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La Hongrie et l’édition alsacienne, 1482-1621 Conjoncture éditoriale et évolution des représentations d’un pays

István MONOK

Budapest-Szeged

La date qui figure au titre de notre étude est celle de publication du premier imprimé alsacien ayant un rapport avec la Hongrie1. Certes, les rapports culturels entre la Hongrie et l’Alsace ont commencé beaucoup plus tôt. Le royaume de Hongrie, né autour de l’an mil, avait adopté la religion chrétienne et créé progressivement un réseau d’institutions ecclésiastiques, culturelles et d’enseignement comparable à celui des pays occidentaux. À partir des XIIIe-XIVe siècles, ce réseau fut coiffé par des universités – Veszprém (1242, studium generale Ordinis Praedicatorum), Pécs (1367, universitas), Óbuda (1395, universitas), Pozsony/Presbourg (1467, universitas), Buda (1475, studium generale OP). Les monarques régnant sur le pays – les Anjou, les Luxembourg, les Habsbourg et enfin les Jagellons – étaient en contact avec les autres souverains européens. Sous le règne de Matthias Corvin (1458-1490), le royaume de Hongrie devint l’une des puissances majeures du continent, une position qu’il a pu conserver tout au long de la période jagellonienne (1491-1526). Il n’est donc pas étonnant que les représentants de l’Église hongroise – des intellectuels munis de diplômes universitaires – aient compté parmi les participants influents des conciles majeurs de l’époque. La cour royale de Buda devint l’une des cours les plus importantes de la Renaissance européenne : son exemple, le goût culturel et scientifique qu’elle transmettait furent imités par les prélats dans leur propre entourage (Esztergom, Nagyvárad, Pécs, Kalocsa, etc.)

C’est au concile de Bâle-Ferrare-Florence (1431-1445) et dans les universités d’Italie du Nord que les jeunes de Hongrie et ceux de la région rhénane pouvaient se rencontrer. La réputation de telle ou telle personnalité exceptionnelle est ainsi vite arrivée d’un pays à l’autre. Le nom de Janus Pannonius fut connu des milieux intellectuels de Bâle, de Colmar, de Sélestat et de Strasbourg, qui pouvaient également se renseigner sur la cour de Matthias Corvin. Nous ignorons la date exacte de l’arrivée en Alsace de Jacobus de Hungaria. À en croire le seul manuscrit subsistant de sa plume (il s’agit de conférences en théologie morale)2, il avait poursuivi des études à Padoue, et c’est de cette ville italienne qu’il partit pour Bollwiller. Là il fonda une école latino-hébraïque3 qui devait jouir d’une bonne réputation, puisque Barthélemy d’Andlau – abbé bénédictin de Murbach4, qui excellait dans la réforme de la vie monacale5 et dans l’introduction des études humanistes dans la formation des moines6 – l’a invité à réformer de fond en comble l’école de l’ordre. Jacobus de Hungaria ne manqua pas de se rendre à Murbach, où il proposa de compléter l’étude du latin, du grec et de l’hébreu par celle de la langue arabe7. À la fin de sa vie, il rejoignit l’ordre : il vivait, comme l’atteste une note de sa plume, dans la maison conventuelle bâloise8. Comme Barthélemy d’Andlau était en rapports étroits avec le cardinal Bessarion, autre grand promoteur de réformes monacales9, on peut légitimement supposer que ce fut ce dernier qui lui suggéra le nom de Jacobus de Hungaria.

C’est dans ces mêmes années que la Transylvanie – alors partie intégrante du royaume de Hongrie – commence à devenir intéressante pour l’Europe, surtout en tant que pays de Dracula. Georges Bischoff évoque la Chronique de Colmar, qui dans le derniers tiers du XVe siècle consacre six pages au sanguinaire voïvode de Valachie10. Certes, cet intérêt s’explique en partie par l’avidité de l’homme pour les nouvelles sensationnelles, mais aussi par la volonté des Occidentaux de s’informer sur l’expansion des Turcs. Il est remarquable que le corpus historique de la bibliothèque des bénédictins de Murbach, accumulé au temps de Barthélemy d’Andlau (1471-1475), renfermait énormément (21 % du total) d’ouvrages consacrés au Turcs ottomans11. Les Turcica de l’époque étaient, hélas, en même temps des Hungarica. L’année 1483 a vu la parution, à Strasbourg, de l’anthologie intitulée Margarita poetica d’Albertus de Eyb12, dans laquelle figure le discours du roi Ladislas V de Habsbourg (1445-1457) adressé au pape Nicolas V. Dans ce discours, le roi des Hongrois avertit le pontife du caractère menaçant du danger turc, et il demande son aide. Certes, ce discours fut publié comme exercice de style et non pas pour son contenu. La présence d’un intérêt (peu intense, sans doute) accordé aux Turcs est attestée par le fait que, dans la première moitié du XVIe siècle, quatre publications ayant rapport aux Ottomans voient le jour en Alsace13.

La première, la plus rare, est une brochure de 4 pages intitulée Die Ordenung zu Ofen wider der Thurcken gemacht, durch vnszern allen heiligsten vatter den pabst, Vnd aler christlichen feursten, parue en 1501, alors que les Hongrois croyaient encore que le pape ou les souverains occidentaux allaient les aider14. Christian Egenolph a quant à lui publié en 1530 un petit cahier d’informations sur les coutumes, la tactique militaire et la religion des Turcs. Il y évoque aussi l’occupation des territoires ayant appartenu au royaume de Hongrie15. L’auteur est présenté en tant que « ein Siebenbürger », donc un habitant de Transylvanie, c’est-à-dire une personne qualifiée pour émettre des renseignements authentiques sur la région. C’est un autre Siebenbürger, qui « so da in Türkei gefencklich bracht, vnd vil Jar nachmals darinne gewonet » (a été emprisonné en Turquie et y a ensuite vécu pendant beaucoup d’années), qui compose un livret publié la même année : ce texte est, à en croire Christian Egenolph, « gar lustig zu lesen » (vraiment plaisant à lire)16. Le fait qu’Egenolph publie, au cours de la même année, deux brochures sur le même thème paraît attester de l’intérêt du public. Le quatrième turcica de Strasbourg figure parmi les best-sellers indiscutables du siècle : le manuel composé par l’érudit croate Bartholomaeus Georgievitius Hungarus (Bartol Ðurđevi, Bartolomej Georgijevi, 1506/1510-1566) a en effet connu plus de 200 éditions. L’auteur, qui maîtrisait le turc et d’autres langues orientales, avait passé douze ans en captivité. Libéré, il a vécu et est mort à Rome. L’édition strasbourgeoise de son œuvre a vu le jour en 1558, dans l’atelier de Paul Messerschmidt17.

La question turque est néanmoins restée d’actualité dans les communautés chrétiennes. La conception wittenbergoise de l’histoire (Johann Carion, Philipp Melanchthon, Martin Luther) interprète l’expansion turque comme une sanction divine. Matthias Poliani, qui avait poursuivi des études de théologie à Padoue, à Bâle et à Genève, écrit dans une lettre datée de Strasbourg en 1577, que les Hongrois seraient frappés du fléau divin tant qu’ils n’auraient pas fait pénitence pour leurs péchés18 : il ajoute que telle était la conviction de plusieurs personnages illustres de la ville, mais il ne les nomme pas.

Les communautés (et leurs représentants) qui vivaient sous domination turque, soit en Hongrie royale, soit en Transylvanie, furent souvent accusés par les intellectuels occidentaux (vivant dans une relative sécurité) de « collaborer » avec le pouvoir musulman. L’une des cibles préférées des médias du XVIe siècle avait été Jean Szapolyai (1487-1540) roi de Hongrie et prince de Transylvanie. Alors que la Transylvanie s’était séparée du royaume pour devenir vassale de la Sublime Porte, Szapolyai fut dénoncé par Georgius Agricola19, mais aussi par des hommes d’État germaniques. Alors qu’il cherchait des illustrations pour tel ou tel type d’oratio ou d’epistola, Melchior Junius choisit des exemples en rapport avec la lutte antiturque : dans une de ses collections rhétoriques, il publie l’épître que Szapolyai avait adressér aux États du Saint-Empire comme un exemple du genre de la « epistola accusatoria »20. Dans ce même volume, il présente l’échange entre le roi de Hongrie Ladislas V de Habsbourg (1440-1457) et l’Albanais György Kasztrióta (Gjergj Kastrioti, Skënderbeu ; İskender Bey, Gergi Kastriyota ; Giorgio Castriota 1403/1405-1468) comme une epistola exhortatoria typique, tandis que les traits caractéristiques d’une epistolae gratiarum actione constantes sont illustrés par l’exemple de la lettre envoyée par Matthias Corvin au Sénat de Venise21.

Certes, la « Guerre de quinze ans » (1591-1606) n’a pas manqué d’intéresser les contemporains. Les professeurs responsables des cours de l’Academia ont soumis à une étude rhétorico-stylistique des nouvelles imprimées. Le 7 janvier 1596, le privilège de tenir le premier discours de l’année fut accordé par Melchior Junius à Johann Melczer, qui étudiait la rhétorique et le droit dans la ville. Le sujet de son discours a porté sur les victoires de Sigismond Báthory, en 1595, sur les Turcs : Oratio de anno novo et victoriis a Tvrca reportatis, scripta ac recitata a Joanne Melczero Eperieszy ( !) Nobili Vngaro22. Le même texte fut à nouveau mis sous presse en 1600, puis en 160223. Le 15 février 1598, lors d’une séance publique présidée par Melchior Junius, un certain Andreas Ungnad, issu d’une famille possessionnée dans le royaume de Hongrie, commente les événements de la guerre24. À cette occasion, Zdenko von Waldstein, disciple du professeur et poeta laureatus Joseph Lang, récite son long poème sur la récupération de la forteresse de Győr (Carmen de Jaurino recuperato), avant de passer la parole à Andreas Ungnad pour exposer dans une oraison les derniers épisodes de la guerre et présenter les héros qui s’y étaient illustrés : Oratio de Jaurino recuperato Ill. et Generosi D. Andreae Ungnadii L. Baronis in Sonnegg25.

Le Carmen et l’Oratio allaient voir le jour, en 1598, dans l’atelier des héritiers de Josias Rihel26.

Entre temps, en 1605, Johann Carolus a lancé la première gazette périodique, sous le titre de Relation aller Fürnemmen und gedenckwürdigen Historien, travaillant avec des correspondants permanents et rémunérés27 : comme l’un de ces correspondant résidait à Vienne, les nouvelles sur les Hongrois et sur les Turcs étaient, dans la plupart des cas, dignes de confiance.

Retournons un instant au temps de Mathias Corvin. Si, dans la seconde moitié du XVe siècle, les habitants des villes alsaciennes s’intéressaient au royaume de Hongrie, c’étaient à cause de la cour humaniste du roi : les livres ayant appartenu à la Bibliotheca Corvina furent intensément recherchés par les humanistes. Le premier des textes à être publiés sur la base d’un exemplaire de la Corvina avait été la lettre du cardinal Bessarion (Epistola ad Graecos), comme il ressort de la préface que Sebastian Murrho, moine de Colmar, a adressée à Joachim Vadianus (Strasbourg, Matthias Schürer, 1513)28. C’est aussi l’atelier de Matthias Schürer qui publia l’ouvrage de Philostrate, dont la traduction en latin est l’œuvre d’Antonio Bonfini : De vitis sophistarum libri duo (ordonné aux fins de publication par Nicolaus Gerbel, en 1516)29. Les dernières années du XVIe siècle ont vu la parution de la première partie, sous la direction de Melchior Junius, de l’Orationum ex historicis, dans laquelle figure une belle oraison prononcée par l’humaniste italien Pietro Ransano, faisant l’éloge de Mathias Corvin et de son épouse, la reine Béatrice d’Aragon, ainsi qu’une oratio de János Vitéz adressée au roi de Bohême30. Dans un autre volume du même titre (1598), Junius sélectionne plusieurs discours – fictifs – qu’Antonio Bonfini avait mis dans la bouche des personnages des plus illustres de l’histoire hongroise (voir ses Rerum Hungaricarum Decades)31.

Le sage de Sélestat, Beatus Rhenanus, fait publier en 1518 chez le Bâlois Johann Froben le Panégyrique de Guarino par Janus Pannonius, et ses épigrammes32. Les chercheurs sont en désaccord au sujet du parcours du codex renfermant les poèmes de Janus jusqu’à Sélestat. Gyula Mayer, responsable de l’édition critique, est convaincu qu’un manuscrit inconnu est à l’origine de l’édition de 151833. Par contre, les chercheurs précédents ont quant à eux identifié un lien strasbourgeois dans l’histoire de ce codex : ils affirment que le texte avait été envoyé à Beatus Rhenanus par un jeune humaniste de Strasbourg, Jakob Sturm (1489-1553)34. Ce dernier aurait reçu le volume en question de son oncle, Peter Schott senior (1427-1504), qui avait hérité de la bibliothèque de son fils, décédé prématurément. Ce fils, Peter Schott junior (1458-1490), fut lui aussi un humaniste bien connu : il a fait ses études, entre 1475 et 1481, à Bologne, ou il se lia d’amitié avec l’humaniste tchèque Bohuslaus Hassenstein von Lobkowitz35. On peut supposer que c’est de ce dernier qu’il aurait reçu le manuscrit des poèmes de Janus Pannonius36.

Les principes de l’humanisme et ceux de la devotio moderna sont nés de manière simultanée et ont exercé une influence profonde dans tous les pays de la chrétienté occidentale. Dans la littérature de piété moderne, on peut identifier quelques textes de base (dont certains présentent des difficultés d’attribution) : le plus connu est naturellement l’Imitatio Christi, attribuée par divers ouvrages d’histoire ecclésiastique à pas moins de neuf auteurs différents37. L’histoire de culture hongroise connaît trois auteurs majeurs dont les ouvrages virent le jour au tournant des XVe-XVIe siècles, donc avant les débuts de la Réforme, et dont on conserve quelque trois cents éditions. Il s’agit de Michael de Hungaria (XIVe siècle ?) et de ses Sermones tredecim universales, de Pelbárt de Temesvár (environ 1435-1504) avec ses Sermones Pomerii et son Stellarium Coronae Mariae Virginis, et enfin de l’anthologie d’Osvát de Laska (ca. 1450-1511) intitulée Biga salutis.

Malgré la richesse relative des études à lui consacrées38, on ne sait pratiquement rien de la vie de Michel de Hungaria. On ignore jusqu’à son appartenance monacale : les pauliens, les franciscains et les dominicains le considèrent comme l’un des leurs. Entre 1480 et 1519, ses Sermons furent publiés en trente et une éditions, et on a souvent édité sous son nom la Biga salutis d’Osvát de Laska. Deux éditions supplémentaires ont vu le jour au début du XVIIe siècle, mais avant 1621.

Je tiens à souligner la présence des Sermons de Pelbartus de Temesvár dans la période post-tridentine39, même si l’on doit reconnaître que le style et le vocabulaire de ses textes ne sont nullement modernes. La spiritualité de Pelbárt – il s’agit surtout d’allusions à la nécessité d’une piété pure – restait d’actualité. Le fait que le cardinal Constantino Caietano (1560-1650), ancien bénédictin, n’a pas hésité, au début du XVIIe siècle, à attribuer l’Imitatio Christi à Johannes Gesen (Geschen, Gersen, Gessen, Jessen – un autre bénédictin du XIIIe siècle) n’a rien de fortuit : le message « c’est nous qui transmettons la vraie piété en sa pureté » n’est jamais caduc.

La toute première édition des Sermones de Michael de Hungaria a vu le jour à Louvain en 1480, dans l’atelier de Johannes de Westphalia40 : la première édition strasbourgeoise a eu également lieu assez vite, en 148241. L’intensité de la demande pour le texte explique la sortie de trois autres éditions strasbourgeoises avant 149442, et de deux autres au début du XVIe siècle43.

Les biographies de Pelbárt de Temesvár (Pelbartus de Temeswar) et d’Osvát de Laskó (Osualdus de Lasco) sont mieux connues. Franciscains l’un comme l’autre, leur carrière a commencé dans la maison conventuelle d’Esztergom. Pelbárt avait poursuivi des études universitaires à Cracovie ; Osvát quant à lui était plus actif dans l’organisation de la vie de l’ordre (il a rempli les charges de prieur et de provincial, cette dernière à plusieurs reprises). La spiritualité qui imprègne leurs sermons reliait, dans la pratique du ministère de la parole, la doctrine la plus fondamentale du christianisme, celle de la charité, avec les idées se manifestant dans la tradition de l’Imitatio Christi. Ces sermons ne manquaient pas d’exprimer l’aversion de l’ordre franciscain à l’égard des injustices sociales.

Entre 1497 et 1516, les sermons d’Osvát de Laskó sont publiés en seize éditions, toujours par l’atelier de Heinrich Gran et dans la plupart des cas aux frais de Johannes Rynmann44. La seule année 1506 a vu trois éditions. Pelbárt de Temesvár écrivit davantage et était plus populaire que son confrère. De 1487 à 1521, on lui connaît quatre éditions strasbourgeoises45 et cinquante-trois éditions haguenoviennes46. Son éditeur à Strasbourg était Johann Knobloch, qui imprima ses ouvrages aux frais de Johannes de Ravesbergh. Pour ce qui concerne Haguenau, c’est encore Heinrich Gran (et son héritier) qui imprimèrent les ouvrages en question, aux frais de Johann Rynmann déja cité47. L’année 1501 a vu huit, l’année 1504 encore six éditions des œuvres de Pelbárt.

On peut également trouver des éléments hongrois dans un domaine proche de la littérature de piété, celui de l’édition hagiographique : le Strasbourgeois Johann Prüss a publié à deux reprises, en 1484 et 1486/1487, les légendes des saints et des saintes appartenant à la maison des Árpád48. Notons enfin l’opuscule de Bálint Hagymási (Valentinus Cybelius, chanoine de Pécs, ca. 1490-post 1517) sur la consommation et sur les effets du vin et de l’eau. Le mérite principal du texte, qu’on peut en fin de compte rapprocher de la littérature de piété de par son contenu moralisateur, vient de ce que son auteur est très versé dans la philologie classique. L’ouvrage fut publié par Thomas Anshelmus, à Haguenau, en 151749.

Parmi les centres intellectuels européens majeurs du dernier tiers du XVe siècle, la région du Rhin supérieur, le territoire situé entre Strasbourg et Zurich, figure parmi les plus importants du point de vue non seulement des communautés chrétiennes occidentales, mais aussi des mouvements intellectuels hongrois : il s’agit de l’influence conjuguée de la mystique rhénane et de l’humanisme rhénan. Cette influence ne se manifeste pas seulement par le nombre très élevé des incunables et des imprimés du début du XVIe siècle strasbourgeois, bâlois et haguenoviens dans les collections européennes, mais aussi par la réputation et le rayonnement européens de l’école de peinture de Martin Schongauer. Le fait que les auteurs des anthologies évoquées plus haut ont trouvé des éditeurs dans la région (notamment à Strasbourg, comme dans l’autre grand centre de librairie, celui de Bâle) n’a donc rien de fortuit. Évoquons aussi le fait que le bâlois Nicolaus Kessler publie à deux reprises (en 1486 et en 1490) le règlement du seul ordre monacal fondé en Hongrie, sous le titre Ordo Fratrum Eremitarum Sancti Pauli primi Eremitae50. C’est aussi à Bâle que parut, en 1487, le premier missel imprimé pour le diocèse de Pécs (Missale Quinqueecclesiense), chez Michael Wenssler51 ; quant à l’ordre des messes de l’archevêché d’Esztergom, il vit le jour en 1511 dans l’atelier de Jacobus de Pforzheim52.

En concluant cette partie thématique de notre récapitulation, nous tenons à souligner que faute de sources d’archives nous ne savons pratiquement rien de la vie de l’imprimeur haguenovien, Heinrich Gran. Ce qui saute aux yeux, c’est qu’il paraît favoriser les sujets et les auteurs hongrois. Son nom de famille, à supposer qu’il indique un lieu d’origine, renvoie à la ville d’Esztergom (alld. Gran). Auguste Hagenauer, auteur d’une étude monographique consacrée à l’histoire des imprimeries haguenovienne, dit ignorer ses origines. On lui connaît un fils, qui entre en 1489 à l’échevinage (eligitur in scabinum) ; à la fin du siècle on évoque un maçon et un jardinier portant le patronyme de « Gran »53, lequel ne figure sur aucun document antérieur à 1450.

Tandis qu’au tournant des XVe-XVIe siècles c’est dans la publication fréquente de quelques textes de littérature de piété et de prédications populaires que se manifeste l’intensité des échanges intellectuels hungaro-alsaciens, au cours du XVIe et au tournant du XVIIe siècle, ce sont surtout les éditions humanistes de textes antiques, des ouvrages de philosophie (surtout de la logique), de rhétorique et de droit qui doivent retenir notre attention. L’Académie fondée par Johann Sturm à Strasbourg a joué un rôle majeur dans ces échanges, puisque cet établissement – et plus largement la spiritualité caractérisant alors la ville – a exercé un grand attrait sur les intellectuels de Hongrie. Certes, l’intensité de cet intérêt a baissé après le tournant luthérien orthodoxe : dans la suite, les auteurs hongrois allaient surtout contribuer à la parution d’ouvrages juridiques, historiques et rhétoriques. On se permettra de mettre en parallèle la région ici étudiée avec Wittenberg : l’Université de la ville sur l’Elbe, avec Philipp Melanchthon et ses disciples immédiats, réunissait la piété de la devotio moderna, la foi vécue, les études humanistes et l’idéal rhétorique antique. Mais lorsque, en 1589, les professeurs philippistes durent quitter Wittenberg, l’Université perdit de son attrait ancien. Puisque c’était alors aussi le moment du tournant intellectuel de l’Académie sturmienne de Strasbourg, on ne doit pas s’étonner d’assister conjointement à la renaissance spirituelle du Palatinat et de l’Université de Heidelberg – un âge d’or qui a duré jusqu’à la suppression de celle-ci et au départ des professeurs à Franeker (1622).

Certes l’Académie de Sturm a pu conserver son caractère rhétorique et logique (aristotélicien). En guise d’illustration de ce phénomène, je tiens à évoquer l’énorme influence que la Triade johannique54 a exercée sur le piétisme55, ce mouvement ayant renouvelé le luthéranisme dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et sur l’enseignement de l’ancienne logique et de la rhétorique en Europe centrale56. Une piété fondée sur une vaste culture humaniste, et conduisant à des choix existentiels difficiles caractérise les personnalités actives dans la fondation de l’Académie de Sturm (1538)57 : je pense à Martin Bucer (1491-1551), à Pietro Martyr Vermigli (1499-1562), mais surtout à Francesco Lismanino (1504-1566). L’école sturmienne – où Jean Calvin (1509-1564) lui-même avait enseigné (1538-1541)58 et dont le dernier théologien réformé59 fut Zanchi, que nous avons déjà mentionné, a répandu en Europe centrale les principes pédagogiques de son fondateur60, les travaux rhétoriques (cicéroniens) et politico-philosophiques (la Politique d’Aristote, et les théories grecques de l’État) de Melchior Junius (1545-1604), et enfin les études de philologie latine (surtout Tacite) de Matthias Bernegger (1582-1640).

La formation juridique, très importante depuis la fin du siècle, était étroitement associée à ces traditions rhétoriques et pédagogiques. Les figures majeures actives dans la formation juridique de l’Académie et connues des étudiants de Hongrie sont au nombre de trois : Dionysius Godofredus (Denis Godfroy 1549-1622), Paulus Graseccius (1562-1604) et Georg David Locamer (1588-1637). Ils avaient de nombreux disciples en Europe centrale61. Ceux qui voulaient étudier la philosophie, l’histoire naturelle ou la médecine suivaient les cours de Johann Ludwig Hawenreuter (1548-1618), puis de Nicolaus Agerius (1568-1634) : cinq étudiants hongrois ont soutenu des thèses sous leur direction. L’objectif principal de l’Académie sturmienne – un lieu majeur de rencontres intellectuelles dont profitait la jeunesse d’Europe centrale – était celui de conserver les étudiants dans la piété, tout en leur fournissant un savoir philologiquement et méthodologiquement impeccable, et en leur apprenant la manière d’argumenter en faveur de leur confession. Ce que résumait la devise de l’école : Propositum a nobis est, sapientem atque eloquentem pietatem finem esse studiorum.

Les Hongrois étudiant (ou seulement de passage) à Strasbourg apparaissent dans l’offre éditoriale de la ville : soit ils publient des cahiers de thèse, soit ils saluent les disputations de leurs amis avec une laudatio, soit ils publient des ouvrages plus volumineux, de nature philologique ou philosophique.

La plupart des érudits centre-européens ayant visité Strasbourg dans les années suivant de près la fondation de l’Académie ont contacté le fondateur et les professeurs de l’établissement pour se familiariser avec les arguments exposés dans les grands débats qui se déroulaient à l’intérieur du camp protestant. Gergely Belényesi (ca. 1520- ?), plus tard prédicateur calviniste dans le royaume de Hongrie, avait assisté aux conférences de Calvin à Strasbourg, avant de le visiter à Genève (1544)62. Lors de son séjour à Strasbourg, il logeait d’abord dans la maison de l’hébraïste Michel Delius, puis chez Konrad Hubert, assistant de Martin Bucer. Malgré ses excellents rapports avec Vendelin Richel, cet imprimeur a fini par ne pas publier la grammaire grecque que Belényesi lui avait laissée.

On sait que Johannes Sambucus (Zsámboky János), humaniste hongrois de réputation européenne63, a lui aussi visité Sturm, en 155164. En 1550, Wolf Cephalaeus publia les textes de Lucain dans une édition préparée par Sambucus65 – c’est là sans doute ce qui explique son séjour à Strasbourg. C’est en 1552 que furent publiés, chez le même éditeur, les Romanorum principum effigies cum historiarum annotatione Johannis Sambuci66. Par la suite, les fils de Wolf Cephalaeus ont effectué trois réimpressions de l’anthologie des textes de Lucain (1554, 1556, 1572)67. Sambucus fut également connu comme un érudit capable d’exceller dans le genre humaniste de l’oratio. Cette réputation a amené Melchior Junius à inclure dans l’anthologie des Orationum ex historicis deux oraisons funèbres – celle de Ferdinand Ier et celle de Maximilien II – préparées par Sambucus. Le volume en question sortit chez Lazar Zetzner, en 159868.

Sambucus fit, selon toute probabilité, la connaissance du strasbourgeois Nicholas Engelhardt en 1551 : ce dernier avait visité l’historien impérial à Vienne, d’où ils se sont rendus ensemble dans les villes occidentales du royaume de Hongrie69. Sambucus était connu de ses contemporains en tant que grand collectionneur de manuscrits70 : plusieurs éditeurs lui avaient emprunté des exemplaires qu’ils ne rendraient jamais. Quelques-uns de ceux-ci ont émergé plus tard dans la bibliothèque de Johann Oporinus71 et dans celle de Jacques Bongars72. En plus, à sa mort, sa veuve ayant vendu la collection, l’un des bibliothécaires – un nommé Sebastian Tegnagel – s’est approprié cinquante-sept livres73. Il est possible que Sambucus ait laissé un manuscrit à Strasbourg et que Matthias Bernegger l’ait acheté, mais on ne peut pas exclure que ce dernier se le procura ailleurs et autrement74.

Paulus Scalichius, né à Zagreb, avait dans toute l’Europe la réputation d’une sorte d’aventurier intellectuel. Les représentants les plus « patriotiques » de l’historiographie croate le célèbrent comme un encyclopédiste national75. Mais Stanislas Pavao Skali (Paul Scaliger, 1534-1575), cet érudit non-conformiste, s’était régulièrement qualifié de « Comes Hunnorum », malgré le fait qu’il n’a jamais vécu en Hongrie. Ses livres jouissaient d’une certaine notoriété à l’époque : en 1561, il fit publier à Strasbourg l’histoire et la généalogie de sa famille, d’abord en latin, puis en traduction allemande. Dans le supplément de cette publication, on peut lire un discours adressé à l’archiduc Ferdinand de Habsbourg, dans lequel il demande le rétablissement de ces droits. Le « comte des Huns » a commencé ses études à Ljubjana (Laibach ; Colonia Aemona, Labacum), avant de s’inscrire, en 1547, à l’Université de Vienne où il devient magister en 1551. Docteur en théologie en 1552 (Bologne), il se rend alors à Rome où il réussit à capter la confiance du pape. Muni de la recommandation de ce dernier, il retourne à Vienne pour être nommé chapelain de la cour, mais sa vie scandaleuse le fait expulser en 1557.

Nous le retrouvons par la suite à Stuttgart et à Tubingue auprès de Primoz Trubar, le grand réformateur slovène (1558-1561). À l’époque, il disait appartenir à la confession évangélique et – ayant pris le nom de famille de sa mère – prétendait descendre des Scaliger de Vérone. Il n’a pas hésité à s’affubler des titres suivants : Paulus Scalichius sive Scaliger, duc de Scala, von der Leiter, seigneur de l’Empire romain, comte impérial de Hongrie, comte des Huns, marquis de Vérone, docteur de l’Écriture sainte, orphelin et exilé du Christ. Il revendiquait « ses » domaines en Hongrie, en Croatie et en Autriche, mais il avait aussi des prétentions sur les villes de Vérone et de Vicence. Fin 1561, Scaliger se rend à Königsberg, auprès d’Albrecht, électeur de Prusse : c’est ce dernier qui allait le recommander à Sigismond-Auguste, roi de Pologne, lequel lui donna la ville de Creutzburg (Kluczbork) et ses environs. Démasqué comme escroc, il s’enfuit à Paris (1565), d’où il retourna en Pologne en compagnie de Henri de Valois. À Danzig, il s’efforça encore de récupérer ses possessions par la voie juridique, mais il est mort avant l’aboutissement du procès. L’ouvrage publié à Strasbourg ne dit pas quand ni comment il fit la connaissance de l’imprimeur Christianus Mylius, qui a publié le texte.

La biographie du Saxon de Transylvanie Georg Diedrich ( ?-début du XVIIe siècle) est beaucoup moins rocambolesque : après ses études à l’Académie strasbourgeoise entre 1587 et 1589, il se rend à Rome, où il fut emprisonné suite à une rixe de cabaret. Reçu par le pape, il devient pourtant pasteur luthérien en Transylvanie et rédige plusieurs manuels scolaires. En 1589, l’imprimeur Carolus Kieffer a publié quatre titres de lui. D’abord, sa disputatio – qui avait eu lieu sous la présidence de Johann Ludwig Hawenreuter – sur l’interprétation de l’Éthique à Nicomaque d’Aristote76. Sachant que Diedrich était un excellent versificateur – c’est grâce à ce talent qu’il s’était libéré de la prison romaine –, Kieffer publia ensuite sa relation de voyage en vers, intitulée Hodoeporicon itineris Argentoratensis77. Ses Elegia composées sur la mort de son maître, Michael Beuther furent également publiés78. Le quatrième titre était l’Oratio (...) Quod sciri certeque percipi nihil possit in hac vita, parue sous le patronage de Melchior Junius79.

Diedrich était originaire du village saxon de Teke (Tekendorf en Transylvanie, auj. Tecea, Roumanie), de sorte que l’on peut légitimement supposer que son compatriote, Gallus Rhormann, est venu à Strasbourg avec lui, ou du moins à son instigation. Rhormann choisit lui aussi Hawenreuter comme maître : en 1590, il publia un ouvrage dans lequel il analysait les idées d’Aristote sur l’âme80. Cette même année a vu la parution, dans l’atelier de Josias Richel, du volume des Ασματα συγχαριστικα in honorem (...) Sebastiani Brenner, préparé en l’honneur de cet astronome et spécialiste de philologie classique : Rhormann y participe par un poème81. Lorsque, en septembre 1590, Melchior Junius organisa un exercice public autour des Catalinaria Ciceronis, Rhormann prononça le discours d’ouverture82. En 1591, il écrit encore un poème à l’occasion de la magistrature obtenue par son compatriote, Andreas Reichmund83. Ayant quitté Strasbourg pour Bâle, il y poursuit ses études de théologie et soutient enfin ses thèses sous la présidence de Johann Jacob Grynaeus, en 159284.

Mais le disciple hongrois le plus connu de Hawenreuter est sans aucun doute János Baranyai Decsi (Johannes Decius Barovius, 1560-1601), personnage majeur de l’humanisme tardif transylvain, historien, philologue et juriste85. Barovius soutint ses thèses, intitulées Synopsis philosophiae, en 159186 : l’ouvrage ayant été bien reçu par le public, il le republira en 1595 à Wittenberg87. Les historiens hongrois sont d’avis que le texte en question est plus qu’une discussion intelligente des thèses de son maître, Hawenreuter : Barovius y expose un certain nombre d’idées absolument nouvelles88.

Les trois disciples de Hawenreuter – Diedrich, Rhormann et Decius – ont composé des poèmes (un chacun) à l’occasion de la mort de Johann Sturm, fondateur de l’Académie89. Or, le grand professeur avait un autre disciple hongrois, autrement plus illustre que les précédents : Albert Szenci Molnár (1574-1634), figure majeure de l’humanisme tardif en Hongrie, traducteur de la Bible et de plusieurs ouvrages fondamentaux de la Réforme protestante90. Il a passé la majeure partie de sa vie en territoire germanique : après des études à Dresde (1591, Gymnasium zum Heiligen Kreuz), à Wittenberg (1591) et à Heidelberg (1592-1593), il arrive à Strasbourg le 1er mai 1593, et s’inscrit au Collegium Wilhelmitianum. Il étudie la logique, les mathématiques et la rhétorique dans la classe de Joseph Lang (1570-ca. 1615) et de Johannes Bentzius (1547-1599). Reçu au baccalauréat en 1595, sous la présidence de Melchior Junius, il quitte définitivement la ville l’année suivante. Plus tard, il visitera Genève et Zurich, mais résidait surtout à Heidelberg, Hanau et Oppenheim. Il est étrange que son long séjour strasbourgeois n’ait produit aucune trace imprimée – certes, les cahiers de thèse du transylvain Martinus Hoggaeus91, ou ceux du grand-seigneur luthérien Gergely Horváth Stansith (1548-1597) n’ont jamais été retrouvés non plus92. Les quelques pages du journal de Szenci Molnár consacrés à son séjour strasbourgeois mettent en évidence le fait qu’il disposait d’un réseau très large d’amis, qui l’ont salué par des poèmes lorsqu’il a quitté la ville93.

Le successeur de Hawenreuter, Nicolaus Agerius, avait lui aussi des disciples venus du royaume de Hongrie. Jusqu’à aujourd’hui, la recherche ignorait les noms de Ferdinand Heindel et de Matthias Duchon, deux élèves du grand botaniste et médecin qu’était Agerius. De retour dans leur pays, ils ont vécu et pratiqué la médecine à Presbourg et aux environs. On sait que Duchon – qui avait poursuivi ses études en physique auprès d’Agerius – a salué par un poème la disputatio d’un de ses confrères, le strasbourgeois Johannes Vitus94. Quant à

Heidel, il prépara un mémoire en physique intitulé Quaestionum miscellanearum ex physica depromptarum octo, imprimé par Johannes Caroli en 162495.

Si les études juridiques à Strasbourg ont joui d’une réputation européenne, c’est grâce à l’activité de Dionysius Godofredus. Le premier étudiant hongrois qu’on lui connaisse est un certain Johann Melczer, originaire de la ville d’Eperjes96, qui soutint ses thèses consacrées à Justinien en 159597. Toujours en 1595, il a aussi soutenu trois disputatio, sous la présidence de Godfroy : thèses et cahiers de disputatio sortent des presses de Antonius Bertram98. La dernière disputatio publique à laquelle il a participé fut consacrée au droit procédural, et dirigée par Georg Obrecht99. Notons que le juriste qu’était Melczer n’a nullement négligé les cours de rhétorique, notamment ceux de Melchior Junius. En 1595, il présente une oratio sous le titre de Graeciae sapientum optimo de rege seu principe100, puis, comme nous l’avons déjà signalé, fait paraître le 7 janvier 1596 le texte de son discours consacré à la nouvelle année et aux triomphes sur les Turcs en 1595101.

L’autre disciple de Godfroy, originaire de la même ville d’Eperjes, avait lui aussi fréquenté Melchior Junius : il s’agit de Daniel Fabinus. Sa première publication (De natura logicae102) vit le jour en 1595, suivi d’un discours de consolation adressé à la veuve de son mécène d’Eperjes103. En 1599, il incarne Ulysse dans un duel oratoire dirigé par Melchior Junius, contre son adversaire Georg Hausmann Silesius représentant Ajax (Aiacis contra Ulyssem partes sustinens)104. En 1602, il présente une disputationes sur les Pandectes, sous la direction de Paulus Graseccius105 : le cahier de résumé sort chez Bertam, en 1603, dans le recueil de Graseccius106. Mais Fabinus était avant tout un disciple de Godfroy. C’est lui qui avait ouvert la série des disputationes sur les sources du droit organisée par le maître, participant au total à quatre séances. Les cahiers ont été imprimés en 1603, avec les lettres gravées par Josias Rihel, dans l’atelier d’Andreas Rietschius107. Daniel Fabinus – à l’instar de Melczer – a complété ses études juridiques strasbourgeoises à Padoue. Il retournera régulièrement en Italie du Nord où il trouvera la mort en 1630.

Un autre personnage, inconnu ignoré de la recherche jusqu’à nos jours, est Thomas Blümberg, originaire de la ville de Bártfa, étudiant en droit à Strasbourg : il prépara un mémoire en droit pénal auprès de Georg David Locamer (1588-1637)108.

Les études de Péter Révay (1549-1622) – auteur d’un De mutuo materia...109 – étaient dirigées par Paulus Graseccius, mais je tiens à souligner que, comme tant d’autres, il se fit aussi remarquer dans les cours de Melchior Junius. Parmi les disciples de Junius, j’ai déjà rapidement présenté Johann Melczer, Daniel Fabinus, Gallus Rhormann, Andreas Ungnad et Ferenc Révay110. Il reste néanmoins vrai que les élèves les plus avancés dans l’acquisition des connaissances rhétoriques ont été Péter Révay et Zsigmond Balassi. Péter Révay, gardien de la couronne de Hongrie, se fit connaître surtout par ses deux ouvrages, De Corona Sacra Hungariae et De Monarchia, et par son échange épistolaire avec Juste Lipse111. Entre 1584 et 1588, il étudia auprès des jésuites viennois, notamment chez Joannes Molensis Montanus (1560-1613). De Vienne, il se rendit à l’Académie fondée par Johann Sturm, où, comme on vient de le dire, il étudia la rhétorique et le droit112. Ses notes d’école ont subsisté jusqu’à aujourd’hui113. Révay est l’auteur de plusieurs orationes que Melchior Junius n’a jamais manqué de publier dans ses anthologies : la première est prononcée, en 1589, quand, sur le thème Actio Parricidii ad imitationem orationvm Philippi Regis Macedoniae, eiusdemque filiorum Persei ac Demetrii apvd Livivm Dec. 4. lib. 10. exercitii gratia instituta, il fut le huitième intervenant. Ce texte sera publié dans trois collections différentes (1590, 1592 et 1595)114.

Le procès de Murena, accusé de corruption financière, fut mis en scène le 4 décembre 1589 par les disciples de Junius : Révay, en tant que praetor, résume – sur les traces de Cicéron – les charges, avant d’intervenir à deux reprises dans le débat115. En 1590, il est le deuxième intervenant dans la discussion De illustrium ac generosorum recreationibus116. Puis, en 1591, nous le retrouvons comme protagoniste dans la discussion De quatuor virtutibus cardinalibus : il prononça le discours d’ouverture (praefatio)117. Enfin, à la rentrée officielle du 6 janvier 1591, il prononce encore un discours sur Cicéron118, l’un de ses auteurs préférés, discours qui paraîtra lui aussi dans une anthologie de Junius119.

L’Album amicorum de Zsigmond Balassi était encore disponible lorsque Sándor Eckhardt a écrit sur la formation des orateurs à Strasbourg. Sa perte est très regrettable, mais, heureusement, les notes qui y avaient figuré ont été présentées par Eckhardt. Il en ressort que les Hongrois menaient à Strasbourg une vie estudiantine très active, et qu’ils entretenaient des rapports étroits avec des personnalités de la ville, et avec les étudiants provenant d’autres pays d’Europe centrale120. Un album semblable a été présenté par György Gömöri dans un article récent121. Balassi, en tant que disciple de Melchior Junius, était le neuvième orateur dans la discussion sur De illustrium ac generosorum recreationibus122, puis, à la fin de la même année (le 3 décembre 1590), il a eu le troisième rôle dans la discussion De quaestione illa politica Aristotelis : utrum in legibus ac institutis mutatio aliqua instituenda123. En 1591, il lui revint de tenir le septième discours dans le débat De feudis conferendis124.

Les cours sur Tacite de Matthias Bernegger ont également trouvé un écho en Hongrie. En 1616, le noble transylvain Ferenc Listi (diplomate du prince Gábor Bethlen) a disputé sur Tacite sous sa direction, de même que Jakab Öppy, pauvre parent des Listi et soutenu financièrement par eux125.

Enfin, nous avons connaissance d’un seul Saxon de Transylvanie ayant participé à la formation théologique de l’Académie strasbourgeoise dans la période qui nous intéresse ici : élève de Philippus Marbachius (1550-1611), Matthias Totsner, originaire de Burzenland (hongr. Barcaság), a présenté en 1597 une disputatio sur la grâce divine et sur les péchés de l’homme126.

En guise de récapitulation, nous devons rappeler qu’un nombre très élevé de Hungarica a vu le jour dans les deux centres éditoriaux d’Alsace que sont Haguenau et Strasbourg. Ces livres ont dans une large mesure déterminé la représentation du royaume de Hongrie et de la principauté de Transylvanie. Les auteurs de notoriété européenne – tels Michael de Hungaria, Pelbartus de Temesvár et Osvát de Laskó – ne se firent pas remarquer en tant qu’érudits hongrois ou de Hongrie, mais simplement comme des auteurs de textes intéressants et populaires. Personne ne connaissait la version hongroise du nom de Johannes Sambucus. L’appartenance nationale était une question secondaire. Par contre, dans une ville universitaire, les élèves provenant d’un même pays et appartenant à une même nation furent regardés par les autres comme les éléments d’un tout plus ou moins cohérent. Voilà l’enjeu de la qualité des « performances » de tel ou tel étudiant, dans les cours, dans les discussions et dans la vie quotidienne.

Les professeurs illustres ont publié les discours que les plus méritants de leurs disciples avaient prononcés à l’occasion des soutenances, et les rééditions n’étaient pas rares. On peut ainsi dire que Melchior Junius a largement contribué à accroître la notoriété des auteurs de Hongrie et de Transylvanie : ses recueils d’oraisons, ses anthologies de textes politiques et moraux ont été édités avec une telle fréquence que les chercheurs futurs ne devront pas ménager leurs efforts pour avoir une vue globale sur ses activités.

Deux autres facteurs méritent d’être évoqués lorsque nous parlons des transformations de l’image que les Strasbourgeois pouvaient avoir des Hongrois. Le premier est l’accueil réservé aux personnages illustres à leur arrivée dans la ville. Prenons l’exemple de Sambucus, un des humanistes les plus illustres, dont plusieurs ouvrages avaient déjà paru dans les ateliers locaux. Il a personnellement rencontré les plus influents des érudits de la ville. On peut supposer qu’Albert Szenci Molnár a bénéficié d’un accueil non moins chaleureux, indépendamment du fait qu’il était partisan de la confession helvétique – la plupart des figures que nous venons d’évoquer étaient de confession luthérienne. Outre la présence à Strasbourg de quelques vedettes de l’humanisme, l’autre facteur à retenir est la guerre contre les Ottomans. Les habitants écoutent avidement la nouvelle – provoquant l’indignation – selon laquelle le roi de Hongrie collabore avec les Turcs, puis celle relative aux campagnes victorieuses menées par les chrétiens. Or, la présence dans la ville d’étudiants hongrois, transylvains, tchèques ou polonais permet aux Strasbourgeois de se renseigner directement auprès d’eux. Les conversations privées et informelles ne manquent pas d’influencer l’opinion publique. Enfin, on ne doit pas oublier que toute publication d’auteur hongrois était propre à soulever la « question hongroise ».

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1 Michael de Hungarie, Sermones..., Straßburg, 1482 (Hain 9043 ; RMK III. 4). La bibliographie rétrospective hongroise enregistre les livres d’auteurs hongrois parus à l’extérieur de la Hongrie dans la collection suivante : Károly Szabó, Árpád Hellebrandt, Régi Magyar Könyvtár III- dik kötet (RMK III), Magyar szerzőktől külföldön 1480-tól 1711-ig megjelent nem magyar nyelvű nyomtatványoknak könyvészeti kézikönyve (Ancienne Bibliothèque Hongroise. Manuel bibliographique des imprimés d’auteurs hongrois parus à l’étranger entre 1480 et 1711), Első-második rész (Première et seconde partie), Budapest, MTA, 1896, 1898, 2 vol. ; Károly Szabó, Árpád Hellebrandt, Régi Magyar Könyvtár III-dik kötet, Magyar szerzőktől külföldön 1480-tól 1711-ig megjelent nem magyar nyelvű nyomtatványoknak könyvészeti kézikönyve, Pótlások, kiegészítések, javítások (Suppléments et corrections), 1-5 füzet (cahiers 1-5), préparés sous la direction de Gedeon Borsa par Sándor Dörnyey et Ilona Szálka, Budapest, OSZK, 1990, 1991, 1992, 1993, 1996.

2 Colmar, Bibliothèque municipale, ms 48.

3 Joseph Knepper, Das Schulund Unterrichtswesen im Elsass, Strasbourg, 1905, p. 255 ; Denis Ingold, « Notes sur la communauté et les écoles juives de Bollwiller (15e-20e siècles) », dans Bulletin historique de la ville de Mulhouse, 3 (1987), p. 2 ; Georges Bischoff, « Un monastère sans livres est une prairie sans fleurs. Bibliothèque et études à l’abbaye de Murbach sous l’abbatiat de Barthélemy d’Andlau (1471-1477) », dans Source(s), Cahiers de l’équipe de recherche Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe (Strasbourg), 2 (2013), p. 13-38.

4 Georges Bischoff, « Barthélemy d’Andlau ; de la légende à l’histoire », dans Acta Murbacensia, 9 (1989), p. 1-35.

5 Georges Bischoff, Recherches sur la puissance temporelle de l’Abbaye de Murbach, 1229-1525, Strasbourg, Libraire Istra, 1975.

6 Philippe Legin, « L’abbé Barthélemy d’Andlau, précurseur de la Renaissance », dans Bulletin Annuel de l’Association Châteaux forts et villes fortifiés d’Alsace, 2007, p. 79-87.

7 « Expliciunt sententiae secundum intentionem Aristotelis super omnes libros decem ethicorum cum certis notabilibus superadditis. Reportata sunt haec in famosa cititate Bolwir ubi viget studium latinorum et judeorum per manus Jacobi de Ungaria ad instatiam reverendi patris Bartholomei de Andolo abbatis Morbaciensis » (Colmar, Bm MS 48. fol. 96v) ; « Dixi autem scola latina, quia in Bolwir floret etiam scola et studium judeorum, sed proh dolor !, deficit scola grecorum et saracenorum, quia si haec adessent tunc omnes secte pueriles mundi ibi adessent. » (ibidem, fol. 325v).

8 Vicentius Bellovacensis, Speculum historiale, partes 1-4, Strasbourg, Adolf Rusch, ca. 1473 (GW M50582, Heidelberg UB Signatur : Q 1568 E fol. INC), fol. 1a : « Iste liber est emptus per fratrem Jacobum ordinis sancti Benedicti de Ungaria in Basilea ab inpressoribus » ; fol. 2a : « Iste liber est emptus per fratrem Jacobum ordinis sancti Benedicti de Ungaria in Basilea » ; fol. 27a : « Iste liber est emptus per fratrem Jacobum de Ungaria ordinis sancti Benedicti Basilea ab impressoribus »

9 Georges Bischoff, « Un monastère sans livres », art. cité, p. 26.

10 Ibidem, p. 31.

11 Voir la conférence de Georges Bischoff, le 26 mars 2014, au séminaire de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

12 GW 9533, RMK III. 5014.

13 N’oublions pas que Strasbourg, ville impériale, entretenait des rapports commerciaux très intenses avec tous les centres éditoriaux du territoire germanophone, toujours bien informés au sujet des Turcs. La publication locale de ces livres n’était donc nullement nécessaire.

14 RMK III. 99 : « Mathis Hipfvf de Argentina ».

15 RMK III. 285 : Saracenisch, Türckisch, vnd Mahometisch Glaub, Gesatz, Chronic, Gotsdienst, Ceremonien, alle Gebreach, Ordnungen, Disciplinen, in Kriegs vnd Friedenszeitten (1530).

16 RMK III. 286 : Türkei, Chronica Glaube, Gesatz, Sittenn, Herkommen, Wisz vnd alle Geberden der Türcken (1530).

17 RMK III. 457.

18 Sándor Eckhardt, Az ismeretlen Balassi Bálint (B. B. l’inconnu), Budapest, Magyar Szemle Társaság, 1943 ; Id., Magyar szónokképzés a XVI. századi Strasszburgban (Formation de rhéteurs hongrois à Strasbourg au XVIe siècle), Budapest, MTA, 1944. Pour les autres études de Poliani, voir : Arnold Huttmann, « Die Studenten aus Siebenbürgen und Ungarn an der Universität Basel aux den Jahren 1459-1600 », dans Communicationes ex Bibliotheca Historiae Medicae Hungarica, 5 (1959), p. 5-20 ; Ádám Hegyi, Magyarországi diákok svájci egyetemeken és akadémiákon (Pérégrination d’étudiants hongrois aux universités et académies suisses), 1526-1788 (1798), Budapest, ELTE, 2003 : pp. 47, (n° 17) et 80 (n° 463).

19 Georgius Agricola, Oratio de bello adversis Turcam suspiciendo, Basel, Johannes Frobenius, 1538.

20 VD 16 J 1132 : Epistolae ex historicis..., Argentinae, Lazar Zetzner ; Montebelgardi, Jacob Foillet, 1595, pp. 377-381 : Ioannes Sepvsinvs, Vvayvoda Transsylvanvs Imperii Ordinibus.

21 VD 16 J 1132 : Epistolae ex historicis..., Argentinae, Lazar Zetzner, Montebelgardi, Jacob Foillet, 1595, pp. 42-50 : Vladislavs Hvngariae et Poloniae Rex, Scanderbego Albanorvm Principi ; Scanderbegvs Epirensivm Princeps, Vladislao Hvngariae et Poloniae Regi ; pp. 338-340 : Matthias Vngariae Rex Andreae Vendramo, Veneti Senatvs Principi.

22 VD 16 J 1123 : Orationum (...) pars quinta... (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1596) : pp. 202-223.

23 VD 16 J 1127 : Orationum (...) pars quinta (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1596), pp. 203-220 ; VD 17 7 : 632197F : Orationum (...) secundus tomus (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1606), pp. 572-584.

24 VD 17 7 : 632197F : Orationum (...) secundus tomus... (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1606), pp. 794-808 : Oratio I. de novo anno Illustris ac Generosi D. Andreae Ungnadii, L. Baronis, dans Sonneg, ouvr. cit.

25 VD 17 7 : 632197F : Orationum (...) secundus tomus (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1606), pp. 900-903 (Marbach), 903-929 (Zdenko) et 929-944 (Ungnad).

26 VD 16 W 884 (Typis Iosiae Rihelij, per Andream Rietschium).

27 Johannes Weber, « Unterthenige Supplication Johann Caroli Buchtruckers. Der Beginn gedruckter politischer Wochenzeitungen im Jahre 1605 », dans Archiv für Geschichte des Buchwesens, 38 (1992), pp. 257-265 ; Johanes Weber, Strasbourg 1605 : die Geburt der Zeitung, Strasbourg, 2006.

28 Le texte fut transcrit par Augustinus Moravus à Buda, à partir du ms. conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de Hongrie : OSZK, Clmae 438. L’édition : Basilios Bessarion, Oratio de sacramento eucharistiae, Epistola ad Graecos, ed. Augustinus Moravus, Argentorati, Matthias Schürer, 1513 (OSZK, Ant. 2733).

29 Le ms. en question : OSZK, Clmae 417 ; l’édition : OSZK, App. H. 1626.

30 Argentinae, Lazarus Zetzner, 1598 (RMK III, 5608 ; VD 16 J 1140), pp. 64-77 et 255-259.

31 VD 16 J 1139 : Orationum ex historicis (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1598) pp. 52-57, 57-92 et 305-307. Melchior Junius s’est servi de l’édition Bonfini préparée par Sambucus (Basileae, Johannes Oporinus, 1568 : RMK III. 570, 5318).

32 Iani Pannonii Quinqueecclesiensis episcopi, Sylua Panegyrica ad Guarinum Veronensem, praeceptorem suum, Et eiusdem Epigrammata nunquam antehac typis excusa, Basileae apud Io. Frobenium Mense Iulio Anno M.D.XVIII. (RMK III. 220 ; App. H. 126 ; VD16 J 193). Éd. en fac-sim. par Orsolya Fazekas, postf. Éva Pohánka, Pécs, Fény KFT, 2008.

33 Iani Pannonii, Opera quae manserunt omnia : volumen I, Epigrammata, fasc. 1, éd. Iulius Mayer, Budapest, Balassi Kiadó, 2006, Praefatio.

34 Thomas A. Brady, Protestant Politics : Jacob Sturm (1489-1553) and the German Reformation, Leiden, Brill, 1995, p. 17-28.

35 Marianne D. Birnbaum, « Humanists in a Shattered World. Croatian and Hungarian Latinity in the Sixteenth Century », dans Bloomington, Slavica, 1986, pp. 59-62 ; Cf. John D’Amico, Theory and Practice in Renaissance Criticism : Beatus Rhenanus between Conjecture and History, Berkeley, University of California Press, 1988.

36 Rabán Gerézdi, « Egy költői hírnév története » (Histoire d’une réputation de poète), dans Rabán Gerézdi, Janus Pannoniustól Balassi Bálintig (De Janus Pannonius à Bálint Balassi), Budapest, Akadémiai Kiadó, 1968, pp. 48-67.

37 L’histoire sinueuse de l’attribution fut récapitulée dans l’excellente étude de Yann Sordet : Un succès de librairie européen : l’Imitatio Christi 1470-1850, Paris, Bibliothèque Mazarine, Éd. des Cendres, 2012.

38 Pour la récapitulation complète des études antérieures et la description des éditions, voir Gedeon Borsa, Michael de Hungaria, a mediaeval author in Britain. His person and a bibliography of the printed editions of his work between 1480-1621, Budapest, 1998 (« A Borda Antikvárium könyvészeti kiadványai », 6).

39 Les sermons ont vu le jour à Venise, en 1586 et en 1589 : RMK III. 751, 752, et 792. Les éditions avaient été préparées par Angelo Rocca, Francesco Ziletto, Guido Cipriano et Gabriele Rubeo. Ils les dédièrent aux cardinaux Alessandro Perotto et Antonio Caraffa.

40 RMK III. 5007.

41 Michael de Hungarie, Sermones, Strassburg, 1482 (Hain 9043 ; RMK III. 4.)

42 1487 : RMK III. 13. 1490 : RMK III. 23. 1494 : RMK III. 29.

43 1503 : RMK III. 117. 1516 : RMK III. 213.

44 1497 : RMK III. 37. 1498 : RMK III. 39, 40. 1499 : RMK III. 47, 48. 1501 : RMK III. 89. 1502 : RMK III. 107, 108. 1506 : RMK III. 135, 136, 137. 1507 : RMK III. 141. 1515 : RMK III. 1999, 200. 1516 : RMK III. 210, 211.

45 1505 : RMK III. 131, 132. 1506 : RMK III. 138, 139.

46 Énumérés dans RMK III. Cf. Zoltán J. Kosztolnyik, « Pelbartus of Temesvar : a Francican Preacher and Writer of the Late Middle Ages in Hungary », dans Vivarium, 5 (1967), pp. 100-110. Balázs Kertész, « Two Hungarian Friars Minor (Franciscan Observants) in the Late Middle Age : Pelbart de Temesvár and Oswald de Lasko », dans Infima Aetas Pannonica. Studies in Late Medieval Hungarian History, éd. Péter E. Kovács, Kornél Szovák, (Budapest, 2009), pp. 60-78.

47 1498 : RMK III. 41, 42. 1499 : RMK III. 49, 50. 1500 : RMK III. 55, 56, 57. 1501 : RMK III. 90, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97. 1502 : RMK III. 109, 110, 111, 112, 113. 1503 : RMK III. 114. ; 1504 : 120, 121, 122, 123, 124, 125. 1505 : RMK III. 127, 128, 129. 1507 : RMK III. 142, 143, 144, 145. 1508 : RMK III.150, 151. 1509 : RMK III. 153, 154, 155, 156. 1511 : RMK III. 169, 170, 171, 172. 1513 : RMK III. 183. 1515 : RMK III. 201, 202, 203. 1516 : RMK III. 212. 1520 : RMK III. 233, 234, 235. 1521 : RMK III. 240. Cf. Gedeon Borsa, « Laskai Osvát és Temesvári Pelbárt műveinek megjelentetői » (Les éditeurs des ouvrages de O. L. et de P. T.), dans Magyar Könyvszemle [ci-après MK], 121 (2005), pp. 1-24.

48 Legenda sanctorum Regni Hungariae, 1484/1486 : RMK III. 61 (5021) (Hain 9996). 1486 : RMK III. 10 (Hain 9997).

49 Opusculum de laudibus et vituperio vini et aquae, 1517 : RMK III. 215.

50 RMK III. 7312, 7314. Cf. : Gábor Sarbak, « Prior General Gregory of Gyöngyös and its Borrowers in the Late Middle Age », dans Infima Aetas Pannonica, ouvr. cité, pp. 250-260.

51 RMK III. 7310.

52 RMK III. 168.

53 Auguste Hanauer, « Les imprimeurs de Haguenau », dans Revue d‘Alsace, LII (1901), pp. 8-21 et 242-266. Édouard Sitzmann, Dictionnaire de biographies des hommes célèbres d’Alsace, Paris, Éd. du Palais royal, 1910, pp. 637-638.

54 Johann Conrad Dannhauer (1603-1666), Johann Schmidt (1594-1658) et Johann Georg Dorsche (1597-1658).

55 Dannhauer, Idea boni disputationis, Strasbourg, 1629-1674, manuel de rhétorique aristotélienne ? Cet ouvrage fondamental d’herméneutique remplace le livre de Matthias Flacius Illyricus Clavis Scripturae Sacrae (1567) dans le cursus de ceux qui se préparent aux polémiques se déroulant à l’intérieur du camp protestant. L’orientation et la nature des polémiques ont subi des transformations fondamentales par rapport aux débuts de la Réforme, où l’image avait encore joué un rôle majeur. Cf. Frank Muller, « L’évolution de l’image de propagande à Strasbourg dans les premiers temps de la Réforme », dans Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français [ci-après BSHPF], 140 (1994), pp. 5-31. Les trois penseurs orthodoxes – Dannhauer, Schmidt et Dorsche – peuvent être considérés comme les maîtres de Philipp Jacob Spener (1635-1705), surtout Schmidt, propagateur des ouvrages de Lewis Bayley ( ?-1631) et de Johann Arndt (1555-1621). Cf. Johannes Wallmann, « La spécificité de l’orthodoxie luthérienne à Strasbourg, dans BSHPF, 136 (1990), pp. 9-27. Manfred Rudersdorf, Anton Schindling, « Luthéranisme et université à l’époque confessionnelle : une comparaison entre Strasbourg, Tubingen et Marbourg », dans BSHFP, 135 (1989), pp. 64-76.

56 Cf. Gábor Kecskeméti, « Erasmian Method, Sturmian Source, Amesian Intention : Cicero dans the Schools as Transmitted by Erasmus and Sturm », dans Republic of letters, humanism, humanities. Selected papers of the workshop held at the Collegium Budapest in cooperation with NIAS between November 25 and 28, 1999, éd. Marcell Sebők, Budapest, Collegium Budapest, 2005 (« Workshop series », 15), pp. 93-105.

57 Pour une orientation bibliographique et des études de synthèse, voir Jean Sturm, Quand l’humanisme fait école, catalogue réalisé sous la dir. de Matthieu Arnold, Julien Collonges, Strasbourg, BNU, 2007.

58 Quand Strasbourg accueillait Calvin, 1538-1541, catalogue réalisé sous la dir. de Matthieu Arnold, Strasbourg, BNU, Faculté de Théologie protestante, Pr. Univ. de Strasbourg, 2009.

59 Christopher J. Burchill, « Le dernier théologien réformé : Girolamo Zachi », dans BSHPF, 135 (1989), pp. 53-63.

60 Anton Schindling, Humanistische Hochschule und Freie Reichstadt : Gymnasium und Akademie in Strassburg, 1538-1621, Wiesbaden, Steiner Verl. 1977. Lewis W. Spitz, Barbara Sher Tinsley, Johann Sturm on Education, The Reformation and Humanist Learning, St. Louis, Concordia, 1995.

61 Béla Szabó, « Dionysius Gothofredus magyar hallgatói Strasbourgban (Les étudiants hongrois de D. G.) », dans « Dum spiro doceo ». Huszti Vilmos 85. születésnapjára, éd. Béla Szabó, Pál Sáry, Miskolc, Bíbor Kiadó, 2000 (« Ünnepi tanulmányok », VI), pp. 191-229.

62 Mihály Bucsay, Belényesi Gergely, Kálvin magyar tanítványa – Gregor Belényesi, der ungarische Schüler Calvins, Budapest, Balás, 1944 (« A középdunai protestantizmus könyvtára », 7), pp. 23-45 et 70-101.

63 Humanistes du Bassin des Carpates, vol. 2. Johannes Sambucus, éd. Gábor Farkas Kiss, Gábor Almási, Turnhout, Brepols, 2014 (« Europa Humanistica »).

64 Antall József, « Zsámboky János (Johannes Sambucus), 1531-1584 », dans Orvostörténeti Közle-mények, 109-112 (1985) pp. 170-171.

65 RMK III. 391.

66 RMK III. 407.

67 RMK III. 423, 624, 5263.

68 RMK III. 5608 ; VD 16 J 1139

69 György Gömöri, « Egy strassburgi humanista magyar kapcsolata a XVI. Században » (La relation hongroise d’un humaniste strasbourgeois du XVIe siècle), dans MK, 97 (1981), pp. 317-321.

70 Hans Gerstinger, « Johannes Sambucus als Handschriftensammler », dans Festschrift des National-bibliothek in Wien, Wien, ÖNB, 1926, pp. 250-399. Die Bibliothek Sambucus, Katalog. Nach der Abschrift von Pál Gulyás, éd. István Monok, Péter Ötvös, Szeged, Scriptum, 1992.

71 Carlos Gilly, Die Manuskripte in der Bibliothek des Johannes Oporinus. Verzeichnis der Manuskripte und Druckvorlagen aus dem Nachlass Oporins anhand des von Theodor Zwinger und Basilius Amerbach erstellten Inventariums, Basel, Schwabe, 2001 (« Schriften der Universitätsbibliothek Basel », 3).

72 Patrick Andrist, Les manuscrits grecs conservés à la Bibliothèque de la Bourgeoisie de Berne – Burgerbibliothek Bern, Catalogue et histoire de la collection, Dietikon-Zurich, Urs Graf Verlag, 2007, pp. 88 et 111-112.

73 Pour la liste complète de ces titres voir Magyarországi magánkönyvtárak (Bibliothèques privées en Hongrie), IV, 1552-1740, éd. Rita Bajáki, Hajnalka Bujdosó, István Monok, Noémi Viskolcz, Budapest, OSZK, 2009 (« Adattár XVI-XVIII. századi szellemi mozgalmaink történetéhez », 13/4), pp. 11-18.

74 Frédéric Barbier a attiré mon attention sur le volume de Bernegger que possédait Sambucus. Cf. Charles Schmidt, Zur Geschichte der ältesten Bibliotheken und der ersten Buchdrucker zu Strassburg, Strasbourg, C. F. Schmidt, 1882, p. 196.

75 Encyclopaedia, Basel, Johannes Oporinus, 1559 (RMK III. 464).

76 RMK III. 788.

77 RMK III. 789.

78 RMK III. 790.

79 RMK III. 791.

80 RMK III. 807. L’imprimé en question sort de l’atelier d’Antonius Bertram.

81 RMK III. 5506=7444.

82 VD 16, J 1116 (1592, Strasbourg, Zetzner), Orationum (...) pars secunda p. 417-418. Oratio I. M. Galli Rhormanni Transylvani Consulis Ciceronis sustinentis partes ad Senatores προσφωνησις.

83 RMK III. 814. ; Reichmund devait être un personnage illustre, puisque cinq ans plus tard un autre cahier en son honneur a vu le jour à Lignitz (Legnica) : Votum in honorariam introductionem Reverendi (...) Andreae Reichmundi (...) scriptum a Georgio Seuffnero, Lygnicii, Typis Sartorianis, 1596.

84 RMK III. 7446.

85 Pour une récapitulation avec bibliographie : « Igniculi Sapientiae ». János-Baranyai-Decsi-Festschrift. Symposium und Austellung zum 400. Jahrestag des Erscheinens der Adagia von János Baranyai Decsi in der Széchényi Nationalbibliothek, 1998, éd. Gábor Barna, Ágnes Stemler, Vilmos Voigt, Budapest, OSZK, Osiris, 2004 (« Libri de libris »).

86 RMK III. 815. L’imprimé en question sort de l’atelier d’Antonius Bertram.

87 RMK III. 864.

88 L’édition en fac-similé, avec la traduction hongroise, a récemment paru : A Filozófia áttekintése, saját emlékezetének segédletére tézisekben és mintegy aforizmákban összefoglalva és vitára bocsátva a Strassburgi Academián prof. Johann Ludwig Hawenreuter professzor, az orvostudomány és a filozófia doktora elnöklete alatt, trad. János Decsi, préf. Péter Kovács, collab. Gyula Paczolay, Budapest, Bárczi Géza Kiejtési Alapítvány, 2006 (« Bárczi füzetek », 7/2).

89 Manes Sturmiani, sive epicedia scripta in obitum (...) Joannis Sturmii, Argentorati, Josias Rihelius, 1590 (RMK III. 5505, VD 16, M 562)

90 Pour une bibliographie, voir Humanistes du bassin des Carpates, ouvr. cité, t. I, pp. 239-273.

91 Étudiant à Heidelberg en 1595, à l’été 1596 il s’était rendu à Strasbourg, mais l’année 1597 le retrouve à Heidelberg Cf. János Heltai, « Adattár a heidelbergi egyetemen 1596-1621 között tanult magyarországi diákokról és pártfogóikról », dans Az Országos Széchényi Könyvtár évkönyve 1980, Budapest, OSZK, 1981, pp. 243-347.

92 VD 16, ZV 26931. Actus tres Academiae (Strasbourg, Nicolaus Wyriot, 1578), pp. 14-15 : « Reliquorum autem digni iudicati sunt, nomina de suggestu recitantur, a M. Iohanne Richardio, ministro Academiae. Vt : Ex prima Classe primus locus datus est (...). Secundum locum obtinuit (...). Tertium locum habuit (...). Reliquorum, qui progrediuntur cum Generoso Domino Barone Gregorio a Stansith, Vngaro, sunt uigintitres ».

93 Szenci Molnár Albert Naplója (Journal de Sz. M. A.), éd. András Szabó, Budapest, Universitas, 2003 (« Historia Litteraria », 13), pp. 56-58.

94 1620 : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg [ci-après BNUS] M 129.282.

95 1624 : BNUS, M 128.497.

96 Béla Szabó, « Dionysius Gothofredus magyar hallgatói Strasbourgban » (Les disciples hongrois de D. G.), dans „Dum spiro doceo“, ouvr. cité, pp. 191-229.

97 RMK III. 862. L’imprimé en question sort de l’atelier d’Antonius Bertram. Cf. István Szabó, « Melczer János ismeretlen straszburgi dissertatioja 1595-ből » (Une dissertation inconnue de M. J. de l’année 1595), dans MK, 13 (1888), pp. 252-263.

98 RMK III. 5556, 5557, 5558. Pour une analyse du point de vue de l’histoire du droit, voir Béla Szabó, art. cité, pp. 217-219.

99 RMK III. 5578. L’imprimé en question sort lui aussi de l’atelier d’Antonius Bertram.

100 VD 16 J 1121, Orationum (...) pars quarta (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1595), pp. 516-527 (« Oratio III. Ioannis Melceri Eperiessy Nobilis Vngari »).

101 Voir les notes 22 et 23.

102 RMK III. 934 : aucun exemplaire connu.

103 RMK III. 949. L’imprimé en question sort de l’atelier d’Antonius Bertram.

104 VD 16, J 1128, Orationum (...) pars octava (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1600), pp. 233-251 (« Oratio IV. Danielis Fabini Epperiensis Vngari, priori contraria, in qua pro se Vlysses agit »).

105 1602 : BNUS, F 13 338, Boîte I, 1620-1623, n° 18.

106 RMK III. 5676.

107 RMK III. 5672, 5673, 5674, 5675.

108 1623 : BNUS F 13 338, Boîte I, 1620-1623, n° 46.

109 RMK III. 816. L’imprimé sort de l’atelier d’Antonius Bertram, 1591.

110 VD 16, ZV 8801 : Aliqvot orationes (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1590), pp. 543 et 548.

111 De Sacra Corona Hungariae, Augustae Vindelicorum, Christophorus Mangus, 1613 : RMK III. 816. (majd Viennae, Matthaeus Cosmerovius, 1652, RMK III. 1795). De monarchia et Sacra Corona Hungariae, Francofurti, Jacob Lasché, 1659 (RMK III. 2058, 6387).

112 György Bónis, Révay Péter, Budapest, Akadémiai Kiadó, 1981 (« Irodalomtörténeti füzetek », 104) pp. 8-14.

113 Esztergom, Bibliothèque archidiocésaine, ms II. 253.

114 VD 16, ZV ZV 8801 : Aliqvot orationes (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1590), pp. 38-42. VD 16, J 1115, RMK III. 5526 : Orationum (...) pars prima (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 38-42. VD 16, J 1119, RMK III. 5553 Orationum (...) pars prima (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1595), pp. 38-42.

115 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 249-282 (« Orationem Ciceronis, Pro L. Murena (...) Praetoris geret vices Generosvs D. Petrvs de Revva Comes Thuroczensis ; oratio, pp. 250-252. et 281-282.

116 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 10-14.

117 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 115-119.

118 Ibid., pp. 210-230 : « Oratio Generosi Dn. Petri de Revva Comitis Thuroczensis De laudibus M. Tvl. Ciceronis recitata 6. Ibid. Ian. 1591 ».

119 VD 17, 7 : 632197F : Orationum (...) secundus tomus (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1606), pp. 152-167 (« Oratio Generosi D. Petri de Reuua Comitis Thuroczensis de laudibus M. Tvl. Ci-ceronis recitata 6. Ibid. Ian. 1591 »).

120 Sándor Eckhardt, Magyar szónokképzés a XVI. századi Strasszburgban (La formation des rhéteurs hongrois à Strasbourg au XVIe siècle), Budapest, MTA, 1944, pp. 22-24. Id., « Une école de rhéteurs hongrois à Strasbourg au XVIe siècle », dans Cahiers de littérature comparée (Budapest), 1 (1948), pp. 24-40.

121 György Gömöri, « A strassburgi akadémián tanuló XVI. századi magyarok album-bejegyzései » (Notes sur les albums des Hongrois ayant étudié à Strasbourg au XVIe siècle), dans Lymbus, 3 (2005), pp. 49-52.

122 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 32-36.

123 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 337-342.

124 VD 16, J 1116 : Orationum (...) pars secunda (Strasbourg, Lazar Zetzner, 1592), pp. 82-87.

125 Les cahiers ont été imprimés dans l’atelier de Johannes Carolus. RMK III. 1178 (Listi) et 1179 (Öppy). Cf. Gábor Kecskeméti, « Tacitus a régi magyar irodalomban » (Tacite dans l’ancienne littérature hongroise), dans Irodalomtörténeti Közlemények, 114 (2010), p. 434.

126 RMK III. 904. L’imprimé sort de l’atelier d’Antonius Bertram.