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La bataille de l’imprimé en Catalogne à l’époque de la Guerre de Séparation (1640-1652)

Alain HUGON

Professeur en histoire moderne, Normandie Université, France, UCBN, Centre de recherches en histoire quantitative, UMR 6583 CNRS, F-14032 Caen, France

Mathias LEDROIT

Université Paris-Sorbonne Paris IV – CLEA

Dans le contexte de la guerre opposant la France et l’Espagne depuis 1635, des soulèvements populaires se produisirent en Catalogne, notamment dans les campagnes, à la suite du déplacement, en 1637 à Leucate, dans le comté du Roussillon, des combats qui, jusqu’alors, s’étaient déroulés dans les provinces basques espagnoles. Entre les mois de janvier et de juin 1640, ces affrontements se répandirent dans l’ensemble de la Principauté et culminèrent à Barcelone à l’occasion des révoltes populaires du 22 mai et du 7 juin, cette dernière journée se soldant par la mort du vice-roi Santa Coloma et de plusieurs juges de la Real Audiencia1. La Catalogne se trouva alors plongée dans le chaos et, malgré les tentatives de réconciliation menées auprès du roi par les ambassadeurs de la Generalitat pour parvenir à une solution pacifique2, le Conseil d’État décréta, le 14 août 1640, sous l’impulsion d’Olivares, favori de Philippe IV, l’envoi de troupes supplémentaires en Catalogne, dans le but d’y rétablir l’ordre public et de restaurer l’autorité royale. En réaction, la Diputació del General de Catalogne et le Consell de Cent de Barcelone, qui voyaient dans cette mesure une expédition punitive, convoquèrent le 27 août 1640 une junta de braços extraordinaire réunissant les trois ordres (braços) – militaire, ecclésiastique et populaire – afin d’organiser la défense de la province, ce qui marqua le début de la révolte des Catalans qui dura jusqu’en 1652 et au cours de laquelle la Catalogne déposa Philippe IV pour passer sous l’obédience du roi de France. L’assemblée comprit très vite l’intérêt d’investir les imprimeries-librairies barcelonaises pour mettre en œuvre une large entreprise de propagande justifiant leur opposition à l’autorité royale, en prenant appui à la fois sur les effets néfastes des logements des soldats et de la guerre, ainsi que sur les nombreuses infractions aux lois et aux privilèges du royaume – les fueros – auxquelles s’étaient livrés les agents royaux depuis 1635, mais aussi, plus généralement, depuis l’avènement de Philippe IV en 1621. En effet, ces manquements aux lois avaient donné lieu, entre 1622 et 1638, à de nombreuses polémiques entre, d’une part, les partisans des institutions catalanes et, de l’autre, les défenseurs des intérêts de la Couronne3, ce qui s’était traduit, pour la production imprimée, par une explosion éditoriale que les historiens catalans qualifient de « guerre de papiers », laquelle s’intensifia pendant la révolte des Catalans4. Dans les pages qui suivent, il s’agira de présenter et de décrire une partie de ce corpus, pour en cerner les principaux enjeux, et pour tâcher, dans un second temps, d’esquisser les principaux écarts que ce dernier présente avec l’exemple français des mazarinades.

La parution, dans les premiers jours du mois d’octobre 1640, de la Proclamación Católica de Gaspar Sala5, à la demande de la municipalité de Barcelone, provoqua une vive indignation à la Cour, comme le rapportait le polygraphe José Pellicer y Tovar dans son aviso du 23 octobre : « Toutes les possibilités de parvenir à accord furent réduites à néant […] lorsque les Conseillers et le Conseil des Cent de la ville de Barcelone envoyèrent un livre imprimé […], intitulé Plainte Catholique […], où […] ils présentent à Sa Majesté les causes pour lesquelles ils œuvrent et, en dernière instance, ils concluent en faisant preuve de la plus grande effronterie dont ont jamais fait preuve des vassaux envers leur Roi6. » Pellicer ajoutait que Philippe IV avait interdit à ses partisans de répliquer aux attaques proférées par les institutions catalanes, ce qui, pour autant, n’avait pas empêché certains hommes de lettres, pour la plupart proches du Comte-Duc7, de publier des opuscules destinés à réfuter un à un les arguments avancés par Gaspar Sala. Parmi les textes qui bénéficièrent d’un grand écho, on citera, entre autres, El Aristarco de Francisco de Rioja (1640) 8, La Rebelión de Barcelona de Francisco de Quevedo9 et La Idea del Principado de Cataluña de José Pellicer (1642) 10. En Catalogne, dans la tourmente des premiers affrontements entre les bataillons catalans et les troupes du maréchal de Los Vélez, et face à l’imminence d’un pacte entre les institutions catalanes et la monarchie française, parurent plusieurs textes visant à défendre la légitimité de Philippe IV et l’illicéité d’une alliance avec la France. Le premier texte anonyme – mais attribué à l’inquisiteur Juan Adam de la Parra11 – parut en novembre à Tortosa sous le titre de Súplica de Tortosa12. Selon le compte rendu des sessions de la junta de braços, ce manifeste aurait grandement œuvré en faveur de la reprise de la ville et du sud de la Principauté par les troupes de Philippe IV. D’autres manifestes parurent simultanément, parmi lesquels on citera La Justificación Real d’Alonso Guillén de la Carrera, La Estrecha Amistad que profesamos d’Alexandre Ros, et l’opuscule anonyme ¿Por qué ? ¿Para qué ?13. Incapables de contrôler la diffusion de ces textes, les institutions insurgées cherchèrent dès lors à limiter leur portée et à calmer les craintes suscitées par les rumeurs d’une alliance avec la France, mais aussi pour contrer les promesses de pardon général faites par Philippe IV dès les derniers mois de 1640. Elles s’appuyèrent, pour ce faire, sur les relaciones de sucesos14, un genre éditorial très en vogue à Barcelone – et plus généralement en Espagne – depuis le début du xviie siècle.

Les relaciones de sucesos sont des imprimés de quelques pages – entre le format placard, peu commun, il faut l’avouer, au XVIIe siècle, et un petit cahier d’une quinzaine de feuilles pliées en deux, bien que la grande majorité n’excède pas les quatre pages. Ces documents relatent un événement advenu, plus rarement deux ou trois, le plus souvent liés entre eux. On trouve aussi, plus rarement, des récits inventés mais présentés comme vraisemblables. Ces occasionnels ont trois objectifs principaux : informer le public d’un événement en particulier, le divertir et l’émouvoir. Ils abordent des thèmes aussi divers que des événements politiques marquants, des batailles, des autodafés, des événements dynastiques, des fêtes religieuses, civiques ou nobiliaires, des voyages, des événements extraordinaires, des naissances de monstres, des catastrophes naturelles ou encore des miracles15.

L’apparition de ce genre éditorial est, en fait, bien antérieure au déclenchement de la révolte catalane. Henry Ettinghausen note le début d’une régularité dans la publication à partir de 1620, bien que des inventaires plus récents, élaborés à partir de la mise en commun de documents procédant de différentes collections16 montrent que l’on peut commencer à parler de régularité dès 1601, puisque c’est à partir de cette date que l’on recense entre 1 et 80 documents conservés par an, avec une production plus soutenue entre 1641 et 1643 – on atteint 87 documents conservés pour l’année 1641 –, ce qui correspond au « grand boom » de relaciones de sucesos17.

Ces chiffres ne font, bien entendu, que traduire des tendances données à titre indicatif. D’une part, parce que le corpus reste ouvert : les fonds documentaires sur lesquels travaillent les historiens comptent plusieurs milliers de documents de nature très diverse et toutes les relaciones de sucesos n’ont pas encore été inventoriées. D’autre part, parce qu’il s’agit d’un genre éditorial éphémère qui, dès l’origine, n’est pas destiné à être conservé18, de sorte que l’on est encore aujourd’hui incapable d’évaluer la proportion des textes qui ne nous sont pas parvenus. Toutefois, cette augmentation significative durant la première moitié du XVIIe siècle montre bien le succès dont bénéficia ce type de textes, ce qui explique pourquoi les institutions catalanes révoltées l’investirent pour légitimer, le plus largement possible, leur engagement ainsi que leur alliance avec la France, et pour informer les Barcelonais, friands de nouvelles19, de l’avancée des combats contre les soldats castillans et des victoires de la coalition franco-catalane.

On est assez mal renseigné sur le mode d’élaboration, de diffusion et de circulation des occasionnels pour ce qui concerne la période allant de la seconde moitié du XVIe siècle à la première moitié du XVIIe20. On ne dispose, par exemple, de pratiquement aucun renseignement sur les auteurs : les textes sont, pour la plupart, anonymes et, lorsqu’apparaît un nom d’auteur, il s’agit soit d’un pseudonyme, soit d’un personnage non identifiable. Pour ce qui concerne le système de circulation – c’est-à-dire de vente – l’historiographie est partie de l’hypothèse que ces occasionnels étaient vendus dans les rues de la capitale catalane par des aveugles, d’où le nom de « literatura o relaciones de ciegos » qu’on leur attribuait déjà au XVIIe siècle. Or, s’il est vrai que dans l’imagerie populaire de l’époque moderne les relaciones de sucesos étaient fortement associées à la figure de l’aveugle qui criait le titre dans la rue ou en récitait des extraits pour attirer des clients potentiels, rien, dans la documentation, à l’exception de ces quelques rares allusions, ne laisse penser, pour l’instant, que les aveugles aient pu jouer ce rôle de premier plan qu’on leur attribue. En effet, dans l’ordonnance de 1339 de fondation de la confrérie des aveugles de Barcelone, il n’est fait aucune mention d’un quelconque monopole accordé par Pierre IV à cette confrérie qui avait essentiellement une vocation caritative et religieuse21. Juan Gomis Coloma, qui s’est intéressé à cette question pour la ville de Valence, remarque que tout comme à Barcelone, l’ordonnance fondatrice de la confrérie et les différentes réformes réalisées au cours de l’époque moderne ne faisaient aucunement mention de cette relation entre la littérature de colportage et les aveugles avant le XVIIIe siècle et, plus précisément, avant la réforme de 1748 qui octroya à la confrérie le monopole de la vente d’imprimés à Valence22. Un travail resterait donc à faire en étudiant, notamment, l’évolution de la confrérie des aveugles de Barcelone.

Outre ces interrogations que soulève encore aujourd’hui l’étude des imprimés barcelonais, se pose celle du lectorat, car il n’existe aucune source permettant de l’identifier avec précision. Dans les textes faisant référence aux occasionnels, les lecteurs sont désignés par le vocable « vulgo » ce qui n’aide en rien, dans la mesure où le terme désigne, dans la langue classique, tous ceux qui n’appartiennent pas à la noblesse. Une étude plus attentive de certains documents permet cependant d’avancer l’hypothèse selon laquelle les relaciones de sucesos étaient principalement destinées à un public urbain qui entretenait un contact régulier avec la lecture, voire avec l’écriture, et que ce public était relativement nombreux. En effet, le nombre d’exemplaires de certains de ces imprimés dépassait le millier d’exemplaires dans la ville de Barcelone, qui comptait alors environ 40 000 habitants23. Ce lectorat correspondrait aux différentes élites des sociétés citadines de l’Espagne classique, aux agents de l’administration et aux élites marchandes24. Cette hypothèse de travail est de surcroît corroborée par le choix linguistique opéré par les auteurs. Si depuis le XVIe siècle, les principales institutions catalanes – Cortès, Real Audiencia, Generalitat, municipalités comme le Consell de Cent de Barcelone – employaient le catalan comme langue officielle, une lente et progressive castillanisation de la société s’était néanmoins produite, à mesure de l’influence croissante de la monarchie des Habsbourg sur les affaires aragonaises et donc catalanes. Cet ascendant s’était fait sentir en particulier au sein des élites politiques, culturelles et marchandes de la Principauté qui entretenaient alors d’étroites relations avec la couronne voisine25. Et de fait, avant l’éclatement de la révolte catalane, le castillan était utilisé dans 90 % de la production d’occasionnels, alors que le catalan ne représentait, lui, que les 10 % restant26. Cette tendance s’inversa toutefois brutalement à partir de 1641, quand le catalan devint la principale langue de publication, ce qui ne signifia pas pour autant qu’il y ait eu une volonté automatique, mécanique, d’imposer le catalan face au castillan, dont on pourrait penser qu’il serait devenu la langue de « l’ennemi ». La portée politique, voire religieuse de la revendication linguistique exista bel et bien pendant la révolte ; le castillan fut en effet déconseillé comme langue de prédication à partir de 1637 (à la suite du Concile provincial de Tarragone), ce qui rejoignait la préoccupation linguistique dans l’évangélisation27. Cependant, il demeure frappant que des usages fondamentaux de la langue castillane aient été employés par les autorités catalanes insurgées : ainsi, dans le texte de retrait d’obédience, cette question linguistique n’est-elle même pas mentionnée ; au cours des négociations des Catalans avec les autorités monarchiques françaises, les discussions se déroulèrent en castillan ; quant au sermon funèbre rédigé par Gaspar Sala pour les funérailles de Pau Claris (président de la Generalitat), intitulé Lágrimas catalanas (1641), il fut imprimé en castillan, ce qui illustre l’absence de lien automatique entre langue et pouvoir28.

On connaît mieux, en revanche, les imprimeurs qui ont contribué à la diffusion de ces documents. Dans la première moitié du XVIIe siècle, Barcelone comptait sept officines typographiques, toutes réparties dans la zone artisanale et commerciale de la ville, c’est-à-dire autour de l’actuelle Via Laietana, près de la place Sant-Jaume, où se situait le siège des principales institutions civiles et ecclésiastiques de la Principauté29. Au cours de la révolte de 1640, les sept ateliers consacrèrent une partie significative de leur production au genre des occasionnels, sans pour autant interrompre leur production de livres. Quatre des sept imprimeurs se distinguèrent cependant, tant dans la production d’occasionnels que dans la diffusion des manifestes de propagande des institutions catalanes : Jaume Romeu, Pere Lacavalleria, Gabriel Nogués et la famille Matevat (Sebastià et Jaume), dont l’atelier fut repris par la veuve de Jaume à partir de 1644 – et c’est, précisons, dans ce dernier que furent imprimés les principaux manifestes de propagande commandés par le Consell de Cent.

Aussi est-il difficile d’établir une comparaison trop stricte avec les mazarinades, car les institutions ont exercé un contrôle rigoureux sur la production imprimée depuis la censure préalable sur les livres instaurée en 1502 par les Rois catholiques jusqu’aux nombreuses pragmatiques, dont celle de 1627 qui visait en priorité ce type de publication :

Et de même, que l’on n’imprime ou estampe ni relations, ni lettres, ni apologies, ni panégyriques, ni gazettes, ni nouvelles, ni sermons, ni discours ou papiers relatifs aux affaires d’État et de gouvernement, ou de tout autre genre, ni mémorial, ni poésie, ni dialogue ni rien d’autre, bien qu’ils fussent très brefs ou de quelques lignes à peine, sans que ces documents fassent et portent mention d’une censure préalable et de l’approbation à la Cour d’un des membres du Conseil, qui aura été nommé par un commissaire, lequel le confiera [le document] à celui qu’il jugera compétent. Dans les villes où siège une Chancellerie ou une Audience, que l’on recoure au président ou au régent de ces dernières, ou à leurs ministres les plus expérimentés, et dans les autres localités de ces royaumes, que le rôle d’accorder des licences et des approbations revienne au justicia, lequel déléguera à des personnes qualifiées et expertes de chacun des genres précités30.

Les sanctions encourues par les imprimeurs et les libraires qui ne se seraient pas soumis aux règles étaient relativement lourdes, puisque la pragmatique prévoyait en effet une amende pouvant s’élever jusqu’à 100 000 maravedíes, à laquelle s’ajoutait une peine de bannissement et de confiscation des biens lors de la troisième contravention, ce qui explique pourquoi, sur l’ensemble du corpus réuni, seule une infime proportion de documents ne se soumet pas aux exigences précitées, sans pour autant offrir un contenu subversif ou factieux. Ces quelques éléments appellent à nuancer la thèse formulée par Antonio Maravall suivant laquelle on se trouverait face à l’émergence d’une culture qui se serait développée en marge des institutions31, car le contenu des occasionnels est toujours conforme à ce que les institutions chargées de la censure toléraient, ce qui ne manque pas de provoquer l’indignation de certains hommes de lettres, tels que Lope de Vega ou encore Tomás Tomayo de Vargas32.

Ces quelques éléments permettent de mieux comprendre l’intérêt des autorités catalanes insurgées pour les imprimés de toute nature, et tout particulièrement pour les occasionnels. Qu’elles aient été écrites en catalan ou en castillan, les relaciones de sucesos visaient d’abord à informer les populations du déroulement des événements. Certes, le lien étroit entretenu entre les imprimeurs et les autorités locales permettait l’encadrement de ces informations en vue de ne transmettre que les nouvelles favorables aux autorités tout en tâchant d’offrir aux imprimeurs-libraires le plus grand bénéfice, grâce à des tirages importants. Cela considéré, les relaciones évoquaient différents types d’actualité, ce qui a parfois conduit les historiens à les considérer comme des précurseurs de la presse33.

Logiquement, il y eut un grand nombre de relaciones traitant des événements militaires qui se déroulèrent durant cette guerre de douze ans opposant le roi d’Espagne et ses sujets catalans34, qu’il s’agisse de la victoire catalane de Montjuich en janvier 1641, du siège de Tarragone sur mer et sur terre entre mai et août 1641, des victoires franco-catalanes en Roussillon durant l’hiver et bientôt du siège de Perpignan et de Salses. Plus tard, les aléas des combats et du siège de Lérida (Lleida) occupèrent de nombreuses relaciones de sucesos du côté franco-catalan et du côté de la monarchie espagnole. Les combats autour de Tortosa, les diverses campagnes militaires dirigées par les maréchaux et vice-rois français, nommés par le roi de France – de La Mothe Houdancourt à Brézé et Condé – trouvèrent un large écho dans ces canards35. Les nouvelles des combats navals ne furent pas en reste et nombre d’imprimés en décrivent les affrontements sur mer, ainsi que les sièges maritimes36.

Tout aussi logiquement, ces relaciones dressaient la liste des atrocités commises par l’ennemi, comme la Copie de la Lettre que l’excellentissime Seigneur Maréchal de la Mothe a écrite à l’excellentissime seigneur marquis de Hinojosa, général de l’armée du roi de Castille, à propos des inhumanités qu’ont ordonné les marquis de Torrecusa et de Mortara contre les Catalans, un imprimé de 164237. Ces atrocités furent peut-être exagérées, mais elles prenaient leur source dans l’inexpérience des troupes franco-catalanes, composées pour l’essentiel de combattants peu aguerris et rarement rémunérés, et de contingents castillans, formés de miliciens, d’étrangers et de soldats enrôlés de force, tout aussi mal soldés et peu entraînés38. Aux exactions commises par les tercios, lesquels se trouvèrent à l’origine d’un grand nombre de révoltes populaires sous l’Ancien Régime39, s’ajouta la conviction répandue que les troubles politiques et militaires qui intervenaient dans une conjoncture économique désastreuse étaient étroitement liés avec des comportements religieux déviants, en particulier avec des pratiques impies, voire hérétiques, des contemporains. Arme de propagande aux mains des autorités catalanes et castillanes, les relaciones de sucesos mêlèrent accusations religieuses et dénonciations de la violence des militaires afin de renforcer leur réquisitoire contre l’adversaire. Ainsi, toujours en 1642, fut publiée à Barcelone une Relation authentique des hostilités et sacrilèges que l’armée du roi de Castille a commis contre les Églises et les sacrements où étaient le St sacrement et les autels, et l’incendie depuis Tarragone jusqu’à Torra de Segre, dans les lieux et villes où elle est passée40. La violation de lieux saints par la soldatesque, allant jusqu’à profaner des autels et le Saint-Sacrement, apparaissait comme le comble des horreurs de la part de troupes que Dieu semblait avoir abandonnées (et que les autorités avaient oublié de solder) : l’impiété et l’avidité confirmaient bien le caractère hérétique de leur combat. De fait, l’argument religieux occupait une place importante au sein de la propagande politique développée par les relaciones de sucesos : dans quelle mesure les populations y adhérèrent-elles ? Ainsi, l’incendie mentionné dans le titre de cette relation faisait clairement allusion aux violents combats qui avaient eu lieu à Tarragone entre les troupes franco-catalanes et celles de Philippe IV et aux excès des militaires et de leurs officiers. Bien d’autres opuscules relatent ces méfaits des soldats au cours d’opérations militaires et de passages de troupes.

L’interprétation de l’issue des batailles constituait aussi un des éléments centraux pour la propagande : parfois, on y retrouvait mêlées les interventions célestes et surnaturelles avec les événements militaires. Ainsi voit-on imprimer et diffuser en Catalogne une Relation de la destruction que la pluie a faite sur l’armée ennemie et des armes qu’elle a laissées41. Ce canard favorable à la séparation de la Catalogne d’avec la Castille insistait sur la protection divine accordée à la Principauté et au roi de France, puisque les armées ennemies y furent repoussées par la pluie, ainsi qu’avec le concours des forces franco-catalanes dirigées par le maréchal Lamothe Houdancourt.

La diffusion de nouvelles extraordinaires comme celle de la pluie faisant reculer les armées s’accompagnait souvent d’autres éléments religieux. L’appel à la protection des saints locaux constituait un des éléments caractéristiques de nombreux textes édités lors de la guerre. Cet appel aux intercesseurs prenait ses racines dans la marque identitaire étroitement liée au patronage religieux de la communauté et dans la conviction de la puissance de la médiation des saints entre le monde céleste et le monde temporel. Cela explique l’abondance des fêtes en l’honneur des saints patrons dans les cités révoltées, et en premier dans la capitale barcelonaise. La Relation des fêtes que l’illustre cité de Barcelone a consacrées à son illustre patronne, sainte Eulalie, en action de grâce de la victoire obtenue à Monjuich42, éditée en 1641, confirme l’attachement des citadins à leur sainte patronne. L’action de grâce adressée à sainte Eulalie emporta l’adhésion de la population et des élites pour manifester l’union et la concorde du monde urbain. Dans les opuscules qui retracent ces fêtes, il est fréquent d’y trouver des gravures qui représentent la sainte43. Son image est codifiée : on peut la reconnaître aisément, car elle est dotée de la palme du martyre, de la croix de saint André, de l’écu de la cathédrale éponyme de Barcelone, et de l’écu d’un ecclésiastique. Parfois, on trouve en arrière-plan la ville elle-même, ce qui exprime clairement la protection que la présence de la sainte offre à la cité (ill. 1) 44.

Illustration n° 1 – Gravure anonyme, dans Francesc Martí i Viladamor, Noticia universal de Cataluña, 1640 (Biblioteca de la Universitat de Barcelona, C-239/6/12-2).

De semblables actions de grâce et le recours à la médiation de saints patrons par des autorités en quête de légitimité apparaissent comme des constantes dans la plupart des mouvements de contestation des pouvoirs établis durant l’Ancien Régime : le poids considérable de san Gennaro dans la ville de Naples révoltée en 1647-1648 répond aux célébrations barcelonaises de sainte Eulalie45. En juin 1652, à Paris, les principaux frondeurs se disputèrent sur l’usage des reliques de sainte Geneviève, sainte protectrice de Paris, ce qui n’en provoqua pas moins ce que Robert Descimon qualifia de « plus grande manifestation de masse du XVIIe siècle dans la capitale46 ».

Plusieurs historiens ont affirmé que l’on pouvait trouver dans ces textes la marque de l’expression d’une opinion publique parfois critique vis-à-vis du gouvernement royal. Or, cette conclusion doit donner lieu à une certaine prudence, car, on l’a vu, le discours véhiculé par ces documents est entièrement encadré et contrôlé par la Generalitat et la municipalité de Barcelone. Peut-on dès lors qualifier ces documents de révolutionnaires ? Oui, dans la mesure où ils justifiaient la déposition de Philippe IV et l’élection de Louis XIII comme comte de Barcelone en janvier 1641. Toutefois, les relaciones de sucesos parues au cours de la révolte de 1640 diffusaient le discours officiel des institutions révoltées et des autorités franco-catalanes, lesquelles se contentaient de publier les informations qui leur étaient utiles à justifier leur politique et passaient sous silence les victoires de l’ennemi, sans jamais recourir aux éléments orduriers comme arme politique. En effet, s’il arrivait qu’elles noircissent l’adversaire, célèbrent les victoires du camp de l’auteur (et du commanditaire), évoquent la protection divine à l’image des mazarinades, elles paraissent se distinguer de ces dernières par une absence d’attaques directes et violentes à l’encontre du souverain. Certes, dans ces textes, Philippe IV était réduit au titre de roi de Castille. Toutefois, les attaques ad hominem étaient peu nombreuses et concernaient surtout le valido, c’est-à-dire le favori du roi : Gaspar de Guzmán, comte-duc d’Olivares, au pouvoir depuis 1621 jusqu’à sa disgrâce en janvier 1643, moins de trois ans après le commencement de la révolte catalane, comme l’indique par exemple la Relation très authentique des cruautés et impositions du comte duc d’Olivares dans toute la monarchie d’Espagne et en particulier la volonté pervertie avec laquelle il a souhaité détruire et annihiler la Principauté de Catalogne et la ville de Barcelone47. À en croire les travaux de María Soledad Arredondo, on ne trouve guère de libelles infamants ou orduriers, à l’image de certaines mazarinades qui diffamaient le cardinal Mazarin et la reine Anne d’Autriche. Pourtant, Diego de Saavedra Fajardo écrivait à propos des campagnes pamphlétaires : « Que de libelles infamants, que de pasquins malins, que de prétendus parnasses n’ont-ils pas été répandus contre la monarchie d’Espagne48. » Dans tous les cas, s’il y a bien des attaques contre les dirigeants espagnols, elles ne prirent jamais une tournure obscène comme ce fut le cas en France avec les mazarinades.

En revanche, comme dans ces dernières, des formes rimées, voire poétiques, furent parfois employées pour dénoncer les dirigeants, à l’image de celle publiée dans l’opuscule Relación, muy verdadera, de las crueldades e imposiciones del Conde Duque en toda la monarquía de España49 :

Y a los veynte, y seys de EneroMienten quantos lo dixeren
día en que su sangre santaque para estar bien Provada
vertió (sic) por Dios Policarpo, la intención de Cataluña
que estrellas güellan (sic) sus plantas, basta que la Iglesia Salga
Subieron a Monjuych, Subían más de seys mil,
gritando con voz ayradacon furia desatinada,
y el orgullo que acostumbra, y eran tan pocos los nuestros,
la sobervia Castellana.que a quinientos no llegavan
Subid Leones y mueraEllos gritando Santiago
esta cornuda canalla, y los nuestros Santa Eulalia
rebeldes a Dios y al Rey, unos viva el Rey Lluis
pues contra el Rey toman Armas.y otros Felipe de España50.

Dans quelle mesure les textes rimés étaient-ils destinés à être chantés pour ensuite être repris collectivement par les partisans de l’un ou l’autre des camps ?

L’usage de l’image pose une question similaire quant à l’adhésion des lecteurs. Le texte rimé devenait-il un moyen de mobilisation collective ? Le texte illustré offrait-il à tous un élément d’adhésion, un signe de reconnaissance ?

Avec sainte Eulalie, les Catalans disposèrent d’un signe de ralliement iconique, que l’on rencontre à diverses reprises. Néanmoins, force est de constater que les relaciones de sucesos contiennent assez peu d’éléments iconographiques. Quand ces composantes sont présentes, elles apparaissent le plus souvent déconnectées du texte. Dans le cas de l’opuscule intitulé Comparaison de Barcelone à Troye – Barcelone étant assiégée non par les Achéens mais par les Castillans – un jeune homme est représenté, contemplatif, assis sous un arbre ; au dessus, trois oiseaux reposent sur des branches, pendant qu’un quatrième est perché sur la main du jeune homme à qui un vieillard tend un livre de sa main droite. En arrière-plan, un château sur une butte se distingue. Peut-on attribuer une signification politique à cette gravure ? Les liens dynamiques entre l’image et le texte apparaissent très rarement dans ces relaciones. Ainsi voit-on, par exemple, des navires pour illustrer une bataille navale, une tour pour désigner une forteresse, un chevalier armé pour indiquer la vaillance, l’écu de la fleur de lys pour montrer l’alliance avec la monarchie française51. Cependant, le caractère performatif et la puissance dénonciatrice de la relation entre l’image et le texte sont absents des relaciones espagnoles de ce temps. Certes, il existe bien une production iconographique intégrée à ces textes52, mais selon Cristina Fontcubierta, l’étroitesse de cette production et la pauvreté de son répertoire proviendraient de la faiblesse plus générale de la production d’estampes en Espagne. À cet égard, la Péninsule serait dépendante des productions européennes, et singulièrement françaises53.

Même en dehors de la question de la présence d’une iconographie dans les opuscules polémiques, on constate une certaine dépendance de la production pamphlétaire catalane envers l’étranger. Ainsi un très grand nombre de copies et de traductions de nouvelles venaient-elles de France, à l’instar de la Gazette arrivée dans cette ville de Barcelone par l’ordinaire de Paris54, ou la Copie venue de Paris où on donne des nouvelles de quelques victoires que les armes de sa Majesté Très Chrétienne (que Dieu garde) ont obtenues en Allemagne le 22 octobre55 ou, en nombre plus réduit, d’autres régions d’Europe comme la Brêve recompilation des dernières nouvelles de Venise par diverses voies sur les progrès et la marche de l’armée turque56. Doit-on penser que l’existence de nombreux textes traduits du français dépendrait de l’étroite relation entre les Catalans et leur nouveau protecteur ? Le fait que le vice-roi réside à Barcelone, soit français et que les troupes venues combattre les forces de Philippe IV restent un temps en Catalogne joua certainement un rôle important dans cette diffusion de l’information.

Ainsi, on a souligné à plusieurs reprises le rayonnement de la Gazette de France57 au point de voir dans l’abondante production pamphlétaire espagnole qui se déchaîna à partir de 1635 et s’accéléra avec la révolte des Catalans de 1640, la naissance de la presse d’information dans la Péninsule. Ce serait toutefois épouser une sorte de « paradigme français » et voir dans les relaciones de sucesos la réplique de ce qu’avait été la Gazette de Renaudot pour la monarchie française. Cette thèse, dont se réclament les riches travaux d’Henry Ettinghausen à partir de l’important corpus qu’il a publié dans La guerre des Moissonneurs à travers la presse de l’époque, fait fi de deux éléments importants : celui de la périodicité qui fonde la presse, périodicité inexistante pour les relaciones de sucesos, et celui de la séparation entre la corporation des libraires-imprimeurs et le travail de rédaction des nouvelles. En effet, en France, Renaudot n’appartenait pas à la corporation des libraires. Pourtant, depuis 1635, il possédait le monopole des Gazettes et autres nouvelles. En Espagne, la presse ne se distinguait pas alors de la librairie et des imprimeurs.

Finalement, est-il possible d’affirmer que cette abondante production de relaciones de sucesos corresponde à la définition des mazarinades proposée par Michel de Certeau ? : « Un labyrinthe de textes éphémères, elliptiques, bourrés d’allusions à l’événement du jour, rompus à toutes les ruses de la controverse, supposés accrédités par la place, souvent fictive, qu’ils se donnent dans le débat tout à la fois “convulsif”, spectaculaire et commercial58. »

Les relaciones de sucesos, catalanes ou castillanes, ne correspondent que très partiellement à cette définition : une « guerre de papiers », des « batailles de plumes » eurent bien lieu, mais les autorités en place, catalanes comme castillanes, les contrôlèrent très largement, évitant les excès de critiques et les caricatures que les mazarinades produisirent à satiété. Quant aux historiens hispanistes, ils recherchent très souvent dans ces textes, plus que leurs caractères convulsifs et polémiques, une hypothétique origine de la presse d’information, déplaçant ainsi la problématique de la production imprimée vers une actualité plus récente.

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1 Xavier Torres, La Guerra dels Segadors, Vic, Eumo, 2006, p. 59-90.

2 Mathias Ledroit, « Les ambassadeurs catalans à Madrid en 1640 : chronique d’une guerre annoncée ? », dans Ambassadeurs, apprentis et maîtres comploteurs. Les systèmes de renseignement en Espagne à l’époque moderne, dir. Béatrice PÉREZ (dir.), Paris, PUPS, 2010, p. 333-341 ; plus récemment, Antoni Muñoz González, Josep Catà, Ambaixadors catalans a Madrid. Els inicis de la Guerra de Separació (1640-1641), Barcelone, Rafael Dalmau, 2015.

3 Jon Arrieta, « La disputa en torno a la Jurisdicción real en Cataluña (1585-1640) : de la acumulación de la tensión a la explosión bélica », Pedralbes, n° 15, 1995, p. 33-93.

4 Antoni Simon i Tarrés, Els orígens ideològics de la revolució catalana de 1640, Barcelone, Publicacions de l’Abadia de Montserrat, 1999, p. 129-139. Les archives barcelonaises conservent un nombre important de manuscrits contemporains des faits qui présentent un grand intérêt pour la compréhension de cette période. Toutefois, notre intention étant ici de déterminer les enjeux de la bataille des imprimés, nous laissons pour l’heure ce corpus de côté.

5 Basili de Rubí, Les Corts Generals de Pau Claris, Barcelone, Fundació Salvador Vives Casajuana, 1976, p. 146.

6 José Pellicer y Tovar, « Avisos históricos », dans Seminario erúdito que comprehende varias obras inéditas, críticas, morales, instructivas, políticas, históricas, satíricas, y jocosas de nuestros mejores autores antiguos y modernos, vol. XXXI, Madrid, Antonio Espinosa, 1790, p. 229-230 : « Acabó de desbaratar todos los medios de concierto, haber enviado […] los Conselleres y Consejo de Ciento de la Ciudad de Barcelona, un libro impreso […], intitulado Proclamación Católica […], donde […], representan a Su Majestad las causas para lo que obran, y últimamente concluyen con la mayor desvergüenza que han tenido vasallos para con su Rey […] ».

7 Jesús Villanueva López parle d’un cercle olivariste : Política y discurso histórico en la España del siglo XVII : las polémicas sobre los orígenes medievales de Cataluña, Alicante, Publicaciones de la Universidad de Alicante, 2004, p. 125-143.

8 Francisco de Rioja, El Aristarco o censura de la Proclamación Católico de los catalanes, s. l., s. n, 1640.

9 Francisco de Quevedo, « La Rebelión de Barcelona ni es por el güevo ni es por el fuero », dans Obras completas en prosa, éd. Alfonso REY et Manuel Urí, t. 3, Madrid, Castalia, p. 391-431.

10 José Pellicer de Tovar, Idea del Principado de Cataluña, Anvers, Jerónimo Verdús, 1642.

11 María Soledad Arredondo, « Noticia de la Súplica de Tortosa (1640), atribuida al Inquisidor Juan Adam de la Parra », Cuadernos Historia Moderna, n° 22, 1999, p. 139-156.

12 Juan Adam de la Parra, Súplica de la muy noble y muy leal ciudad de Tortosa, Tortosa, Pedro Martorell, 1640.

13 Alonso Guillén de la Carrera, La Justificación Real, s. l., s. n., 1640 ; ¿Por qué para qué ?, s. l., s. n., 1640 et Alexandre Ros, La estrecha amistad que professamos, s. l., s. n., 1640.

14 Nous invitons les lecteurs à consulter les sites de la Sociedad Internacional para el Estudio de las Relaciones de Sucesos, http://www.siers.es et de la Biblioteca Digital del Siglo de Oro, http://www.bidiso.es/Relaciones/ [Consultés le 4 août 2015].

15 Henry Ettinghausen, La Guerra dels Segadors a través de la premsa de l’època, Barcelone, Curial, 4 t., 1993, t. 1, p. 11-44.

16 Les principaux fonds catalans sur lesquels travaillent les historiens sont les suivants : la Col•lecció Bonsoms de la Biblioteca de Catalunya, l’Arxiu Històric de la Ciutat de Barcelona, la Biblioteca de l’Abadia de Montserrat, la Biblioteca Nacional de España, la Biblioteca de la Academia de Historia de Madrid, la Biblioteca Nacional de Lisbone, la Bibliothèque nationale de France. À ces fonds, il convient d’ajouter la collection de la réserve de la Biblioteca Universitària de Barcelone.

17 Henry Ettinghausen, La Guerra dels Segadors…, op. cit., t. 1, p. 12 et suiv.

18 María Cruz García de Enterría, Sociedad y poesía de cordel en el Barroco, Madrid, Taurus, 1973, p. 62.

19 James Amelang, “Gent de la Ribera” i altres assaigs sobre la Barcelona moderna, Vic, Eumo Editorial, 2008, p. 215-224.

20 On connaît mieux, en revanche, l’évolution du genre dans la seconde moitié du XVIIe siècle et au XVIIIe siècle grâce à la thèse de Xevi Camprubí i Pla, L’impressor Rafael Figueró (1642-1726) i la premsa a la Catalunya del seu temps, thèse de doctorat dirigée par Agustí Alcoberro i Pericay, Université de Barcelone, 2013.

21 Manuel de Bofarull y de Sartorio, Gremios y cofradías de la antigua Corona de Aragón, Barcelone, Imprenta del Archivo, 1876, vol. I, p. 145-149.

22 Juan Gomis coloma, « Intermediarios entre el texto y su público : la cofradía de pobres ciegos oracioneros de Valencia », dans Opinión pública y espacio urbano en la Edad Moderna, éd. Antonio Castillo Gómez, James Amelang et Carmen Serrano Sánchez, Gijón, Ediciones Trea, 2010, p. 301-317.

23 Carlos Pizarro Carrasco, « Imprenta y gobierno municipal en Barcelona. Sebastián y Jaime Matevat al servicio del Consell de Cent (1631-1644) », Hispania, vol. 63, n° 213 (2003), p. 149.

24 Maxime Chevalier, Lectura y lectores en la España del siglo XVI y XVII, Madrid, Éd. Turner, 1976, p. 19.

25 Xavier Gil Pujol, « Las lenguas en la España de los siglos XVI y XVII : imperio, algarabía y lengua común », dans Comunidad e identidad en el mundo ibérico. One-day symposium in honour of Jim Casey, éd. F. Chacón et S. Evangelisti, Granada, Murcia, València, Publicacions de la Universitat de València, 2013, p. 81-119.

26 Voir Mathias Ledroit, « Narrativa Barroca », dans Història de la literatura catalana, Barcelone, Barcino ; Ajuntament de Barcelona, à paraître.

27 Modest Prats, « Pròleg », dans Albert Rossich, Una poètica barroca. El Parnàs català, Gérone, Collegi Universitari, 1979.

28 Xavier Gil Pujol, « Las lenguas en la España », art. cit., p. 113.

29 Albert García Espuche, Un siglo decisivo. Barcelona y Cataluña (1550-1640), Madrid, Alianza Editorial, 1998, p. 75.

30 Fermín de los Reyes Gómez, El Libro en España y América : legislación y censura (siglos XV-XVIII), Madrid, Arco Libris, 2000, t. 2, p. 846-847 : « Y asimismo no se impriman ni estampen relaciones ni cartas, ni apologías ni panegíricos, ni gacetas ni nuevas, ni sermones, ni discursos o papeles en materias de Estado ni Gobierno […] ni arbitrios ni coplas, ni diálogos ni otras cosas, aunque sean muy menudas y de pocos renglones, sin que tengan ni lleven primero examen y aprobación en la Corte de uno de los del Consejo que se nombre por comisario de esto, el cual lo encomendará a quien le pareciere y conviniere ; y en las ciudades y partes donde hay Chancillerías o Audiencias, se haya de ocurrir y ocurra a los presidentes o regentes de ellas, o a los oidores y ministros más antiguos que tienen en sus veces a falta suya ; y en los demás lugares de estos Reynos sea la licencia y aprobación de los justicias, que también lo cometerán a personas hábiles y peritas en cada género. »

31 José Antonio Maravall, La Cultura del barroco, Madrid, Ariel, 1975.

32 Voir María Cruz García de Enterría, Sociedad y poesía de cordel en el barroco…, op. cit.

33 Henry Ettinghausen, La Guerra dels Segadors…, op. cit., t. 1, p. 12-14.

34 Catálogo de la colección de folletos Bonsoms. I, folletos anteriores a 1701 : relativos en su mayor parte a historia de Cataluña, Barcelone, Biblioteca Central Barcelona, 1959-1962, t. 1, 1958 ; Henry Ettinghausen, La guerra dels segadors…, op. cit.

35 On peut mentionner à titre d’exemples Relació de la victòria guanyada per lo Excel•lentíssim Senyor de La Motte, contra lo marqués de la Inojosa, prop de la Vila de Vilallonga en lo camp de Tarragona y varios avisos de diferents parts, trets de molts bons originals, Barcelone, Pere Lacavalleria, 1642 ; Còpia de la carta que ha enviada don Joseph Biure y de Margarit, Governador de Cathalunya a son germà, el Bisbe de Lleyda ; de la victòria alcançada en la vila de Viella en la Vall de Aran, Barcelone, Jaume Romeu, 1643 ; Relació de lo que se ha succehit dins de la ciutat de Lleyda, de la trayció que avian tramat los mals afectes a sa pàtria, y de la manera que los bons catalans se son aportats en favor de son Rey Christianíssim (que Déu guart) en rexaçar lo enemich que avia vingut pera entrar dins de Lleyda, y se n’és tornat a son puesto, en pèrdua de molta gent, Barcelone, Jaume Matevat, 1644.

36 Relació verdadera dels bons successos de la armada del mar del Rey Christiníssim Lluys XIII que Déu guarde, en los mars de Cathaluña y dels que van succehint en lo exèrcit de terra en lo camp, ab lo estat en què està la ciutat de Tarragona ; y una carta que trabaren en un vaxell del Virrey de Mallorca que anava al comt Duch, Barcelona, Jaume Romeu, 1641.

37 Còpia de la carta que el Excel•lentíssim Señor Mariscal de la Motta ha escrit al Ecel•lentíssim Señor Marquès de la Inojosa Gene. del exèrcit del Rey de Castella, acerca de las inhumanitats que hã[n] manat fer los Marquesos de Torracussa y de Mortara contra dels Catalans, Jaume Mathevat, Barcelone, 1942 [reprint dans H. Ettinghausen, La guerre del Segadors…, op. cit., t. 2, n° 84]. On peut rappeler que Philippe La Mothe Houdancourt, maréchal en avril 1642 et duc de Cardona, devient vice-roi de Catalogne en 1642, après le renvoi de Brézé en juin. La perte de Lérida en août 1644 vit sa disgrâce et, opposant de Le Tellier, il fut arrêté de la fin 1644 jusqu’en 1648.

38 Antonio José Rodríguez hernández, « Los primeros ejércitos peninsulares y su influencia en la formación del Estado Moderno durante el siglo XVII », dans Un estado militar. España, 1650-1820, éd. Agustín González enciso, Madrid, Actas, 2012, p. 40-42.

39 On peut penser aux tensions liées à cette question dans la Normandie de Richelieu à la veille de la révolte des Nu-pieds : Madeleine Foisil, La révolte des Nu-pieds et les révoltes normandes de 1639, Paris, PUF, 1970, p. 102-115.

40 Relació verdadera de las hostilidats, y sacrilegis que lo exèrcit del Rey de Castella ha fet contra las Iglesias y sacratis hont estava lo Santisim Sacrament y los altars, y crema que ha fet des de Tarragona dins a Torra de segre, los llochs, y vilas per hont ha passat, Barcelone, Jaume Mathevat, 1642 [reprint dans H. ettinghausen, La guerra dels segadors…, op. cit., t. 2, n° 80].

41 Relació de la destrossa que ha fet la pluia en lo exèrcit enemich, y de las armas que ha deixadas, tret de una lletra escrita de part del senyor mariscal de La Motte, y un breu discurs de las trassas de que•s val, Barcelone, Pere Lacavalleria, 1642.

42 Relació de las festas que la il•lustre ciutat de Barcelona ha fetas a sa insigne Patrona santa Eulàlia e[n] acció de gràcias de la Victòria alcançà de Monjuich, Barcelone, Llorenç Déu, 1641.

43 Sainte Eulalie de Barcelone, née en 289 et morte en 304, est une martyre chrétienne de l’Antiquité tardive : voir Dominique de Courcelles, Les histoires des saints, la prière et la mort en Catalogne, Paris, Publications de la Sorbonne, 1990, p. 7-11.

44 Cristina Fontcuberta, « Art, conflicte i relgió : l’ús de les imatges en la guerra dels Segadors », dans Imatge, devoció i identitat a l’època moderna, éd. Sílvia Canalda et Cristina Fontcubierta, Barcelone, Universitat de Barcelona, 2013, p. 140.

45 Alain Hugon, Naples insurgée. De l’événement à la mémoire, Rennes, PUR, 2011.

46 Robert Descimon, « Autopsie du massacre de l’Hôtel de ville (4 juillet 1652). Paris et la “Fronde des Princes” », Annales ESC, mars-avril, 1999, 54-2, p. 339 ; voir dans ce volume la contribution de Yann Rodier.

47 Relación, muy verdadera, de las crueldades e imposiciones del Conde Duque en toda la monarquía de España, y particularmente la depravada voluntad con que ha deseado destruyr, y aniquilar el Principado de Cataluña y ciudad de Barcelona. Compuesta por Martín de Langa, ciego hijo de la ciudad de Calatayud del reyno de Aragón, Barcelone, Jaime Matevat, 1641.

48 Diego de Saavedra Fajardo, Empresas políticas, Madrid, Cátedra, 1999, p. 289.

49 Eulàlia Miralles, « Poesia i política en la guerra dels segadors », dans Del tractat dels Pirineus [1659] a l’Europa del segle XXI : un model en construcció ?, éd. Òscar JANÉ, Barcelone, Museu d’Història de Catalunya, 2010, p. 177-187.

50 Et le vingt-six janvier, jour où Polycarpe, pour Dieu, versa son sang sacré, à l’heure où les étoiles couronnent les plantes de la colline, ils [les Castillans] se rendirent à Montjuich, criant la superbe castillane à gorge déployée, orgueilleux comme à l’accoutumée. Qu’ils montent les lions et que meure toute cette canaille cocue, rebelle envers Dieu et envers son roi, car c’est bien contre leur roi qu’ils prennent les armes. Ils mentent ceux qui diront que pour que l’intention de la Catalogne soit justifiée, il suffit qu’intervienne l’Église. Plus de six mille hommes gravirent les flancs de la colline, emplis d’une rage folle, alors que les nôtres étaient si peu nombreux, pas même cinq cents. Les leurs criaient saint Jacques, les nôtres sainte Eulalie, les uns vive le roi Louis, les autres vive Philippe d’Espagne.

51 Henry Ettinghausen, La guerra del segadors…, op. cit., ; Antoni Simon i Tarrés, Els orígens ideòlogics de la revolució catalana…, op. cit.

52 Joana Fraga, Three revolts in images : Catalonia, Portugal and Naples (1640-1647), Universitat de Barcelona, thèse de doctorat, 2013, p. 149-188.

53 Cristina Fontcuberta i famadas, « Art i conflicte : l’ús de la imatge a la Guerra dels Segadors », Pedralbes : revista d’història moderna, 2003, n° 23-II, p. 161. http://raco.cat/index.php/Pedralbes/ issue/view/8339/showToc [page consultée le 4 août 2015].

54 Gazeta vinguda a esta ciutat de Barcelona per lo ordinari de París, Barcelone, Jaume Romeu, 1641.

55 Carta vinguda de París ahont se dóna notícia de algunas victòrias q[ue] las armas de sa Magestat Christianíssima (que Déu guart) han tingut en Alemanya a 22 de octubre, Barcelone, Viuda Matevada, 1644.

56 Breu recopilació de las relacions agudas de Venècia en diversas vegades acerca dels progressos, y marcha de la Armada Turquesca : traduyda de lle[n]gua Tuscana en nostra Catalana, Barcelone, Gabriel Nogués, 1645.

57 Rappelons que « dès la fin de l’année 1631, La Gazette est en réalité constituée de deux fascicules, Les Nouvelles ordinaires et la Gazette, de quatre pages chacun, soit 24 000 signes » la forme du période est fixée en 1642 (8 pages) contre 4 pages pour les Nouvelles ordinaires : Stéphane Haffemayer, L’information dans la France du XVIIe, Paris, Champion, p. 18-19.

58 Michel de Certeau, « L’expérimentation d’une méthode : les mazarinades de Christian Jouhaud », Annales ESC, mai-juin 1986, 41 (3), p. 507.