avec de courts paragraphes introduits par la localité émettrice de la nouvelle14. Dans un format original de « centurie » avec une pagination de plusieurs centaines de pages, The continuation of the forraine occurents ambitionnait de produire une histoire immédiate et continue sous forme de nouvelles compilées et reprises des corantos hollandais. Mais d’après l’adresse au lecteur, l’ouvrage peinait à trouver son public face à la pratique bien installée des échanges oraux et « lettres privées » auxquels les Anglais étaient accoutumés pour échanger de l’information politique15.
Certaines de ces correspondances figurent dans les archives officielles comme cette lettre du gentilhomme Thomas Wiseman au commandant de la Navy John Penington, qui fit état d’environ dix mille papistes en armes dans le nord de l’Irlande avec la certitude que s’ils étaient parvenus à s’emparer de Dublin, les rebelles irlandais n’auraient pas laissé un seul protestant en vie dans tout le royaume16. Ces craintes d’un massacre collectif étaient amplifiées par des imprimés à l’intention d’un public populaire comme The Last and Best Newes from Ireland17 (ill.1) ; orné d’un médiocre bois gravé évoquant la mobilisation des députés du Parlement œuvrant à la pacification par la prière et l’envoi de soldats en Irlande, le texte désignait les rebelles comme des papistes et jésuites présents en Irlande. Il déroulait trois types de contenus appelés à devenir quasi génériques tant ils se retrouvèrent dans les autres imprimés de même facture : les « outrages » commis en masse par les rebelles ; la progression militaire des troupes parlementaires ; la révélation de complots empêchés, appelée à constituer un répertoire bientôt inépuisable. Les sources mentionnées étaient des lettres datées, de correspondants identifiés, auxquelles la page de titre s’efforçait de donner la dimension de révélations plus ou moins sensationnelles. Fait plutôt rare, l’une de ces lettres fit entendre la voix catholique de quelques lords et gentlemens, « vieux Anglais du Pale » (« Old English of the Pale ») ; dans une pétition adressée au Conseil de Dublin, ils entendaient se démarquer des conspirateurs, qu’ils qualifiaient de « vieux papistes irlandais » (« Old Irish Papists »), suggérant une différenciation à la fois géographique et ethnique de la révolte, sur laquelle nous reviendrons. En affirmant le loyalisme du Pale, région autour de Dublin depuis longtemps sous la domination anglaise, la pétition appelait à ne pas monter les deux religions l’une contre l’autre18.
Pourtant, la dimension politique et religieuse de la révolte ressortait d’autres textes qui faisaient faussement entendre la voix des révoltés (évalués à 7 000 hommes), énumérant leurs revendications supposées : indépendance vis-à-vis de l’Angleterre, établissement de lois irlandaises, libre exercice de la religion catholique ; possession de toutes les fortifications anglaises en Irlande, ce qui passait par l’assassinat des autorités anglaises à Dublin et des protestants anglais installés en Irlande19. Ces textes propres à propager les rumeurs déguisaient leur nature pamphlétaire sous les apparences formelles de la presse d’information, suscitant quelques tentatives de rétablir la vérité, comme le fit une publication de Randal MacDonnell, comte d’Antrim (1609-1683)20. Malgré le titre, c’était un « occasionnel » dont l’intention était d’affirmer tant son attachement à la foi catholique que sa fidélité au roi et à la reine. En proclamant publiquement sa satisfaction devant les défaites militaires subies par les rebelles, l’imprimé visait à rétablir une vérité individuelle, une protestation de fidélité à la cause monarchique, en réaction à de « scandaleux et faux rapports ». Les tentatives de rationalisation de l’information se trouvaient submergées par les textes propageant les rumeurs.
La deuxième catégorie de textes révélant des complots sur le mode du Gunpowder Plot est incontestablement la plus fournie, révélant l’obsession antipapiste que nourrissait la peur obsidionale d’un complot catholique international ourdi par l’ennemi de l’intérieur. Ce trait de la mentalité protestante anglaise explique le succès des imprimés plus ou moins sensationnels qui titraient sur des projets d’attentats. Les rumeurs de complots circulèrent à Londres avant même le déclenchement de la rébellion irlandaise : le 20 octobre 1641, fut lu, devant la Chambre des Communes, le récit d’une conspiration royaliste avortée en Écosse qui visait à assassiner plusieurs lords écossais ; la lettre, datée du14 octobre 1641, avait été expédiée à John Pym, par les députés anglais envoyés en Écosse. Déjà, le doute planait sur l’innocence royale dans cette conspiration connue sous le nom d’« Incident ». Député au parlement, le baron William Armyne21 fut à l’origine du récit imprimé qui concluait sur le travail parlementaire ayant abouti, malgré les difficultés, à la conclusion d’un traité22.
Cinq jours plus tard, le 25 octobre 1641, fut publié un pamphlet de 8 pages23 racontant l’envoi dans une lettre adressée à John Pym d’un pansement contaminé par la peste. Visiblement rédigé à la hâte, introduit par un bois gravé sans rapport avec le texte, il délivrait au moins deux messages politiques : le premier était que l’auteur présumé du complot était d’autant plus suspect qu’il n’avait pas prêté le serment d’allégeance (« Oath of Allégeance24 ») dont la particularité était, entre autres, de reconnaître la suprématie royale face au pape et de s’interdire toute implication dans une conspiration ; le second était que grâce aux décrets du Parlement, la poursuite de l’œuvre de réformation installerait la paix et la tranquillité dans le royaume. Derrière ces deux récits de désignation de l’ennemi, John Pym se trouvait au centre du dévoilement du complot, comme il l’avait été en mai de la même année lorsqu’il avait dénoncé le « First Army Plot » fomenté par des officiers royalistes contre le Parlement. Le 2 novembre 1641, il faisait partie des quatre députés chargés de mener les interrogatoires pour découvrir les ressorts de la trahison irlandaise25. L’imprimé servait sa posture de sauveur des libertés publiques et, conjuguant la réactualisation du Gunpowder Plot et le fantasme du massacre collectif par des catholiques comploteurs, participait à la formation du clivage entre le roi et le parlement.
Certains textes visaient à produire une émotion collective et faisaient entendre la voix des victimes : dans une lettre soi-disant écrite de Chester le 6 novembre, où se seraient réfugiés tous les gentilshommes de Dublin26, l’auteur, un riche éleveur des environs de Kells (60 km. au nord-ouest de Dublin), décrivait sa fuite et la perte de tous ses biens suite au pillage de sa propriété par les « rebelles », qui étaient en fait ses « propres voisins de Kells » ; la « trahison » locale se doublait d’un complot à grande échelle visant à égorger tous les protestants en Irlande, devenue terre de traîtrise aux mains des ennemis de la vraie religion chrétienne. Le texte s’achevait sur la tentative avortée de faire exploser l’Église du Christ à Dublin au moyen de barils de poudre, à la date anniversaire du Gunpowder Plot. Des « voyous » auraient également été arrêtés avant qu’ils n’incendient les faubourgs de Dublin27 et, autre fait inquiétant, un lieutenant, protestant en apparence, aurait comploté avec les rebelles papistes, confirmant les craintes d’une trahison de l’intérieur.
Souvent, le contenu de l’imprimé se résumait aux effets d’annonce indiqués dans les titres, déclinant avec de légères variantes un vague scénario d’attentat par explosif qui rappelait celui de 160528. Dans Joyfull News from Ireland, fut inséré un petit texte intitulé « The Discovery of the Gun-Powder-Plot » indiquant que la mise à feu devait être faite par un vieil homme qui expliqua qu’en envoyant autant d’hérétiques en enfer, il irait directement au paradis sans passer par le purgatoire, comme les prêtres, les jésuites et les frères le lui avaient promis29.
La plupart des textes étaient anonymes, mais certains émanaient de pasteurs comme Stephen Jerome (1604-1650), pasteur à Athigh, auteur d’un imprimé dont les titres déclinaient les atrocités d’une révolte sanglante30 : 100 barils de poudre prêts à exploser, des femmes violées, découpées, pendues, ébouillantées, décapitées, villes et maisons incendiées. Le texte n’apportait guère plus de précisions à ce titre effrayant, mais un bois gravé montrait les rebelles munis de canons en train de bombarder la ville d’Athigh avant d’en être chassés par les troupes.
De cette matrice irlandaise découlèrent, entre novembre 1641 et avril 164231, des textes dérivés, révélant des douzaines de projets d’attentats par le feu ou la poudre, censés se produire cette fois sur le sol anglais : le 27 novembre 1641, des papistes de Norwich « assoiffés de sang » auraient projeté de mettre le feu à la ville (récit publié en décembre 164132) ; en janvier 1642, dans le Darbyshire, 34 barils de poudre étaient dissimulés dans le sous-sol de l’église33 (ill.2). Mais derrière l’effet typographique du titre en grosses capitales annonçant un « complot sanglant », le récit révélait une réalité bien plus modeste, faite d’intentions supposées plus que de passages à l’acte, aucune goutte de sang n’ayant de surcroît été versée.
D’autres récits décrivaient des complots imaginaires visant directement la ville de Londres et le Parlement : dans l’un d’eux, un bois gravé montrait la remise d’une lettre envoyée par un jésuite à un Lord papiste (ill. 334), thème classique de l’iconographie antipapiste dont l’image traduit la remarquable continuité35. L’inscription « Rede and considar » confirme la croyance des contemporains dans le pouvoir performatif de l’écrit, dont la simple lecture pouvait suffire à faire basculer dans la révolte.
Notre troisième catégorie est constituée des textes dont la persécution sanglante contre les protestants devint la matière principale, à partir de la fin du mois de novembre 1641. Pour garantir leur authenticité, certains se réclamaient de lettres reçues par la poste royale36 ; on y évoquait l’accroissement des forces papistes en Irlande grâce à l’aide de nations étrangères, du pape et de ses légats, dont cinq se trouveraient alors en Irlande aux côtés des rebelles. Un imprimé reproduisit une soi-disant lettre du pape exortant les rebelles à réchauffer par le feu le zèle des hérétiques et à se « creuser la tête » pour imaginer chaque jour de nouveaux instruments de torture, au nom de la piété et avec la bénédiction papale (ill. 437).
Bien des imprimés proposaient un concentré d’atrocités, comme celui écrit par Ulick de Burgh, comte de Clanricarde (1604-1657)38, mais celui qui connut le plus important rayonnement fut sans doute celui de Thomas Partington, daté du 27 novembre 1641, d’après lequel le récit des massacres aurait été lu dans la Chambre des Communes le 14 décembre, avant d’être publié39 : toutefois, ni les Hisitorical Collections de John Rushworth40, ni le journal de la Chambre des Communes ne mentionnent cette lecture, ni même le nom de Thomas Partington41. En revanche, le roi prononça bien un discours ce jour-là devant les deux Chambres, dans lequel il déclarait sa détestation des rébellions en général, et de celle-ci en particulier42. Toujours est-il que le texte connut au moins deux éditions, ainsi qu’une suite43. C’était un condensé de toutes les cruautés commises contre les protestants anglais : parties intimes, oreilles, doigts, mains coupés ; yeux arrachés ; têtes des enfants ébouillantées devant leur mère ; lacérations ; femmes déshabillées et exposées, y-compris pendant leur accouchement ; meurtre des nouveaux-nés arrachés du ventre de leur mère ; hommes, femmes et enfants conduits par centaines sur des ponts pour être ensuite précipités dans la rivière ; achèvement des survivants à coups de perches ou de mousquet ; viol des femmes devant leur mari et des jeunes filles devant leurs parents ; mariages et conversions forcés ; parfois, les actes de violences prenaient la forme de jeux macabres, lorsque des têtes d’enfants étaient jetées en l’air puis foulées aux pieds44, etc.
Fruits d’un imaginaire martyrologique ancré dans la culture chrétienne occidentale, ces récits s’enracinaient dans des espaces concrets et s’appuyaient sur des éléments d’authentification et d’accréditation comme les lieux et noms des victimes : M. German, pasteur de Brides, dont le corps avait été mutilé et les membres coupés ; M. Fullerton, pasteur de Lughall ; Simon Hasting, qui avait eu les oreilles coupées ; le pasteur Blandry, martyrisé sous les yeux de sa femme : pendu, la chair arrachée des os, découpé en petits morceaux, ainsi qu’Abraham James, de Newtowne dans le diocèse de Clohor, etc.
Les textes, souvent jalonnés de références bibliques, pointaient la responsabilité des Jésuites (« papistes assoiffés de sang ») au service de la « Putain de Babylone » ; la fuite des réfugiés ressemblait à l’Exode et avec une exaltation sacrificielle, la mer d’Irlande devenait, à l’image des eaux du Nil, le réceptacle du sang des protestants. On peut en déduire une probable origine cléricale des textes qui, comme les sermons, s’adressaient directement au lecteur. L’imaginaire biblique rejoignait la réactualisation mémorielle de la martyrologie protestante des guerres de religion : en témoigne la réédition en 1641 d’une histoire des martyrs étrangers, qui rappelait les persécutions subies par les protestants d’Europe (Saint-Barthélemy, Grande Armada, Gunpowder Plot, attaques espagnoles contre les protestants en Valteline en 1621)45.
Comme pour les complots, les imprimés suggérèrent l’extension géographique des projets de massacres à la ville de Londres elle-même ; en décembre 1641, un texte anonyme décrivit un projet de « massacre sanglant » (anaphore récurrente dans le registre pamphlétaire antipapiste) contre Londres et ensuite contre le pays tout entier à la veille de Noël46. En réalité, on demeurait très loin d’une offensive catholique généralisée et derrière les gros titres, les faits décrits étaient de portée bien modeste, presque anecdotique, rapportant des cas isolés où la rumeur l’emportait sur la réalité de l’action.
Mais, que cela soit implicite ou explicite, le véritable enjeu de ces récits était d’établir le lien avec la situation politique qui se jouait à Wesminster. La plupart des imprimés s’en gardaient mais certains franchissaient le pas : A Bloody Masacre s’achève par le récit des émeutes anti-épiscopales devant Westminster les 27-29 décembre47. Le texte expliquait que la ville de Londres était dans un grand état d’agitation depuis qu’un papiste sanguinaire, le colonel Thomas Lunsford avait été fait par le roi lieutenant de la Tour de Londres, en dépit des « grandes et justes complaintes formées contre lui » devant le roi, en référence à une pétition de citoyens de Londres contre Lunsford le 23 décembre 164148. Ce dernier, présenté comme le responsable des tumultes devant le Parlement, s’était rué avec une trentaine de soldats, les armes à la main, sur des manifestants désarmés qui criaient, sans armes, « no bishops » ; par sa référence au « no bishop, no king » de Jacques Ier, le slogan était une atteinte à l’un des piliers de la majesté royale. En 1642, l’événement, gravé par Wenceslaus Hollar, fit partie de la compilation illustrée des « événements mémorables » d’une « révolution » qui entamait sa construction mémorielle alors même qu’elle ne faisait que commencer49. Dans ce contexte de tension extrême entre une partie de la chambre des Communes et les officiers aux ordres du roi, les événements d’Irlande, détournés de leur contexte propre, exportèrent, par le biais d’une campagne médiatique sans précédent, le « popish plot » sur le sol anglais, réalisant implicitement leur jonction avec les préoccupations populaires londoniennes.
Mais la représentation la plus spectaculaire des massacres vint de son iconographie50, notamment de ce groupe de vingt-quatre gravures en taille douce insérées dans un texte au titre évocateur, les Larmes de l’Irlande51 (publié en 1642, puis réédité en 1647 en Irlande). S’agissant des massacres irlandais, le fait est d’autant plus remarquable qu’il a déjà été souligné que les grands artistes restèrent souvent muets sur les massacres des guerres de religion : les Massacres du Triumvirat d’Antoine Caron préférèrent la métaphore historique à une peinture d’actualité. La dénonciation du fanatisme religieux demeura le fait d’artistes mineurs ou anonymes52, comme Richard Verstegan (Rowlands de son vrai nom) dans les vingt-neuf gravures en taille-douce de son Théâtre des cruautés des hérétiques de notre temps (1587) ; diffusé dans toute l’Europe, cet ouvrage de propagande antiprotestante dénonçait les crimes réels ou supposés des hérétiques53. À sa manière, dans les Larmes de l’Irlande, James Cranford (1602-1657) en offrit la réplique anticatholique, d’une densité visuelle semblable à celle utilisée par le calviniste Théodore de Bry dans son illustration de la Destruction des Indes de Bartolomé de Las Casas (1598), dont il semble avoir repris certaines scènes. C’était un texte de 80 pages, plus long que les premiers pamphlets dénonçant le massacre irlandais. Incorporé à Cambridge en 1623, Cranford faisait partie du clergé puritain et son engagement pro-écossais en 1639 l’avait rapproché du réseau londonien et des soutiens de la cause parlementaire. Familier du pouvoir de la presse (il devint l’un des censeurs parlementaires à partir de 1643), Cranford ne répugnait pas à faire de la rumeur un outil politique : en juin 1645, il répandit le bruit que plusieurs Lords s’apprêtaient à trahir la cause parlementaire pour rejoindre le parti royaliste, ce qui lui valut un séjour d’un mois à la Tour, une amende de 2 000 livres, et une rétractation publique54. Il est donc probable qu’il entendait faire des Larmes de l’Irlande un ouvrage de propagande, tendant à prouver qu’à l’issue du massacre du 23 octobre 1641 à Dublin, papistes et Jésuites assoiffés de sang chercheraient à extirper le protestantisme de l’ensemble de l’Irlande. L’ouvrage présentait une narration illustrée des exactions commises par les rebelles, et s’appuyait sur les témoignages de réfugiés. L’iconographie, réalisée par Wenceslaus Hollar55, connut une diffusion sur plusieurs supports ; en 1642, elle fut répandue dans les Provinces-Unies sous la forme d’un placard56.
Pour la plupart des vingt-quatre gravures, nous pouvons établir que Hollar travailla à partir des légendes qui lui avaient été soumises et qui provenaient des imprimés parus l’année précédente. On y retrouve les scènes gravées par Hollar : des femmes nues traînées dans le froid57 ; le martyre héroïque de Patrick Dunson, dont le corps fut découpé, mais qui s’accrocha à la vie jusqu’à ce que du fer fondu fût coulé dans sa bouche58 (ill.5) ; des femmes et des enfants conduits par centaines sur des ponts et jetés dans la rivière59 ; des femmes tirées par les cheveux et traînées dans les rues, la tête de leurs enfants violemment projetée contre des poteaux et des pierres60, etc. La légende des images reprenait le texte des imprimés, au mot près, avec parfois des coupures ou de significatives variantes : dans la gravure montrant le tronc de Georges Forde pendu à un arbre sur ses propres terres, le nom de la victime fut modifié (Thomas Sevell devint Georges Forde) et les bourreaux qualifiés de « traitors » (traîtres) et non plus de simples « raylers » (« railleurs »)61. Dans la tradition du martyrologe incarnée par le livre de John Foxe, l’accréditation du récit passait par l’identification des protagonistes et la précision des témoignages ; de fait, la plupart des noms de victimes mentionnés dans les légendes des gravures figuraient dans les imprimés de l’année précédente, mais de manière interchangeable, comme si, au fond, seule importait la barbarie des scénarios. D’ailleurs, nous n’avons repéré aucun des noms de victime parmi les 8 000 dépositions de 1641-164262 ! L’interaction entre textes et images était certes très forte, mais il y avait néanmoins place pour cette « mobilité des textes63 » caractéristique de la fabrication de la presse d’information.
Mais par rapport au texte, l’image apportait une plus-value testimoniale et émotionnelle ; elle donnait la preuve visuelle de la complicité des prêtres et des jésuites, en les montrant bénir les rebelles avant qu’ils ne partent accomplir leurs exactions, les assurant que s’ils étaient tués, leur service exemplaire les ferait échapper au Purgatoire et qu’ils iraient immédiatement au Paradis (ill. 664). L’image visait la pratique abusive des sacrements et la croyance superstitieuse dans leur puissance magique et salvatrice : en somme, elle touchait en profondeur à l’irréductible opposition théologique entre protestants et catholiques.
Dans ces mises en scène visant à prouver que les papistes, violant les lois de la nature, étaient plus proches de la sauvagerie des païens que de la religion chrétienne, l’image atteignait le paroxysme de l’horreur, mobilisant tout l’imaginaire chrétien des violences religieuses : massacre des Innocents, tortures infernales, martyrologes, guerres de religion, crimes commis par les Espagnols contre les Indiens, etc.
QUELLES SIGNIFICATIONS SE DÉGAGENT D’UNE TELLE CONSTRUCTION MÉDIATIQUE DE LA BARBARIE ?
À première vue, on peut considérer qu’elle servit opportunément les desseins politiques d’une partie de la Chambre des Communes qui disputait au roi ses prérogatives financières, religieuses et militaires : la rébellion irlandaise déboucha indirectement sur la Grande Remontrance rédigée par John Pym à la demande des députés des Communes. D’emblée, sa publication était prévue, conformément à une stratégie de conquête de l’opinion où l’imprimé était un « Don de Dieu » au service d’une communication politique orientée. De fait, les opposants au roi comme John Pym savaient utiliser la peur qu’inspiraient les révoltes populaires65 et avaient intérêt à exagérer les troubles pour justifier des mesures urgentes et radicales : mesures de sécurité en novembre 1641, armement à destination de l’Irlande en décembre (le 2 décembre, environ 40 wagons chargés de poudre et de munitions arrivèrent à Londres pour être transportés en Irlande), levées de soldats : le discours que Pym prononça devant le Parlement le 19 février 1642 en faveur du Bill décidant l’envoi de 15 000 soldats en Irlande invoqua la cruauté et la sauvagerie de la révolte irlandaise66.
Reste que si l’événement eut un tel impact psychologique en Angleterre67, c’est parce qu’il entrait en résonance avec la peur populaire de la tyrannie papiste68. Mais derrière cet antagonisme religieux bien réel, comment expliquer un tel déchaînement de fantasmes ?
L’ampleur des massacres fit aussitôt l’objet d’estimations qui devaient frapper l’imagination : dans sa déposition du 22 août 1642, le révérend Robert Maxwell, recteur de Tinon dans le comté d’Armagh, affirma que 154 000 protestants avaient été massacrés69 ; Gerard Lowther, chef de la justice de l’Irish Common Pleas, porta le chiffre à près de 300 000, tandis que des rumeurs allèrent jusqu’à 600 000.
Les historiens débattent encore de la fiabilité des dépositions des victimes devant la commission présidée par Henry Jones, doyen de Kilmore, qui en publia des extraits en mars 164270. Le fait que la commission fût composée d’ardents puritains animés d’une profonde haine envers les papistes irlandais71 incite à la prudence. D’autant que certains témoignages n’étaient pas exempts de surnaturel, comme ces apparitions de fantômes appelant à la vengeance72. La mise au point la plus récente fait suite au « 1641 Depositions Project » qui a numérisé et transcrit les 8 000 dépositions de témoins (33 volumes et 19 000 pages)73 ; on s’accorde sur une fourchette allant de 4 à 10 000 victimes, surtout dans le nord de l’Irlande74. Il y eut donc disjonction entre une représentation des massacres fortement médiatisée et leur réalité.
L’antagonisme religieux suffit-il à expliquer le succès éditorial de cette « écriture du massacre » ? Il ne s’agissait plus, comme au temps de John Foxe, de témoigner de l’héroïsme de la foi par l’exemple du martyre ; en exprimant, en mots et en images, l’irrationalité d’une horreur meurtrière, les auteurs rejettaient les révoltés d’Irlande dans une altérité antagoniste, hors de la civilisation chrétienne.
La perception que les Anglais avaient de l’Irlande était celle d’un Jardin d’Eden habité par un peuple fruste et sauvage, comme le montre l’ouvrage du poète Edmund Spenser, A View of the Present State of Ireland, écrit en 159675. D’après lui, le peuple irlandais était profondément marqué par son origine scythe dont il avait hérité du caractère barbare et belliqueux. De fait, cette allusion à la férocité des Scythes figure dans certains pamphlets76. À la perception d’une altérité religieuse s’ajoutait donc celle d’une altérité ethnique77. Cette construction identitaire antagoniste ressort avec davantage d’acuité encore dans l’ouvrage que John Temple publia en 164678 sur la révolution irlandaise ; il faisait partie des Lords Justices et conseillers présents au château de Dublin en octobre 1641 au moment de la révolte. De cet ensemble ressort le stéréotype du « sauvage irlandais » que l’on retrouve dans les gazettes européennes ou bien dans des correspondances d’érudits comme Samuel Hartlib, plusieurs années après l’insurrection, lorsqu’il évoquait l’« horrible rébellion et cruauté des ennemis » qui avait entraîné l’exil de la nation anglaise et entièrement dévasté les Églises réformées du pays79. De même, dans ses Historical Collections, John Rusworth releva, sur une quinzaine de pages, plusieurs extraits décrivant les cruautés exercées par les Irlandais, sans mettre en doute leur crédibilité80. La manière dont se répandit le stéréotype du « sauvage irlandais » semble indiquer que les Anglais ne doutèrent ni de la réalité, ni de l’ampleur, ni de la barbarie des massacres.
Politiquement, la conséquence la plus importante de la révolte irlandaise et de la représentation qui en découla fut la cristallisation d’une opposition grandissante entre le roi et le parlement. Face à l’insurrection, le roi n’était pourtant pas resté inactif. Dans son discours du 14 décembre 1641, il avait pressé les députés d’accorder le Bill pour la levée des soldats : au fond, c’était bien là l’enjeu principal, celui du contrôle régalien des moyens financiers et militaires, que le roi aurait pu ensuite retourner contre ses opposants. L’un des derniers actes du roi avant la guerre civile fut d’ordonner que dans toutes les paroisses d’Angleterre, des fonds soient levés jusqu’au 1er juin 1642 pour soulager la condition des réfugiés arrivant d’Irlande ; l’acte faisait clairement apparaître la dénonciation royale des massacres, débutant ainsi :
Whereas sithence the begining of the late Rebellion in Ireland diverse cruell Murthers and Massacres of the Protestants there have beene and are daily comitted by Popish Rebells in that Kingdome81.
Le texte prévoyait que les noms des contributeurs soient imprimés et publiés (une partie des listes est conservée82, mais la guerre civile n’en permit pas la publication). En fait, les sommes échurent au parlement qui s’en servit surtout pour acheter des armes et des chaussures pour les soldats.
Malgré cela, le lien entre le roi et les insurgés s’exprima de manière déguisée dans des pamphlets diffusant des « protestations » irlandaises qui accusaient le Parlement anglais d’avoir porté atteinte aux prérogatives monarchiques et d’avoir fait preuve de la plus grande cruauté contre les pauvres catholiques d’Angleterre83 ; publier ainsi ces fausses justifications de la révolte revenait à déplacer la révolte irlandaise sur le terrain politique anglais et à jeter la suspicion sur un roi dont personne n’ignorait qu’il était à l’affût d’appuis catholiques depuis 1639 ; le voici désormais implicitement accusé de complicité avec les rebelles sanguinaires.
La révolte irlandaise marqua l’entrée dans la guerre civile et la fin des espoirs de régénération des mois de septembre-octobre 1641 qui étaient fondés sur la stabilité d’un système politique équilibrant prérogatives royales et parlementaires.
La rupture fut également consommée entre les deux peuples, avec le durcissement de la colonisation ; la rébellion constituait un motif survenant à point nommé pour réaliser un vieux projet : le 24 février 1642, le Parlement décida la confiscation des terres d’Irlande. L’atrocité supposée des exactions commises justifia la violence de la répression : une remontrance adressée au Parlement anglais appelait à mettre en œuvre des moyens de répression extrêmes, réclamant la tête des rebelles, sans autre forme de procès84. L’opinion exigeait cette radicalité ; en 1644, un certain capitaine Gilson aborda un navire en provenance d’Irlande et à destination de Bristol : il jeta par dessus bord les soixante Irlandais hommes et femmes qui s’y trouvaient et épargna les Anglais au motif qu’ils avaient juré le Covenant et allaient s’engager dans les troupes parlementaires. L’auteur du récit n’éprouvait aucune pitié pour ces « incendiaires implacables de l’Église et de l’État » plongés au cœur de la mer, éteignant ainsi le feu de leur Antéchrist85. C’était bien là le résultat d’un processus récent de construction de la haine.
La guerre en Irlande se poursuivit au cours des douze années suivantes, jusqu’à la victoire finale des forces parlementaires conduites par Cromwell en 1653.
En somme, la médiatisation de la révolte irlandaise joua un rôle de catalyseur des oppositions idéologiques, et son analyse remet bien celles-ci au premier plan. Récemment, tous ceux qui ont travaillé sur les sources médiatiques, comme Richard Cust86, Tim Harris87 ou Jason Peacey88, ont mis au jour l’acuité de l’opposition idéologique dans les années précédant la révolution anglaise. La médiatisation de la révolte irlandaise confirme cette tendance, faisant ressortir un substrat idéologique de représentations complexes mais fortement mobilisatrices, dont la mise en œuvre contribua à la polarisation des oppositions politiques et au large soutien populaire et londonien dont bénéficia la cause parlementaire. Seule une habile exploitation des peurs collectives pouvait rallier le plus grand nombre et légitimer le contrôle parlementaire de l’armement des troupes.
____________
1 Brendan Dooley et SabrinaA. Baron, The politics of information in early modern Europe, Londres, Routledge, 2001 ; Stéphane Haffemayer, « Transferts culturels dans la presse européenne au xviie siècle », Le Temps des médias, 11-2, 2008, p. 25-43.
2 News networks in Seventeenth-Century Britain and Europe, dir. Joad Raymond, Londres, Routledge, 2006.
3 Peter Nijkamp, Piet Rietveld, Ilan Salomon, « Barriers in spatial interactions and communications : a conceptual exploration », The Annals of Regional Science, 24-4, 1990, p. 237-255.
4 http://1641.tcd.ie.
5 Jane H. Ohlmeyer, Ireland from independance to occupation : 1641-1660, Cambridge, Cambridge University Press, 1995 ; Michael Perceval-Maxwell, The outbreak of the Irish rebellion of 1641, Montreal ; Kingston ; Londres, McGill-Queen’s University Press, 1994.
6 Tim Harris, « Propaganda and public opinion in seventeenth century England », dans Media and Revolution : Comparative Perspectives, éd. Jeremy D. Popkin, Lexington, University Press of Kentucky, 1995, p. 48.
7 Stéphane Haffemayer, Les Lumières radicales de la Révolution anglaise : Samuel Hartlib et les réseaux de l’Intelligence (1600-1662), mémoire d’Habilitation à Diriger des Recherches soutenu à Paris iv le 9 décembre 2017.
8 Journal of the House of Commons : Volume 2, 1640-1643 (Londres, 1802), p. 300-301. Consultable sur British History Online.
9 A Great Conspiracy By the Papists in the Kingdome of Ireland, Discovered by the Lords, Justices, and Councell at Dublin, and Proclaimed there Octob.23.1641 Which Proclamation was sent to the Parliament here in England And read before the Lords and Commons in Parliament on Monday Novemb.1.1641, Londres, John Thomas, 1641.
10 Hartlib Papers 66/26/1A-2B. Consultable sur https://www.dhi.ac.uk/hartlib/.
11 Journal of the House of Commons : Volume 2, 1640-1643 (Londres, 1802), 9 novembre 1641, p. 308-309. Consultable sur British History Online.
12 Joad Raymond, The invention of the newspaper : English newsbooks 1641-1649, rééd., Oxford, Clarendon press, 2005.
13 D’après Tim Harris, la « propagande » des années 1640 visait délibérément à créer un effet de « polarisation » : Tim Harris, « Propaganda and public opinion… », art. cit., p. 52.
14 Par exemple, The continuation of the forraine occurents for 5. weekes last past, containing many very remarkable passages of Germanie, France, Spaine, Italy, Sweden, the Low-Countries, and other parts of the world. Cent. 3. Numb. 48.11th-23rd January 1641. Édités par Nicholas Bourne et Nathaniel Butter. Tous les imprimés cités sont accessibles à travers la base Early English Books Online (EEBO).
15 Richard Cust, « News and Politics in Early Seventeenth-Century England », Past & Present, 112, 1986, p. 60-90.
16 Archives Nationales, Kew, State Papers 16/485/58.
17 Joseph Watson, The last and best newes from Ireland : declaring, first the warlike and cruell proceeding of the rebels who are all papists and Jesuits of that kingdome…, Londres, Francis Coules, 1641.
18 Ibid., p. 3.
19 The last nevves from Ireland being a relation of the hostile and bloody proceedings of the rebellious papists there at this present, Londres, John Thomas, 1641.
20 Randal MacDonnell, comte d’Antrim, A Continvation of the Diurnall passages in Ireland Declared in two Letters, the one Being sent from the Lord Antrim in Ireland, to the right honourable the Earle of Rutland, dated February 25. 1641. The other Was sent to Sir Robert King Knight, bearing date the 27of February, 1641, Londres, F. Coles et T. Banks, 1641, p. 2.
21 William Armyne (1593-1651) faisait partie des parlementaires opposés à la politique royale dans les années 1620. En 1639-1640, il refusa, en tant que sheriff du Huntingdonshire, de prélever le ship money. Dans le Long Parliament, Armyne se situa dans le camp de l’opposition résolue à Charles Ier. Il fit partie des quatre députés des Communes qui accompagnèrent le roi en Écosse en 1641. Cf. Sidney Lee, « Armine, Sir William, first baronet (1593-1651) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, O.U.P., 2004.
22 William Armyne, The Discovery of a late and bloody conspiracie at Edenburg, in Scotland…, Londres, John Thomas, 1641.
23 A Damnable treason by a contagious plaster of a plague-sore wrapt up in a letter and sent to Mr. Pym : wherein is discoverd a divellish and unchristian plot against the high court of Parliament, Londres, W. B., 1641.
24 Le serment d’allégeance avait été imposé aux catholiques aux lendemains du Gunpowder Plot. En novembre 1641 la Chambre des Communes réfléchit à l’élargissement du serment à la noblesse irlandaise, aux récusants, aux étudiants des écoles de droit, aux serviteurs de la famille royale, etc. Journal of the House of Commons : Volume 2, 1640-1643 (Londres, 1802), 8-10 novembre 1641, p. 307-311.
25 Journal of the House of Commons : Volume 2, 1640-1643 (Londres, 1802), 2 novembre 1641, p. 301-303.
26 A copy of a letter concerning the traiterous conspiracy of the rebellious papists in Ireland : Being a true Relation, written by a Gentleman of good worth, who hath suffered by them much dammage and loss in his estate, and hardly escaped with his life, Londres, 1641.
27 A wild-fire plot found out in Ireland shewing how the rebels vvould have consumed the city of Dublin with wild-fire, Londres, Thomas Bates, 1641.
28 A gun-powder-plot in Ireland for the blowing up of the chiefest church in Dublin, when the Lords and others were at sermon, on Sunday, October, 31. 1641. Which conspiracie was plotted to bee done by the papists and priests in Dublin…, Londres, John Thomas, 1641.
29 Joyfull news from Ireland, being a relation of a battell which was fought between the Protestants, and the rebels of Ireland, where the Protestants got the victory, giving the rebels a great overthrow…, Londres, John Greensmith, 1641, p. 3-4.
30 Jerome Stephen, Treason in Ireland for the blowing up of the Kings English forces with a hundred barrells of gun-powder…, Londres, Salomou Johnson, 1641.
31 Caroline M. Hibbard, Charles i and the popish plot, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 1983.
32 Bloody nevves from Norvvich, or A true relation of a bloody attempt of the papists in Norwich to consume the whole city by fire, Londres, 1641.
33 A Bloody plot, practised by some papists in Darbyshire… Londres, John Thomas, 1641.
34 The papists designe against the Parliament and Citie of London discovered, by a letter found neere White-Hall, sent from L. M. a Iesuit, to R. C. a popish lord…, Londres, H.F., 1642.
35 Stéphane Haffemayer, « Iconographie populaire de l’antipapisme anglais (xvie-xviie siècles) », dans Images & Révoltes dans le livre et l’estampe, Paris, Bibliothèque Mazarine & Éditions des Cendres, 2016, p. 167-191.
36 The Bloudy Persecution of the Protestants in Ireland, Being The Contents of Severall Letters brought by his Majesties Post from Ireland, November the 21, 1641, Wherein is related, how the Rebels forces doe daily encrease, and how the Protestants still are destroyed by fire and sword, without any Mercie…, Londres, Richard Melvin, 1641.
37 Still worse newes from Ireland… With the copy of a letter sent from the Pope to the rebels in Ireland…, Londres, William Bowden, 1641, p. 6.
38 The happiest newes from Ireland that ever came to England…, Londres, John Greensmith, 1641, p. 5-6.
39 Thomas Partington, VVorse and worse nevves from Ireland being the coppy of a letter read in the House of Parliament the 14 oft his instant moneth of December 1641 wherein is contained such unheard-of cruelties committed by the papists against the Protestants not sparing age nor sex, that it would make a christians heart to bleede, Londres, Nathaniel Butter, 1641, 4 p.
40 John Rushworth (c. 1612-1690) commença un travail de collecte de l’information dans les années 1630, prenant en notes le déroulement des séances des différentes institutions pendant la « tyrannie de onze ans ». En avril 1640, il fut nommé clerc-assistant à la Chambre des Communes et remplit une fonction de messager du Parlement auprès des camps de l’armée dans le Nord. À partir de 1641, il prit l’habitude d’acheter périodiques et pamphlets et d’en nourrir ses Historical Collections. En 1644, il fut nommé censeur de la presse pour les pamphlets et les périodiques ; il joua un rôle important dans la diffusion des nouvelles favorables à la cause du parlement. Joad Raymond, « Rushworth, John (c. 1612-1690) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford, O.U.P., 2004.
41 La seule mention d’un Thomas Partington apparaît dans la charte concédée par Jacques Ier le 25 mars 1614 à la municipalité irlandaise de Boyle (comté de Roscommon) parmi les premiers 12 bourgeois de ce qui ressemble plutôt à un petit bourg rural qu’à une ville : John D’Alton, The History of Ireland from the earliest period to the Year 1245, when the Annals of Boyle, which are adopted and embodied as the running text Authority…, Dublin, L’auteur, 1845, t. I, p. 241.
42 John Rushworth, Historical Collections. The third Part ; in Two Volumes. Containing the Principal Matters Which happened from the Meeting of the Parliament, November the 3d. 1640. To the End of the Year 1644, Londres, Richard Chitwell et Thomas Cockerill, 1692, p. 457.
43 Still worse newes from Ireland, shewing in what a miserable estate the citie of Dublin is, at this present time, the rebels having received new ayd upon the 16. day of December, 1641… Londres, William Bowden, 1641.
44 The Bloudy Persecution of the Protestants in Ireland… ,p. 10.
45 A Continvation of the histories of forreine martyrs from the happy reign of the most renowned Queen Elizabeth, to these times Londres, Ric. Hearn, 1641, (1re éd.1632).
46 A Bloody masacre plotted by the papists intended first against the city of London and consequently against the whole land discovered by the care of Alderman Towes, and some other godly and well affected citizens…, Londres, M. R., 1641.
47 Ibid.
48 John Rushworth, Historical Collections…,, op. cit., p. 459.
49 Wenceslaus Hollar, All the memorable & wonder-strikinge, Parlamentary mercies effected & afforded unto this our English nation, within this space of lesse then 2 yeares past A.1641.& 1642, Londres, Thomas Jenner, 1642.
50 Il faut souligner une récente évolution historiographique dans l’intérêt que les historiens portent à l’image en tant qu’outil de communication : Images & Révoltes dans le livre et l’estampe (xive-milieu du xviiie siècle), Paris, Bibliothèque Mazarine & Éditions des Cendres, 2016 ; Kevin Sharpe, Image Wars : Promoting Kings and Commonwealths in England, 1603-1660, New Haven ; Londres, Yale University Press, 2010. En Angleterre, l’iconographie satirique a attiré l’attention de quelques historiens, alors que celle des massacres est demeurée un terrain à peu près vierge : voir Helen Pierce, Unseemly pictures : graphic satire and politics in early modern England, New Haven ; Londres, Yale University Press, 2008.
51 James Cranford, The teares of Ireland…, Londres, A.N. pour John Rothwell, 1642.
52 L’écriture du massacre en littérature, entre histoire et mythe : des mondes antiques à l’aube du xxie siècle, éd. Gérard Nauroy, Berne, Peter Lang, 2004, p. 3.
53 Théâtre des cruautés des hérétiques de notre temps, de Richard Verstegan, éd. Frank Lestringant, Paris, Éditions Chandeigne, 1995, p. 9.
54 Elliot C. Vernon, « Cranford, James (1602/3-1657) », dans Oxford Dictionary of National Biography, op. cit.
55 Richard Pennington, A descriptive catalogue of the etched work of Wenceslaus Hollar, 1607-1677, Cambridge, C.U.P., 2002.
56 Publiée dans Yrelandtsche Traenen : wae rin levendich is affgebeelt… een lijste, vande… wreedtheden… der… Jesuwijten, met de Papistische factie aldaer… Amsterdam, Broer Jansz & Jan van Hilten, 1642. 478 x 267 mm.
57 G.S., A briefe declaration of the barbarous and inhumane dealings of the northerne Irish rebels…, Londres, A.N. pour Abel Roper, 1641, p. 9.
58 The Bloudy Persecution of the Protestants in Ireland, Being The Contents of Severall Letters brought by his Majesties Post from Ireland, November the 21, 1641, Wherein is related, how the Rebels forces doe daily encrease, and how the Protestants still are destroyed by fire and sword, without any Mercie…, p. 12.
59 Thomas Partington, VVorse and worse nevves from Ireland…, op. cit.
60 James Salmon, Bloudy nevves from Ireland, or the barbarous crueltie by the papists used in that kingdome…, Londres, Marke Rookes, 1641, p. 7.
61 A treacherous plot of a confederacie in Ireland with the rebels at Calway with furniture of guns and ammunition for warre…, Londres, James Salmon, 1641, p. 8.
62 http://1641.tcd.ie/.
63 Will Slauter, « Le paragraphe mobile », Annales. Histoire, Sciences sociales, 67-2, 2012, p. 363-389.
64 Yrelandtsche Traenen : waer in levendich is affgebeelt…, op. cit.
65 John Walter, Understanding popular violence in the English Revolution : the Colchester plunderers, Cambridge, C.U.P., 1999, (Past and present publications ; 1999), p. 259.
66 John Pym, Mr. Pym his speech in Parliament on Saturday the 19th of February concerning the passing of the bill in the Commons House for the present pressing of 15000 men to be immediately transported for Ireland…, Londres, R.C., 1641, p. 4.
67 Ethan Howard Shagan, « Constructing Discord : Ideology, Propaganda, and English Responses to the Irish Rebellion of 1641 », Journal of British Studies, 36-1, 1997, p. 4-34.
68 Robin Clifton, « The Popular Fear of Catholics during the English Revolution », Past & Present, 52-1, 1971, p. 23-55.
69 Déposition de Robert Maxwell, comté d’Armagh, 22 août 1642 [http://1641.tca.ie].
70 Henry Jones, A remonstrance of divers remarkeable passages concerning the church and kingdome of Ireland… Londres, Godfrey Emerson, William Bladen, 1642.
71 R. Dunlop, « The Depositions Relating to the Irish Massacres of 1641 », The English Historical Review, 1-4, 1886, p. 741.
72 Déposition d’Audrey Carington, comté de Cavan, 27 octobre 1645 [http://1641.tcd.ie].
73 The 1641 Depositions and the Irish Rebellion, éd. Eamon Darcy, Annaleigh Margey, Elaine Murphy, Londres, Pickering & Chatto, 2012.
74 Thomas Bartlett, Ireland. A History, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 114.
75 Le texte avait circulé sous forme manuscrite avant d’être publié en 1633.
76 G.S., A briefe declaration of the barbarous and inhumane dealings of the northerne Irish rebels… , op. cit., p. 1.
77 Kathleen M. Noonan, « “The Cruell Pressure of an Enraged, Barbarous People” : Irish and English Identity in Seventeenth-Century Policy and Propaganda », The Historical Journal, 41-1, 1998, p. 151-177.
78 John Temple, The Irish Rebellion : or, An History of the Beginnings and first Progresse of the General Rebellion raised within the kingdom of Ireland…, Londres, Samuel Gelibrand, 1646.
79 The Hartlib Papers, 17/18/4B [en ligne, https://www.dhi.ac.uk/hartlib].
80 John Rushworth, Historical Collections…, op. cit., p. 405-421.
81 An Act for a Speedie Contribution and loan towards the reliefe of his Majesties distressed subjects of the Kingdom of Ireland, Statutes of the Realm, volume 5, 1628-1680, éd. John Raithby, [s. l.], 1819, p. 141-143.
82 Cliff Web a estimé que 40 % des listes établies par les paroisses du Surrey étaient conservées et que la somme totale collectée fut de 1 800 livres, Surrey Contributors for Protestant Refugees from Ireland : 1642, Londres (Kew), Public Record Office, SP 28/194.
83 A New Protestation Against the Parliament in England and also against all Protestants. Made by the Rebels in Ireland. Which Protestation was read in the House of Commons, Ian. 20. 1641, Londres, John Thomas, 1641 [1642].
84 A Remonstrance from Ireland to the high court of Parliament in England for the speedy oppression of the rebels with little cost and losse of the Protestant party and the probable way of moving the rebels to submit themselves and to cut one anothers throats and to bring the heads of the chiefest actors thereby to get their pardon presented by a member of the House of Commons in Ireland, Londres, R. Smithers, 1641.
85 The Hartlib Papers, 45/7/1B, lettre de Adderley à Hartlib, 9 mai 1644.
86 Richard Cust et Ann Hughes, « Introduction : After Revisionism », dans Conflict in early Stuart England : studies in religion and politics 1603-1642, éd. Richard Cust et Ann Hughes, Londres, Longman, 1989.
87 Tim Harris, « Propaganda and public opinion… », art. cit.
88 Jason Peacey, Politicians and Pamphleteers. Propaganda during the English Civil Wars and Interregnum, Hants ; Burlington (VT), Ashgate Publishing, 2004