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Les Œuvres de Valentin Jamerey-Duval : une édition strasbourgeoise à la croisée des cultures

Hans-Jürgen LÜSEBRINK

Université de Sarrebruck

NdA. Je remercie Christophe Didier et Daniel Bornemann, conservateurs à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, pour leur aide et leurs conseils dans le cadre de mes recherches effectuées à la BNU pour cette contribution. Les recherches supplémentaires à Paris ont été rendues possibles grâce à un séjour, en mai 2015, comme directeur d’études associé à la Maison des sciences de l’homme dont je remercie également la direction pour son soutien

L’édition des Œuvres de Valentin Jamerey-Duval parue en 1784 à Strasbourg chez Jean Georges Treuttel, moins de dix ans après la mort de leur auteur à Vienne en 1775, constitue à plusieurs égards une œuvre à la croisée des cultures, c’est-à-dire une œuvre transculturelle par excellence : d’abord, à cause du contenu lui-même, éminemment transculturel et européen, des œuvres éditées ; ensuite, à cause du profil de l’auteur, Valentin Jamerey-Duval, médiateur interculturel à la croisée de plusieurs aires culturelles, et en particulier entre la France et l’Allemagne ou, plus précisément, entre la France et l’espace germanophone du XVIIIe siècle ; et, enfin, à cause du profil biographique des éditeurs – le libraire Treuttel, éditeur au sens commercial, puis le chevalier Frédéric Albert von Koch, éditeur au sens scientifique et qui préparé, présenté les manuscrits de Jamerey-Duval en vue de leur publication partielle. Ces deux « éditeurs » étaient personnellement intégrés dans des réseaux de sociabilité transculturels dont il faut aussi tenir compte afin de comprendre vraiment le sens de l’œuvre de cet écrivain tout à fait singulier dans le paysage culturel et intellectuel européen de la seconde moitié du XVIIIe siècle, le personnage de Valentin Jamerey-Duval1.

Né en 1695 de parents très pauvres – son père, décédé en 1700, était charron, son beau-père, ouvrier agricole à Arthonnay, entre Tonnerre et Troyes –, il fuit la maison paternelle à l’âge de treize ans, suite au deuxième mariage de sa mère, aux mauvais traitements subis de la part de son beau-père, et à une d’accusation de vol. Après avoir traversé seul l’hiver extrêmement dur de 1709 et survécu à la famine et à différentes maladies graves, le jeune Jamerey-Duval fut accueilli et employé comme berger, puis comme domestique par des ermites près de Lunéville. Ceux-ci lui apprirent les rudiments de l’écriture et de la lecture, compétences pour lesquelles il développa rapidement, en autodidacte, une véritable passion. Lors d’une chasse, des membres de la cour de Lunéville rencontrèrent par hasard le jeune berger et s’étonnèrent de le voir plongé dans un livre et entouré de cartes géographiques. À la suite de cette rencontre, Jamerey-Duval bénéficia de la protection et du soutien du baron de Pfützner, puis du duc Léopold de Lorraine et de son successeur en 1729, François, qui furent tous deux à l’origine de son étonnante et brillante carrière : d’abord sous-bibliothécaire à la cour et professeur d’histoire et de civilisation de l’Antiquité à l’Académie de Lunéville, il est, en 1737, bibliothécaire à Florence, où il suivit le duc François de Lorraine devenu grand-duc de Toscane. Enfin, à partir de 1748, le voici directeur du Cabinet des Estampes et des Médailles à la cour de Vienne, le duc François de Toscane, époux de Marie-Thérèse, étant alors monté sur le trône impérial.

Les Œuvres de Valentin Jamerey-Duval publiées en 1784 par Jean Georges Treuttel à Strasbourg parurent à une époque marquée par l’essor de l’édition et de la librairie strasbourgeoises, époque décrite par Frédéric Barbier comme un temps de « renouveau de l’édition alsacienne » reflétant lui-même une « dynamique nouvelle de l’économie du livre »2 dans la capitale provinciale. Ces Œuvres en deux volumes, qui portent au titre l’adresse « À St. Pétersbourg, cet ouvrage se vend à Strasbourg chez J. G. Treuttel, Libraire », constituent, tant par leur contenu que par leur structure, un ouvrage complexe à plusieurs niveaux. La préface de Koch est suivie du texte en quatre parties assez distinctes, chacune constituée de fragments extraits des manuscrits suivants, plus complets :

L’édition de Strasbourg contient d’abord les Mémoires sur la vie de feu Monsieur Duval. Par M. F. A. de K., un récit de 42 pages basé très probablement sur un manuscrit autographe de Duval conservé à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg que l’éditeur reprit à la troisième personne en y introduisant des modifications considérables affectant à la fois la forme et le contenu du texte original. Un autre manuscrit de ces Mémoires, largement identique et lui aussi en grande partie autographe, est conservé à la Bibliothèque de l’Arsenal3 : il comporte quelques modifications mineures du texte. Des comparaisons effectuées sur les deux manuscrits laissent à penser que le manuscrit aujourd’hui à Strasbourg, comportant des mots rajoutés et écrits au-dessus de mots raturés, alors qu’on ne trouve pas ces ratures dans celui de Paris4, constitue une étape ultérieure de l’élaboration des Mémoires, et donc probalement le « manuscrit de dernière main ».

L’édition des Œuvres de Jamerey-Duval contient enjuite plusieurs textes de l’auteur, répartis en trois sections, extraits de ses Mémoires et rédigés à la première personne : l’ensemble représente près de 80 pages, avec entre autres la « Description du fatal hiver de 1709, qui manqua de me faire périr » ; le « Plaisant motif de mon voyage en Lorraine et Félicité de cet État sous le règne du duc Léopold » (I, pp. 45-61) ; la « Description de ma dévotion fortuite & machinale qui me survient à l’Hermitage de la Rochette, près des montagnes des Vosges. Ma sortie de ce désert & mon arrivée à Ste-Anne près de Lunéville » (II, pp. 62-80) ; la « Suite de ma réception à l’Hermitage de Ste-Anne » (III, pp. 81-104) ; enfin, l’« Extrême agitation que me causa la représentation d’Isis à Paris l’an 1718. Mon voyage à Versailles & mon étonnement à l’aspect des Statues & des Jets d’eau » (IV, pp. 105-119).

Puis l’édition parue chez Treuttel contient la correspondance de Jamerey-Duval avec Anastasia Socoloff, femme de chambre favorite de Catherine II, que Jamerey-Duval avait rencontrée à Vienne en 1762. De 1762 à 1774, leur correspondance à la fois personnelle, voire par certains côtés amoureuse, portait aussi sur un très large éventail de sujets embrassant la politique, la diplomatie, la littérature et la culture. Elle ne s’arrêtera que quelques mois avant la mort de Jamerey-Duval (t. I, pp. 121-320, et II, pp. 1-270)5.

En quatrième lieu, enfin, les Œuvres de Jamerey-Duval publiées à Strasbourg contiennent les « Pièces servant d’éclaircissement aux mémoires précédents » : une dizaine de lettres adressées par Jamerey-Duval à divers personnages, notamment à l’érudit Dom Calmet ; un « Soliloque philosophique, géométrique et moral » (t. II, pp. 325-332) ; la « Prière du matin que M. Duval avoit suspendu au-dessus du chevet de son lit » (t. II, pp. 332-334) ; enfin, une « Explication des neuf gravures insérées dans l’ouvrage » (t. II, [pp. 335-336]).

Frédéric Albert von Koch, préfacier et éditeur de l’ouvrage, qui a ainsi pris la liberté à la fois de réécrire et de réaménager les manuscrits de Jamerey-Duval pour les publier partiellement, explique dans la préface ses choix par les liens étroits, voire intimes, qu’il avait entretenus avec celui-ci durant les dernières années avant sa mort, et il s’érige en quelque sorte comme son héritier spirituel. Il dit avoir eu une « sympathie » certaine pour Jamerey-Duval, de quarante ans son aîné mais qu’il considérait véritablement comme son « ami » : cette amitié, qu’il appelle aussi une « intime liaison », l’avait conduit à le « connoître intimement et à l’apprécier peut-être mieux que la plupart de ses contemporains »6.

Né en 1737 à Bouxviller, petite ville à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Strasbourg, conseiller de légation de la cour de Russie à Vienne dans les années 1760-1770, puis rédacteur principal du traité de commerce entre la Russie et la France et publiciste au cabinet de Catherine II à Saint-Pétersbourg, Frédéric Albert von Koch fut l’un des personnages les plus influents ayant marqué la politique extérieure russe pendant le règne de Catherine II. Sitzmann souligne le rôle de tout premier plan joué par lui à la cour impériale, ce qui permet de penser que l’édition des Œuvres de Jamerey-Duval à Strasbourg, avec en particulier sa correspondance avec Anastasia Socoloff, avait pu bénéficier des faveurs et de l’appui financier de Catherine II. Il explique :

Rédacteur principal du traité de commerce entre la France et la Russie, [Koch] avait parcouru avec distinction tous les grades diplomatiques et avait été employé dans plusieurs négociations importantes. Il était un des plus savants publicistes du cabinet de Saint-Pétersbourg et fut souvent admis à discuter des matières politiques avec l’Impératrice Catherine II7.

Koch avait fait la connaissance de Jamerey-Duval en 1767 à la cour de Vienne, où celui-ci occupait depuis 1748 la charge de directeur du Cabinet impérial des Médailles et Monnaies. Il explique, dans sa préface :

Son air vif et piquant, une conversation aussi instructive qu’enjouée, jointe à des manières simples, fixèrent d’abord mon attention. Je sentis ensuite la plus grande envie de lier avec lui une connoissance particulière. Je l’abordai dans ce dessein au sortir de la table pour lui marquer toute ma satisfaction de me trouver dans la compagnie d’un homme de sa célébrité. Ce mot que je prononçai de la meilleure foi du monde, faillit me brouiller avec lui8.

Et Koch de rapporter une conversation avec Jamerey-Duval mettant en lumière précisément toute la singularité du personnage, susceptible d’expliquer aussi sa célébrité :

C’est, me dit-il, que les forêts où j’ai vécu jusqu’à ma vingt-deuxième année, m’ont rendu sauvage ; que j’en suis devenu incapable de fléchir sous l’empire des formes et de la mode ; et qu’ayant remarqué de bonne heure, en entrant dans le monde et en vivant dans les cours, que sous le vernis de la politesse, les hommes se supplantent souvent l’un l’autre, je n’ai jamais voulu me mouler d’après des dehors aussi trompeurs, mais conserver mon propre pli à moi9.

Comme Daniel Bornemann l’a souligné10, Frédéric Albert von Koch, loin de vouloir rendre très fidèlement la pensée et l’héritage écrit de son ami, se permit de réécrire ses textes et de supprimer en particulier la quasi-totalité des passages politiques, très critiques à l’égard de l’absolutisme français (et de l’absolutisme en général), contenant de virulentes réflexions sur l’inégalité des conditions sociales, sur la misère de la paysannerie et sur l’injustice du système fiscal, et des critiques sur le caractère superficiel du mode de vie des cours princières, ou encore sur le caractère sclérosé de l’enseignement dans les collèges religieux à l’époque. Koch, qui avait dédié son édition des Œuvres de Valentin Jamerey-Duval à Catherine II (« À Sa Majesté l’Impératrice de toutes les Russies »11), adopta ainsi fondamentalement la même attitude critique et prudente, à l’égard de certains passages du manuscrit de Jamerey-Duval que soixante-dix ans plus tard Jules Berger de Xivrey, conservateur adjoint à la Bibliothèque de l’Arsenal (1851-1863) et membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Celui-ci, dans ses notices présentant le manuscrit des Mémoires de Jamerey-Duval conservé à l’Arsenal, s’interrogeait sur sa provenance. Il pourrait très bien venir des Archives de la Bastille, vu son caractère politique et virulemment contestataire :

Peut-être aussi ce manuscrit, venu entre les mains du ministère français, aurait-il été envoyé à la Bastille, à cause de ce qu’il contenoit d’hostile à notre gouvernement et de très hardi sur la critique de l’état social dans l’ancien régime. En ce cas, il aurait pu être transporté à l’Arsenal, après la prise de la Bastille, avec beaucoup d’autres papiers de cette forteresse12.

Jamerey-Duval lui-même était conscient des dangers que pouvait représenter la publication de ses Mémoires de son vivant. Dans une lettre adressée de Vienne le 28 juin 1750 à Dom Calmet, lequel avait eu connaissance de l’existence du texte, il se prononça sur cette question épineuse, en se désignant, au début de la lettre, comme « Poëte Philosophe » :

Les Mémoires que j’ai ébauché[s], sont hérissés de certaines vérités qui ne seront supportables à la délicatesse du siècle, que lorsque le tems les aura meuries, & qu’il m’aura conduit au terme fatal, où l’orgueil & le faste des Grands, & l’humiliation des petits, se trouvent confondus dans la même poussière. C’est la précaution que doit prendre tout homme qui veut peindre la vérité, trait pour trait, & avec la même liberté que s’il étoit seul dans la nature13.

En esquivant ce discours engagé, que Jamerey-Duval n’avait, par prudence, pas voulu publier de son vivant pour ne pas mettre en péril sa position à Vienne, où il occupait la place enviée de chef du Cabinet des Médailles et Monnaies, Koch choisit dans son édition abrégée de mettre l’accent, comme d’autres contemporains, sur les aspects anthropologiques originaux du personnage et de son œuvre. Il procéda pour cela à une réécriture des Mémoires (alliant des extraits de l’auteur avec un récit biographique de sa propre plume), à une réduction considérable du volume du texte (à laquelle Jamerey-Duval s’était en principe refusé14), et à une relecture mettant en lumière la trajectoire sociale unique et l’autodidaxie de l’auteur. Berger de Xivrey souligna également, de façon similaire, ce « phénomène singulier » que constituaient la soif d’apprendre inassouvissable de Jamerey-Duval et son parcours exceptionnel d’autodidacte :

Néanmoins il faut lire ces Mémoires en entier pour se rendre compte du phénomène singulier de cette ardeur innée pour le savoir, qui, en partant des conditions d’existence les plus défavorables qu’on puisse imaginer, à force de persévérance et de tenacité, à surmonter tous les obstacles, pour atteindre à peu près à toutes les connaissances humaines15.

De nombreux comptes-rendus relatifs à l’édition des Œuvres de Jamerey-Duval parus dans la presse de l’époque mirent également l’accent sur la dimension anthropologique singulière, foncièrement autodidactique, de sa biographie, face à laquelle leur dimension politique (dèjà largement réduite par Koch) s’effaça presque complètement. Dans le compte-rendu du Journal de Paris, il n’en subsista plus guère que la phrase suivante évoquant l’état de la province de Champagne durant l’hiver 1709 : « l’affreuse misère qu’il y voit régner par tout »16. Le journal focalisa par contre son intérêt sur le personnage de Jamerey-Duval, susceptible de servir d’exemple et d’illustration pour les capacités intellectuelles et les possibilités d’évolution d’hommes de toutes les classes et de toutes les conditions sociales : il fut ainsi hissé au rang d’exemplum anthropologique, ses Mémoires servant de « pièces à conviction » prouvant la véracité des assertions avancées.

M. Duval fut un des phénomènes que la Nature se plaît à montrer de tems en tems, comme pour nous convaincre que, dans l’éducation des hommes, elle est quelquefois supérieure à tous les efforts de l’art, & que du génie le plus négligé, le plus inculte, elle fait, quand il lui plaît, un prodige d’érudition & de philosophie17.

Le même discours se retrouve dans les remarques introduisant un résumé du récit de la vie de Jamerey-Duval publié dans les Causes Célèbres de Des Essarts en 1785 :

On pourrait écrire une liste fort longue des hommes illustres qui, nés dans la classe la plus abjecte de la société, sont parvenus à la plus haute célébrité par leurs talens naturels, par un travail opiniâtre pour les cultiver, malgré toutes les rigueurs de la fortune, qui sembloit lutter sans cesse contre leurs efforts, en leur refusant tous les secours qu’exige l’étude des sciences. Nous nous bornerons à parler d’un seul, dont on vient de publier les ouvrages18.

Cette perspective de lecture, d’interprétation et de réception des Mémoires, à orientation anthropologique et refoulant toute la radicalité politique contenue dans le texte original, fut favorisée d’une certaine manière par la posture de l’auteur lui-même. Celui-ci se plaisait, en effet, à mettre en avant, à la cour de Vienne, sa fulgurante ascension sociale, celle d’un fils de modeste paysan, autodidacte devenu d’abord professeur d’Histoire à l’Académie de Lunéville, puis bibliothécaire à la cour impériale. Il cultivait en même temps sa propre image de « sauvage sorti des forêts », de « demi-sauvage » et de personnage radicalement marginal dans la société de la cour de l’époque, une auto-image présente dans ses écrits, mais aussi dans ses conversations à la cour impériale, dans sa manière de vivre et dans sa façon de se vêtir délibérement très simple, tranchant nettement avec les costumes des courtisans19. La curiosité anthropologique avait certes été à la base même de la genèse de l’écriture autobiographique de Jamerey-Duval, prolongeant ainsi ses récits oraux sur sa propre vie que les courtisans à Lunéville, à Florence et à Vienne écoutaient avec avidité et étonnement. Le docteur Mesny, publiant en 1777 une édition très abrégée des Mémoires de Jamerey-Duval, mentionne le fait que Marie-Thérèse, future impératrice-reine, aimait à faire parler Jamerey-Duval sur sa vie et l’aurait incité à rédiger ses Mémoires dont elle aurait lu dès 1734 les premiers cahiers20.

La dimension politique, certes largement refoulée, voire absente, dans les récits que Jamerey-Duval faisait de sa vie dans les milieux de la cour, occupe par contre une place importante dans le manuscrit de ses Mémoires. Jules Berger de Xivray, commentant en 1851 le manuscrit conservé à l’Arsenal (lequel ne sera publié intégralement qu’en 1929 par Maurice Payard, dans une édition annotée publiée chez Arrault à Tours21 mais restée plutôt confidentielle), cite précisément l’un des passages où Jamerey-Duval met virulemment en cause les travers de la politique de Louis XV, mais se montre en même temps bien conscient des dangers qu’il court lui-même en les dénonçant :

Je laisserai [dit-il] aux historiens politiques le soin de développer les obliquités, les intrigues, et les noires cabales, que cette puissance tyrannique a tramées, pour opérer cette malheureuse catastrophe. Je me bornerai à décrire ce que j’ai vû de mes propres yeux ; et la façon dont je m’en acquitterai prouvera évidemment que mon amour pour la vérité est de beaucoup supérieur à mon attachement pour la vie, en dévoilant l’une, je courus le risque de perdre l’autre22.

Berger de Xivray précise encore, dans une des notes de sa présentation du manuscrit, la composition de la publication en détaillant les extraits qui la composent :

Ces œuvres consistent en une correspondance assez insignifiante entre Valentin Duval, déjà âgé, et Mlle Anastasia Socoloff, femme de chambre de l’Impératrice Catherine II. Elle est précédée d’une vie de Duval, écrite avec soin par une personne qui l’avait beaucoup connu. Cette vie est accompagnée de quatre extraits de ses mémoires, répondant exactement au texte du présent manuscrit : le 1er du fol. 38 recto au fol. 44 verso ; le 2e du fol. 76 au fol. 83 verso ; le 3e du fol. 84 recto au fol. 94 recto, mais avec des suppressions et quelques légers changemens à la fin ; le 4e du fol. 171 verso au fol. 179 recto, les dernières lignes un peu modifiées23.

Justifiant les choix et les suppressions de passages effectués par Koch dans son édition strasbourgeoise des Œuvres, Berger de Xivray critique, dans un autre passage de ses notes ajoutées, ses prises de positions politiques comme une

longue diatribe contre la France où l’auteur s’abandonne (...) à des considérations de politique, de morale et d’histoire24.

Il avance en même temps des arguments pour expliquer à la fois la publication amputée des Mémoires par ses éditeurs strasbourgeois, le fait surprenant que ceux-ci s’arrêtent en 1719, bien avant la mort de Jamerey-Duval en 1775, et le fait qu’il n’ont jamais été publiés – ni portés à la connaisance du public – du vivant de son auteur :

Duval finit-il par s’arrêter devant ces dangers extrêmes auxquels il s’attendait (sans doute avec quelque exagération) ? Ou bien des amis à qui il communiqua cette partie de son manuscrit le prévinrent-ils qu’en continuant dans ce sens et en donnant à la suite de ses mémoires un caractère politique, il s’exposerait à mécontenter les membres de la famille impériale , ses chers bienfaiteurs ? Le fait est que son récit ne va pas au-delà de l’année 1719, la vingt-quatrième de l’âge de l’auteur25.

Pour expliquer les réticences de son auteur (et des éditeurs potentiels) à publier le manuscrit, Berger de Xivrey évoque aussi, dans son introduction au manuscrit de l’Arsenal, le contexte historique spécifique de l’époque, et les relations particulières unissant la monarchie française et la Maison de Lorraine :

En lisant ce manuscrit, on comprend aisément ce qui en empêcha la publication intégrale. L’alliance récente contractée entre la maison de Bourbon et celle de Lorraine, par le mariage de l’Archiduchesse avec le Dauphin, n’aurait pas permis à l’Autriche d’autoriser un livre où l’on juge avec autant de rigueur et de passion le gouvernement français et notre caractère national. Le même motif ne permettrait guère de le publier chez nous encore aujourd’hui26.

L’édition strasbourgeoise des Œuvres de Jamerey-Duval, la première qui rendit publique une part tout au moins significative de ses écrits, même s’il s’agissait d’une édition partielle et en grande partie d’une réécriture orientée, engage ainsi à la lecture anthropologique de sa vie et de son œuvre qui allait dominer très largement sa réception jusqu’à une époque récente. L’auteur des Mémoires est un « homme de la nature » (Naturmensch)27, une véritable « curiosité », ses écrits contiennent beaucoup d’élements « curieux », « singuliers » et « extraordinaires »28, et ceci sous une forme « simple », « franche », « naturelle » et « sans affection »29, pouvait-on lire en décembre 1784 sous la plume d’Anton Friedrich Büschings dans ses Wöchentliche Nachrichten von neuen Landcharten, geographischen, statistischen und historischen Büchern und Sachen30 à propos de la traduction allemande des Œuvres publiée à Ratisbonne, la même année que l’original, et rééditée dans une version largement modifiée en 1788.

Au-delà de la simple « curiosité » qu’il suscita, le cas de Jamerey-Duval, découvert à travers ses œuvres parues à Strasbourg et traduites quasi immédiatement à Ratisbonne, fut considéré par l’opinion publique savante de l’époque comme un objet d’étude anthropologique et psychologique par excellence, susceptible de montrer la grande capacité d’évolution, d’éducation et d’acculturation d’hommes de toutes les conditions sociales. La réception de la biographie et de l’œuvre de Jamerey-Duval, induite par François Albert von Koch à travers son édition de 1784, vint s’intégrer ainsi dans un discours anthropologique et pédagogique plus large, axé autour de figures d’autodidactes : ce discours s’étendait des réflexions de Koch lui-même et des comptes-rendus sur son livre aux écrits de l’abbé Grégoire pendant et après la Révolution, en particulier son De la littérature des nègres (1808), qui fait explicitement mention de Jamerey-Duval31. Un compte-rendu de l’édition strasbourgeoise dans la Allgemeine Literaturzeitung en 1785 souligne ainsi que les Œuvres de Jamerey-Duval fournissaient au

connaisseur de l’homme qui veut suivre l’évolution d’un esprit hors du commun pas à pas, une étude infiniment riche32.

Benedict Peuger qualifie, dans son Anecdotenbuch für meine lieben Amtsbrüder, Priester und Leviten paru en 1785 à Leipzig, les Œuvres de Jamerey-Duval d’« écrit utile pour tous ceux qui font de l’étude de l’homme leur occupation la plus importante »33. L’abbé Grégoire avait lu le manuscrit des Mémoires conservé à l’Arsenal, et il les jugea « très dignes de voir le jour »34. Il avait l’intention de publier le texte dans son intégralité, mais ne réalisa pas ce projet, et comparait la trajectoire biographique et le style de Jamerey-Duval à ceux d’anciens esclaves noirs ayant pris la plume, comme Olaudah Equiano, auteur du The Interesting narrative of the life of Olaudah Equiano, or Gustavus Vassa, the African, written by himself, paru à Londres en 1794 :

L’ouvrage est écrit avec la naïveté, j’ai presque dit la crudité de caractère d’un homme de la nature ; c’est la manière de Daniel de Foe, dans son Robinson Crusoe ; c’est celle de Jamerai Duval, qui de gardien de vaches chez les hermites, devint bibliothécaire de l’empereur François Ier, et dont les mémoires inédits, mais très-dignes de voir le jour, sont entre les mains d’Ameilhon35.

Grégoire ajoute dans une note concernant l’édition strasbourgeoise des Œuvres :

Les deux volumes publiés de ses œuvres n’en forment que la moindre partie, et la moins intéressante36.

Henri Grégoire, né en 1751 à Vého (Lorraine), député du clergé à l’Assemblée constituante en 1789, porte-parole du mouvement anti-esclavagiste pendant la Révolution et une des figures majeures de la politique culturelle jacobine, souligne ainsi que la lecture étroitement anthropologique de l’œuvre de Jamerey-Duval refoulait et masquait presque totalement sa dimension proprement politique, celle qui sera mise en avant beaucoup plus tard, notamment par l’édition des Mémoires établie par Jean-Marie Goulemot en 198137. Grégoire insista clairement sur la nécessité de publier l’intégralité du texte. Berger de Xivrey a parfaitement mis en évidence, dans sa présentation du manuscrit de l’Arsenal, ce double processus de lecture partielle et de censure implicite. Les deux « éditeurs » de l’édition strasbourgeoise de ses Œuvres, Koch et Jean Georges Treuttel, tout en faisant sortir de l’ombre l’une des figures les plus fascinantes des Lumières européennes, contribuèrent en même temps à orienter fortement la lecture du texte originel et à occulter la radicalité d’une prise de parole éminement politique : soit une lecture réductrice, et qui allait influencer pendant près de deux siècles la réception de l’œuvre.

Même si l’intégralité des Mémoires ne fut rendue publique qu’avec l’édition Payard de 1929, puis avec l’édition, légèrement raccourcie38, de J.-M. Goulemot en 1981, on peut constater que la traduction allemande des Œuvres par Kayser, reprenant à première vue l’édition de Koch, était, dans sa deuxième édition parue en 1788, nettement plus complète que cette dernière. Alors que la première édition, parue à Ratisbonne la même année que l’original, restait encore très proche de celui-ci, avec sa logique de sélection à dominante anthropologique, en particulier pour les Mémoires de Jamerey-Duval, la seconde édition allemande était considérablement augmentée. La page de titre mentionne que le traducteur, Albrecht Christoph Kayser, bibliothécaire des princes von Thurn und Taxis sous le règne du prince Karl Anselm39, avait basé sa traduction sur les Mémoires éditées (ou plutôt réécrites) par Koch, mais aussi sur des manuscrits originaux de la main de Jamerey-Duval qu’il avait achetés en 1785 à un antiquaire de Vienne par l’intermédiaire de la Librairie Montag de Ratisbonne40. Ce manuscrit des Mémoires, intitulé « La Vie de Msr. Valentin Duval, écrite de sa propre main »41, est complété par deux autres manuscrits dont Kayser se porta aussi acquéreur, la « Correspondance littéraire de Msr. Duval avec plusieurs savans en Russie »42 et les « Anecdotes différentes »43.

Le manuscrit, conservé par la suite à la bibliothèque des princes de Thurn et Taxis, est le troisième manuscrit connu des Mémoires, à côté de ceux de l’Arsenal et de la Bibliothèque nationale et universitaire44. D’après les informations données par Kayser dans la préface de l’édition de 1788, il comporte 415 pages in-quarto numérotées, rédigées avec une petite écriture sur 12 cahiers, l’orthographe, le style et les nombreuses corrections au crayon rouge et les améliorations (« Verbessserungen ») de la main de l’auteur indiquant qu’il s’agit d’une première ébauche destinée à une publication ultérieure45. Contrairement à ses prédécesseurs, Kayser décida de prendre en considération, et par conséquent de traduire et d’éditer une partie importante des passages politiques des Mémoires, voulant rester fidèle à la visée exprimée par son auteur sur la page de titre de son manuscrit, à travers les vers suivants empruntés au poème Pindare aux enfers de La Mothe :

Je ne veux point, que mes ouvrages / Ressemblent, trop fleuris, trop sages à ces jardins plantés par l’art (...) / J’aime mieux ces forêts altières

Où les routes moins régulières / M’offrent plus de diversité46.

Cette traduction allemande contient de nombreux passages politiques omis dans la traduction-réécriture française de 1784 : par exemple ceux portant sur la « dureté et l’insensibilité répréhensible des riches »47, sur les funestes effets des guerres sur les membres les plus pauvres de la société, sur les guerres de conquête de Louis XIV, sur la monarchie absolue et sur la misère des paysans. Cette critique sociale et politique se fondait, en règle générale, sur des expériences vécues et des observations personnelles. Cette dimension politique que la seconde édition de la traduction allemande des Mémoires a fait ressortir pour la première fois, et qui devait rester pour longtemps refoulée et ensevelie en France, fait a posteriori de Jamerey-Duval l’un des auteurs les plus radicaux des Lumières, combinant de manière neuve et originale l’autodidaxie populaire avec une réflexion critique sur les conditions sociales et politiques de son époque.

La lente, incomplète et très tardive émergence des Œuvres de Jamerey-Duval, et en particulier de ses Mémoires, dans l’espace culturel français et allemand à la fin du XVIIIe siècle, s’effectua ainsi parallèlement dans deux milieux éditoriaux et intellectuels périphériques, mais en même temps transculturels et très ouverts à de nouveaux horizons intellectuels : le milieu des princes éclairés de Thurn und Taxis à Ratisbonne, pionniers de la communication postale et mécènes des arts ; et le microcosme éditorial et intellectuel strasbourgeois des années 1780. Il semble singulièrement significatif que ce soit l’éditeur Jean Georges Treuttel, avec le diplomate cosmopolite d’origine alsacienne Frédéric Albert von Koch, ami de Jamerey-Duval à la cour impériale de Vienne, et son frère Christophe-Guillaume Koch (1737-1813)48, publiciste et historien de renom ayant publié de nombreux ouvrages chez Treuttel49, qui jouèrent les rôles essentiels dans cet étonnant puzzle transculturel de l’histoire du livre.

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1 Son nom s’écrit à l’époque de différentes manières : outre la version abrégée « Duval », on trouve notamment celle de « Jamerai-Duval ». Sur sa biographie, retracée ici dans ses grandes étapes, voir : Maurice Payard (éd.), Mémoires de Valentin Jamerey-Duval. Publiées d’après le manuscrit autographe de la Bibliothèque de l’Arsenal. Avec une introduction, des Notes et des Pièces ajoutées, Tours, Arrault et Cie, 1929, pp. 21-206 (étude biographique) ; Jean-Marie Goulemot, « Introduction », dans Valentin Jamerey-Duval, Mémoires. Enfance et éducation d’un paysan au XVIII e siècle, éd. Jean-Marie Goulemot, Paris, Le Sycomore, 1981 (nouv. éd., Paris, Minerve, 2010, pp. 17-73, en particulier pp. 17-21 (« repères biographiques pour l’histoire d’une vie »).

2 Frédéric Barbier, « Une librairie “internationale” : Treuttel et Würtz à Strasbourg, Paris et Londres », dans Revue d’Alsace, t. 111, 1985, fasc. 589, 2e trim. 1985, pp. 111-123. Voir aussi Frédéric Barbier, « De la France, de l’Allemagne : les relations transnationales de librairie à Strasbourg dans la première moitié du XIXe siècle », dans Histoire et civilisation du livre (ci-après HCL), IX, 2014, pp. 279-307, ici pp. 283-285.

3 Mémoires de Jamerey-Duval. Autographe. Bibliothèque de l’Arsenal, [ci-après Arsenal], ms. 4647 (H.F. 886), in-4°, 259 feuilles. Un extrait ou fragment de ces Mémoires, intitulé Vie de Duval, géographe de Léopold, duc de Lorraine, écrite par luy-même, et ayant appartenu à Voltaire, est conservé à la BnF (ms. fr., 12940).

4 Voir par exemple BNU, ms. 0-414 (= L gallic 46), pp. 114, 158 et 162, et Arsenal, ms. 4647 (H.F. 880), reproduit dans Jean-Marie Goulemot, ouvr. cité, pp. 192, 211 et 213.

5 Nous préparons, avec Angelina Vacheva (Université de Sofia, Bulgarie, Institut d’Études slaves), une édition critique de cette correspondance très éclairante également sur la politique de Catherine II de Russie et sur les relations diplomatiques entre l’empire des Habsbourg et la Russie au milieu du XVIIIe siècle.

6 Œuvres de Valentin Jamerai Duval. Précédées des Mémoires sur sa vie. Avec figures [ci-après Œuvres], À St. Pétersbourg, et se vend à Strasbourg chez J. G. Treuttel, Libraire, 1784, 2 vol., ici I, pp. VII et XI. Le compte-rendu sur les Œuvres de Valentin Jamerai Duval paru dans le Journal de Paris, n° 24, 24 janvier 1785, pp. 97-99, ici p. 97, qualifie également Koch d’« ami » de Jamerey-Duval.

7 Voir la notice sur « Koch, diplomate », dans Fr.-Edouard Sitzmann, Dictionnaire des hommes célèbres de l’Alsace, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Rixheim, F. Sutter, 1909-1910, 2 vol., ici t. II, p. 54.

8 Œuvres, « Préface », pp. VIII-IX.

9 Ibid., pp. IX et X.

10 Daniel Bornemann, « Le manuscrit des Mémoires de Valentin Jamerey-Duval (18e siècle) », dans la Revue de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg, n° 9, 2014, pp. 30-33.

11 Œuvres, « Préface », p. IV. Koch signe cette dédicace comme suit : « Le plus humble, le plus soumis & le plus fidèle serviteur KOCH ». L’édition, parue à Strasbourg, porte aussi la mention « À S. Pétersbourg », qui pourrait s’expliquer par ce soutien financier.

12 J. B. X. (Jules Berger de Xivrey), Introduction au manuscrit des Mémoires de Valentin Jamerai Duval, bibliothécaire de l’Empereur (autographes), 1695-1719 : Arsenal, ms. 4647 (H.F. 886), in-4°, pp. I-VI, ici p. VI.

13 Dom Augustin Calmet, Bibliothèque Lorraine ou Histoire des Hommes illustres qui ont fleuri en Lorraine, dans les trois évêchés, dans l’archevêché de Trèves, dans le Duché de Luxembourg, etc., Nancy, A. Leseure, 1751, art. « Val (du) », col. 953-956, ici col. 953. Cette lettre est également citée dans le vol. II, pp. 282-286 des Œuvres (« Lettre de M. Duval à l’Abbé Dom Calmet »), passage cité p. 282. Elle fut reprise en traduction allemande dans la préface de l’édition des Mémoires de Jamerey-Duval : Leben des Herrn Valentin Jamerai Duval, Kaiserl. Bibliothekars und Aufsehers über das Münzkabinett in Wien. Aus dessen eigenhändigen französischen Manuskripte und den Mémoires des Herrn Ritters von Koch übersetzt von Albrecht-Christoph Kayser, Hochf. Thurn und Taxischen Bibliothekar. Zwote, um die Hälfte vermehrte Auflage, 2e éd., Regensburg, bey Montags Erben, 1788, t. I, « Vorrede », pp. XXII-XXVI.

14 Calmet, Bibliothèque Lorraine, col. 954, « Lettre de Jamerey-Duval à Dom Augustin Calmet » : « Deux raisons m’engagent à ne point abréger ces Mémoires. La première c’est que mes occupations ne me le permettent point. La seconde est que je ne pourrois m’en acquitter qu’en les décharnant, & en les réduisant à de simples dates d’événements, qui ne regardent que moi. »

15 Berger de Xivrey, [Introduction au manuscrit], pp. I-II.

16 « Œuvres de Valentin Jamerai Duval, précédées des Mémoires sur sa vie, 2 vol. in-8°, avec figures, 1784 », dans Journal de Paris, n° 24, 24 janvier 1785, pp. 97-99, ici p. 98.

17 Ibid., p. 97.

18 Nicolas-Toussaint Le Moyne des Essarts, Causes célèbres, curieuses et intéressantes, de toutes les cours du Royaume, avec les jugemens qui les ont décidés, Paris, [s. n.], 1785, t. CXXIII, pp. 51-114 : « CCCCXVe cause, cordonnier-savetier, âge de 60 ans, qui veut être admis à exercer la profession d’avocat », ici pp. 84-85, n. 1. Le résumé de la vie de Jamerey-Duval se trouve ibid., pp. 85-89, note. Il est basé sur les « Mémoires sur la Vie de M. Duval » publiés dans les Œuvres, t. I, pp. 3-42.

19 Rolf Wintermeyer, « Ein wilder Mann am Wiener Hof : Valentin Jamerey-Duval », dans Anne-Marie Corbin, Friedbert Aspetsberger (éd.), Traditionen und Modernen. Historische und ästhetsiche Analysen der österreichischen Kultur, Klagenfurt, Studienverlag, 2008, pp. 39-51 ; Rolf Wintermeyer, Der Wilde Mann am Wiener Hof : die Anti-Memoiren des Valentin Jamerey, genannt Duval, Klagenfurt, Wieser, 2011.

20 Goulemot, ouvr. cité, « Introduction », p. 20, et Mesny, Mémoire abrégé de la vie de Monsieur Valentin Jamerey-Duval cy-devant professeur d’histoire à l’Académie royale de Luneville, fondée par le feu Duc Léopold 1er (...) publié par un de ses amis, Firenze, [s. n.], 1777.

21 Maurice Payard, Mémoires de Valentin Jamerey-Duval, ouvr. cité.

22 (Berger de Xivrey), « Introduction », pp. II-III.

23 Ibid., p. 1, note (1).

24 Ibid., p. III.

25 Ibid., p. III.

26 Ibid., p. 1.

27 Voir sur ce sujet : Hans-Jürgen Lüsebrink : « ’Repräsentanten der Natur’ – autobiographies plébéiennes en Allemagne autour de 1800 », dans Romantisme. Revue du dix-neuvième siècle, 56 (1987), pp. 69-77.

28 « So viel sonderbares, ungewöhnliches und merkwürdiges. »

29 « Ungeachtet seiner ungekünstelten Form, und seiner Freymüthigkeit. »

30 « Leben des Herrn Valentin Jamerai Duval, Kais. Bibliothekars und Aufsehers über das Münzkabinet in Wien. Aus dem französischen des Ritters von Koch übersetzt von Albrecht Christoph Kayser 1784 », dans Anton Friedrich Büschings Wöchentliche Nachrichten von neuen Landcharten, geographischen, statistischen und historischen Büchern und Sachen, 51. Stück, déc. 1784, pp. 405-406, ici p. 406.

31 Hans-Jürgen Lüsebrink, « Autodidakten im anthropologischen Diskurs in Frankreich um 1800. Zur Sicht der Autodidaxie im Werk des französischen Kulturpolitikers und Kulturanthropologen Henri Grégoire (1750-1831) », dans Iwan-Michelangelo D’April [et al.] (éd.), Autodidakten im 18. Jahrhundert und in der ersten Hälfte des 19. Jahrhunderts (à paraître en 2015).

32 « Duvals Leben (...) ist für den Menschenkenner, der dem Entwicklungsgange eines nicht gemeinen Geistes von Schritt zu Schritt nachspühren will, ein unendlich reiches Studium » (« Œuvres de Valentin Jamerai Duval ; précédées des Mémoires sur sa vie. Avec figures. 1784. Tome I », dans Allgemeine Literaturzeitung, n° 142, 19 févr. 1785, pp. 177-180, ici p. 177).

33 « Ich empfehle diese Schrift allen, die das Studium der Menschenkunde zu ihrer ersten und wichtigsten Beschäftigung machen » (Benedict Peuger, Anecdotenbuch für meine lieben Amtsbrüder, Priester und Leviten, Leipzig, Hilscher, 1785, vol. II, p. 194).

34 Henri Grégoire, De la littérature des nègres, ou Recherches sur leurs facultés intellectuelles, leurs qualités morales et leur littérature ; suivies de Notices sur la vie et les ouvrages des Nègres qui se sont distingués dans les Sciences, les Lettres et les Arts, Paris, Maradan, 1808, pp. 247-248.

35 Ibid., p. 247-248.

36 Ibid., p. 248.

37 Ouvr. cité.

38 Goulemot précise qu’il a « opéré dans le texte du manuscrit des Mémoires un certain nombre de coupes », notamment en ce qui concerne les propres notes de Jamerey-Duval ainsi que « des répétitions ou des citations interminables », en donnant le « contenu du passage manquant dans un résumé en note » (ouvr. cité, p. 73).

39 Karl Anselm von Thurn und Taxis (1733-1805), prince régnant de 1773 à 1805, franc-maçon ouvert aux Lumières, était connu pour sa passion pour la musique et les arts. Il ouvrit en 1786 la bibliothèque princière (« Fürstliche Hofbibliothek ») au public. Voir Josef Rübsam, « Taxis (Thurn und Taxis), Karl Anselm Fürst von », dans Allgemeine Deutsche Biographie, vol. 37. Leipzig, Duncker & Humblot, 1894, pp. 504-507.

40 Leben des Herrn Valentin Jamerai Duval (1788), ouvr. cité, t. I, « Vorrede », pp. XII-XL, ici pp. XVI-XX.

41 Ibid., p. XVI, note.

42 Ibid., p. XVI, note.

43 Ibid., p. XVI, note.

44 BNU, Strasbourg, ms. 0414 (Autobiographie de Jamerai Duval ).

45 Leben des Herrn Valentin Jamerai Duval (1788), ouvr. cité, t. I, pp. XIX-XX : « Man sieht es der Orthographie, der Schrift, dem Stil und den häufig angebrachten Verbesserungen an, daß sie der erste Entwurf sind. Die mir Röthel bezeichneten Stellen sind am meisten korrigiert, woraus zu vermuthen ist, daß man von denselben Abschriften genommen hat. »

46 Leben des Herrn Valentin Jamerai Duval (1788), ouvr. cité, t. I, pp. XVII-XXVIII.

47 Ibid., t. I, p. 137.

48 Lire la notice sur « Koch, Christophe-Guillaume », dans Sitzmann, ouvr. cité, t. II, pp. 52-54 ; J.-G. Schweighaeuser, Vie de Christophe Guillaume Koch, professeur à l’ancienne Université de Strasbourg, rédigée au nom du séminaire protestant, Strasbourg, Impr. de J.-H. Heitz, [1815].

49 Voir par exemple le catalogue : Johann Georg Treuttels in Straßburg neue Verlagsbücher 1785, Strasbourg, 1785, 8°, 4 p. (BnF Q 9308), qui mentionne plusieurs ouvrages de Koch, entre autres les Tableaux des Révolutions de l’Europe, en version française et en traduction allemande.