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Des beaux ornements aux belles bibliothèques

À propos de l’édition clandestine des Œuvres de Brantôme par Jean-Edme Dufour (Maastricht, 1779)

Muriel COLLART

Université libre de Bruxelles

À Pol Pierre Gossiaux et Pierre-Marie Gason, précurseurs de la recherche en histoire du livre à Liège

Dans son édition de juin 1779, sous la rubrique « Nouvelles littéraires. France », le Journal encyclopédique annonçait la parution des Œuvres du seigneur de Brantome. Nouvelle édition, considérablement augmentée, revue, accompagnée de remarques historiques et critiques, et distribuée dans un meilleur ordre1. Le journal précisait que l’édition comptait 15 volumes au format in-12, avait paru à Londres en 1779 et se trouvait « à Maestricht, chez Dufour ; à Bouillon, à la société typographique, & à Paris, chez Esprit ».

Illustration n° 1 : Œuvres du seigneur de Brantôme, tome I, page de titre (Paris, BnF, Z-30493).

Le Journal encyclopédique ajoutait : « Les libraires n’ont point intention que l’on se méprenne à cette édition, qui s’annonce comme nouvelle, & qui est, mot pour mot, celle de 1740, mais qui manquait dans le commerce. » Une édition, comportant également 15 volumes, avait en effet paru à La Haye, en 1740, « Aux dépens du Libraire » sous le titre presque éponyme d’Œuvres du seigneur de Brantome : Nouvelle édition, Considérablement augmentée, & accompagnée de remarques historiques et critiques. Le Journal encyclopédique se référait par ailleurs à un « Avis des libraires, sur cette nouvelle édition, sous le titre de Londres, 1779 », qui ouvrait les pages i et ii du tome premier2. Le mensuel précisait qu’aucun changement, en réalité, n’avait été apporté au texte, sur le fond. Les seules modifications portaient d’une part sur le déplacement du 15e volume de l’édition de 1740 au premier volume, et d’autre part sur la position du frontispice représentant le portait de l’auteur : il se trouvait en 1779 réservé au premier tome seulement, alors qu’il apparaissait dans la précédente édition en tête de chaque volume. « Voilà », ajoutait le Journal, « toutes les différences de cette édition, si ce n’est que la précédente était en petit papier & en petites lettres, & que celle-ci est en beaux caractères, grand format, & soignée à tous égards ».

Que l’édition « londonienne » des Œuvres du seigneur de Brantôme, de 1779, sorte des presses maastrichtoises est suffisamment établi par l’examen de l’appareil ornemental3. Il suffira ici de comparer ce dernier à celui de cinq réalisations assumées dans l’adresse, de manière publique et officielle, par Jean-Edme (ou Jean-Edmé) Dufour et son associé Philippe Roux4 :

– RBtson : William Robertson, Histoire de l’Amérique, traduite de l’anglais par M. E., Maestricht, J.-E. Dufour et P. Roux, 1777. 4 vol.

– F : Philippe Fermin, Tableau historique et politique de l’état ancien et actuel de la colonie de Surinam, et des causes de sa décadence, Maestricht, J.-E. Dufour et P. Roux, 1778.

– PS : Louis Poinsinet de Sivry, Nouvelles recherches sur la science des médailles, inscriptions, et hiéroglyphes antiques, Maestricht, J.-E. Dufour et P. Roux, 1778.

– LC : Charles-Marie de La Condamine, Relation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale, J.-E. Dufour et P. Roux, 1778.

– Sgné : Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné, Recueil des lettres à madame la comtesse de Grignan, sa fille, J.-E. Dufour et P. Roux, 1780. 9 vol.

Il sera également confronté aux quatre volumes des Œuvres complètes de Beaumarchais, parues sans adresse en 1780 (BM).

Quatre types d’ornements seront successivement envisagés : les bandeaux, les lettrines, les vignettes produites par un modèle en bois et celles résultant d’une combinaison de caractères ou fleurons – ces deux derniers types d’ornements étant parfois qualifiés abusivement de « culs de lampe » : ils peuvent aussi décorer une page de titre.

LES BANDEAUX

Nous avons relevé 15 bandeaux dans les 15 tomes de Brantôme. Parmi ceux qui sont « figuratifs », au nombre de 12, plusieurs donnent le sentiment de résulter d’un bois gravé (woodcut device). Mais on sait que les typographes disposaient aussi de matrices en fonte qui produisaient une impression marquée de grisé, par rapport au fort encrage des modèles en bois. Au XVIIIe siècle, les fondeurs de caractères William Caslon ou Enschédé proposaient ces matrices métalliques, réalisées par une technique de reproduction que documentaient par ailleurs les manuels allemands et que l’on appelle parfois la « technique de Funckter5 ». Il n’est pas exclu que certains bandeaux relèvent de ce type d’ornement.

Les bandeaux se présentent encadrés ou « flottants ».

Bandeaux produits par un bois gravé

Bandeaux encadrésBandeaux flottants

1. 1

1. 7

1. 2

1. 8

1. 3

1. 9

1. 4

1. 10

1. 5

1. 11

1. 6

1. 12

Bandeaux composes

1. 13

1. 14

1. 15

Précisons leur occurrence dans les titres étudiés.

BrantômeRBtsonFPSLCBmchaisSGné
1234567891011121314151234111123412345678
1.1×
1.2×××
1.3×
1.4××
1.5×
1.6××
1.7××××
1.8×××
1.9×××
1.10××
1.11×
1.12×
1.13××××
1.14×
1.15×

On constate donc que six d’entre eux, uniquement des bandeaux en bois, sont présents dans les volumes de l’Histoire de l’Amérique de Robertson ou des Lettres de Mme de Sévigné. On aperçoit en toutes lettres, sur le bandeau 8, la signature « depas », c’est-à-dire Pierre Paul Depas, graveur liégeois connu : sa production décore plusieurs éditions portant officiellement l’adresse de Dufour et Roux, comme les Poésies de l’abbé Mangenot (1776) ou l’Histoire des deux Indes (1777)6. On la retrouve également dans leur contrefaçon, sous l’adresse de « Londres », des Œuvres d’Helvétius dans ces mêmes années 1776-17777. Les bandeaux en ornements composés figurent plutôt dans les derniers volumes des Œuvres de Brantôme.

LES LETTRINES

Six lettrines sont présentes dans ces éditions. Toutes appartiennent à la même famille et, même si elles ne sont pas signées, elles paraissent avoir été gravées par Depas.

BrantômeRBtsonFPSLCBmchaisSgné
1234567891011121314151234111123412345678
2.1××
2.2×
2.3×
2.4×××××
2.5×
2.6×××

Une seule lettrine est présente à la fois dans un des 15 volumes du Brantôme et dans un des autres titres envisagés (L, 2.4). Elle offre la particularité d’une détérioration, à droite, qui caractérise également son occurrence dans la Relation abrégée d’un voyage fait dans l’intérieur de l’Amérique méridionale de La Condamine.

Illustration n° 2 : Œuvres du Seigneur de Brantôme, tome 1, p. 1 (Paris, BnF, Z-30493).

Illustration n° 3 : Relation abrégée d’un voyage, p. 215 (Paris, BnF, 8-P-67 (A)).

LES VIGNETTES SUR BOIS

Six vignettes sur bois apparaissent dans les 15 volumes du Brantôme.

BrantômeRBtsonFPSLCBmchaisSgné
1234567891011121314151234111123412345678
3.1×××
3.2××××
3.3×××
3.4××
3.5××
3.6××

Comme pour les bandeaux gravés, c’est avec les ouvrages de Robertson (1777) et de Mme de Sévigné (1780) que le Brantôme (1779) entretient le plus de rapport ornemental (3.3). Le petit nombre d’ornements figurant dans l’édition de Mme de Sévigné ne permet pas de supposer que la curieuse concentration des bois dans les volumes 7 à 9, 11 et 14 du Brantôme marque une nouvelle séquence de l’ornementation.

LES ORNEMENTS COMPOSÉS

Il s’agit sans doute du type d’ornements le plus intéressant à étudier dans le cas qui nous occupe. Le Journal encyclopédique avait qualifié d’édition soignée la collection de 1779. L’usage intensif des ornements composés contribue à cette impression. Nous n’avons pas, dans ce qui suit, relevé ceux qui comportent moins de trois fleurons. Les autres peuvent combiner jusqu’à 12 éléments.

Les fleurons combinés dans les ornements sont les suivants.

La combinaison des fleurons donne les modèles suivants.

4.1
4.2
4.3
4.4
4.5
4.6
4.7
4.8
4.9
4.10
4.11
4.12
BrantômeRBtsonFPSLCBmchaisSgné
1234567891011121314151234111123412345678
4.1××
4.2××××
4.3×××××
4.4×××××××××××
4.5××××××
4.6×××××
4.7××××××××××××××
4.8××××××××
4.9××××
4.10××××××××
4.11××××××××
4.12××××××××

On voit que parmi les 12 ornements composés, 10 sont communs à l’ensemble des titres considérés. Ils constituaient un fonds ornemental plus unifiant que les modèles sur bois. Ils sont donc plus révélateurs en matière d’identification.

Parmi les questions que peut poser une édition clandestine comme celle des Œuvres de Brantôme, plusieurs se croisent de la manière suivante : pourquoi dissimuler en 1779 le lieu d’impression d’un ouvrage qui ne comportait aucun caractère de dangerosité ou de provocation, à une époque où l’atelier produisait, dans une ville où régnait une grande liberté de pensée et d’expression, la littérature philosophique la plus avancée ? Ancien prote du Liégeois Jean-François Bassompierre, chez qui il habitait en 1762, ainsi que nous l’apprend la capitation pour cette année, Jean-Edme Dufour avait mis à profit un apprentissage défiant toutes les autorisations de reproduction. L’immeuble abritant l’atelier, dans la rue Neuvice, qui donnait sur la place du Marché de Liège, se présentait sous l’enseigne de « l’Imprimerie ». On peut croire qu’un des bois gravés utilisés à cette époque par Bassompierre figure symboliquement l’entreprise8.

Dufour emploiera pour sa part une copie de la vignette de Bassompierre, affichant à la fois la filiation qui l’unit au premier contrefacteur important de la typographie liégeoise, mais aussi le défi d’un dépassement des audaces de son ancien patron9.

On imagine mal que les passages coquins des Œuvres de Brantôme suffisent à justifier l’anonymat de l’édition, en 1779.

Et pourquoi éditer Brantôme en 1779 ? Il se peut que l’entreprise s’inscrive dans la remise au goût du jour de textes classiques, tels que les Œuvres diverses de Mme de La Fayette ou son Histoire de Madame Henriette d’Angleterre. La dernière édition de Brantôme, qui remontait à 1740, pouvait être épuisée.

D’autre part, le passage d’une génération a pu modifier l’étendue du lectorat, avec les progrès européens de la langue française. Les amateurs de la décennie précédant la Révolution éprouvaient-ils le besoin de lire enfin dans la langue de Voltaire certaines grandes pages de la littérature classique ? L’extension de l’usage du français dans les provinces flamandes de Belgique a été magistralement étudiée par Marcel Deneckere10. Le nombre de bibliothèques privées gantoises qui possédaient le Brantôme de Dufour, à la fin du XVIIIe siècle ou dans la première moitié du XIXe, est frappant. On le retrouve en effet dans les catalogues de vente de bibliothèques suivants :

Illustration n° 4 : Vignette représentant une imprimerie dans la contrefaçon Bassompierre des Œuvres mêlées du philosophe de Sans-Souci de Frédéric II, 1760 (Saint-Petersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, 16.65.2.4).

Illustration n° 5 : Autre version de la vignette « à l’Imprimerie », dans une édition du Vrai sens du Système de la nature imprimé à Maastricht par Dufour et Roux en 1774 (Paris, BnF, RZ-3692).

Catalogue d’une belle et riche collection de livres… délaissés par feu messieurs De Loose, Van Damme et Duermael, en leur vivant avocats du Conseil en Flandre, Gand, C. J. Fernand, 1789.

Catalogue de deux belles collections de livres de médecine, de chirurgie, d’histoire, etc. délaissés par feu Mr. Wallemacq, en son vivant médecin à Renaix, Gand, C. J. Fernand, 1812.

Catalogue d’une très belle et précieuse collection de livres, en plusieurs langues et facultés, délaissés par plusieurs défunts, Gand, De Busscher, 1820.

Catalogue d’une belle et grande collection de livres…, délaissée par feu Monsieur Jean Alison, religieux de la ci-devant Abbaye de S. Pierre lès Gand, et Monsieur le Chevalier Diericx en son vivant Conseiller pensionnaire de la ville de Gand, membre de l’institut royal, des états de la Flandre orientale, Gand, Begyn ; Vanderhaeghe-Maya, 1823.

Deuxième catalogue d’une belle collection de livres, en plusieurs langues et facultés, délaissés par P. J. Van De Velde, en son vivant amateur, décédé à Gand, Gand, Gyselynck, 1823.

Catalogue d’une belle collection de livres, en plusieurs langues et facultés ; … délaissés par plusieurs défunts, Gand, Goesin, 1827.

Catalogue d’une très-belle collection de livres en différentes sortes de langues et facultés … délaissés par feu Mr. Robert-Jean-Baptiste Van den Berghe, de son vivant amateur distingué de beaux-arts et sciences, Gand, Goesin-Verhaeghe, 1828.

Catalogue d’une belle collection de livres délaissés par feu Monsieur P. L. Vander Heyden, en son vivant Curé à Beckerzeele, près Bruxelles, et autres défunts, Gand, Goesin-Disbecq, 1829.

Catalogue d’une grande collection de livres, en plusieurs langues et facultés, délaissés par divers amateurs, Gand, Poelman, 1834.

Bibliothèque de M. le Comte d’Hane de Steenhuyse et de Leeuwerghem, ancien intendant du département de l’Escaut, chambellan de S. M. le roi des Pays-Bas, membre de la première chambre des états généraux et de l’ordre équestre de la Flandre orientale, chevalier de l’ordre royal du Lion Belgique, Gand, Van der Meersch, 1843.

Dans plusieurs de ces catalogues, la mention suivante, au titre, indique bien qu’ils s’adressent – et leur contenu – à un public bilingue : Catalogus van eene schoone en groote versaemeling van boeken, Catalogus van eene uitgelezene verzameling van boeken in verscheyde talen en wetenschppen, etc. D’autres catalogues concernent Bruges ou Bruxelles11. On s’étonnera d’autant moins de trouver l’ouvrage cité dans des catalogues des Pays-Bas ou des pays anglophones qu’on y retrouve à l’occasion le nom de Dufour :

Catalogue d’une bibliothèque recueillie avec beaucoup de soin et délaissée par feu messire Jacob Jean, Comte et seigneur Banneret de Wassenaar tot Wassenaar & Zuidwyk, seigneur d’Oedam, La Haye, Gosse, 1788.

A catalogue of a valuable and curious collection of books in all languages, and in every class of literature ; including several libraries lately puchased, particularly those of the late Rev. Thomas Clarke, D.D., and a gentleman lately deceased in London, John Todd, 1798.

Catalogue des livres, provenant de la bibliothèque de feu monsieur H. Fizeaux, Amsterdam, Dufour ; Meyer Warnars, 1821.

Catalogue of an extensive and valuable library to be sold by auction. Pursuant to instructions under the will of the late Rt. Hon. Lord Fitzgerald and vesci, Dublin, Webb and Chapman, 1843.

Pieter Meyer, d’Amsterdam, fut associé dès les dernières décennies du XVIIIe siècle à G. Warnars12.

On notera encore la présence de Brantôme dans trois catalogues de librairies hollandaises.

Supplément au catalogue des livres, qui se trouvent chez B. Vlam, libraire à Amsterdam, s. d.13

Supplément au catalogue des livres qu’on trouve chez les frères Murray, libraires à Leide, s. d.14

Catalogue d’un assortiment choisi et considérable de livres en feuilles, (…) dont la plus grande partie ont composé le fonds du commerce de livres français établi ci-devant à Londres sous la raison de la Société typographique, St. Jame’s street, lesquels seront vendus entre MM. les Libraires par Pierre-Frederic Gosse, libraire à La Haye, La Haye, Pierre-Frederic Gosse, 179215.

On remarquera également la présentation flatteuse des Œuvres de Brantôme dans le catalogue édité par les frères Jacob et Jan Anthony Murray, exerçant ensemble à Leyde à partir de 177916 : « Nouvelle édition, considérablement augmentée, revue, accompagnée de remarques historiques et critiques et distribuée dans un meilleur ordre ». Comme l’écrivent Rick Honings et Arnold Lubbers, Jacob Murray avait essayé en 1772 d’établir « a French circulating library » dont le projet rencontra l’opposition de la guilde des libraires, qui redoutait « un effet contraire sur le commerce des livres français » et l’imitation d’autres libraires imaginant de faire de même avec la littérature en néerlandais et en latin. « Pour ces raisons, à partir de 1775, une interdiction totale pesa sur la librairie commerciale itinérante à Leyde17. » Quant au catalogue du fonds de commerce de la « Société typographique » de Saint-James Street, il offre des ouvrages – y compris le Brantôme ? – conservés « en feuilles », conformément à un usage qualifié de « liégeois » dans les échanges entre imprimeurs-libraires18.

Évoquons rapidement les acquéreurs de l’ouvrage tels qu’ils apparaissent dans les catalogues de vente français. L’attention est immédiatement attirée par sa présence parmi les quinze mille volumes que comportait la bibliothèque du célèbre Vicq d’Azyr, directeur de la partie médicale de l’Encyclopédie méthodique fondée à Liège et Paris en 178419. Comme le soulignait la notice ouvrant le catalogue de cette bibliothèque, paru en l’an II, Vicq d’Azyr, « après avoir donné le jour à la pratique », « employait à des travaux utiles aux arts, aux sciences et aux lettres, des moments qu’il pouvait donner au repos20 ». Cependant, « fatigué, exténué pour ainsi dire, par une vie trop active et trop laborieuse, ses forces s’épuisèrent promptement, et il ne put soutenir une maladie violente, qui l’enleva trop tôt… ». En effet, cet emblème de l’intelligence révolutionnaire mourut à 46 ans le 1er messidor de l’an II (20 juin 1794).

Une seconde collection française se détache. Le Brantôme de Maastricht porte le n° 2090 dans l’un des catalogues de la bibliothèque de Charles Nodier, paru en 184421. D’autres diront quel écho l’ouvrage a pu trouver dans l’œuvre du conservateur de l’Arsenal. À considérer la diffusion des éditions de Dufour et Roux dont témoigne la Bibliographie d’ Helvétius de David Smith, en particulier quand elle mentionne les propriétaires d’exemplaires conservés dans des bibliothèques publiques, il n’est pas douteux que l’on trouvera bien d’autres traces des productions d’une des plus audacieuses entreprises éditoriales wallo-hollandaises du XVIIIe siècle – avant que celle-ci ne soit conduite à la faillite et que la Révolution la relègue dans l’oubli22.

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1 Journal encyclopédique, 1er juin 1779, Tome IV, Partie II, p. 342.

2 Cet avis, ainsi que l’« Avertissement de l’édition de La Haye de 1740 » (p. iii-x) et l’« Avis au lecteur, de l’édition de Sambix » (p. xi-xii) sont absents de la numérisation consultable dans Gallica. Ils figurent par contre dans la numérisation disponible sur Google Books de l’original provenant de la Bibliothèque municipale de Lyon.

3 De la même manière, D. Droixhe a montré par exemple que les Œuvres complètes de Beaumarchais parues sans lieu en 1780, en 4 tomes, provenaient du même atelier : « Signatures clandestines. Sur les contrefaçons de Liège et de Maastricht au XVIIIe siècle », La lettre clandestine, 1999, p. 195-235 ; « Signatures clandestines et autres essais sur les contrefaçons de Liège et de Maastricht au XVIIIe siècle », Studies on Voltaire and the Eighteenth Century 2001 : 10, p. 96-107 ; « Les contrefaçons maastrichoises d’Imirce de l’abbé Dulaurens par Jean-Edme Dufour (1774, 1776) », Le livre et l’estampe 53/167, 2007, p. 79-101 (en coll. avec C. Kleinermann).

4 G. Nypels, « Maastricht, de boekdrukkunst en de cultuur voor 1800 », ms., Maastricht stadsbibliotheek, 1971-1975, p. 21-22. Un rapport a pu unir Jean-Edme Dufour et Pierre Dufour, établi à Paris comme libraire en 1761, qui ouvrit un des premiers cabinets de lecture (J.-M. Pailhès, « En marge des bibliothèques : l’apparition des cabinets de lecture », Histoire des bibliothèques françaises. Les bibliothèques sous l’Ancien Régime, 1530-1789, dir. C. Jolly, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 1988, p. 415).

5 Silvio Corsini, « Vers un corpus des ornements typographiques lausannois du XVIIIe siècle. Problèmes de définition et de méthode », dans Ornementation typographique et Bibliographie matérielle, éd. M.-Th. Isaac, Mons, 1989, p. 139-158 ; La preuve par les fleurons ? Analyse comparée du matériel ornemental des imprimeurs suisses romands, 1775-1785, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 1999.

6 G.-Th. Raynal, Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce das Européens dans les deux Indes, éd. critique sous la dir. d’A. Strugnell, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2010, t. I, n° 1777 : O1a, p. lxv.

7 David Smith, Bibliography of the writings of Helvétius, Ferney-Voltaire, Centre international d’étude du XVIIIe siècle, 2001, O.3, p. 18-25.

8 N° 94 de la base Môriane, en ligne : http://www.swedhs.org/moriane. Voir aussi D. Droixhe, « Une contrefaçon liégeoise des Œuvres du philosophe de Sans-Souci », dans Formen der Aufklärung und ihrer Rezeption-Expressions des Lumières et de leur réception. Festschrift zum 70. Geburtstag v. Ulrich Ricken, éd. R. Bach, R. Desné, G. Hassler, Tübingen, Stauffenburg, 1999, p. 161-189.

9 D. Smith, Bibliography of the writings of Helvétius…, op. cit., A.4A, p. 357-360. Le texte sera repris au tome premier des Œuvres complettes d’Helvétius imprimées sous l’adresse de « Londres » par Dufour et Roux en 1776-1777 (Ibid., O.3, p. 18-25), Bruxelles, Bibliothèque royale, II, 53497 (2).

10 Marcel Deneckere, Histoire de la langue française dans les Flandres, 1770-1823, Gand, Rijksuniversiteit te Gent, Faculteit der letteren en wijsbegeerte, 1954 (Romanica Gandensia).

11 Voir H. Hasquin, « Le français à Bruxelles entre 1740 et 1780. Premier essai de quantification », Études sur le XVIIIe siècle, 6, 1979, p. 193-200.

12 J. A. Gruys & C. de Wolf, Thesaurus 1473-1800. Nederlandse boekdrukkers en boekverkopers, Nieuwkoop, De Graaf, 1989, p. 121.

13 Ibid., p. 15

14 Ibid., p. 50.

15 Ibid., p. 98.

16 Ibid., p. 125 ; A. Perrin, Almanach de la librairie, préface par J. Vercruysse, table analytique par J.-M. Collins, Aubel, Gason, 1984, 106 (Livre, idées, société, série in-8, vol. 5), p. 103 [Leyde], 106 [Londres].

17 « Dutch Institutional Reading Culture in the Early Nineteenth Century : An Exploration and a Comparison », Journal of Dutch Literature 3/1, 2012, p. 32.

18 Voir D. Droixhe, « La vente du fonds de librairie Thibaut-Bassompierre », La vie wallonne 57, 1983, p. 118-121.

19 On se souviendra du caractère précurseur du programme de recherche sur la Méthodique mis en route par Pol Pierre Gossiaux dans les années 1980, dans le cadre du cercle d’étude « Homo classicus » de l’Université de Liège. Voir son article sur « L’Encyclopédie liégeoise (1778-1792) et l’Encyclopédie nouvelle. Nostalgie de la taxis », dans Livres et Lumières au pays de Liège (1730-1830), éd. D. Droixhe, P. P. Gossiaux, H. Hasquin et M. Mat-Hasquin, Liège, Desoer, 1980, p. 199-236.

20 Notice des principaux articles de la bibliothèque du C. Vicq-Dazyr, médecin, dont la vente se fera le I er vendémiaire, de l’an 3e de la République française, à 5 heures précises de relevée, et les jours suivans, cour du Museum (le Louvre) la seconde porte à droite, en entrant par la rue du Coq-Honoré, Paris, Huzard, an II [1794], p. 45, n° 959.

21 Catalogue de la bibliothèque de feu M. Charles Nodier, de l’Académie française, bibliothécaire de l’Arsenal, dont la vente aura lieu le samedi 27 avril 1844 et jours suivants, à 7 heures de relevée, place de l’Oratoire, 6, par le ministère de M e Husson, commissaire-priseur, assisté de M. J. Techener, libraire, Paris, Techener, 1844, p. 132. Sur les ventes des bibliothèques de Nodier : Chr. Mervaud et Chr. Paillard, « À la découverte d’un faux voltairien : Marginalia apocryphes sur les Observations critiques », Revue Voltaire 8, 2008, p. 285.

22 Elle est malheureusement absente – trop régionale peut-être – du Magasin de l’univers. The Dutch Republic as the Centre of the European Book Trade. Papers presented at the International Colloquium, held at Wassanaar, 5-7 July 1990, éd. C. Berkens-Stevelinck, H. Bots, P. G. Hoftijzer et O. Lankhorst, Leyde, Brill, 1992. Sur l’importance des catalogues de livres, voir Les ventes de livres et leurs catalogues, XVIIe-XXe siècle : actes des journées d’étude organisées par l’École nationale des chartes (Paris, 15 janvier 1998) et par l’École supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (Villeurbanne, 22 janvier 1998), réunis par A. Charon et E. Parinet, avec la collaboration de D. Bougé-Grandon, Paris, École des chartes, 2000.