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« Le rameau d’or et de science »

La bibliothèque humaniste de l’architecte Joseph-Jean-Pascal Gay (1775-1832)

Philippe DUFIEUX

Docteur de l’École pratique des hautes études (Section des sciences historiques et philologiques), diplômé en histoire, en histoire de l’art et en sciences politiques, Philippe Dufieux est chargé de mission auprès du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement du Rhône. Correspondant de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, il est président de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon. Il prépare une étude sur les élèves de Tony Garnier et l’École régionale d’architecture de Lyon, ainsi qu’une monographie sur l’architecte Antoine-Marie Chenavard (1787-1883). Il enseigne à l’École nationale supérieure d’architecture de Lyon

à Jean-Michel Leniaud

La figure et l’œuvre de l’architecte Joseph-Jean Pascal Gay demeurent encore largement méconnues, à l’image de nombre de ses confrères qui traversent la tourmente révolutionnaire et ouvrent le siècle nouveau en s’illustrant sous l’Empire et la Restauration par des travaux d’utilité publique1. Né à Lyon le 14 avril 1775, Gay se forme à l’École royale de dessin dirigée par Alexis Grognard (1852-1840), puis chez l’architecte Donat Cochet (1760-1835) dont le nom est associé au premier théâtre des Célestins à Lyon construit en 1792 avec Gille Colson (1733-1803). Le jeune architecte est employé peu après comme ingénieur aux travaux de défense de la ville lors du siège de 1793 par les armées de la Convention. Ses biographes relatent comment, las de ce travail et désirant sortir de la ville, il demanda un passeport au général de Précy, qui le fit emprisonner aussitôt à la forteresse de Pierre-Scize avant qu’il ne soit libéré par l’armée conventionnelle « comme une victime du despotisme et de la tyrannie »2. Une arcade nasale saillante à laquelle répond une petite bouche pincée, une chevelure abondante, un regard emprunt de gravité et de mélancolie, le jeune homme affiche une volonté farouche. Sur la fin du siècle, Gay s’occupe de différents travaux à Feurs ainsi qu’à Montbrison, avant de poursuivre sa formation à Paris auprès de Théodore Bienaimé (1765-1826) et surtout de Julien-David Leroy (1724-1803) qui, après la suppression des académies par la Convention en 1793 fonde, avec Antoine Vaudoyer (1756-1846), une école d’architecture au Louvre. Leroy compte parmi les personnalités les plus influentes de la fin du XVIIIe siècle, et s’illustre par des ouvrages célèbres parmi lesquels Les Ruines des plus beaux monuments de la Grèce dont il donnera deux éditions, en 1758 et en 1770.

Nommé historiographe de l’Académie royale d’architecture en 1762, Leroy s’intéresse notamment à l’architecture cultuelle à travers les âges, montrant, sur un mode qui devait connaître une longue postérité – notamment à travers les ouvrages de Jean-Nicolas-Louis Durand – l’évolution des églises chrétiennes dans son Histoire de la disposition et des formes que les chrétiens ont données à leurs temples depuis le règne de Constantin jusqu’à nous, qui paraît en 1764. L’École nationale supérieure des Beaux-Arts conserve des années parisiennes de Gay un rendu de première classe (1802) pour un hôtel des monnaies dont les élévations à l’ascendance florentine annoncent celles de la caserne de gendarmerie construite dans le quartier d’Ainay à Lyon avec Ennemond Hotelard (1784-1867)3. Charvet rapporte qu’au cours de son séjour à Paris, Gay fit la connaissance de Denon pour lequel il dessina différents projets, dont une médaille pour le sacre de 1804 (non réalisée). Au salon de 1806, il expose un Projet de restauration de la grande salle de l’hôtel de ville de Lyon4 dont la splendeur se fait l’écho des pavements des basiliques paléochrétiennes. La même année, il étudie un projet de palais de Justice digne des ordonnances de la Via del Corso qui, bien qu’approuvé par le préfet (30 mai), ne sera jamais réalisé5. C’est aux maîtres de la première Renaissance – Serlio et Bramante en particulier – que l’architecte se réfère pour concevoir la nouvelle cour d’Appel de Lyon qui, sur les quais de Saône, devait harmoniser un ensemble de bâtiments disparates, dont la prison de Roanne construite à la fin du XVIIIe siècle. L’année suivante, il est nommé professeur d’architecture et d’ornements à l’École impériale des Beaux-Arts, fonctions qu’il conserve jusqu’en 1814. Entre 1807 et 1808, il est architecte adjoint de la Ville de Lyon aux côtés de Hotelard, et s’illustre successivement par la restauration des appartements du maire à l’hôtel de ville, la modification des projets de Gabriel Thibière (1758-1822) pour les façades de la place Bellecour, différents travaux à l’église Saint-Nizier (dont celui de l’autel de Saint-Pothin6), la construction laborieuse de la Condition des soies (1804-1814) pour le compte de la Chambre de commerce de Lyon et celle de la Halle aux blés, transformée peu après en Mont-de-Piété par Hotelard.

Gay dessine encore le plan du cimetière de Loyasse, toujours à Lyon en 1813, et s’occupe des premiers agencements du Musée des Beaux-Arts. Reconnu pour la qualité de ses interventions, l’architecte se verra confier en 1830 la restauration de l’église Saint-Just, pour laquelle il conçoit un nouveau maître-autel ad sanctos surmonté d’un imposant arc de triomphe accusant plus encore la filiation de la « basilique » lyonnaise avec ses consœurs du Trastevere. Cet intérêt pour l’architecture sacrée n’est certes pas nouveau si l’on en juge par la série de relevés de petites églises médiévales du Beaujolais qu’il réalise entre avril 1821 et novembre 18247. La présentation des quelques planches qui nous sont parvenues et la mise à l’échelle des différents édifices s’apparentent à un exercice typologique très en cours au début du siècle – réalisé peut-être en vue de futures commandes – et témoignent incidemment de la curiosité de l’architecte pour les périodes anciennes et leurs constructions cultuelles. Pour cette génération, les architectures funéraires revêtent un caractère éminemment initiatique à l’image de la crypte de l’église Saint-Irénée (Lyon) que Gay transfigure en réveillant les mânes des martyrs de Lyon, dont les fantômes s’échappent du puits qui leur est consacré au milieu du sanctuaire8.

Vénérable de la loge Écossaise d’Isis – dans laquelle Fleury-Richard est admis en 1809 –, Gay compte pour l’une des figures de la franc-maçonnerie lyonnaise et jouit longtemps de la bienveillance du comte de Sathonay, maire de Lyon de 1805 à 1812, autre « frère » de la loge d’Isis avant que sa carrière professionnelle ne soit brutalement remise en cause. À la mort de son protecteur, Gay, accusé d’incompétence et de négligence, est évincé de ses fonctions d’architecte de la Ville et de professeur à l’École des Beaux-Arts. Il s’éloigne alors de Lyon et voyage en Italie, avant d’entamer une seconde carrière à son retour. Alors que de nombreuses pièces provenant de son agence viennent de réapparaître à la faveur de la dispersion du fonds René Dardel (1796-1871) et de celui de Claude-Anthelme Benoit (1794-1876), une source essentielle n’a jusqu’à présent jamais été exploitée malgré son importance pour la connaissance de la culture de l’architecte : sa bibliothèque, dont la vente intervient en octobre 1833, soit un peu plus d’un an après sa disparition (16 mai 1832).

J’ai un vrai plaisir à me reporter en imagination vers ces premiers temps où les hommes bien moins corrompus se réunissaient par petites sociétés...9

Le Catalogue des livres imprimés et manuscrits composant le cabinet de feu M. Gay architecte, rédigé « et mis en ordre » par Janon, est imprimé chez Rusand à Lyon en octobre 183310. Pas moins de quatorze vacations, qui se déroulent successivement du 2 au 16 décembre suivant, seront nécessaires pour disperser le millier de volumes composant sa bibliothèque. Le libraire Janon, qui assure la rédaction de nombreux catalogues au début des années 1830, dont celui de la vente Cochard en 1834, établit un inventaire extrêmement précis – les lieux et les dates d’édition étant particulièrement bien renseignés –, comportant en outre une table des divisions par matières (théologie, jurisprudence, sciences et arts, mathématiques, beaux-arts, architecture, belles-lettres, histoire, antiquités), le détail des abréviations ainsi qu’un index nominum mentionnant notamment les titres des ouvrages anonymes, l’ensemble étant précédé d’une brève notice biographique rédigée par Pierre Révoil (P. R.). Indépendamment des imprimés et des manuscrits, de nombreux dessins sont aussi proposés à la vente, dont deux pompes funèbres de Pierre-Paul Sevin, un dessin attribué à Poussin, des feuilles du XVIe siècle et trois estampes issues de la vente Révoil (1828) représentant respectivement le Calice, la Crosse et l’Encensoir d’Hollar, et qui comptent parmi les plus précieuses « gothicités » de la célèbre collection. S’ajoutent encore de nombreuses estampes et des portefeuilles de dessins non inventoriés, et pas moins de cinq-cents échantillons de marbres. Révoil rendra un vibrant hommage à son confrère et ami, soulignant son extraordinaire curiosité et son goût très sûr : « le choix des livres de sa bibliothèque ne fera que confirmer avantageusement ce que nous disons de son intelligence et de son savoir »11.

Mais la délectation érudite n’est pas tout. Pour Gay, le livre possède une valeur éminemment pratique, d’autant que l’architecte développe très tôt une sensibilité aux arts décoratifs à laquelle Révoil n’est certainement pas étranger :

Le seizième siècle et même le Moyen Âge lui fournissait des détails précieux, que son génie adaptait sans servilité à la composition de riches tentures ou à des décorations intérieures de monuments publics ou particuliers. De là son goût pour les collections de livres d’emblèmes, d’estampes anciennes et pour toutes les vignettes gravées en bois12.

Janon détaille à son tour, dans l’avant-propo,s les manuscrits et autres raretés du cabinet proposés aux amateurs :

Nous avons mis au surplus tous nos soins à indiquer les moindres défauts que nous avons pu remarquer dans quelques exemplaires afin de faciliter aux amateurs éloignés un moyen d’appréciation.

Ces scrupules devaient se révéler tout aussi précieux pour l’historien.

Le catalogue de la vente comprend 957 entrées auxquelles s’ajoute un numéro bis, soit un total de 958 entrées. 895 sont relatives à des imprimés (93,42 %), 42 entrées concernent des manuscrits (4,38 %) et 21 touchent à des gravures ou à des recueils de gravures (2,19 %). Dans le dessein d’affiner l’analyse de ce choix d’ouvrages de la bibliothèque de l’architecte, un catalogue a été établi à partir de 1 034 titres, sachant que de nombreuses entrées offrent plusieurs titres13. L’étude thématique comme celle menée par date de parution révèle une bibliothèque de référence plus que d’actualité. Dans le détail, et si l’on tient compte des divisions arrêtées par Janon, l’histoire et l’archéologie se distinguent nettement, avec respectivement 200 et 180 titres (19,34 % et 17,4 %). Viennent ensuite l’architecture, avec 152 titres (14,7 %), et la littérature, qui affiche 147 titres (14,21 %), la philologie, avec 91 titres (8,8 %), et la théologie, qui compte 84 titres (8,12 %). Les thèmes touchant au droit, aux mathématiques, aux Beaux-Arts affichent un nombre de titres marginal. En réunissant plusieurs divisions, le thème « archéologie, architecture et Beaux-Arts » forme alors près de 35 % des titres, le thème « belles-lettres et philosophie » en compte 23 % et la division « sciences, arts et mathématiques » en réunit 13 %. Bien que l’inventaire ait été établi avec une rigoureuse exactitude, la consultation des catalogues de la Bibliothèque nationale et de la Bibliothèque municipale de Lyon s’est révélée nécessaire afin de renseigner certains ouvrages comportant une description incomplète ou inexacte, notamment en ce qui concerne les dates et les lieux d’édition.

De cet ensemble remarquable, seul un exemplaire de L’Architecture et art de bien bastir d’Alberti imprimé à Paris en 1553 a été retrouvé à ce jour (cat. no 293)14, ainsi qu’un envoi d’Antoine Péricaud, alors bibliothécaire de la Ville de Lyon15. C’est assurément trop peu au regard de l’importance de la collection, et il ne fait aucun doute que de nombreux ouvrages issus du cabinet Gay restent encore à découvrir dans les collections publiques ou privées. L’étude par date de parution révèle la prédilection de l’architecte pour les éditions des XVIe et XVIIe siècles, qui composent près de 60 % de sa bibliothèque : 231 titres du XVIe siècle et pas moins de 323 titres imprimés au siècle suivant, auxquels il faut ajouter sept titres de la fin du XVe siècle. Les XVIIIe et XIXe siècles affichent respectivement 257 et 144 titres. Encore faut-il rappeler que Gay réunit l’essentiel de sa collection dans les années 1810-1820, décennies qui constituent un véritable âge d’or pour les collectionneurs, qu’il s’agisse du commerce des antiquités et des objets d’art qui alimente les collections – Révoil, Durand, du Sommerard pour ne citer que les plus célèbres – comme de celui touchant à la bibliophilie. À considérer les lieux de parution, Paris se distingue avec plus de 35 % des titres. Viennent ensuite Lyon (20 %), l’Italie et Rome, d’où proviennent un peu plus de 15 % des titres, les Flandres et les Pays-Bas (9,89 %). Les autres centres de production ne représentent chacun pas 5 % de l’ensemble des titres, qu’il s’agisse des éditions en provenance des États germaniques, de l’Angleterre, de l’Espagne ou encore de la Suisse. L’étude statistique portant sur un catalogue de vente ne doit pas faire oublier la finalité essentiellement commerciale de cette source première, c’est-à-dire un état arrêté par un libraire ou un commissaire priseur. Ce document lacunaire ne préjugeant pas d’autres choix de lecture faits par l’architecte, inutile d’épiloguer sur les manques qui, invariablement, suscitent la perplexité de l’historien, certainement trop enclin à recomposer une culture livresque idéale.

Nul art n’est plus voisin de l’architecture que la typographie16

(Focillon.)

Exceptionnelle, la bibliothèque de Gay l’est à plusieurs titres, même si son importance ne doit pas surprendre au regard des circonstances dans lesquelles les cabinets des amateurs s’enrichissent sous l’Empire et la Restauration17. Il faut souligner la rareté des études portant sur les bibliothèques formées au début du XIXe siècle en France, malgré les nombreux travaux qui ont été consacrés au livre d’architecture ces dernières années18, et ce constat relève du paradoxe quant on songe à l’ampleur des dispersions de la période révolutionnaire19. Des années 1470-1490, Gay possédait sept titres, dont une précieuse bible imprimée par Antonio de Rampigollis à Ulm en 1476, la première édition du traité d’Alberti publié à Florence en 1485, la première édition (1480) du Regimen sanitatis Salerni attribué communément à Arnaud de Villeneuve (Paris, Francoys Regnault), deux éditions vénitiennes de 1497 et de 1499 et enfin un bréviaire lyonnais imprimé chez Guillaume Le Roy en 1485, soit une douzaine d’années après l’introduction de l’imprimerie dans la ville par Barthélemy Buyer en 147320. Une étude par lieux de parution portant sur les 231 titres du XVIe siècle21 confirme l’importance de Paris en cette période de fastes livresques (34,2 %), mais également celles de Lyon (27 %) et de Venise (12 %) qui donnèrent, à l’aube des temps nouveaux, ses lettres de noblesse à l’édition d’architecture. Parmi les libraires-imprimeurs parisiens, on distingue en particulier les frères de Marnef, Gilles et Germain Hardouyn qui « signent » un livre d’heures imprimé sur vélin en 1509, Christophe Plantin, Jacques Gazeau, Gilles de Gourmont, Thielman et Jacques Keler, présents par un livre d’heures à l’usage de Paris (1522) ainsi que par la traduction française du traité d’Alberti par Martin (1553), ou encore Robert Étienne, dont Gay possédait sept titres (trois bibles publiées respectivement en 1546, 1549 et 1555, aux côtés d’une édition de Cicéron imprimée en 1544).

L’architecte lyonnais n’ignore pas les recherches inspirées de Vitruve menées par Geoffroy Tory sur la proportion des lettres et son célèbre Champ Fleury paru en 1529 : Tory, dont les précieuses éditions, vendues « à l’enseigne du pot cassé » rue Saint-Jacques, et leurs splendides encadrements historiés font les délices des amateurs depuis l’époque moderne. On relève neuf titres imprimés chez Gryphe, parmi lesquels De Re rustica (1537), divers ouvrages d’histoire dont les Antiquitatum variarum autores (1560) et les Herodoti Halicarnassei libri novem (1551), sans oublier le Paradin de 1573 (Mémoires de l’histoire de Lyon). Une quinzaine de titres imprimés par les de Tournes figurent dans la bibliothèque, dont les Quadrins historiques de la Bible de Paradin (1553), les Figure del Vecchio testamento et les Figure del Nuovo Testamento de Daminani Maraffi illustrées par Bernard Salomon, auxquelles s’ajoute l’édition que Jean de Tournes en fit en 1564 (Figures du Vieux et du Nouveau Testament), toujours illustré par le « Petit Bernard », le Vitruve de 1552, collationné par Gay avec un manuscrit annoté si l’on en croit le détail de la notice (cat. no 267), une édition des Métamorphoses d’Ovide illustrée par Salomon en 1583, plusieurs ouvrages de poésie grecque dont les Fables d’Esope, Le Théâtre des bons engins de Guillaume de La Perrière dans son édition lyonnaise de 1549, enfin les Insignium aliquot virorum incones et leur galerie de médailles (1559). Des frères Trechel, Janon mentionne un « bel exemplaire » de la première édition de leur Historiarum Veteris Testamenti icones, illustré de gravures réalisées d’après les dessins de Holbein et de Guillaume Roville, et La Métamorphose d’Ovide traduit par Clément Marot et illustrée par Salomon en 1556. Citons encore un rare volume de Guillaume du Choul (De varia Quercus historia, 1555), ainsi qu’un recueil de Sambin imprimé par Marcorelle pour Jean Durand en 1572, toujours à Lyon (Œuvre de la diversité des termes). Les éditions vénitiennes, au nombre de vingt-six, et florentines (quatre), comptent parmi les pièces les plus précieuses de la bibliothèque Gay notamment en matière d’architecture.

L’architecte ne possédait pas moins de trente et une éditions de Vitruve, avec une prédilection pour les impressions du XVIe siècle sur celles du siècle suivant. Outre la première édition du célèbre texte (Vitruvii Pollionis ad Cesarem Augustum De Architectura libri primus) publiée à Rome en 1486, on relève la quatrième édition du De Architectura, traduite en italien par Fra Giovanni Giocondo en 1511 à Venise – la première à être accompagnée d’une abondante illustration, un « exemplaire de toute beauté, dans sa première reliure en bois et veau gaufré » (Janon). À ces exemplaires, s’ajoutent trois éditions florentines dudit traité, dont une de 1513, et deux autres vénitiennes, l’édition de Gazeau (1547), celles de de Tournes (1552), de Gardet et Bertin (1565), de Barbari (Venise, 1567), de Marnef et Cavellat (Paris, 1572), sans oublier les éditions plus tardives de Jean de Tournes (1618) et de Coignard (1673, 1674 et 1684). Autant dire que Gay a mis un point d’honneur à constituer un corpus vitruvien des plus complets, jusqu’à posséder plusieurs exemplaires du même volume notamment lorsque les livres présentent un état lacunaire – remarque qui semble s’appliquer à tous les domaines. Encore faut-il mentionner la première édition du traité d’Alberti (Florence, 1485), sa traduction française de 1553 par Martin et les éditions vénitiennes de Serlio (1544), de Cataneo (1554) et de Palladio (1581).

Les Français ne sont pas absents, puisque les volumes d’Androuet du Cerceau figurent en bonne place (1550, 1559, 1561, 1582) aux côtés de ceux de Delorme, Nouvelles inventions (1561) et Premier tome de l’architecture (1567). La dilection de Gay pour les éditions primitives ne se limite pas au seul domaine de l’architecture, et près de cent-cinquante titres traitant de la littérature et de l’histoire ancienne, imprimés au XVIe siècle, viennent compléter la bibliothèque humaniste de l’architecte. Encore s’agit-il essentiellement d’éditions latines d’auteurs romains et grecs ; à l’exception notable de Rabelais et de Clément Marot, les figures de la Pléiade brillent étrangement par leur absence. Il en va de même de Maurice Sève, de Louise Labé ou encore de Pernette du Guillet sans parler de Claude Nourry et d’Étienne Dolet.

Indépendamment des sujets, de toute évidence, c’est la genèse du livre comme de son ornementation qui intéresse Gay, et à travers elle, celle de l’écriture et de la typographie : le soin avec lequel il s’entoure d’éditions originales en témoigne tout particulièrement. L’importance attribuée aux « premiers livres » dans la construction mentale du collectionneur révèle le caractère éminemment architectural des éditions de la Renaissance. Audin rappelait à ce sujet combien la compacité obtenue par la typographie et l’interlignage, ainsi que la dimension et la proportion des marges, jouent un rôle majeur dans la « bonne architecture du livre » ; la compacité s’impose alors comme une nécessité pour composer de solides rectangles dans la page, « d’une rectitude sévère, rompue ça et là seulement par quelque belle lettre ornée »22. On comprend, dans ces conditions, que la curiosité de l’amateur s’étende aux questions de typographie et des familles de caractères, qu’il s’agisse des lettres de forme et de somme des xylographies primitives, des impressions Elzéviriennes – tenues visiblement en honneur –, de leurs consœurs Aldines et de leurs contrefacteurs, tout comme de la lettre de civilité de Granjon. Celle-ci servit notamment à l’édition du très rare Dialogue de la vie et de la mort d’Innocent Ringhier, ouvrage traduit du toscan en français par un recteur de Châtillon en Dombes, Jean Louvreau en 1557, et dernier titre figurant dans sa bibliothèque. D’Alde Manuce, prince des imprimeurs, Gay possédait en outre une édition très recherchée d’Erasme publiée en 1518. On relève enfin de nombreux volumes et recueils de gravures d’ornements, d’emblèmes et de numismatique, essentiellement des XVIe et XVIIe siècles (De Vries, Scamozzi, du Cerceau, Sambin, Audran, Berain...). Cet intérêt pour l’histoire du livre comme pour celle de l’écriture explique la réunion de manuscrits et de volumes variés dont chaque pièce forme en réalité un chapitre de cette prosopographie que Gay semble vouloir reconstituer avec exhaustivité.

Est-il besoin de détailler les ouvrages qui forment le fonds d’agence de l’architecte contemporain : Bullet, Jousse, Fréart de Chambray, Perrault, Marot, Rondelet, Cordemoy, Bullant, Savot, de Brosse, Patte, Le Roy, Le Muet, Hébrard, Le Pautre, Landon ou encore Loriot pour ne citer que les seuls Français ? Relevons simplement le fait que l’importance attribuée aux domaines scientifiques et techniques se fait l’écho des spéculations du temps – en témoignent notamment les splendides traités de Cousin (De perspective, 1560) et de Ramelli (Le diverse et artificiose machine, 1588), de même que de l’intérêt pour l’ésotérisme – une édition de Nostradamus figure encore dans la bibliothèque – sans oublier les titres ayant trait à la franc-maçonnerie.

Tout homme a le sentiment de l’ordre et souffre à la vue de ce qui s’en écarte23

Le célèbre traité d’Alberti traduit par Jean Martin et imprimé à Paris par Jacques Kerver en 1553 – ultime vestige de la bibliothèque de l’architecte – constitue un témoignage de première importance en raison des multiples annotations portées par Gay en vis-à-vis du texte. La traduction française des dix livres d’Alberti (De Re ædificatoria), publiée à Florence en 1485, demeure une référence obligée pour les architectes jusqu’au milieu du XVIe siècle, malgré le caractère obsolète du propos. Gay se livre à un commentaire critique en annotant dans les marges indifféremment en français, en latin ou en grec : « Cette traduction n’est point exacte, elle paraît avoir été faite à la hâte », « Cela est fort mal traduit »24, lit-on à plusieurs reprises. En réalité, c’est un dialogue à trois lecteurs qui s’élabore sous la plume de Gay qui, outre Martin, répond et complète parfois les annotations et les croquis portés sur l’exemplaire par un architecte du XVIe siècle. En digne fils des Lumières, il attribue à son art une visée éminemment édifiante, vouant sa prédilection à l’art romain, dont il explique :

C’est à mon gré le peuple qui a fait le meilleur usage de l’architecture. Tous les édifices qu’il érigea portent le caractère de la véritable grandeur25,

avant d’ajouter combien son caractère d’utilité publique devrait être imité par les contemporains :

Leurs cloaques, leurs chemins, leurs aqueducs commandent le respect et la vénération. Les vestiges de ces ouvrages sont répandus dans le monde, ils sont la satyre des modernes qui ont des théâtres, des palais et point de fontaines, point d’égouts26.

Condamnant l’ornement et ses facilités, Gay affirme sa préférence pour une architecture parlante, dans la lignée de ses maîtres : « Un arsenal peut être fort beau quoique dénué de tout ornement »27, dans une allusion à peine voilée aux concours de l’An II. Au fil des chapitres, l’architecte – qui écrit vraisemblablement dans les années 1820 – se livre en quelque sorte à son futur biographe et se taille une figure de mentor en multipliant les recommandations aux lecteurs du volume d’Alberti. Indépendamment des précisions qu’il apporte sur la traduction elle-même à l’appui d’une érudition jamais prise à défaut, Gay s’étend sur de nombreux sujets. Ainsi se dessine la figure d’un curieux portant un regard sans complaisance sur la nature de son activité. Il explique :

Nous ne connaissons des anciens que le seul ouvrage de Vitruve qui traite spécialement de l’architecture. Mais nous avons leurs monuments. La postérité ne verra pas beaucoup des nôtres28,

avant d’ajouter, à propos des machines de guerre :

Ce n’est pas le plus brillant morceau de l’éloge de l’architecture. Si elle a servi à défendre la liberté, combien plus souvent a-t-elle prêté son concours à la tyrannie et à l’oppression29.

À l’image de nombre de ses contemporains, Gay ne méconnaît pas la grandeur des monuments médiévaux, et l’architecte de citer à propos de la mention « barbacanes » dans le quatrième livre d’Alberti [chap. 4 consacré aux murs et aux défenses] le prieuré bénédictin de Champdieu (Loire), construit au cours des XIe et XIIe siècles : « Il fallait mettre à la place mâchicoulis qui est le véritable nom de cette espèce de défense30 ». Malgré sa vaste culture livresque, il souligne l’importance que revêt la construction d’une culture visuelle critique :

Il faut voir soi-même les monuments. L’architecture exige des voyages de la part de celui qui se livre à son étude. Nous avons bien à présent les dessins de presque tout ce qu’il y a de remarquable ; cela est bon à consulter mais ne donnera jamais le branle aux idées inventrices. La vue d’un temple antique électrise autrement l’imagination que le froid portrait qu’on en donne. Ici, je parle d’après ce que j’ai éprouvé31.

Le livre ne saurait donc se substituer à l’expérience. Le livre sept, consacré aux ornements des édifices sacrés, donnera lieu à de nombreux commentaires et à de multiples digressions. Et de conclure : « Dans une ordonnance simple et solide, il ne doit rien y avoir de riche et de somptueux32 ».

Quand viendrez-vous à lion [sic] me voir ? J’ai un assez beau cabinet de gothicités33 .

L’étude du fonds de manuscrits de la bibliothèque de l’architecte laisse apparaître sa prédilection pour les pièces médiévales et celles appartenant à la première Renaissance, bien que leur datation soit délicate, « [leur] époque [ayant] été appréciée par Gay » (Janon). Alors que dans les premières décennies du XIXe siècle, l’archéologie connaît ses balbutiements à l’appui d’une lecture critique des œuvres comme des monuments, comment distinguer alors des manuscrits des VIIIe, IXe ou XIIIe siècles ? Vingt-sept pièces datant du VIIIe au Xe siècle, et dix autres du XIe au XVe figurent pourtant dans l’inventaire de la bibliothèque. Il ne fait aucun doute que l’architecte ait été doué d’une remarquable faculté d’observation et de déduction. Fleury-Richard rapporte à ce sujet, qu’examinant à la demande de Denon le sceptre dit de Charlemagne, Gay reconnut immédiatement, par le style des ornements, que sa datation ne pouvait remonter en-deçà du XIVe siècle, d’autant que la lecture d’une légende gothique inscrite sur le pourtour décrit l’objet comme un simple bâton de chantre34. Quelle que soit la véracité d’une telle anecdote, l’homme passe aux yeux de ses contemporains pour un amateur doué de discernement. Indépendamment d’une hypothétique rencontre avec Denon, sa complicité avec les figures du premier âge néo-gothique – Fleury-Richard et Pierre Révoil notamment qui, dans les années 1800-1830, firent de Lyon la scène privilégiée de l’art troubadour en France –, devait de toute évidence se révéler déterminante dans la maturation de ses goûts. Il semble au demeurant qu’en analysant la cursive manuelle des écritures – onciale ou semi-onciale, minuscule caroline –, Gay ait procédé par rapprochement stylistique pour dégager des familles de pièces, des plus primitives aux plus élaborées : en définitive, ses datations n’étaient peut-être pas si hasardeuses. Toujours est-il que posséder près d’une trentaine de manuscrits mérovingiens et carolingiens au début des années 1830 donne la mesure de l’exceptionnelle collection réunie par l’architecte. Rappelons qu’à l’issue de la confiscation des collections épiscopales, seule une cinquantaine de manuscrits appartenant à ces périodes « obscures » ont été déposés à la bibliothèque de la Ville (1803)35.

Trois mois après la vente Gay, les trésors de la bibliothèque Révoil sont livrés aux enchères à Paris en six vacations36. Le catalogue de la vente compte 610 titres, auxquels s’ajoutent les 142 entrées du catalogue proposé en 1853 par la librairie Edwin Tross, toujours à Paris, les plus beaux livres à figures ayant été conservés par la famille du peintre jusqu’à cette date37. Le morceau de choix du cabinet Révoil revient bien sûr à l’histoire, thème qui réunit à lui seul près de 50 % des pièces, mais également à la philologie. L’intérêt de l’artiste pour le vieux français et pour les langues régionales n’est plus à démontrer38, lui qui gothicisait à l’envi avec ses correspondants, dont Jean-Baptiste Bonaventure de Roquefort-Flaméricourt (1777-1834), lui-même auteur d’un Glossaire de la langue romane (1809) et d’un Dictionnaire étymologique de la langue françoise (1829). Révoil enluminait ses lettres et y insérait des phrases et des expressions savoureuses en « style » gothique. Plus encore que les monuments du Monasticum gallicanum qui suscitent alors des vocations passionnées parmi les antiquaires, il recherche dans les œuvres médiévales un répertoire de formes ainsi qu’une documentation précise sur la vie quotidienne. Cette intention transparaît dans la rédaction même du catalogue de sa collection d’œuvres d’art, acquise en 1828 par Charles X pour le Louvre, et réunissant les 839 numéros en 26 catégories selon l’usage des objets, indépendamment de la qualité des pièces39. Par le livre illustré, le Moyen Âge de Révoil s’illumine en réalité des grâces de la Renaissance. On ne relève pas moins de 87 titres ayant trait à l’histoire de la chevalerie et de la noblesse, 21 ouvrages d’héraldique ainsi qu’un vaste choix de recueils et d’ouvrages traitant notamment de manèges, de joutes et de carrousels, qui documentèrent à l’évidence nombre de tableaux dont « Un tournoi au XIVe siècle » (1812)40, l’une des œuvres les plus célèbres de l’artiste.

Les livres anciens rassemblés par M. R.[évoil] sont ornés pour la plupart de figures gravées sur bois, quelquefois très belles, mais dont le mérite consiste surtout à reproduire fidèlement les costumes et les usages de l’époque ou ils ont été imprimés41,

soulignait le libraire Crozet, à qui revient le soin de rédiger le catalogue de la vente de 1834.

Quelques années avant « L’Anneau de l’empereur Charles Quint »42, premier tableau troubadour qui devait assurer à son auteur une notoriété nationale, l’année même de sa nomination à l’École des beaux-arts de Lyon, c’est-à-dire en 1807, Révoil livre un « Christ en croix »43 pour une chapelle de l’église Saint-Nizier dont Gay venait d’achever l’aménagement. Les deux amis n’en sont pas à leur première association d’idées, puisqu’en 1804 le peintre et l’architecte signent l’un des chefs-d’œuvre de l’art troubadour à travers la célèbre lettre calligraphiée et enluminée de Révoil à l’attention de Fleury-Richard : « À mon chier et ame et feal sire Franchois Floris li Richard grand imaigier de France », écrite en langue d’oïl du XIVe siècle, à laquelle se mêlent différents dialectes, dont le picard44. Rédigée en réponse à une lettre de Richard au sujet d’un projet de tableau devant représenter la reine Mathilde accueillant le messager de la victoire de Hastings, Révoil explique à son confrère que Gay a précisément réalisé des recherches susceptibles de l’intéresser. Dans la seconde partie de la lettre, le peintre présente ses bons souhaits pour la nouvelle année 1804 :

Cil ki a escrit ceste rice paige sor li boins de sire Revoil maistre Jehan Gay de Lyon se remembre a vos sohaide santé et grant cheance por lan novel.

La « missive » est prétexte à l’une des plus étonnantes entreprises du moment : Gay écrivant – au sens figuré – sous la dictée du peintre dans une verve médiévale imaginaire d’une rare poésie, mise en scène sur vélin au moyen de vignettes enluminées, de phylactères et d’encadrements proches par l’esprit du paysage tapisserie. Si Révoil se peint en portrait-charge, le nez collé à son chevalet au milieu de son cabinet, et dessine l’essentiel des ornements, la contribution de l’architecte n’en est pas moins essentielle pour ce qui relève de la composition de la page, des paragraphes – rythmés par des pieds de mouche et des lettres fleuries – et de la calligraphie, laquelle témoigne de la secrète intelligence que l’architecte entretient avec les manuscrits médiévaux. On saisit à la lumière d’une telle collaboration l’importance que revêt l’étude de leurs bibliothèques respectives. Si le goût de Révoil s’étend naturellement à l’illustration du livre afin de restituer les us et coutumes d’un Moyen Âge fantastique bercé de poésie galante et de tournois héroïques, celui de son confrère s’étend à son architecture et à sa typographie. En signant l’acte fondateur du premier âge néo-médiéval en France, le peintre et l’architecte ouvrent le siècle de l’Histoire avec un nouveau Liber Floridus.

Composition de la bibliothèque Gay d’après le catalogue de 1833.

Composition de la bibliothèqueNombre d’entrées%
Manuscrits424,38
Imprimés89593,42
Gravures et recueils de gravures212,19
Total catalogue958 (957 + 1 n° bis)99,99

Manuscrits de la bibliothèque Gay (par date et par thèmes).

Périodes historiquesNombre d’entrées
VIIe-Xe siècles27
XIe-XIIIe siècles3
XIVe-XVe siècles7
XVIIIe siècle5
Total42
Théologie27
Sciences et arts3
Belles-lettres7
Histoire5
Total42

Répartition thématique portant sur 1 034 titres de la bibliothèque Gay.

ThèmesNombre de titres%
Théologie848,12
Jurisprudence161,54
Sciences et arts605,80
Mathématiques757,25
Beaux-arts292,80
Architecture15214,7
Belles-lettres14714,21
Philologie918,8
Histoire20019,34
Antiquités (archéologie)18017,4
Total103499,96

Répartition par dates de parution portant sur 971 titres de la bibliothèque Gay.

Siècles de parutionNombre de titres%
XVe70,72
XVIe23123,78
XVIIe32332,26
XVIIIe25726,46
XIXe14414,83
s. d.90,92
Total97199,99

Géographie éditoriale portant sur 971 titres de la bibliothèque Gay.

Lieu d’éditionNombre de titres%
Paris34135,15
Lyon19520
Italie (hors Rome)10911,23
Flandres et Pays-Bas969,89
France (hors Paris et Lyon)737,52
Rome434,43
États germaniques434,43
Angleterre101,03
Suisse80,82
Espagne50,51
Divers70,72
Lieu d’édition multiple80,82
Sans lieu et non renseigné333,4
Total97199,13

Géographie éditoriale portant sur 231 titres du XVIe siècle.

Lieu d’éditionNombre de titres%
Paris7934,20
Lyon6427,7
Venise2611,25
Italie (hors Venise)208,65
États germaniques187,8
Flandres et Pays-Bas156,5
France (hors Paris et Lyon)41,73
Suisse20,86
Sans lieu31,3
Total23199,99

BmL, Coste 13978 : Fleury-Richard, Portrait de J.-J.-P. Gay architecte, 1798, gravé par A. Flandrin en 1832, lithographie de Robin à Lyon, 17 × 14,5 cm [portrait].

BmL, ms 2395 (1) : J.-J.-P. Gay, Projet pour le Palais de Justice de Lyon [vue de la colline de Fourvière], encre et sépia sur papier, 1806.

Société académique d’architecture de Lyon, fonds Gay : J.-J.-P. Gay, Projet pour une fontaine dédiée « A l’utilité publique et à la mémoire éternelle de l’homme vertueux », encre et sépia sur papier, 1801.

BmL, Rés 158 268 : Léon Battista Alberti, L’Architecture et art de bien bastir, traduicts de latin en françois par deffunct Ian Martin, Paris, Jaques Kerver, 1553 [imprimé par Robert Massellin], p. 1 [préface], « JJP Gay architecte lyonnais écrit ces remarques sur cet excellent traité de Léon Baptiste Alberti, d’après la version de Jan Martin... »

Pierre Révoil et Joseph-Jean-Pascal Gay, Lettre à Fleury-Richard, gouache sur vélin, 43 × 27,5 cm, Lyon, Musée des Beaux Arts (inv. 1988-4 IV.168).

____________

D’après Virgile et Geoffroy Tory, Champ Fleury auquel est contenu l’art et science de la deue et vrai proportions des lettres antiques, Paris, Geoffroy Tory et Gilles Gourmont, 1529, second livre, f. XXVIII.

1 Les principales sources concernant Gay sont les suivantes : Marius Audin, Eugène Vial, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art de la France Lyonnais, Paris, Bibliothèque d’art et d’archéologie, 1918, t. 1, p. 378 ; Gaspard Bellin, « Tableau biographique et bibliographique des architectes lyonnais (1750-1826) », dans Annales de la Société académique d’architecture de Lyon, t. IX, [1887-1888], Lyon, Mougin-Rusand, 1889, pp. LXXXVI-LXXXVII ; Léon Charvet, Architectes, Lyon, Bernoux et Cumin, 1899, pp. 164-166 ; Michel Chomarat, « La résurrection de la franc-maçonnerie », dans Ronald Zins, dir., Lyon et Napoléon, Dijon, Faton, 2005, pp. 83-85 ; Fleury-Richard, « Notice biographique sur J.-J.-P. Gay », dans Nouvelles archives statistiques, historiques et littéraires, t. 1, Lyon, Barret, 1832, pp. 310-318, republiée dans la Revue du Lyonnais, 2e série, t. 2, Lyon, Boitel, 1851, pp. 128-135 ; Annick Opinel, « Un projet pour un cabinet d’histoire naturelle à Lyon par Joseph Jean Pascal Gay », dans Mélanges en hommage à Dominique Brachlianoff, Lyon, Musée des Beaux-Arts, 2003, pp. 66-71.

2 D’après Fleury-Richard (1777-1852), lequel dessinera en 1798 un beau portrait de son ami, alors âgé de vingt-trois ans : Bibliothèque municipale de Lyon (ci-après BmL), Coste 13978. Fleury-Richard, Portrait de J.-J.-P. Gay architecte, dessiné en 1798, gravé par A. Flandrin en 1832, lith. de Robin à Lyon (publié par Charvet, ouvr. cité, pl. XI). En 1980, M.-C. Chaudonneret localisait le dessin original au Musée de Montélimar (cat. no 69).

3 ENSBA (inv. Pj 86).

4 Lyon, Société académique d’architecture, fonds Gay.

5 BmL, Ms 2395.

6 Gérard Bruyère, « Un projet d’autel de Pascal Gay pour l’église Saint-Nizier », dans Bulletin de la Société académique d’architecture de Lyon, no 9, décembre 2004, p. 11.

7 Lyon, Société académique d’architecture, fonds Gay, Avenas (7 avril 1821), Saint-Julien (7 avril 1821), Saint-Lager (1822), Cercié (11 mars 1823) et Arbuisonnas (12 novembre 1824).

8 Londres, Christie’s, 7 juillet 1998, Joseph-Jean-Pascal Gay, Crypte de l’église Saint-Irénée, encre et aquarelle sur papier, s.b.d., 37 × 33 cm. Je remercie Jean-Christophe Stuccilli de m’avoir signalé ce dessin.

9 Leon Battista Alberti, L’Architecture et art de bien bastir, ouvr. cité, annotation manuscrite portée p. 121.

10 Catalogue des livres imprimés et manuscrits composant le cabinet de feu M. Gay architecte, rédigé et mis en ordre par J. Janon, Lyon, Rusand, Paris, Bure frères, octobre 1833, 111 p. (BmL 432569).

11 P. R. [Pierre Révoil], « Notice sur M. Gay », Ibid., p. V.

12 Ibid.

13 Certaines entrées comptent jusqu’à six titres. Au-delà, le volume est considéré comme un recueil de pièces réunies soit par auteur, soit par sujet.

14 Léon Battista Alberti, L’Architecture et art de bien bastir traduicts de latin en françois par deffunct Ian Martin, Paris, Jaques Kerver, 1553 (imprimé par Robert Massellin), 228 f. (BmL Rés 158 268). Exemplaire identifié par Marie-Agnès Ibar et Anne-Bérangère Rothenburger, Inventaire des livres d’architecture du XVIe siècle conservés à la Bibliothèque municipale de Lyon, diplôme de conservateur de bibliothèque, mémoire de recherche sous la direction de Frédéric Barbier et de Jean-Michel Leniaud, École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques, 2001-2002, pp. 31-32 (BmL MSD 0202).

15 Cicéron, Plaidoyer pour Servius Sulpicius, contre L. Muréna, composé en latin par Aonius Paléarius et traduit pour la première fois en français par A. Péricaud, Paris, Lefèvre, 1826, 87 p. (BmL 353670, avec envoi manuscrit sur la couverture d’attente : « Gage d’amitié offert par l’auteur à M. Gay »).

16 Henri Focillon [préface], Marius Audin, Le Livre, son architecture, sa technique, Paris, Crès, 1924, p. VII.

17 À titre de comparaison, la bibliothèque de Viollet-le-Duc comptait 2 242 entrées, celle de Lassus 771 et celle d’Antoine-Marie Chenavard, un peu plus de 700. Philippe Dufieux, « La bibliothèque d’Antoine-Marie Chenavard (1787-1883) », dans Livraisons d’histoire de l’architecture, no 15, 2008, pp. 101-118.

18 Voir en particulier Jean-Michel Leniaud, Béatrice Bouvier, Le Livre d’architecture XVe-XXe siècle. Édition, représentation et bibliothèques, Paris, École des chartes, 2002.

19 Léopold Niepce, Les Bibliothèques anciennes et modernes de Lyon, Lyon, Genève, Bâle, Georg, 1876.

20 Paschalia secundum usum ecclesie Lugduni, Lyon, 1485, 68 f. (BmL, Rés Inc 333).

21 Sur les 231 titres du XVIe siècle, deux comportent une erreur de date.

22 Marius Audin, Le Livre, son architecture, sa technique, Paris, Crès, 1924, [1re éd. 1921], p. 173.

23 Leon Battista Alberti, L’Architecture, ouvr. cité, annotation manuscrite portée p. 101.

24 Ibid., p. 1, 96.

25 Ibid., p. 2.

26 Ibid., p. 103.

27 Ibid., p. 101.

28 Ibid., p. 101.

29 Ibid., p. 2.

30 Ibid., p. 67.

31 Ibid., p. 101.

32 Ibid., p. 198.

33 BmL Coste 1132 : lettre de Pierre Révoil à Jean-Baptiste Bonaventure de Roquefort-Flaméricourt, 13 mai 1808.

34 Fleury-Richard, « Notice biographique sur J.-J.-P. Gay », art. cité, pp. 130-131.

35 bm-lyon.fr/ collections numérisées/manuscrits mérovingiens et carolingiens.

36 Catalogue de livres anciens rares et précieux imprimés et manuscrits composant le cabinet de M. le chevalier Révoil, Paris, Crozet, 1834 (BmL 371384).

37 Livres à figures de Feu M. Pierre Révoil, Paris, Edwin Tross, 1853 (BmL 477676).

38 Marie-Claude Chaudonneret, Fleury-Richard et Pierre Révoil, la peinture troubadour, Paris, Arthena, 1980.

39 Marie-Claude Chaudonneret, « Pierre Révoil », dans Les Muses de Messidor, peintres et sculpteurs lyonnais de la Révolution à l’Empire, Lyon, Musée des Beaux Arts, pp. 212-122.

40 Lyon, Musée des Beaux Arts, inv. A 164.

41 Catalogue (...) composant le cabinet de M. le chevalier Révoil, ouvr. cité, [Avis].

42 1810 : Madrid, Ambassade de France.

43 Lyon, église Saint-Nizier.

44 Gouache sur vélin, 43 × 27,5 cm (Lyon, Musée des Beaux Arts, inv. 1988-4 IV.168). Selon l’analyse de Marie-Claude Chaudonneret, Fleury-Richard et Pierre Révoil, ouvr. cité, pp. 150-151 [transcription].