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De l’argile au nuage. Une archéologie des catalogues (IIe millénaire av. J.-C.-XXIe siècle) sous la direction de Frédéric Barbier, Thierry Dubois & Yann Sordet

[Paris/ Genève] : Bibliothèque Mazarine ; Bibliothèque de Genève ; Éditions des Cendres, 2015, 429 p.

Claire MADL

Centre français de recherche en sciences sociales, Prague

Les catalogues de livres comme objet de recherche permettent d’aborder et de mettre en relation des problématiques particulièrement actuelles en sciences humaines et sociales : la matérialité des textes, la circulation des savoirs et l’ordre ou les catégories élaborées pour saisir ces derniers. Ainsi cette exposition, présentée à la Bibliothèque Mazarine à Paris du 13 mars au 13 mai 2015 puis à la Bibliothèque de Genève du 18 septembre au 21 novembre 2015, et le « catalogue de catalogues » qui en est issu sont-ils un instrument indispensable pour saisir en profondeur des questions que l’irruption du numérique semble avoir rendu urgentes mais qui ne l’ont pas moins été par le passé. Le catalogue de livres est matériel avec pour fonction de dompter la matérialité de l’inscription des textes qu’il recense, pour assurer leur accessibilité et par là leur présence dans le système de la communication intellectuelle. Il permet donc d’approcher au plus près les pratiques intellectuelles au centre de l’histoire sociale des textes et des savoirs. La distinction des différents domaines du savoir, l’interdisciplinarité, l’adaptation au médium, le « multi-usage » et la nécessité d’une forme de « standardisation » de la représentation ou « d’interopérabilité » des enregistrements, sont autant de sujets de réflexion que les auteurs de catalogues de livres ont pu manier quelle que soit l’époque à laquelle ils ont vécu.

Fruit d’une collaboration entre la Bibliothèque Mazarine et la Bibliothèque de Genève, l’exposition présentait majoritairement des documents issus de ces deux fonds ou de fonds français mais son propos ne se limitait pas à un territoire particulier car les objets exposés ont été choisis afin de couvrir dans son ensemble le champ de recherche que permettent d’aborder les catalogues de livres. Certes, les collections françaises ont été les plus sollicitées, l’on en a cependant extrait les documents français ou étrangers paradigmatiques. Peu de problématiques sont au final marginalisées par cette stratégie – seuls peut-être le lien entre l’enregistrement des savoirs et les constructions nationales ou encore le traitement de la langue des œuvres. Ces travaux bénéficient des résultats d’un champ de recherche très actif dont il est ici fait état, principalement dans sa dimension française, tout au long de l’ouvrage et dans la bibliographie sommaire livrée en annexe.

L’ouvrage, dont la présentation graphique et l’impression sont extrêmement soignées, se divise en deux parties. La première (p. 15-149) construit un panorama historique au long de dix chapitres disposés dans l’ordre chronologique des périodes étudiées. La seconde (p. 151-401) publie les notices détaillées des soixante-dix catalogues exposés à Paris puis à Genève. Chaque notice est dotée d’une bibliographie et d’une photographie de format généreux. Cette deuxième partie est elle aussi soumise à l’ordre chronologique de l’apparition des catalogues présentés mais les auteurs de l’exposition l’ont articulée selon cinq problématiques qui leur ont semblé dominantes à l’époque concernée, même si ces dernières ne limitent pas l’analyse à laquelle sont soumis les catalogues décrits : I. Une archéologie des catalogues (IIe millénaire av. J.-C.-XVe siècle) ; II. Nécessité bibliothéconomique et idéal encyclopédique (XVe-XVIe siècle) ; III. Le commerce et la politique des livres (XVIIe siècle) ; IV. Systématique et ouverture (XVIIIe siècle) ; V. Normalisation, mobilité, dématérialisation (XIXe-XXIe siècle). Une équipe de quarante-six éminents spécialistes européens et d’outre Atlantique a été rassemblée, dont les onze auteurs des dix chapitres « introductifs ». Ils font avec érudition et exhaustivité l’état de nos connaissances sur de véritables monuments de l’histoire culturelle européenne. Soulignons en outre l’effort permanent de problématisation auquel se sont soumis les auteurs jusqu’au sein de chaque notice. Dans son chapitre introductif, Yann Sordet définit avec ampleur le champ de recherche que permet de couvrir l’étude des catalogues. Ainsi les historiens des idées, des savoirs et des textes trouveront-ils, aussi bien dans les chapitres introductifs que dans les notices, des clefs d’entrées qui leur seront familières.

Sans prétendre à l’exhaustivité, nous reprendrons ici un certain nombre de problématiques développées par les auteurs en les illustrant de quelques catalogues présentés.

Matérialité & méthode archéologique

Comme indiqué dans le sous-titre, la méthode d’analyse de ces catalogues est archéologique. Les notices s’appliquent à reconstituer à partir de chaque objet matériel les représentations dont ils témoignent et les pratiques mises en œuvre aussi bien par leurs auteurs en amont que celles auxquelles ils se prêtaient en aval. L’analyse de l’inventaire périmé des livres de l’abbaye de Saint-Arnould de Crépy-en-Valois1, avec l’effacement partiel énigmatique de ses notices est un exemple parmi tous les autres. La liste lexicale cunéiforme sumérienne qui ouvre le catalogue témoigne, quant à elle, de la pérennité de la systématisation intellectuelle au moyen de la liste2.

Les auteurs font revivre les bibliothécaires, tel Thomas Hyde (1636-1703), bibliothécaire de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford, qui se plaignait du froid régnant dans les bibliothèques (Elaine Gilboy, p. 274), ou les libraires, comme Jacques-Charles Brunet (1780-1867) qui, témoin de la révolution induite par l’industrialisation, fut particulièrement sensible à l’évolution des goûts de son temps et s’appliqua à en rendre compte dans son manuel (Frédéric Barbier, p. 393). Ces listes s’animent de l’ingéniosité de leurs auteurs, comme par exemple les fiches du Catalogue de la Mazarine, que l’on réalisa sur le support disponible le plus adéquat : le verso vierge de cartes à jouer3. La reconstitution des pratiques demeure parfois inachevée et l’énigme encore voilée : pourquoi le catalogue de la bibliothèque de la Sorbonne imprimé après 1549, le fut sous forme de placards thématiques (n° 13) ?

Inventaires & mémoire

Les premières listes de livres dont nous disposons rendent compte de la fonction d’enregistrement, de support à la mémoire et de document légal du catalogue. Elles sont donc plus topographiques qu’ordonnées, livrant des informations précieuses sur les lieux du livre, au plus près de son emploi : la pharmacie ou le réfectoire des couvents par exemple, et non des « bibliothèques » dédiées (Anne-Marie Turcan-Verkerk, p. 50-52). Le décès est souvent l’occasion de dresser l’inventaire des livres. Le Compte-rendu de l’exécution du testament du duc Jean de Berry témoigne ainsi de l’extraordinaire collection du défunt (Paris, 1416, n° 7). Certaines listes sont élaborées lors de dons, de legs, de déménagements4. Tout aussi normatif est le désir de contrôle des lectures : du côté catholique, on trouve le premier « Index », publié en 1545 (Edict fait pas le Roy…, n° 16) et côté protestant le Catalogus librorum Bibliothecae Genevensis, premier inventaire des livres du Collège Calvin (1572, n° 18). On aurait peut-être pu introduire un de ces innombrables inventaires après décès notariaux qui, partout en Europe, ont permis aux historiens de saisir la culture écrite au cœur des maisons bourgeoises, bien qu’ils se distinguent par leur piètre qualité du point de vue bibliographique.

Représentation

Les catalogues sont par définition une représentation de la collection qu’ils enregistrent et ordonnent. Tandis qu’ils sont généralement périssables parce que produits intermédiaires appelés à être obsolètes, soit qu’ils deviennent l’image de quelque chose qui n’existe plus, soit que le contenu de ce qu’ils représentent évolue, certaines pratiques bibliographiques participent au contraire d’une politique de pérennisation et de représentation, propre à assurer le rayonnement de la personne ou de l’institution qui possède la bibliothèque. C’est le cas du Catalogue des imprimés de la Bibliothèque des rois de France (1739-1753, n° 47) ou encore celui de la bibliothèque Laurentienne de Florence établi par Angelo Maria Bandini (1764-1770, n° 51) dont Emmanuelle Chapron retrace les conditions de diffusion.

Même dans les États-nations les catalogues peuvent jouer ce rôle, tel le catalogue des manuscrits de la bibliothèque désormais « nationale » de France (1849, n° 65), ou ces Conseils pour former une bibliothèque historique de la Suisse (Berne, 1771, n° 53) qui est certes l’initiative d’un particulier mais ressortit à un travail de construction d’une identité nationale.

Sur ce thème de la représentation, la curieuse table des matières de la Bible, qui fait l’affiche de l’exposition et la couverture de son catalogue, renverse le sens de la représentation puisque la Bible y prend la forme d’une bibliothèque où chaque chapitre est symbolisé par un volume rangé sur une étagère5.

De l’identification à l’érudition

L’élaboration intellectuelle des classements occupa la plupart des gens du livre et se trouve donc centrale dans l’ouvrage. Non seulement l’ordre des catalogues est en phase avec les grandes classifications élaborées par les savants de leur époque (Isidore de Séville, Varron et Alcuin pour les temps les plus reculés ici abordés), mais les bibliographes ont largement contribué au travail érudit à l’ambition encyclopédique, entretenant des relations étroites et complexes avec l’histoire de l’érudition, en particulier avec l’historia litteraria (Jean-Pierre Vittu, p. 109-111). L’exemple le plus connu ici présenté est sans doute le catalogue de Conrad Gesner (Bibliotheca universalis, 1545, n° 17), mais aussi l’œuvre de Daniel Georg Morhof dont le Polyhistor6 est qualifié de somme du savoir et « instrument d’invention » par Françoise Waquet (p. 296).

Les bibliothécaires tentèrent d’élaborer pour les savants des instruments ne se limitant pas à l’empirisme des fonds particuliers qu’ils avaient la charge d’identifier afin que « les différences ne l’emportent jamais sur les similitudes » (Valérie Neveu, p. 67). Telle est par exemple la portée du catalogue de la bibliothèque du chancelier Pierre Séguier (1588-1672) établi après la mort de ce dernier7.

La réflexion sur la méthode fait ainsi partie intégrante de la construction des catalogues, comme l’explique Andrea De Pasquale à propos de l’œuvre de Giovanni Battista Audiffredi (1714-1794) et comme le montrent un certain nombre de traités (par exemple les Desseins, ou projects pour dresser une bibliotheque, parfaicte de La Croix Du Maine (1583, n° 19), ou le fameux Advis pour dresser une bibliothèque de Gabriel Naudé (1627, n° 27), celui de Michael Denis accompagnant la politique en faveur des bibliothèques publiques dans les pays des Habsbourg (1777-1778, n° 54), ou encore le traité programmatique postrévolutionnaire d’une bibliographie universelle de la France envisagée au lendemain de la Révolution8. L’histoire du catalogue des imprimés du British Museum9, dont l’introduction énonce les règles de réalisation du catalogue, montre que seule la capacité de résistance aux pressions diverses a permis aux bibliothécaires de construire des instruments durables et cohérents. Ces conflits sont à l’origine des meilleures élaborations raisonnées, où, lorsqu’ils n’ont pas été résolus, de dommageables anomalies (changements des principes de catalogage ou des clefs d’indexation). Si les portails numériques « lissent » aujourd’hui ces irrégularités, elles ne les effacent pas forcément et les connaître devient aussi difficile qu’indispensable.

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, plus sans doute que l’idée désormais partagée que l’ordre de la bibliothèque ne peut être une représentation universelle du monde mais demeure l’ordre que l’homme donne lui-même à ce monde, c’est l’augmentation du volume des collections qui empêche les contemporains d’achever leurs catalogues, comme le montre le projet du catalogue de la bibliothèque du marquis de Paulmy (1775-1787, n° 56). Le Systema bibliographicum de 1790 par Antoine Jossué Diodati (1728-1790), établi en dialogue avec Francis Bacon et l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, constitue sans doute la dernière exception (n° 59). Dès lors, la fonctionnalité devient prioritaire et vient le temps des choix et des partis-pris. Celui du libraire bibliographe Jacques-Charles Brunet fut de conserver un classement universel, à la longue postérité, mais de ne livrer qu’un choix d’ouvrages modifié au gré des éditions successives de son catalogue10.

Objet de la communication savante

Instrument de mémoire et de représentation, le catalogue de livres permet en outre d’engendrer un flux au sein de la communication savante dont il devint un objet à l’époque de l’humanisme (Isabelle Pantin, p. 79-84). Le De scriptoribus ecclesiasticis de Johann Tritheim (1462-1516) avec son index des auteurs en constitue un exemple (Bâle, 1494, n° 10). Plus que le catalogue de la Laurentienne déjà mentionné, celui de la bibliothèque Bodléienne d’Oxford (ici exposé dans l’édition de 1674), diffusé dans l’Europe entière, servit non seulement de modèle, mais aussi d’outil bibliographique. L’exemplaire de la Bibliothèque Mazarine (n° 35) a en effet été interfolié et adapté pour servir d’index des auteurs à cette bibliothèque. Ainsi le catalogue se doit-il d’être ouvert. Dans un souci de fédération beaucoup plus proche de nous, les prémisses des catalogues collectifs sont ici présentés avec le traité du bibliothécaire de la Smithonian Institution (Charles Coffin Jewett, 1816-1868) qui expose les principes de base de la fédération (standardisation, vérification, partage de données) dans son traité On the Construction of catalogues of libraries (1853, n° 67). Le XIXe siècle est aussi celui où se construit la bibliographie allemande avec ses projets rétrospectifs qui inspireront les Français, mais aussi l’organisation particulière de ses bibliothèques universitaires très peu reprise en France (Frédéric Barbier, p. 113-123).

La circulation marchande des textes

Une série de catalogues rendent compte du circuit marchand des livres avec des exemples moins anciens que ne l’est le phénomène, puisque la première liste de livres de type commercial ici mentionnée est un placard dû à Peter Schoeffer lui-même (ca. 1425-ca. 1503) datant de 1469-1470 (ill. p. 27). Les catalogues des foires de Francfort illustrent ce genre. L’exemplaire ici exposé (n° 25) est de 1633, alors que le premier dont nous disposions date de 1564, mais Ursula Rautenberg et Nikolaus Weichselbaumer retracent l’histoire de cette source incontournable. De même, le catalogue de l’éditeur rotterdamois de Pierre Bayle, Reinier Leers (1654-1714), permet à Otto Lankhorst de reconstituer, autour de la pratique éditoriale de la sérialité, les stratégies commerciales des éditeurs des Provinces Unies dont les produits se vendirent dans l’Europe entière (1691, n° 38). Parmi les catalogues qui se spécialisent pour servir une clientèle particulière, et se font l’instrument d’un régime exclusif de distribution du livre, proche de celui des innombrables catalogues de ventes aux enchères aujourd’hui conservés, l’exposition présentait la Bibliographie instructive ou traité de la Connaissace des livres rares et singuliers, de Guillaume François Debure (Paris 1763-1768, n° 50).

Ouverture & accessibilité

Le premier impératif dont la satisfaction passe parfois par l’abandon de l’ambition encyclopédique, est celui de l’accessibilité et donc du service à l’utilisateur. Les auteurs situent en effet au XVIIIe siècle le basculement vers la prédominance de la logique de l’utilisateur avec une étude sur trois types de pratiques de la lecture à partir du terrain suisse (académie, société de lecteurs, prêt et entreprise commerciale (Thierry Dubois, p. 91-108) 11. Le catalogue paradigmatique de cette époque est celui mis au point par Paolo Maria Paciaudi (1710-1785) pour la Bibliothèque palatine de Parme, premier catalogue évolutif où la fiche est le produit définitif du travail du bibliographe et non plus un stade intermédiaire de l’enregistrement (1761, hors exposition mais n° 49 du catalogue). Dès avant cette époque néanmoins, le catalogue résultait d’une adaptation aux nécessités de la pratique, d’une négociation et de l’établissement de compromis entre représentation fidèle, érudition et accessibilité. Comme l’indique Anne-Marie Turcan-Verkerk, p. 56, le catalogue est indispensable pour dépasser l’ordre individuel, le propriétaire se retrouvant toujours dans sa bibliothèque. On notera que face aux difficultés, l’intérêt de l’ordre alphabétique est apparu plus tôt qu’on ne le considère généralement (Yann Sordet, p. 38), bien avant qu’il ne soit régulièrement associé au catalogue systématique, c’est-à-dire au XVIIIe siècle (Andrea De Pasquale, p. 85).

Combiner ordre du savoir et rangement physique des livres, ordre intellectuel et topographie, est l’objectif de la cote et l’on notera l’ingéniosité des bibliothécaires pour rendre accessible cet ordre abstrait. Ainsi le catalogue du collège de la Sorbonne, dont le statut est de facto celui d’un programme d’étude et d’un instrument normatif canonique, facilitait néanmoins l’accès aux ouvrages en introduisant des couleurs immédiatement perceptibles et symbolisant chacune une faculté universitaire12.

Le registre de prêts de la bibliothèque de la Sorbonne livre lui aussi témoignage des tactiques des bibliothécaires pour satisfaire aux besoins des lecteurs tout en faisant œuvre de conservation. Il s’étend sur une période suffisamment longue pour montrer l’évolution des pratiques d’enregistrement avec la mise en exergue du nom des emprunteurs, l’ajout de signets et la confection de tables nominales13. L’avant dernier chapitre (par Amélie Roche) raconte brillamment l’épopée du catalogue sur fiches qui consacra la suprématie de l’utilisateur puisque ce dernier se vit mettre à disposition par les bibliothécaires, non seulement les livres, mais aussi des catalogues évolutifs.

On comprend la difficulté à exposer ces imposants fichiers mais l’on regrettera qu’une exposition « matérielle » du contenu des deux derniers chapitres du volume n’ait pas été tentée. L’exposition rendait très peu compte des évolutions les plus récentes – ce qui donne à la trouvaille du titre un caractère un peu trompeur pour celui qui se contenterait d’aller voir l’exposition (les lecteurs de la Mazarine et de la Bibliothèque de Genève par exemple). Or une présentation des catalogues numériques actuels n’aurait nécessité qu’un ordinateur. Rappeler les étapes de l’accessibilité numérique, l’impact de la mise en réseau sur Internet, mettre en lumière, à partir d’exemples de recherche concrets, l’importance de la structuration des données aurait permis aux visiteurs de faire le lien entre les thèmes de l’exposition et leurs pratiques quotidiennes de recherche, comme le fait le dernier chapitre analytique du catalogue14.

Les utilisateurs des catalogues et portails de recherche d’aujourd’hui sont en effet souvent bien démunis pour mettre en œuvre de façon efficace des recherches dont l’apparente facilité peut se révéler n’être qu’un leurre. Or les thèmes ici abordés avec expertise les aideront certainement à analyser leurs outils et leurs procédures de recherche et acquérir le recul indispensable face à la surabondance. Si Georges Perec définissait l’entropie comme une bibliothèque qu’on ne rangerait pas, c’est en effet que l’enjeu de cet ordre des livres n’est rien moins que de donner sens au monde qui nous entoure.

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1 Inventaire inscrit au verso resté libre du folio 155 du manuscrit des Enarrationes in Psalmos d’Augustin d’Hippone conservé à la Bibliothèque Mazarine (XIe siècle, n° 4). Nous indiquons les numéros dans le catalogue. Les dates d’édition des imprimés sont celles des exemplaires exposés.

2 Fragment de la liste lexicale Lu2-Azlag : Ašlaku. Fragment d’une grande tablette cunéiforme en argile, d’époque paléo-babylonienne, 2004 1595 av. J.-C., n° 1.

3 Catalogus librorum Bibliothecae Mazarineae ordine alphabetico digestus, vers 1740, n° 46.

4 Liste de vingt et un livres datant du 2e tiers du IXe siècle en appendice d’un manuscrit de la Bibliothèque de Genève : De compendiosa doctrina de Nonius Marcellus (n° 2) ou encore la Liste de Transport ; Rolle des livres de Monseigneur le duc de Rohan, Lyon, 1632, n° 29.

5 Bible historiale, Paris ?, 1414-1420, n° 8.

6 Lübeck, Peter Böckmann, 1708, n° 40.

7 Bibliotheca Coisliniana, Paris, Louis Guérin et Charles Robustel, 1715, n° 44.

8 Instruction pour procéder à la confection du Catalogue de chacune des bibliothèques, Paris, Imprimerie nationale, 1791, n° 60.

9 Catalogue of Printed Books in the British Museum, Londres, Trustees of the British Museum, 1841, n° 64.

10 Manuel du libraire et de l’amateur de livres, Paris, Firmin Didot, 1860-1865, 6 vol., n° 69.

11 Figure dans le catalogue le Nouveau catalogue du cabinet littéraire de Genève (1789, n° 58)

12 La Biblionomia de Richard de Fournival, XIVe siècle, n° 5.

13 Diarium Bibliothecae Sorbonae, XVe-XVIe siècles, n° 12.

14 Françoise Bourdon, Gildas Illien, Mélanie Roche : « Le catalogue des temps modernes, entre discipline et dissémination » p. 137-149