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Michel d’Amboise et l’illustration des Epistres veneriennes (s. l. s. n., [Paris, D. Janot])

François ROUGET

Department of French, Queen’s University, Kingston, Ontario, Canada

L’œuvre poétique de celui qui prit pour surnom « l’esclave fortuné » a presque sombré dans l’oubli. Michel d’Amboise (vers 1505-vers 1547/1551) mérite pourtant mieux qu’une brève notice dans le Dictionnaire des Lettres françaises1. Sous le règne de François Ier, il jouit d’une jolie réputation de poète et de traducteur. Comme nombre de ses confrères, en particulier le plus illustre d’entre eux, Clément Marot, d’Amboise s’efforça de trouver des protecteurs afin de poursuivre ses travaux de plume. Frappé par les caprices de la Fortune, il fit de ses déboires la matière même de son inspiration. Le résultat fut la composition de plusieurs recueils poétiques dont la publication s’échelonna de 1529 à 1542.

Parmi ses ouvrages qui rencontrèrent la faveur du public, il faut mentionner les Epistres veneriennes de l’esclave fortuné qui connurent trois éditions imprimées à Paris, par Denis Janot pour le compte d’Alain Lotrian (1532), de Jean Longis et Pierre Sergent (1534-1536) 2. C’est cet ouvrage, dont la facture évolua au fil du temps, qui offre le meilleur exemple de sa poésie teintée de mélancolie. Comme ses prédécesseurs Rutebeuf et François Villon, et plus près de lui Marot, d’Amboise excelle dans l’expression pathétique pour tracer de lui le portrait d’un homme malmené par les injustices de la Fortune, la rigueur de l’institution judiciaire et l’indifférence de ses contemporains. À cet égard, ses Complaintes, Epistres et Contrepistres illustrent à merveille une sensibilité à fleur de peau qui s’efforce de subsumer la peur de l’échec par l’écriture poétique.

Nous voulons examiner ici une édition méconnue des Epistres veneriennes qui n’existe – semble-t-il – que sous la forme d’un exemplaire unique. Remanié et plus étoffé que les trois précédentes, cet ouvrage a malheureusement été amputé de quelques feuillets qui rendent son identification difficile. Ce qui le singularise est la présence de quinze petites illustrations qu’on retrouve dans d’autres publications populaires, imprimées à Lyon et à Paris, au cours des années 1530-1540. Nous nous proposons d’analyser la structure de ce recueil afin d’en éclairer les circonstances de publication et les relations de Michel d’Amboise avec ses libraires et imprimeurs avec lesquels il collabora, notamment Denis Janot.

LA DESTINÉE DE MICHEL D’AMBOISE, « L’ESCLAVE FORTUNÉ PRIVÉ DE LA COURT D’AMOUR »

Avant d’examiner ce petit recueil, il convient de rappeler les grandes lignes de l’existence de Michel d’Amboise. Celle-ci, à vrai dire, est mal connue, et il faut glaner quelques éléments biographiques dans les confidences qu’il glisse dans ses poésies. À la fin du XVIe siècle, on avait déjà oublié à peu près tout de cet homme mais les historiens du livre, tels François de La Croix du Maine et Antoine Du Verdier, conservaient le souvenir de ses ouvrages3. C’est à Rigoley de Juvigny, éditeur de leurs Bibliotheques, que l’on doit de mieux connaître « l’esclave fortuné4 ».

Michel d’Amboise était né à Naples, vers 1505, de Charles d’Amboise, seigneur de Chaumont, et d’une mère inconnue. En 1511, il perdit son père, fut recueilli par son demi-frère Georges à Sagonne, qu’il suivit à Paris jusqu’à la mort de celui-ci en 1525. Il fut alors accueilli par Catherine, sa tante, au château de Lignières5, puis par sa cousine Anthoinette, épouse du seigneur de Barbezieux, dont il s’éprit. Chassé, il rencontra Isabeau Dubois, qu’il épousa, et prit le titre de seigneur de Chevillon, fief de la famille d’Isabeau. Celle-ci mourut en couches en 1530 et Michel se retrouva à nouveau sans ressources ni protection. Arrivé à Paris, il semble avoir mené une existence difficile marquée par l’indigence. Ses dettes lui valurent un premier séjour en prison. Ces épreuves nourrissent son inspiration poétique et ses activités littéraires dans lesquelles il cherche le repos et sans doute aussi à tirer un revenu financier. À partir de 1530, en effet, il semble séjourner le plus souvent à Paris et confier à ses libraires des ouvrages qu’il publie à un rythme soutenu jusqu’à sa mort survenue entre 1547 et 1551.

Les vicissitudes de l’existence justifient en grande partie l’entrée de Michel d’Amboise en littérature. Poète et humaniste, il consacra tous ses efforts à créer une fiction amoureuse intégrant ses malheurs personnels et à adapter en français des ouvrages destinés à un public curieux. Tout au long de sa brève carrière, il produisit des recueils de poésie élégiaque (Les Complaintes, [1529] ; La Penthaire, 1530 ; Les Epistres veneriennes, 1532-15366 ; Le Babilon, [1535-1540]). Parallèlement, il mit sa plume au service de la traduction pour faire connaître l’œuvre de Baptista Spagnoli (Mantuan) (Les Bucoliques, 1530-1531, et Les Cent epigrammes, 1532) et d’Antonio Fregoso (Le Ris de Democrite et le pleur de Heraclite, 1540-1550). À la suite de Marot, il illustra le genre de l’épître en vers, dont il fit la matière de sa poésie amoureuse. Imitateur d’Ovide, il fit paraître ses Contrepistres d’Ovide (1542-1546) 7 et il participa également à l’adaptation de Juvénal (Dixieme satyre, 1540, et Quatre satyres…, 1544). La réédition de certains de ses ouvrages8 montre que son œuvre rencontra un succès de librairie. Suffit-il à lui assurer des revenus réguliers ? Rien n’est moins sûr. Mais les remaniements que d’Amboise sut apporter à ses recueils les plus personnels suggèrent qu’il la conçut avec soin et révèlent de sa part l’intention de produire une poétique cohérente et originale.

Malgré ses efforts, la postérité n’a pas montré autant d’enthousiasme devant son œuvre que le public de son époque. Une trentaine d’années après sa mort, Du Verdier et La Croix du Maine ne donnaient qu’une liste de ses publications comme s’ils ne les avaient pas lues. Plus soucieux de documenter la biographie du poète que de décrire son œuvre, Rigoley de Juvigny porte un jugement sans appel : « On ne trouve dans ses vers ni élégance ni poësie, ce n’est qu’une triste prose rimée, comme la plupart des vers de son temps9. » Plus clémente, la critique moderne n’a pas toujours été exempte de préjugés. Pour Verdun-Léon Saulnier, « le personnage est curieux. Un homme de talent modeste mais de culture variée, non sans confusion ou désordre10 ». C’est fort récemment que la poésie de Michel d’Amboise a reçu l’accueil qu’elle mérite, et il revient à Richard Cooper d’avoir sorti de l’ombre une figure littéraire dans laquelle il voit parfois un « vrai précurseur », « un digne membre de la génération de Marot, un poète à redécouvrir, et, me semble-t-il, un poète non seulement à méditer, mais aussi à éditer11 ».

LES EPISTRES VENERIENNES : UNE ŒUVRE EN CHANTIER

En 1532, Michel d’Amboise fait paraître un nouveau recueil intitulé les Epistres veneriennes qui reprend et étoffe certaines pièces publiées dans les Complaintes de l’esclave fortuné [1529]12. Les bibliographes ont cru relever l’existence de deux éditions suivantes13, données en 1534 et 1536. Les trois éditions connues se présentent ainsi :

[bois d’encafrement] ¶Les epistres ve- | neriennes de Lesclaue Fortune | priue de la court Damours nou- | vellement faictes& composees | par luy. Auvecqs toutes les œu- | ures par luy reuueues & corrigees | premierement les.xxxi. epistres | veneriennes. | Les fantasies | Les complaintes/regretz/et | epitaphes. | Avec.xxxv. rondeaulx et cinq | balades damours. | On les vend a Paris en la Rue neufve nostre da= | me a lenseigne de Lescu de France : Et au premier pil | lier de la grant Salle du Palays en la bouticque de | Denis Janot. | ¶Cum Privilegio.

In-8 de 156 ff. chiffrés : [4] 1-152 ; signés A4 et A-T8 ; colophon au f. T8 v° : ¶ Cy finent toutes les œuures de Lesclaue fortune | par luy reueues & corrigees. Imprimees nouuelle | ment a Paris par Alain Lotrian/ et Denis || Janot (Imprimeurs et libraires) Demou | rans en la rue neufue nostre Da- | me a Lenseigne de Lescu | de France.

(Le Prologue de l’auteur [A4 r°] est daté du 22 octobre 153214.)

LES EPISTRES | VENERIENNES DE | Lesclaue Fortune priue de la | court Damours nouuelle= | ment faictes & compo= || sees par luy, Auecqs | toutes ses œuures | Et y est com= | prins ce ql | sensuyt, | Premierement les, xxx, Epistres ve= | neriennes, Les fantasies dudict escla= | ue, Les complaintes/ regretz/ & epi= | taphes, Auec. xxxiiii, Rondeaulx & | cinq Balades damours. Le tout re= | ueu & corrige par luy oultre les pre= | cedentes impressions. | On les vend au Palays en la Gallerie par ou on | va en la Chancellerie en la boutique de Iehan Longis. | Et au premier Pilier de la grant Salle en la boutique de | Denys Ianot. Et en la rue neufue nostre Dame a len- | gne sainct Nycolas. 1534.

In-8 de 154 ff. chiffrés : [4] 1-152 ; signés A4 et A-T8 ; colophon au f. T8 v° : ¶ Imprimees nouuellement a Paris | par Denys Ianot pour Iehan | Longis, & Pierre Ser- | gent demourans || a Paris15.

[fleur de lys] LES EPI [fleur de lys] | stres Veneriennes de Lesclaue | Fortune priue de la Court | Damours / Nouuelle= | ment faictes & com | posees par luy/ | & y est com | prins ce | quil sensuyt. | Premierement les. xxx. Epistres Ve= | neriennes. Les fantasies dudit Escla= | ue. Les complainctes/ regretz/ & Epi= | taphes/ Auecq. xxxiiii. Rondeaulx/ & | trois Ballades/ Le tout reueu & corri= | ge par luy oultre les precedentes Im= | pressions. | 1536. | * On les vend a Paris en la Rue neufue No= | stre Dame a lenseigne Sainct Iehan Ba= | ptiste, pres Saincte Geneuiefue des Ardens, | Par Denys Ianot.

OU : * On les vend au Palays en la Gallerie par |ou on va en la Chancellerie en la boutic/ de Jehan Longis.

In-8 de 152 ff. chiffrés : [2] 1-152 ; signés A4-B-T8 V4 ; colophon au f. V4 v° : * Si finent les epistres veneriennes de Lesclaue | fortune par luy reueues, & corrigees, | Imprimees nouuellement a Paris | par Denis Ianot pour Iehan | Longis, & Pierre Sergent | demourans a | Paris16.

Ces trois éditions ont bien été étudiées par Stephen Rawles17. Mais celui-ci ignorait qu’une autre, sans doute postérieure, avait été publiée et accompagnée de jolis bois qu’on découvrait déjà dans d’autres ouvrages édités par Denis Janot. Passé plusieurs fois en vente aux enchères, il a rejoint une collection privée. Malheureusement, cet ouvrage est amputé de plusieurs feuillets, notamment en tête, et peut-être en queue, ce qui rend son identification problématique. En voici la description précise :

Reliure : veau fauve glacé du XVIIIe siècle aux armes du marquis de Soubeyran (« D’or à la croix ancrée de gueules, cantonnée de quatre annelets de sable » [OHR, pl. 858]), triple filet doré en encadrement sur les plats, dos lisse orné de fleurons dorés, armes en queue du dos, pièce de titre en maroquin brun, coupes filetées, tranches dorées, gardes de papier marbré.

Contenu : petit in-8 de 81 ff. (sur 86 ?) signés A4-B7 (L8 = blanc) ; 27 bois (sur 30 ?) ; manquent les ff. liminaires a 1 r°-3 v° (Prologue de l’auteur, poème de G. Corrozet et réponse de M. d’Amboise), et a 6, b 8 v°, c 7 r°. Début au f. a 4 r° : COMMENCEMENT | des trente Epistres Venerien= | nes de Lesclaue Fortune | priue de la court | Damours. La premiere Epistre enuoyee a | une Dame pour avoir sa bonne grace. [bois] et début de l’épître « Las ton regard […] » (ill. 1). Le recueil se termine sur la « Lettre d’ung gentilhomme à sa mye » (f. l 6 r°-7 v°) suivie du mot FIN18.

Faute de disposer d’un autre exemplaire complet, l’examen de celui-ci soulève un certain nombre de questions. Sans doute contenait-il les pièces liminaires présentes dans les éditions précédentes, mais comportait-il aussi les autres parties (Fantaisies, Rondeaux et Ballades) ? Le mot FIN qui conclut le dernier poème imprimé au f. L 7 v° ne garantit pas que les poèmes s’arrêtaient là, même si cette partie correspond à la fin du cahier. La présence du dernier feuillet eût permis de constater ou non l’existence d’un colophon. Tant qu’un second exemplaire de cette impression n’aura pas été découvert, on ne pourra qu’émettre des hypothèses.

Plus probant est l’examen du contenu et de l’ordre des pièces dans le recueil, et l’étude des variantes éventuelles par rapport aux trois éditions précédentes. Nous n’avons pas procédé à un relevé exhaustif des différentes leçons des quatre éditions – ce qui eût exigé un effort à la fois harassant et superflu dans l’optique qui est la nôtre. En revanche, nous avons comparé la présentation de chacune d’elles afin de déterminer les éventuelles similarités et divergences éditoriales. Le tableau ci-dessous indique les modifications apportées par Michel d’Amboise à ses Epistres veneriennes entre 1532 et 15[…].

Tableau n° 1 : Tableau des éditions des Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, 1532, 1534, 1536 et [s. d.]

NoÉdition 1532 : incipitÉdition 1534Édition 1536Édition sans date
1Las ton regardidemidemidem/ 4 derniers vers manquants
2Ton doulx maintienidemidemmanquent les 29 premiers vers [f. a 6]
explicit : pour ton mieulx aymé.explicit : pour le tien mieulx aymé.idemexplicit : idem
3Je pers mon tempsidemidemidem
4Long temps y a queidemidemidem
5Une parolle en avantidemidemidem
6Je te comptoysidemidemmanquent les 19 derniers vers [f. b 8 r°]
7Ta bonne graceidemidemmanquent les 15 premiers vers [f. b 8 v°]
8Paris ne fut jadisidemidemidem
9Scez-tu pourquoyidemidemidem
explicit : Qu’avoir tu puisseexplicit : Qu’ouytu puisseexplicit : Que ouy tu puisseexplicit : Qu’ouyr te puisse
10Je prie à Dieuidemidemidem
explicit : bonne vieexplicit : idemexplicit : bonne envieexplicit : bonne envie
11Mon seul plaisiridemidemidem
37 premiers vers manquants [f. c 7]
12Hersoir bien tardidemidemidem
13Madame, quoy, quas-tuidemidemidem
4 vers avant la fin : priray te contenteridemidemfin : te prie contenter
14Si ce n’estoit laidemidemidem
15Dieu Jupiteridemidemidem
16O cueur cruelrimes des vers finaux : abusay/reffusayidemrimes : abuse/refuse
20 vers finaux absentsidemidem
17Conforte-toy m’amye4 vers finaux absentsidemidem
18En ceste nuytidemidem idem
titre : A Mr. de Bissaytitre : A quelque gentilhommeidemidem
variante des 4 v. finauxvariante des 4 v. finauxvariante des 4 v. finaux
19Le beau Pâris de la villeidemidemidem
20Thisbée jamaisidemidemJamais Thisbée
av.-dern. vers : suppliantav.-dern. vers : requerantav.-dern. vers : idemav.-dern. vers : idem
21D’ung triste cueuridemidemidem
explicit : Que tu as voulu pour amye choisirexplicit : idemexplicit : pour t’amye choisirexplicit : Que tu vouluz pour ton amye
22O tresaymée etidemidemidem
av.-dern. v. : de ceste vie mortelleidemidemav.-dern. v. : de la vie mortelle
23Cueur sans mercyidemidemidem
24La premiere es qui me prisidemidemidem
4 vers finaux absentsidemidem
25Si je pensoys queidemidemidem
2 vers finaux absentsidemidem
varinte de fin : De sorte que mon grief mal e et tourment / Preigne…variante : PrenneVariante : De sorte telle que…
26Voulant t’escrireidemidemidem
27Cent foys mon cueurabsenteabsenteabsente
28Or pleust à Dieu27. idem27. idem27. idem
29De tous aymans28. idem28. idem28. idem
30Troys choses sont29. idem29. idem29. idem
22 derniers vers remplacés par 6 vers nouveauxidemidem
31Pour son amy ne30. idem30. idem30. idem
vers final : t’envoyeidemidemvariante finale : te mande
32Fin des EpistresFin des EpistresFin des Epistres31. Amours prend tout et…
32. Je t’ayme bien, et tu…
33. Qui eust pensé que19

Un premier examen laisse apparaître qu’après 1532 le poète procède à des remaniements significatifs. C’est au niveau des variantes textuelles que ces différences sont marquées, sans que l’ordre des épîtres ne soit bouleversé. D’Amboise corrige ses vers, procède à des permutations, s’efforce de favoriser la fluidité de la syntaxe. En 1536, ces corrections se multiplient et confirment les changements opérés en 1534 (dédicace de l’épître n° 18, raccourcissement de la conclusion des nos 16, 24, 25, et 30). On remarque enfin qu’après 1532 toutes les éditions omettent l’épître n° 27. La lecture de chaque édition postérieure montre qu’il s’agit d’une suppression voulue par le poète.

Illustration n° 1 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. A 4 r°.

Le plus intéressant vient de la comparaison de l’édition non datée avec les trois autres. Les remaniements qui sont opérés accentuent les corrections antérieures, et présentent des variantes textuelles inédites. Très voisine des éditions de 1534 et 1536, elle s’en distingue cependant par l’ajout de trois nouvelles pièces à la suite des trente épîtres. La dernière (n° 33) avait paru dans Le Babilon, à Lyon, en 1535 (f. 37 v°-39 r°). Le texte en est identique. Mais les deux autres sont, semble-t-il, nouvelles. On a ainsi l’impression que l’auteur, ou son éditeur, a choisi de livrer une nouvelle mouture de son recueil populaire en l’augmentant de quelques pièces pour en assurer la promotion. La présence inédite des gravures qui embellissent le livre vient confirmer cette impression.

L’ÉDITION ILLUSTRÉE DES EPISTRES VENERIENNES

L’apport des illustrations constituent l’une des nouveautés du recueil d’Amboise après 1536. Avant lui, seul le livre de La Penthaire (1530) contenait quatorze gravures mais d’inspiration étrangère à celle qui anime les Epistres veneriennes20. Cet ouvrage est donc un hapax et semblerait correspondre à la stratégie éditoriale de Denis Janot qui s’efforça de produire alors de petits ouvrages populaires au moyen de l’illustration21. On sait quelle ferveur ils rencontrèrent depuis le début des années 1530 et comment les bois qu’il fit réaliser furent copiés par ses concurrents lyonnais (à moins qu’il ne s’agisse de l’inverse) et utilisés à l’envi dans des ouvrages fort divers, tels L’ Hecatomphile de Léon Alberti, suivi des Fleurs de poesie françoise, les Œuvres de C. Marot, et certains recueils d’Hélisenne de Crenne et de François Habert22. Sur les trente-trois poèmes des Epistres veneriennes, trois gravures sont absentes (du fait des feuillets manquants), quinze sont distinctes mais sont reprises d’ouvrages édités par Janot et ses confrères parisiens. Afin de faciliter l’identification et l’histoire éditoriale de ces illustrations, nous les énumérons dans le tableau ci-dessous en indiquant leur provenance et leur éventuelle imitation.

Tableau n° 2 : Tableau des illustrations des Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, [s. d.]

ff.SUJET/DESCRIPTIONPROVENANCE/REMARQUES
1a 4 r°homme debout donnant un billet à une dame assise à gauche (37 × 54 mm)= Hecatomphile (Lyon, 1537, f. 57 r°)Imitation de Marot (Lyon, de Harsy, 1537 ; Paris, D. Janot, 1537) et H. de Crenne (Epistres,Janot, 1538)
2a 6 r°gravure absente
3a 8 r°homme assis à droite, le doigt levé, et femme assise à gauche (32 × 52 mm)= Hecatomphile (1537, f. 8 r°) et Controverses (1536, titre) Imitation de Marot (1537, f. 102) et F. Habert (Jeunesse, D. Janot, 1541, f. 14 v°)
4b 2 r°homme assis à droite donnant un billet à une femme assise à gauche (36 × 52 mm)= Controverses (1536, f. 10 r°) Imitation d’Hecatomphile (1537, f. 46 r°) + Marot (Lyon, 1537)
5b 4 v°= comme le n° 1
6b 6 v°dame au balcon d’un château à gauche et deux soldats romains parlant à droite (33 × 58 mm)= Controverses (1536, f. 102 r°) Imitation d’Habert (1541, f. 29 r°)
7b 8 v°gravure absente
8c 2 r°scène d’intérieur ; femme assise écrivant à gauche ; homme à droite la saluant (32 × 52 mm)= Hecatomphile (1537, f. 22 v°) et Controverses (1536, f. 148 v°) Imitation de Marot (Lyon, 1537), Crenne (1539) et Habert (1541, f. 16 r°)
9c 4 r°femme éplorée à gauche et homme assis à droite levant la main gauche (38 × 54 mm)= Hecatomphile (1537, f. 2 r°), Controverses (1536, f. 12 v°), et Marot (Janot, 1537, f. 56 r°) Imitation de Habert (1541, f. 27 r°]
10c 5 v°= comme le n° 6
11c 7 r°gravure absente
12d 2 v°= comme le n° 8
13d 6 v°= comme le n° 3
14e 2 r°femme debout à gauche prenant ou donnant le billet d’/à un homme assis à droite (38 × 53 mm)= Hecatomphile (1537, f. 41 r°) et Controverses (1536, f. 23 v°)
15e 4 v°dans un bois, un couple à gauche, déjeunant à table, et à droite un couple assis (33 × 54 mm)= Hecatomphile (1534, f. 39 r°) et Controverses (1536, f. 157 r°) Imitation de Marot (de Harsy, 1537, f. K2 v°)
16e 8 v°= comme le n° 3
17f 4 r°= comme le n° 1
18f 6 r°= comme le n° 4
19f 8 r°= comme le n° 8
20g 3 v°scène de village (femme et enfant au loin) et couple d’amants au 1er plan (33 × 54 mm)= Hecatomphile (1537, f. 16 v°) et Controverses (1536, f. 105 r°)
21g 6 v°scène champêtre (femme servant à boire à gauche) ; Cupidon ; couple d’amants assis à droite sous un arbre (33 × 54 mm)= Hecatomphile (1537, f. 9 r°) et Controverses (1536, f. 107 r°)
22h 4 r°= comme le n° 9
23h 8 v°femme à gauche portant un flambeau et homme à droite jouant de la guitare (38 × 54 mm)= Hecatomphile (1537, f. 29 v°) Imitation de Marot (de Harsy, 1537, f. 15 r°), Le Disciple de Pantagruel (Janot, 1538) et Habert (1541, f. 21 r°)
24i 2 v°femme à gauche dans un château surplombant et saluant un chevalier à droite (31 × 53 mm)= Controverses (1536, f. 21 r°) Imitation de Crenne (Songe, Janot, 1541)
25i 4 r°= comme le n° 9
26i 7 v°= comme le n° 14
27k 1 v°scène d’intérieur ; femme à gauche (assise) tournée vers autre femme (debout) à droite (31 × 53 mm)= Hecatomphile (1537, f. 6 v°) et Controverses (1536, f. 33 r°) Imitation de Marot (de Harsy, 1537, f. 100 v°)
28k 3 v°Cupidon bandé et debout tirant une flèche contre une femme demi-nue assise à droite= Hecatomphile (1537, f. 37 v°) Imitation de Marot (de Harsy, 1537, f. 7 v°)
29k 5 v°femme assise à gauche lisant une lettre et homme assis à droite la main droite levée (36 × 54 mm)= Hecatomphile (1534, f. 24 r°) et Controverses (1536, f. 24 v°) Imitation de Marot (Janot, 1537, f. 47 v°) et Habert (1541, f. 32 r°)
30k 7 v°= comme le n° 6
31l 1 v°= comme le n° 1
32l 3 v°= comme le n° 8
33l 6 r°= comme le n° 4

Comme dans bon nombre des recueils à gravures déjà cités, le recueil d’Amboise structure son livre par l’image selon les ordres typographique, sémantique et esthétique23. Les gravures dépeignant des scènes de conversation ou de dons de lettre, stéréotypées, conviennent parfaitement au contexte poétique et au genre illustré (l’épître). Il s’agit ici d’actualiser la virtualité de la rencontre amoureuse et de permettre au lecteur de visualiser le cadre de l’expression galante. Chaque gravure, placée en tête des épîtres, prépare voire conditionne la réception du poème. L’éditeur a pris soin de varier autant que possible le choix de ses gravures. La moitié d’entre elles reprennent cependant une image déjà utilisée (les nos 1 et 8 : trois fois ; les nos 3, 4, 6 et 9 : deux fois) mais elles sont réparties dans l’ouvrage, ce qui atténue l’impression de fréquence ou de répétition. On est loin de l’utilisation d’un matériel typographique passe-partout qu’on éprouvait notamment à la lecture des Œuvres de Marot, illustrées de bois similaires et imprimées par Bignon, entre 1540 et 1544, pour le compte de Guillaume Le Bret, Ambroise Girault et Pierre Sergent24. Même les épîtres qui sont accompagnées parfois de gravures d’un registre différent, plutôt épique, gardent cette complémentarité du texte et de l’image car les personnages représentés (soldats romains et chevaliers, nos 6 et 24 [ill. 2-3]) dénotent la thématique de la conversation galante et l’esprit courtois qui dominent dans tout l’ouvrage. De même, les gravures nos 21 [ill. 4], 23 et 28 valent surtout pour leur iconologie qui renvoie à la symbolique de l’amour. Qu’elles représentent des scènes d’intérieur (nos 1, 3, 4 [ill. 5], etc.) ou des scènes en extérieur (nos 6, 15, 20 [ill. 6], 21), les images tendent à accroître l’expressivité amoureuse, à fournir un cadre narratif à la succession des épîtres et à distraire l’imagination du lecteur. Dès lors, peu importe que leur facture soit singulière, leurs styles bigarrés, et que l’ouvrage présente une iconographie hybride. L’hétérogénéité des bois, provenant à l’évidence de sources antérieures et de modèles multiples, s’estompe face au lyrisme amoureux qui emporte l’esprit du lecteur d’un seul mouvement.

Illustration n° 2 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. K 7 v°.

Illustration n° 3 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. I 2 v°.

Illustration n° 4 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. G 6 v°.

Illustration n° 5 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. B 2 r°.

L’examen du tableau des illustrations montre qu’elles ont une histoire. On les retrouve, d’une part, dans bon nombre des ouvrages qui sortent des presses de Denis Janot entre 1530 et 1545, et, d’autre part, sous une forme modifiée dans les livres des éditeurs lyonnais (François Juste, Denis de Harsy). Onze des gravures accompagnant Les Epistres veneriennes proviennent de L’ Hecatomphile, vendu d’abord par Galiot du Pré à Paris (1534), mais copié ensuite par François Juste (1534, 1536-1537) 25, Denis Janot (1538) et ses confrères parisiens A. Bonnemère, P. Sergent (1539) et A. Lotrian (1540). Il est difficile de déterminer qui a copié l’autre, mais on observe que les scènes représentées ont fait l’objet d’une nouvelle composition. Pour imprimer les Epistres veneriennes, Denis Janot a employé des bois dont il disposait dans son atelier et auxquels il avait recouru pour imprimer notamment les Controverses des sexes masculin et femenin de Gratien du Pont, qu’il avait rééditées chaque année entre 1536 et 1540. Onze gravures des Epistres veneriennes proviennent de ce recueil.

Illustration n° 6 : Epistres veneriennes, Paris, D. Janot, s. d., f. G 3 v°.

Ces données ne permettent pas de dater précisément l’impression lacunaire et illustrée des Epistres veneriennes, mais elles autorisent à émettre quelques hypothèses. L’examen du matériel typographique utilisé pour cette impression semble indiquer qu’elle est sortie des presses de Denis Janot après 1536 (puisque son contenu, on l’a vu, est augmenté par rapport à la troisième édition) et avant 1544, date de la mort de Janot. On serait tenté de la rapprocher d’une date plus précise, comme celles de 1537-1541, correspondant à l’apogée de la carrière de Janot. Pour étayer cette conjecture, on fera remarquer que 1541 marque la fin de la collaboration entre d’Amboise et Janot (Contrespistres d’Ovide, 1541). Après cette date, le poète confie son ouvrage à Vincent Sertenas, Jean Longis (1542), Jean Ruelle, Pierre Sergent et Maurice de La Porte (1546), qui se partagent la vente des exemplaires. De plus, on observe que pour imprimer La Jeunesse du banny de liesse (1541), de F. Habert, il a utilisé des bois nouveaux imitant ceux de L’ Hecatomphile (1536-1538), des Controverses (1536-1539) et des Epistres veneriennes. Avait-il éprouvé alors le besoin de remplacer des bois usés ? En tout cas, à partir de ce moment-là, François Habert paraît avoir pris la place de son modèle dans le cœur de Denis Janot qui publiera sept de ses ouvrages pour les seules années 1541-154226.

On le voit, l’analyse de l’exemplaire illustré des Epistres veneriennes soulève des questions qu’il faut laisser provisoirement en suspens. Amputé de quelques feuillets, il ne permet pas de documenter son contenu primitif. Or l’examen de celui-ci aurait sans doute donné des indices sur sa genèse et, partant, de préciser davantage sa date d’impression. Le mystère entoure aussi l’illustration : quel fut l’instigateur de cette initiative alors que les autres ouvrages de Michel d’Amboise étaient vierges de toute gravure ? Est-ce l’auteur lui-même, son éditeur, ou faut-il supposer que la décision fut conjointe ?

Rendons enfin hommage au marquis de Soubeyran qui, au XVIIe siècle, retrouva cet ouvrage, le fit relier avec élégance pour l’accueillir sur les rayons de sa bibliothèque. Sans l’entreprise de sauvegarde opérée par ce bibliophile inspiré27, l’ouvrage n’eût vraisemblablement laissé aucune trace.

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1 Le XVIe siècle, éd. Michel Simonin, Paris, Fayard, 2001 (1re éd. G. Grente, 1951), p. 54-55.

2 Voir la « Bibliographie provisoire des ouvrages de Michel d’Amboise » qui figure à la fin de l’étude de Richard Cooper, « Le thème de la fortune dans la poésie de Michel d’Amboise (c. 1505-c. 1547) », dans Il tema della fortuna nella letteratura francese e italiana del Rinascimento, éd. Enzo Giudici, Florence, L. S. Olschki, 1990, p. 121-122.

3 F. de La Croix Du Maine, Premier volume de la Bibliotheque, Paris, A. L’Angelier, 1584, p. 322, et A. Du Verdier, La Bibliotheque, Lyon, B. Honorat et Th. Ancelin, 1585, p. 869-870.

4 Les Bibliotheques françaises de La Croix du Maine et Du Verdier, Paris, Saillant et Nyon, 1772, vol. II, p. 117-118 et vol. V, p. 58-59.

5 Sur les relations et l’influence entre Catherine et Michel d’Amboise, voir Catherine d’Amboise (1482-1550), Poésies, éd. Catherine M. Müller, Montréal, CERES, 2002, Introduction, p. 18-20, et Évelyne Berriot-Salvadore, « Catherine d’Amboise » (2003), notice du Dictionnaire des femmes de l’ancienne France, sur le site de la SIEFAR, en ligne : http://siefar.org/dictionnaire/fr/Catherine_d’Amboise (page consultée le 6 septembre 2016).

6 Du Verdier signale une édition parisienne chez J. Longis, parue en 1556, mais qui n’a pas été retrouvée. S’agirait-il d’une erreur de date ?

7 Sur le rôle d’Amboise dans l’adaptation d’Ovide, voir Christine M. Scollen, The Birth of the Elegy in France (1500-1550), Genève, Droz, 1967, p. 29-30, et Marine Molins, Charles Fontaine traducteur. Le poète et ses mécènes à la Renaissance, Genève, Droz, 2011, p. 97-98 et 109-113.

8 Les Epistres veneriennes, Paris, A. Lotrian et D. Janot, 1532 ; D. Janot, P. Longis et P. Sergent, 1534 ; les mêmes, 1536. Les Contrepistres d’Ovide, Paris, D. Janot, 1541 ; J. Longis et V. Sertenas, 1542 ; P. Sergent, J. Ruelle et M. de La Porte, 1546. Le Babilon, Lyon, O. Arnoullet, 1535 ; Paris, J. Longis, [1540]. Le Ris de Democrite, Paris, A. L’Angelier, 1540 ; G. Corrozet, 1547 ; Rouen, R. et J. Dugort, 1548 et 1550.

9 Les Bibliotheques françaises de La Croix du Maine et Du Verdier, op. cit. [note 4], p. 118.

10 « Michel d’Amboise, l’âne de Rabelais et quelques autres », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, XXIX (3), 1967, p. 551.

11 « Michel d’Amboise, poète maudit ? », dans La Génération Marot. Poètes français et néo-latins (1515-1550). Actes du colloque international de Baltimore (5-7 décembre 1996), éd. Gérard Defaux, Paris, H. Champion, 1997, p. 446 et 470.

12 C’est le cas de la complainte « O fiere, faulce et follastre fortune » (f. 101 v°) qu’on retrouve dans les Propos fantastiques à la suite des Epistres veneriennes (f. 89).

13 Voir notamment R. Cooper, « Le thème de la fortune dans la poésie de Michel d’Amboise (c. 1505-c. 1547) », art. cit. [note 2], p. 116.

14 Quatre exemplaires sont signalés dans l’Universal Short Title Catalogue (en ligne : http://ustc.ac.uk/index.php/record/27551 [page consultée le 7 septembre 2016]) : Aix-Méjanes (C 2850) ; BnF (Rés. YE-1622) ; BNA, Vienne (*38 Aa 22). L’exemplaire signalé à Cambridge University (Peterborough E. 2. 68) est en réalité l’édition de 1536 (voir infra, note 16).

15 Seul exemplaire recensé à la Bibliothèque de l’Arsenal (Paris), 8-BL-12015 Rés.

16 Plusieurs exemplaires figurent dans les institutions publiques suivantes : Chantilly (Musée Condé), III-B-88 ; Bibliothèque municipale de Grenoble, Rés. L 271 ; Bibl. mun. de Tours, Rés. 2707 ; Bibl. mun. de Versailles, G 8° 63 [E 357 c] ; Stuttgart (Württembergische Landesbibliothek), Fr D oct. 1742 ; Wolfenbüttel (Herzog August Bibliothek), Lm 57 ; British Library, 241 g 33 ; Cambridge Univ. (Peterborough E. 2. 68 ; à la marque de J. Longis).

17 Stephen Rawles, Denis Janot Parisian Printer & Book-seller (fl. 1529-1544) : A Bibliographical Study, Thèse de Ph. D., University of Warwick, septembre 1976, vol. 2, n° 19 et 43 (en ligne : http://go.warwick.ac.uk/wrap/34709).

18 La collation de cet exemplaire semble correspondre à l’ouvrage décrit dans l’USTC, qui reprend la description erronée donnée par les notices des catalogues de vente : il est présenté comme un titre édité en 1535, in-16 de 86 ff. dont il manque le début (http://ustc.ac.uk/index.php/record/92528).

19 Épître publiée d’abord dans Le Babilon, aultrement la Confusion de l’Esclave fortuné […], Paris, J. Longis [1535], et Lyon, O. Arnoullet, 1536.

20 À noter cependant l’existence d’une édition in-8 des Contrepistres d’Ovide, débitée par J. Longis et V. Sertenas, en 1542, et qui a été signalée dans La Bibliothèque d’un humaniste d’après les livres choisis principalement dans les bibliothèques de Prosper Blanchemain et de M. Alfred Pereire, Paris, Maggs Bros., [1935], n° 8, p. 6. Ce volume avait rejoint la collection d’Arthur Vershbow (selon USTC : http://ustc.ac.uk/index.php/record/83763 [page consultée le 8 septembre 2016]) mais les ouvrages de cette bibliothèque ont été dispersés à la mort de son propriétaire (avril 2013).

21 Voir St. Rawles, Denis Janot Parisian Printer…, op. cit. [note 17], p. 10, 32-33, et surtout 54-60.

22 Sur cette concurrence et entreprise d’imitation, voir les études récentes de Véronique Duché, « Marot illustré », dans Poésie et illustration, dir. Lise Sabourin, Nancy, Presses universitaires de Nancy, 2008, p. 23-42, et de William Kemp, « Aspects de l’édition non signée Orion et Dédale chez l’imprimeur lyonnais Denys de Harsy, 1534-1542 », dans Copier et contrefaire à la Renaissance. Faux et usage de faux, dir. Pascale Mounier et Colette Nativel, Paris, H. Champion, 2014, p. 347-363.

23 Sur cette fonction de l’iconographie dans le livre, voir les étude générales de Michel Pastoureau, « L’illustration du livre : comprendre ou rêver ? », dans Histoire de l’édition française, dir. Roger Chartier et Henri-Jean Martin, Paris, Promodis, t. I, p. 501-530, et de Trung Tran, « Le texte poétique dans la geste iconographique du XVIe siècle : entre éditions illustrées et fables imagées », dans Poésie et illustration…, op. cit. [note 22], p. 43-55.

24 Voir l’article de François Rouget, « Clément Marot et ses éditeurs parisiens : le cas de Maurice de La Porte », Revue Française d’Histoire du Livre, n° 137, 2015, p. 29-46.

25 L’édition lyonnaise de 1537 est accessible sur Gallica. Par commodité, c’est celle qui a servi de base à l’identification des illustrations des Epistres veneriennes. L’édition de 1534 a fait l’objet d’une édition critique par Gérard Defaux, Les Fleurs de poesie françoise, Hécatomphile, Paris, STFM, 2002. Sur l’imitation et la concurrence entre les imprimeurs, voir Christine de Buzon et William Kemp, « Créer des recueils imprimés de blasons du corps féminin : deux expansions chez Denis de Harsy (1536-1537), incluant une pièce attribuée à François Ier », dans Création d’atelier. L’éditeur et la fabrique de l’œuvre à la Renaissance, dir. Anne Réach-Ngô, Paris, Éditions Classiques Garnier, 2014, p. 271-302.

26 Sur l’œuvre et la place de ce poète dans l’histoire littéraire du XVIe siècle, voir Marie-Madeleine Fontaine, « Le carnet d’adressses de François Habert. Indications sur l’itinéraire d’un poète à la fin du règne de François Ier », Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LXXIII (3), 2011, p. 497-556, et Jean Balsamo, « François Habert (c. 1508-c.1562) : un écrivain et ses “bons imprimeurs”«, dans François Habert poète français (1508 ? -1562 ?), éd. Bruno Petey-Girard et Sylviane Bokdam, Paris, H. Champion, 2014, p. 15-42.

27 On sait peu de chose sur ce personnage de la noblesse languedocienne qui faisait relier ses livres en veau blond. Les titres provenant de sa bibliothèque montrent une prédilection pour les poètes et dramaturges dans les éditions des XVIe et XVIIe siècles : Les Œuvres d’Alain Chartier, Paris, Galliot du Pré, 1529 (relié en maroquin vert, mais en veau armorié pour le dos) ; Pierre Davity, Les Travaux sans travail …, Paris, Gilles Robinot, 1602 ; relié avec : Jean d’Intras, Le Martyre de la fidelité, Paris, Robert Fouët, 1604 ; et Guillaume de Reboul, Mort courageuse de Sophonisba, Rouen, Raphaël du Petit-Val, 1600 (veau blond dont le plat supérieur présente l’emblème doré de Frédéric Lachèvre ; et Jean-Antoine Du Cerceau, Poésies diverses, Paris, frères Estienne, 1760.