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Gloses d’auteur. L’exemplaire du Cours annoté par Louis Hjelmslev

Lorenzo CIGANA

Université de Copenhague, NorS

lorenzo.cigana@hum.ku.dk

Estanislao SOFIA

Universidade Federal de Santa Maria

estanislao.sofia@gmail.com

Sune GREGERSEN

Université de Copenhague, NorS

s.gregersen@hum.ku.dk

Carolina Martín GALLEGO

Universidad de Salamanca

cmgallego@usal.es

Víctor Pérez BÉJAR

Université de Séville

vperez10@us.es

1. Introduction

En Octobre 2016, à Amsterdam, Víctor Pérez Béjar trouva, en haut de la page de garde d’un exemplaire de la deuxième édition du Cours de linguistique générale (1922 ; dorénavant : CLG), la mention « Louis, Août 1925 »1. Il prit cela en photo et renvoya le document aux signataires de cet article. La question était partagée : peut-il bien s’agir de Louis Hjelmslev ? C’est ce à quoi on essaie de répondre dans cette contribution. Pour ce faire, on rappellera, dans un premier temps, quelques éléments du parcours académique de Hjelmslev (§2) servant à évaluer les conditions de possibilité d’une éventuelle attribution de cet exemplaire à sa bibliothèque (§3). On présente ensuite (§4) une transcription des notes rédigées dans les marges de l’exemplaire sous examen, dont on analysera brièvement quelques exemples dans notre commentaire final (§5).

2. Bref aperçu du parcours académique de Louis Hjelmslev

En 1917, un an après la publication du Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure (1916), Louis Hjelmslev (1899-1965) faisait son entrée à l’Université. Ayant hésité entre la philologie et la grammaire comparée, il s’était finalement décidé pour cette dernière filière. Sa formation en linguistique avait commencé, cependant, quelques années auparavant. On sait que dès 1913, Hjelmslev avait été charmé par la rigueur de l’ouvrage Sprogets logik d’Otto Jespersen (1860-1943). En 1916, il obtient un prix pour un essai sur les mots composés en danois, et il obtiendra encore un prix en 1919 pour un travail sur des inscriptions osques. À cette époque, c’est-à-dire au début de sa carrière, Hjelmslev était l’élève du grand linguiste danois Holger Pedersen (1867-1953) ; c’est sous sa direction qu’il étudie les langues indo-européennes et finno-ougriennes. En 1920, Hjelmslev choisit la phonétique du lituanien comme sujet d’études et, à l’instar de Schleicher et de Saussure, il fera (en 1921) son séjour en Lituanie, à la suite duquel il obtiendra son diplôme de Master (1923). Il se rend ensuite à Prague pour un séjour de deux ans (1923-1924) dont il retiendra essentiellement, dit-il, les cours sur « la syntaxe indo-européenne » et « le vieux perse » du prof. Josef Zubatý (1855-1931). En 1925, Hjelmslev se marie. Les années 1926 et 1927, il les passe à Paris, où il étudie la « linguistique générale et [la] philologie slave » avec Meillet et Vendryes. Le résultat des recherches parisiennes constituera le premier grand ouvrage de Hjelmslev : les Principes de grammaire générale (1928 [1929]). La carrière de Hjelmslev, qui avait alors 28 ans et qui n’avait pas encore soutenu sa thèse doctorale (ce qu’il fera en 1932 ; cf. ses Études Baltiques), ne faisait que commencer. Mais nous arrêterons notre parcours à ce stade ; la date qui nous concerne (celle qui figure sur l’exemplaire sous examen) étant août 1925. De tout ce qui, dans l’énorme carrière de Hjelmslev, est survenu après 1930, nous ne donnerons que quelques indices. En premier lieu, on notera que Hjelmslev a reconnu trois sources principales d’inspiration pour ses idées linguistiques : l’école danoise (Rask, Møller, Thomsen, Jespersen, Wiwel, Pedersen), l’école russe (surtout saint-pétersbourgeoise : Fortunatov, Peterson) et l’école franco-suisse (essentiellement Saussure et Meillet). En ce qui concerne la troisième source, Hjelmslev a toujours prétendu qu’il ne fallait pas la magnifier : il serait parvenu aux postulats qu’on pourrait croire « saussuriens » par ses propres moyens, préalablement à sa prise de contact avec le CLG (cf. Hjelmslev 1971b : 40 ; voir plus bas § 4). C’est là un propos qui était habituel, notons-le au passage, chez les auteurs russes qu’il fréquentait. Le CLG était connu à Moscou dès 1918 (notamment par Jakobson, Vinokour, Romm, Bernštein et Peškovskij) et à Saint-Pétersbourg depuis au moins 1920 (notamment par Fortunatov et Peterson). Mais les auteurs russes répétaient volontiers que la systématisation saussurienne, bien qu’intéressante, était pour eux sans nouveauté : ils estimaient qu’ils étaient parvenus aux principaux éléments de la doctrine sans avoir eu connaissance (et donc indépendamment) de Saussure (cf. Chidichimo & Sofia 2017). Quoi qu’il en soit, il y avait un air de ressemblance entre les écoles russe et franco-suisse où Hjelmslev reconnaissait deux de ses sources. Et Hjelmslev a pu trouver, en effet, des postulats « saussuriens » chez d’autres auteurs – y compris, par ailleurs, chez des auteurs danois, notamment chez Madvig, qu’il a dû également connaître.

Cela étant dit, on peut énumérer une série de faits historiques (entendons par là « historiquement avérés ») qui suggèrent que Hjelmslev a pu rencontrer la doctrine de Saussure, avant 1925, ailleurs que dans de simples « échos » de sa théorie chez d’autres auteurs.

D’abord que, et très vraisemblablement, Hjelmslev a pu entendre parler de Saussure lors de son séjour à Prague (1923-1924). À ce moment précis, le Cercle de Prague était en train de s’organiser en présence notamment de Serge Karcevskij, l’un des grands divulgateurs de Saussure en Russie, et Roman Jakobson, l’un des grands divulgateurs de Saussure dans le monde entier : ils habitaient tous les deux à Prague pendant le séjour de Hjelmslev (cf. Chidichimo-Sofia 2017). Notons aussi que Hjelmslev, qui avait étudié les langues indo-européennes, notamment les langues baltes et la phonétique du lituanien, ne pouvait pas ignorer le Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indoeuropéennes de Saussure ni, surtout, les articles de Saussure sur le lituanien et sur l’accentuation lituanienne (cf. Saussure 1894a, 1894b et 1896). Comme on le sait, il existe même une loi sur le déplacement de l’accent connue en général comme « loi de Saussure-Fortunatov ».

On peut ajouter par ailleurs que la publication du CLG avait bénéficié d’une très ample diffusion. Payot avait destiné une centaine d’exemplaires pour le service de presse de l’ouvrage et, en effet, entre 1916 et 1925, au moins vingt-quatre comptes-rendus étaient parus : dix en français (dont trois de Meillet et un de Vendryes), sept en allemand, deux en néerlandais, un en anglais, un en italien, un en roumain, un en hongrois et un autre, remarquable, publié en 1917 en danois par Otto Jespersen, un auteur que, comme nous l’avons signalé, Hjelmslev admirait depuis au moins 1913. Notons enfin que Holger Pedersen, professeur de Hjelmslev pendant ses études sur la phonétique du lituanien, avait correspondu avec Bally et avait lui aussi flirté avec la possibilité de rédiger un compte rendu du CLG. On conserve des copies de lettres échangées en mai 1918 entre Bally, Payot et le Bollettino di Filologia Classica (Turin) où les différentes parties se mettent d’accord pour la publication d’un compte rendu et pour l’envoi, à ce propos, d’un exemplaire du CLG à Pedersen. Pedersen, grand connaisseur du Mémoire et du Saussure indo-européaniste, connaissait donc au moins dès 1918 le Cours de linguistique générale. Cela ne constitue pas une raison suffisante pour affirmer que Hjelmslev aurait cet ouvrage à cette époque, mais si Pedersen s’y était intéressé au point de vouloir en faire un compte rendu, on peut imaginer qu’il a pu en parler à son étudiant – qui travaillait, de surcroît, sur une thématique qui a été le grand sujet d’études de Saussure après le Mémoire : les lois phonologiques et phonétiques du lituanien.

Cette série de circonstances – que par souci de brièveté nous ne détaillons pas davantage et qui pourrait par ailleurs être élargie – montre qu’il ne serait pas surprenant que Hjelmslev ait pu acquérir un exemplaire du CLG en 1925. Comme nous l’avons suggéré, il est probable que Hjelmslev ait pu connaître Saussure au moins depuis ses études sur le lituanien, et qu’il ait pu le retrouver lors de son séjour à Prague : la réaffirmation de cette rencontre et la lecture approfondie du CLG en 19252 aurait pu déterminer le choix de Paris et de Meillet/Vendryes comme voie pour poursuivre ses études à partir de 1926.

3. Raisons internes pour l’attribution

Ayant conclu que, d’un point de vue historico-biographique, l’exemplaire du CLG portant la signature « Louis, August 1925 » aurait pu parfaitement appartenir à Louis Hjelmslev, nous nous occuperons ci-après des quelques éléments servant à évaluer cette possibilité du point de vue du contenu. Dans l’analyse des annotations que l’on trouve dans les marges, nous aborderons trois facteurs : l’aspect graphique, l’aspect bibliographique et l’aspect théorique.

On remarquera tout d’abord que l’aspect graphique de la signature « Louis, August 1925 », à l’instar des annotations que l’on retrouve à l’intérieur du livre, est tout à fait compatible avec les notes manuscrites de Hjelmslev conservées à la Bibliothèque Royale à Copenhague. Quelques indices sont révélateurs. On repère une forte ressemblance, par exemple, entre le symbole en forme d’étoile qui précède en général l’abréviation « NB » dans l’exemplaire que nous analysons et le même symbole en forme d’étoile qui apparaît (entre autres) dans le tapuscrit annoté du Résumé (Hjelmslev 1941) ou dans le manuscrit des Texas Lectures (Hjelmslev 1961).

En ce qui concerne l’aspect bibliographique, on remarquera que Hjelmslev, lorsqu’il renvoie, dans ses travaux, au Cours de linguistique générale, fait habituellement référence à la deuxième édition, c’est-à-dire à celle de l’exemplaire qu’on examine. Si l’on examine les commentaires relatifs au CLG dans les Principes de grammaire générale, par exemple, il apparaît que, très souvent, des rapports existent entre ces renvois et les notes que l’on trouve dans les marges de notre exemplaire.

La datation de la lecture du CLG par Hjelmslev en 1925 permet aussi de recadrer certaines affirmations figurant dans l’article « L’analyse structurale du langage » (Hjelmslev 1948). Lorsqu’on s’intéresse à la question de savoir comment le linguiste danois perçoit son assimilation des idées de Saussure, on découvre une étrange oscillation. Dans une lettre envoyée à Martinet en 1946 (cf. Arrivé 1982 : 80-81), Hjelmslev avoue que c’est l’influence « de Saussure, de Sapir et de Jones et de leurs élèves [et non celle de la phonologie praguoise] qui a été décisive » (nous soulignons) pour le développement de sa théorie. Deux ans plus tard cependant, Hjelmslev énonce sa position vis-à-vis de Saussure d’une façon plutôt distante :

j’aimerais dire avec force que la théorie glossématique ne doit pas être confondue avec la théorie saussurienne. Il est difficile de connaître dans les détails les conceptions de Saussure, et ma propre approche théorique a commencé à prendre forme il y a bien des années, avant même que j’aie eu connaissance de la théorie saussurienne. La lecture et la relecture des cours de Saussure m’ont confirmé dans plusieurs de mes vues ; mais je considère nécessairement sa théorie sous un angle qui m’est personnel, et je n’aimerais pas m’aventurer trop loin dans l’interprétation de cette théorie. En mentionnant Saussure ici mon intention était de mettre l’accent sur la dette profonde que j’ai contractée à l’égard de son œuvre. (Hjelmslev 1971b : 40)

Il s’avère que, malgré tout, le CLG est l’ouvrage le plus fréquemment cité par Hjelmslev, et que Saussure est considéré par ce dernier comme le pionnier d’une démarche théorique novatrice en linguistique. Ce sont les termes et les notions que l’on retrouve dans le CLG qui, retravaillés et repensés de manière critique, mèneront à la réflexion qui aboutira dans la publication des Principes de grammaire générale3, et c’est le développement de cet outillage conceptuel qui allait permettre à la linguistique structurale de se constituer comme un « nouveau classicisme » (cf. Hjelmslev 2015 : 237). Les gloses que l’on trouve dans les marges de l’exemplaire que nous examinons se présentent sous cette allure (parfois légèrement pédante) de tentatives de corrections ou de perfectionnement d’idées peut-être géniales, mais tout de même à dépasser4. Globalement donc, tous les indices suggèrent que le propriétaire de l’exemplaire que nous examinons et l’auteur des notes que l’on trouve dans ses marges a été Louis Hjelmslev.

4. Les gloses

Les annotations et les commentaires insérés ici et là dans l’exemplaire du CLG sous analyse témoignent d’une lecture minutieuse et se manifestent, d’un point de vue matériel, de différentes formes. Schématiquement, on peut classifier l’ensemble des interventions en deux rubriques : a) les signes ; b) les gloses textuelles :

a. pour la première rubrique, on trouve des soulignements, des traits verticaux ou des couples de symboles du type « ⎾ – ⎿ » servant à mettre en valeur des portions de texte de différente ampleur, des astérisques et/ou de petits points facilitant l’identification de passages, des « Nota Bene », des signes de renvois, des points d’interrogation ou d’exclamation ;

b. dans la rubrique gloses textuelles on trouve des annotations, des notes critiques, des traductions et parfois même des amendements ou corrections que le lecteur (selon notre hypothèse, Hjelmslev) adressait ci et là à l’auteur du Cours.

En général, les premiers sont effectués au crayon rouge ou noire ; dans le deuxième groupe, les notes apparaissent presque exclusivement rédigées au crayon noir. On ne dispose pas d’éléments suffisants pour établir si l’alternance de couleurs répond à des critères précis (degrés d’importance, différents campagnes de lecture, etc.).

Il est important de noter que la distribution des interventions dans l’exemplaire est inégale à travers les différents chapitres. La concentration des notes est particulièrement marquée autour des sections liminaires du CLG, notamment l’introduction, l’appendice « phonologique » et les première et deuxième parties, consacrées comme on le sait aux principes généraux et à la linguistique synchronique. En revanche, les chapitres relatifs à la linguistique diachronique et à la géographique linguistique sont complètement délaissés, ou en tout cas apparaissent dépourvus d’annotations.

Nous transcrivons intégralement, ci-après, les notes et les interventions que l’on trouve dans les marges de l’exemplaire qu’on examine5.

1. p. 10, [Préface] <tv> « Guidé par quelques principes fondamentaux, personnels, qu’on retrouve partout dans son œuvre et qui forment la trame de ce tissu solide autant que varié, il travaille en profondeur et ne s’étend en surface que là où ces principes trouvent des applications particulièrement frappantes, là aussi où ils se heurtent à quelque théorie qui pourrait les compromettre. »

2. p. 16, <tv> « Mais cette école, qui a eu le mérite incontestable d’ouvrir un champ nouveau et fécond, n’est pas parvenue à constituer la véritable science linguistique. Elle ne s’est jamais préoccupé de dégager la nature de son objet d’étude. Or, sans cette opération élémentaire, une science est incapable de se faire une méthode. »

3. p. 18, <tv> « Les études romanes, inaugurées par Diez, – sa Grammaire des langues romanes date de 1836-1838 – contribuèrent particulièrement à rapprocher la linguistique de son véritable objet. »

4. p. 21, <tv> « Quelles relations existent entre la linguistique et la psychologie sociale ? Au fond, tout est psychologique dans la langue, y compris ses manifestations matérielles et mécaniques, comme les changements de sons ; et puisque la linguistique fournit à la psychologie sociale de si précieuses données, ne fait-elle pas corps avec elle ? Autant de questions que nous ne faisons qu’effleurer ici pour les reprendre plus loin. Les rapports de la linguistique avec la physiologie […] »

5. p. 21, <tv> « […] l’essentiel de la langue, nous le verrons, est étranger au caractère phonique du signe linguistique. Quant à la philologie, nous sommes déjà fixés […] »

6. p. 23, « Quel est l’objet à la fois intégral et concret de la linguistique ? […] Bien loin que l’objet précède le point de vue, on dirait que c’est le point de vue qui crée l’objet […] »

7. p. 24-25, « […] l’objet de la linguistique nous apparaît un amas confus de choses hétéroclites sans lien entre elles. C’est quand on procède ainsi qu’on ouvre la porte à plusieurs sciences – psychologie, anthropologie, grammaire normative, philologie, etc., – que nous séparons nettement de la linguistique, mais qui, à la faveur d’une méthode incorrecte, pourraient revendiquer le langage comme un des leurs objets. »

8. p. 25, <tv> « […] il faut se placer de prime abord sur le terrain de la langue et la prendre pour norme de toutes les autres manifestations du langage. »

9. p. 25, « Mais qu’est-ce que la langue ? »

10. p. 26, « Une certaine définition de ce qu’on appelle langage articulé pourrait confirmer cette idée […] ; en matière de langage, l’articulation peut désigner ou bien la subdivision de la chaîne parlée en syllabes, ou bien la subdivision de la chaîne des significations en unités significatives ; c’est dans ce sens qu’on dit en allemand gegliederte Sprache. »

11. p. 30, <tv> « Si nous pouvions embrasser la somme des images verbales emmagasinées chez tous les individus, nous toucherions […] »

12. p. 32, <tv> < NB sml. p. 144 >6 : « 4° La langue n’est pas moins que la parole un objet de nature concrète, et c’est un grand avantage pour l’étude. Les signes linguistiques, pour être essentiellement psychiques, ne sont pas des abstractions ; […] sont des réalités qui ont leur siège dans le cerveau. En outre, les signes de la langue sont pour ainsi dire tangibles ; »

13. p. 32, <tv> « Dans la langue, au contraire, il n’y a plus que l’image acoustique, et celle-ci peut se traduire en une image visuelle constante. »

14. p. 32-33, <tv> « La langue, ainsi délimitée dans l’ensemble des faits de langage, est classable parmi les faits humains, tandis que le langage ne l’est pas. »

15. p. 33 : « La langue est un système de signes exprimant des idées, et par là, comparable à l’écriture, à l’alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, etc., etc. Elle est seulement le plus important de ces systèmes. »

16. p. 33, <tv> <NB> « On peut donc concevoir une science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale ; elle formerait une partie de la psychologie sociale, et par conséquent de la psychologie générale ; nous la nommerons sémiologie (du grec sēmeîon, « signe »). »

17. p. 33, <NB> « C’est au psychologue à déterminer la place exacte de la sémiologie ; »

18. p. 34, « […] il faudrait étudier la langue en elle-même ; or, jusqu’ici, on l’a presque toujours abordée en fonction d’autre chose, à d’autres points de vue. »

19. p. 34, <Egentlig en mærkelig modsætning til p. 33>7 : « Puis il y a le point de vue du psychologue, qui étudie le mécanisme du signe chez l’individu […] »

20. p. 35, « Si l’on veut découvrir la véritable nature de la langue, il faut la prendre d’abord dans ce qu’elle a de commun avec tous les autres systèmes du même ordre ; »

21. p. 35, <tv> « […] et des facteurs linguistiques qui apparaissent comme très importants au premier abord (par exemple le jeu de l’appareil vocal), ne doivent être considérés qu’en second ligne, s’ils ne servent qu’à distinguer la langue des autres systèmes. »

22. p. 35, <tv> « […] mais nous pensons qu’en considérant les rites, les coutumes, etc., comme des signes, ces faits apparaitront sous un autre jour, et on sentira le besoin de les grouper dans la sémiologie et de les expliquer par les lois de cette science. »

23. p. 36, <tv> « Considérons, par exemple, la production des sons nécessaires à la parole […] ; et la phonation, c’est-à-dire l’exécution des images acoustiques, n’affecte en rien le système lui-même. […] les fautes que peuvent commettre les musiciens qui la jouent ne compromettent nullement cette réalité. »

24. p. 37, « Oui, car ils n’atteignent que la substance matérielle des mots. »

25. p. 37, <NB> « S’ils attaquent la langue en tant que système de signes, ce n’est qu’indirectement par le changement d’interprétation qui en résulte ; »

26. p. 37, « L’étude du langage comporte donc deux parties : l’une, essentielle, a pour objet la langue, qui est sociale dans son essence et indépendante de l’individu ; cette étude est uniquement psychique ; l’autre, secondaire, a pour objet la partie individuelle du langage, c’est-à-dire la parole y compris la phonation : elle est psychophysique. »

27. p. 37, « […] c’est la parole qui fait évoluer la langue. »

28. p. 37, <tv> « Il y a donc interdépendance de la langue et de la parole ; »

29. p. 38, <tv> « La langue existe dans la collectivité sous la forme d’une somme d’empreintes déposées dans chaque cerveau […] De quelle manière la parole est-elle présente dans cette même collectivité ? Elle est la somme de ce que les gens disent […] selon la formule : (I + I’ + I’’ + I’’’…). »

30. p. 41-42, <tv> « On a prétendu qu’il est absolument impossible de séparer toutes ces questions de l’étude de la langue proprement dite. C’est un point de vue qui a prévalu surtout depuis qu’on a tant insisté sur ces « Realia ». De même que la plante est modifiée dans son organisme interne par des facteurs étrangers : terrain, climat, etc., de même l’organisme grammatical ne dépend-il pas constamment des facteurs externes du changement linguistique ? […] Est-il possible de distinguer le développement naturel, organique d’un idiome, de ses formes artificielles, telles que la langue littéraire, qui sont dues à des facteurs externes, par conséquent inorganiques ? […] Nous pensons que l’étude des phénomènes linguistiques externes est très fructueuse ; mais il est faux de dire que sans eux on ne puisse connaître l’organisme linguistique interne. Prenons comme exemple l’emprunt des mots étrangers […] En tout cas, la séparation des deux points de vue s’impose, et plus on l’observera rigoureusement, mieux cela vaudra. »

31. p. 43, « Pour la linguistique interne, il en va tout autrement : elle n’admet pas une disposition quelconque ; la langue est un système qui ne connaît que son ordre propre. »

32. p. 43, <tv> « Si je remplace des pièces de bois par des pièces d’ivoire, le changement est indifférent pour le système ; mais si je diminue ou augmente le nombre des pièces, ce changement-là atteint profondément la ‘grammaire’ du jeu. »

33. p. 43, « est interne tout ce qui change le système à un degré quelconque. »

34. p. 44, <tv> « L’objet concret de notre étude est donc le produit social déposé dans le cerveau de chacun, c’est-à-dire la langue. »

35. p. 44, [Passage enfermé entre les symboles <⎾ – ⎿>] « […] ce qui nous est donné, ce sont les langues. La linguistique est obligée d’en connaître le plus grand nombre possible […] Encore faudrait-il recourir à l’écriture pour faire connaître aux autres les textes consignés de cette manière. »

36. p. 45, « […] l’objet linguistique n’est pas défini par la combinaison du mot écrit et du mot parlé : ce dernier constitue à lui seul cet objet. Mais le mot écrit se mêle si intimement au mot parlé dont il est l’image, qu’il finit pour usurper le rôle principal ; on en vient à donner autant et plus d’importance à la représentation du signe vocal qu’à ce signe lui-même. »

37. p. 45, <fine, smaa, subtile>8 « Certains faits linguistiques très tenus se sont conservés sans le secours de la d’aucune notation. »

38. p. 45-46, <tv> « Dans toute la période du vieux-haut-allemand on a écrit […] Aussi sans le secours de l’écriture, cette nuance de prononciation s’était exactement transmise. »

39. p. 46, <tv> <!> « Bopp lui-même ne fait pas de distinction nette entre la lettre et le son […] de là la place qu’il lui assigne dans sa loi de mutation consonantique ou ‘Lautverschiebung’ (voir p. 199). »

40. p. 46, < ∘ > « Ce lien a beau être superficiel et créer une unité purement factice […] »

41. p. 47, « L’image graphique finit par s’imposer aux dépens du son. »

42. p. 47, <tv> « […] c’est d’après le livre et par le livre qu’on enseigne à l’école ; la langue apparaît réglée par un code […] »

43. p. 47, < ∘ ∘ ∘ > « […] mais comme celui-ci n’a pas voix au chapitre, la forme écrite a presque fatalement le dessus, parce que toute solution qui se réclame d’elle est plus aisée ; l’écriture s’arroge de ce chef une importance à laquelle elle n’a pas droit. »

44. p. 47, « Il n’y a que deux systèmes d’écriture : 1° Le système idéographique, dans lequel le mot est représenté par un signe unique et étranger aux sons dont il se compose. Ce signe se rapport à l’ensemble du mot, et par là, indirectement, à l’idée qu’il exprime. 2° Le système dit communément ‘phonétique’ <NB>, qui vise à reproduire la suite des sons se succédant dans le mot. Les écritures phonétiques sont tantôt syllabiques, tantôt alphabétiques, c’est-à-dire basées sur les éléments irréductibles de la parole. »

45. p. 48, « Pour le Chinois, l’idéogramme et le mot parlé sont au même titre des signes de l’idée : pour lui l’écriture est une seconde langue […] »

46. p. 48, <tv> « […] et dans la conversation, quand deux mots parlées ont le même son, il lui arrive de recourir au mot écrit pour expliquer sa pensée. »

47. p. 48, « Nous bornerons notre étude au système phonétique <NB>, et tout spécialement à celui qui est en usage aujourd’hui et dont le prototype est l’alphabet grec. »

48. p. 49, < ∘ > « On pourrait multiplier indéfiniment les exemples. Ainsi pourquoi écrit-on mais et fait ce que nous prononçons et  ? »

49. p. 51, « Signalons encore les “graphies indirectes” ».

50. p. 51-52, « Le résultat évident de tout cela, c’est que l’écriture voile la vue de la langue : elle n’est pas un vêtement, mais un travestissement. »

51. p. 52, <tv> « On le voit bien par l’orthographe du mot français oiseau, où pas un des sons du mot parlé (wazọ) n’est représenté par son signe propre : il ne reste rien de l’image de la langue. »

52. p. 52 « Quand on dit qu’il faut prononcer une lettre de telle ou telle façon, on prend l’image pour le modèle. »

53. p. 52, < ∘ > « […] encore une expression fausse, puisqu’elle implique une dépendance de la langue à l’égard de la forme écrite. On dirait qu’on se permet quelque chose contre l’écriture, comme si le signe graphique était la norme. »

54. p. 53, <tv> <Foch> : « Le nom de la ville d’Auch est ọš en transcription phonétique. C’est le seul cas où le ch de notre orthographe représente š à la fin du mot. »

55. p. 54, <misfostre>9 « La linguistique doit les mettre en observation dans un compartiment spécial : ce sont des cas tératologiques. »

56. p. 55, « […] c’est l’étude des sons eux-mêmes qui nous fournit le secours que nous cherchons. »

57. p. 55-56, « La physiologie des sons (all. Laut- ou Sprachphysiologie) <NB> est souvent appelée “phonétique” (all. Phonetik, angl. phonetics). Ce terme nous semble impropre ; nous le remplaçons par celui de phonologie. Car phonétique d’abord désigne et doit continuer à désigner l’étude de<s> évolutions des sons ; »

58. p. 56, <NB> « La phonologie est en dehors du temps, puisque le mécanisme de l’articulation reste toujours semblable à lui-même. »

59. p. 56, <dtv> <Her maa være noget galt (en lakune?) sml. p. 55 og 58>10 [à gauche] <tv> <?> [à droite] « Mais non seulement ces deux études ne se confondent pas ; elles ne peuvent même pas s’opposer. La première est une des parties essentielles de la science de la langue ; la phonologie, elle, – il faut le répéter, – n’est qu’une discipline auxiliaire et ne relève que de la parole (voir p. 36). »

60. p. 56, « Sans doute on ne voit pas bien à quoi serviraient les mouvements phonatoires si la langue n’existait pas ; mais ils ne la constituent pas, et quand on a expliqué tous les mouvements de l’appareil vocal nécessaires pour produire chaque impression acoustique, on n’a éclairé en rien le problème de la langue. Celle-ci est un système <tvr> <phonématique*> [à gauche] <sml. paa 61> [à droite]11 basé sur l’opposition psychique de ces impressions acoustiques […] » En bas de page : <*) Herfor mangler der en terminus hos Saussure>12

61. p. 56, <tv> « […] de même qu’une tapisserie est une œuvre d’art produite par l’opposition visuelle entre des fils de couleurs diverses ; or, ce qui importe pour l’analyse, c’est le jeu de ces oppositions, non les procédés par lesquels les couleurs ont été obtenues. »

62. p. 57, « Il y a aussi la question de la lecture. Nous lisons de deux manières : le mot nouveau ou inconnu est épelé lettres après lettre ; mais le mot usuel et familier s’embrasse d’un seul coup d’œil, indépendamment des lettres qui le composent ; l’image de ce mot acquiert pour nous une valeur idéographique. Ici l’orthographe traditionnelle peut revendiquer ses droits : il est utile de distinguer tant de temps […] »

63. p. 57, <tv> « – et, est et ait, – du et dû – il devait et ils devaient, etc. Souhaitons seulement de voir l’écriture usuelle débarrassée de ses plus grosses absurdités ; si dans l’enseignement des langues un alphabet phonologique peut rendre des services, on ne saurait en généraliser l’emploi. »

64. p. 58, <tv> « C’est donc une erreur de croire qu’auprès avoir reconnu le caractère trompeur de l’écriture, la première chose à faire soit de reformuler l’orthographe. »

65. p. 58, <dtvr> « […] il faut dresser le système de l’idiome étudié, c’est-à-dire le tableau des sons <NB> qu’il met en œuvre ; chaque langue, en effet, opère sur un nombre déterminé de phonèmes <NB> bien différenciés. Ce système est la seule réalité qui intéresse le linguiste. »

66. p. 58, <*) Système de phonèmes ou système de sons ?>. En bas de page : <*) Ici phonème est son s’emploient indifféremment>

67. p. 58, <⎾> <tv> « Quand il s’agit d’une langue appartenant au passé, nous en sommes réduits à des données indirectes ; quelles sont alors les ressources à utiliser pour établir le système phonologique ? »

68. p. 58, « 1° D’abord des indices externes, et avant tout le témoignage des contemporains qui ont décrit les sons et la prononciation de leur époque. […] Mais cette source d’information est très peu sure, parce que ces auteurs n’ont aucune méthode phonologique. Leurs descriptions sont faites avec des termes de fortune, sans rigueur scientifique. Leur témoignage doit donc être à son tour interprété. »

69. p. 58-59, <tv> « […] les grammairiens grecs désignaient les sonores (comme b, d, g) par le terme de consonnes “moyennes” (mésai), et les sourdes (comme p, t, k) par celui de psīlai, que les Latins traduisaient par tenuēs. »

70. p. 59, « 2° On peut trouver des renseignements plus sûrs en combinant ces premières données avec des indices internes, que nous classerons sous deux rubriques. a) Indices tirés de la régularité des évolutions phonétiques. »

71. p. 59, <tv> <?> « Ainsi nous ne savons pas exactement quelle était la valeur du ç sanscrit, mais comme il continue le k palatal indo-européen, cette donnée limite nettement le champs des suppositions. »

72. p. 59, <tv> <pattern congruity ?> « Si, outre le point de départ, on connaît encore l’évolution parallèle de sons analogues de la même langue à la même époque, on peut raisonner par analogie et tirer une proportion. »

73. p. 59, « Le problème est naturellement plus facile s’il s’agit de déterminer une prononciation intermédiaire dont on connaît à la fois le point de départ et le point d’arrivée. »

74. p. 59, <tv> « Nous ne savons pas exactement ce que figure le z d’un mot comme le vieux haut allemand wazer ; mais les points de repère sont, d’une part, le plus ancien water, et de l’autre, la forme moderne wasser. »

75. p. 60, « b) Indices contemporains. Ils sont de plusieurs espèces. Ainsi la diversité des graphies […] »

76. p. 60, <tv> « […] on trouve écrit, à une certaine époque du vieux-haut-allemand : wazer, zehan, ezan, mais jamais wacer, cehan, etc. Si d’autre part on trouve aussi esan et essan, waser et wasser, etc., on en conclura que ce z avait un son très voisin de s, mais assez différent de ce qui est représenté par c à la même époque. Quand plus tard on rencontrera des formes comme wacer, etc., cela prouvera que ces deux phonèmes, jadis nettement distincts, se sont plus ou moins confondus. »

77. p. 60, « Les textes poétiques sont des documents précieux pour la connaissance de la prononciation […] c’est aux poètes qu’il faut demander des renseignements sur la quantité de a, i et u. En vieux français la rime permet de connaître, par exemple, jusqu’à quelle époque les consonnes finales de gras et faz (latin, faciō ‘je fais’) ont été différentes, à partir de quel moment elles se sont rapprochées et confondues. La rime et l’assonance nous apprennent encore qu’en vieux français les e […] avaient un son tout différent des autres e. »

78. p. 60, « Mentionnons pour terminer la graphie des mots empruntés à une langue étrangère, les jeux de mots, les coq-à-l’âne, etc. » En bas de page : <dvs. misforstaaelser af lignende type som ‘goddag mand – økseskaft’>13

79. p. 60-61, <tv> « Ainsi en gotique kawtsjo renseigne sur la prononciation de cautio en bas latin […] “qu’elle n’a point parlé d’un roi tel qu’était Capet ou tout autre, mais d’un rouet maître, instrument à filer” ».

80. p. 61, <⎿> « Tous ces procédés d’information nous aident à connaître dans une certaine mesure le système phonologique d’une époque <NB> et à rectifier le témoignage de l’écriture tout en le mettant à profit. »

81. p. 61, <tv> < ∘ > « Quand il s’agit d’une langue vivante, la seule méthode rationnelle consiste : a) à établir le système des sons tel qu’il est reconnu par l’observation directe ; b) à mettre en regard le système des signes qui servent à représenter – imparfaitement – les sons. […] Par ce moyen il est impossible de présenter clairement le système phonologique d’un idiome. »

82. p. 61, « Cependant, il est certain qu’on a déjà fait de grands progrès dans ce domaine, et que les phonologistes <NB> ont beaucoup contribué à réformer nos idées sur l’écriture et l’orthographe. »

83. p. 63, « § I. Définition du phonème. » <NB>

84. p. 63, « [Pour cette partie nous avons pu utiliser la reproduction sténographique de trois conférences faites par F. de Saussure en 1897 sur la Théorie de la syllabe, où il touche aussi aux principes généraux du premier chapitre ; en outre une bonne partie de ses notes personnelles ont trait à la phonologie ; sur bien des points elles éclairent et complètement les données fournies par les cours I et III (Éd.)] »

85. p. 63, « Beaucoup de phonologistes s’attachent presque exclusivement à l’acte de phonation […] et négligent le côté acoustique. »

86. p. 64, <tv> [à gauche] <tvr> [à droite] « Si l’on pouvait reproduire au moyen d’un cinématographe tous les mouvements de la bouche et du larynx exécutant une chaîne de sons, il serait impossible de découvrir des subdivisions dans cette suite de mouvements articulatoires ; on ne sait où un son commence, où l’autre finit. »

87. p. 64, <tv> <tvr> « …tant qu’on <c.-à.-d. les sujets parlant l’idiome en question> a l’impression de quelque chose d’homogène, ce son est unique. »

88. p. 64, « Ce qui importe, ce n’est pas non plus sa durée en croches ou doubles croches […] mais la qualité de l’impression. »

89. p. 64, « […] dans la figure ci-dessus la ligne horizontale représente la chaîne phonique, les petites barres verticales les passages d’un son <NB> à une autre. »

90. p. 65, « Les autres peuples n’ont pas aperçu ce principe, et leurs alphabets n’analysent pas la chaîne parlée en ses phases acoustiques homogènes. »

91. p. 65, <tv [ondulé]> « […] désignation quelque peu inexacte, puisqu’une syllabe peut être formée sur d’autres types encore, par exemple pak, tra, etc. »

92. p. 65, « La délimitation des sons <NB.> de la chaîne parlée ne peut donc reposer que sur l’impression acoustique ; mais pour leur description, il en va autrement. »

93. p. 65, <ttv> « Elle ne saurait être faite que sur la base de l’acte articulatoire, car les unités acoustiques prises dans leur propre chaîne sont inanalysables. »

94. p. 65, <tv> <sml. p. 98> <dtvr> « […] on les appelle phonèmes ; le phonème est la somme des impressions acoustiques et des mouvements articulatoires, de l’unité entendue et de l’unité parlée, l’une conditionnant l’autre : ainsi c’est déjà une unité complexe, qui a un pied dans chaque chaîne. »

95. p. 66, « En revanche le fragment irréductible t, pris à part, peut être considère in abstracto, en dehors du temps. On peut parler de t en général, comme de l’espèce T <Grammont, Phonétique p. 9.> (nous désignerons les espèces par des majuscules), de i comme de l’espèce I, en ne s’attachant qu’au caractère distinctif, sans se préoccuper de tout ce qui dépend de la succession dans le temps. »

96. p. 66, <tv> « De la même façon un ensemble musical do, ré, mi ne peut être traité que comme une série concrète dans le temps ; mais si je prends un de ses éléments irréductibles, je puis le considérer in abstracto. »

97. p. 66, « […] on constate alors que, si l’on néglige des nuances acoustiquement <Ikke snarere artikulatoriske ?>14 indifférentes, le nombre des espèces données n’est pas indéfini. »

98. p. 67, « Dans la bouche il est essentiel de distinguer les lèvres α et a, la langue βγ […], les dents supérieures d, le palais, comprenant une partie antérieure, osseuse et inerte f-h, et une partie postérieure, molle et mobile on voile du palais i, enfin la luette δ. » <*)> En haut de page <*) δ er hos Jespersen tegn for ganesejlet som aktivt organ. Drøbelen kalder han Δ som aktivt organ (Fon. p. 276), k som passivt organ. De her benyttede betegnelser er symmetriske og bør foretrækkes>15

99. p. 67, « Les lettres grecques désignent les organes actifs, dans l’articulation, les lettres latines les parties passives […] La fermeture complète n’entre pour ainsi dire pas en ligne de compte <?> ; quant à l’ouverture, elle est tantôt large, tantôt étroite. » En bas de page : <**) Roudet 54-55 identificerer med urette aktiv med mobil, passiv med ubevægelig. Det er ikke det samme. Drøbelen er mobil, men snart aktiv, snart passiv. Det samme gælder ganesejlet>16

100. p. 68, <tv> « Perçu directement, tel qu’il est émis par la glotte, il nous apparaîtrait à peu près invariable dans sa qualité. »

101. p. 68, « Si au contraire le rapprochement des cordes vocales fait vibrer la glotte, la bouche intervient principalement comme modificateur du son laryngé. »

102. p. 68-69, « Mais énumérer ces facteurs de production du son, ce n’est pas encore déterminer les éléments différentiels des phonèmes. Pour classer ces derniers, il importe bien mois de savoir en quoi ils consistent que ce qui les distingue les uns des autres. »

103. p. 69, <tv> « Or un facteur négatif peut avoir plus d’importance pour la classification qu’un facteur positif. Par exemple l’expiration, élément positif, mais qui intervient dans tout acte phonatoire, n’a pas de valeur différenciatrice ; tandis que l’absence de résonance nasale, facteur négatif, servira, aussi bien que sa présente, à caractériser des phonèmes. »

104. p. 69, « Il faudra donc établir pour chaque phonème : quelle est son articulation buccale, s’il comporte un son laryngé (~~~~) ou non ([]), s’il comporte une résonance nasale (••••) ou non ([]). »

105. p. 70, <dtv> « On classe généralement les sons d’après le lieu de leur articulation. Notre point de départ sera différent. Quelle que soit la place de l’articulation, elle présente toujours une certaine aperture, c’est-à-dire un certain degré d’ouverture entre deux limites extrêmes qui sont : l’occlusion complète et l’ouverture maximale. Sur cette base, et en allant de l’aperture minimale à l’aperture maximale, les sons seront classés en sept catégories désignées par les chiffres 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6. »

106. p. 70, <dtv> « C’est seulement à l’intérieur de chacune d’elles que nous répartirons les phonèmes en divers types d’après le lieu de leur articulation propre. »

107. p. 70, <tv> « […] des termes tels que gutturales, palatales, dentales, liquides, etc. sont tous plus ou moins illogiques. Il serait plus rationnel de diviser le palais en un certain n’ombre d’aires ; »

108. p. 71, « Ainsi β o e veut dire qu’avec le degré d’aperture correspondant à l’occlusion complète, la pointe de la langue β s’applique contre les alvéoles des dents supérieures e ». <*)> En haut de page : <*) Jespersen har 9 aabningsgrader (Fon. 160)>17

109. p. 72, <tv> « Mais ailleurs, en français par exemple, on néglige cette différence, et l’oreille assimile un k d’arrière, comme celui de court, à un k d’avant, comme celui de qui. »

110. p. 72, <tv> <tvr> « […] c’est ainsi que dans les langues scandinaves m sourd existe après une sourde ; on en trouverait aussi des exemples en français, mais les suets parlants n’y voient pas un élément différentiel. »

111. p. 73, <tv> <!? Se p. 72>18 « Fidèle à sa méthode de simplification, F. de Saussure n’a pas cru devoir faire la même distinction à propos de la classe A, malgré l’importance considérable des deux séries K1 et K2 en indo-européen. Il y a là une omission toute volontaire (Éd.). »

112. p. 74, <tv> « Il est facile de le supposer ; ainsi on entend un ν nasal dans le français inventer ; mais en général la fricative nasale n’est pas un sont dont la langue ait conscience. » <c.-à.-d. un phonème>

113. p. 74, <tv> <er dette rigtigt ?>19 « Cependant la sourde n’est pas impossible ; elle existe même en français, où un l suivant une sourde sera prononcé sans le son laryngé (par exemple dans pluie, par opposition à bleu) ; mais nous n’avons pas conscience de cette différence. »

114. p. 74, <tv> <do. ? (sml. Roudet 197)>20 « Inutile de parler de l nasal, très rare et non différencié, bien qu’il existe, surtout après un son nasal (par exemple dans le français branlant). »

115. p. 75, <tv> « Au-delà du degré 3, nous entrons dans un autre domaine : des consonnes nous passons aux voyelles. Jusqu’ici, nous n’avons pas fait prévoir cette distinction ; c’est que le mécanisme de la phonation reste le même. La formule d’une voyelle est exactement comparable à celle de n’importe quelle consone sonore <Værdifuld definition af modsætningen vokal : konsonant>21. Au point de vue de l’articulation buccale, il n’y a pas de distinction à faire. Seul l’effet acoustique est différent. Passé un certain degré d’aperture, la bouche fonctionne principalement comme résonateur <sml. p. 87 nederst.>22. Le timbre du son laryngé apparaît pleinement et le bruit buccal s’efface. Plus la bouche se ferme, plus le son laryngé est intercepté <afbryde, hæmme, standse>23 ; plus on l’ouvre, plus le bruit diminue ; c’est ainsi que, tout à fait mécaniquement, le son prédomine dans la voyelle. »

116. p. 75, « Il en résulte certaines conséquences qui apparaîtront plus tard, et qui justifient le nom de semi-voyelles donné généralement à ces phonèmes. » <NB. Dette bruges altsaa uden hensyn til modsætningen medlyd : selvlyd.>24

117. p. 76, « Existe-t-il un i sourd, c’est-à-dire articulé sans le son laryngé ? La même question se pose pour u et ü et pour toutes les voyelles ; ces phonèmes, qui correspondraient aux consonnes sourdes, existent, mais ne doivent pas être confondus avec les voyelles chuchotées, c’est-à-dire articulées avec la glotte relâchée. » <slappet, løsnet>25

118. p. 77, <tv> « Tant de détails accumulés n’ont pas de valeur en eux-mêmes ; la synthèse importe seule. Le linguiste n’a nul besoin d’être un phonologiste consommé ; il demande simplement qu’on lui fournisse un certain nombre de données nécessaires pour l’étude de la langue. »

119. p. 78, « Dans la recherche du principe phonologique, la science travaille donc à contresens en marquant sa prédilection pour les sons isolés. »

120. p. 78, <dtv> « Aussi longtemps que g et n sont supposés quantités homogènes, on ne comprend pas pourquoi le contact g-n produirait d’autres effets que n-g. »

121. p. 78, <tv> « A côté de la phonologie des espèces, il y a donc place pour une science qui prend pour point de départ les groupes binaires et les consécutions de phonèmes, et c’est tout autre chose. Dans l’étude des sons isolés, il suffit de constater la position des organes ; la qualité acoustique du phonème ne fait pas question ; elle est fixée par l’oreille ; quant à l’articulation, on a toute liberté de la produire à son gré. »

122. p. 79, <tv> « Pour rendre compte de ce qui se passe dans les groupes, il y a à établir une phonologie où ceux-ci seraient considérés comme des équations algébriques […] quand l’un varie, cette variation a sur les autres une répercussion nécessaire qu’on pourra calculer. »

123. p. 79, <tv> « il devient presque impossible de discuter la question des sonantes en dehors d’une appréciation exacte des lois qui régissent la combinaison des phonèmes. »

124. p. 79-80, « Nous parlons d’une observation fondamentale : quand on prononce un groupe appa, on perçoit une différence entre les deux p, dont l’un correspond à une fermeture, le second à une ouverture. Ces deux impressions sont assez analogues pour qu’on ait représenté la suite pp par un seul p (voir p. 66 note) <?>. Cependant c’est cette différence qui nous permet de distinguer par des signes spéciaux […] les deux p de appa […] et en général tous les phonèmes jusqu’aux voyelles […] sauf a. » <*NB>

125. p. 80, « On a appelé la fermeture implosion et l’ouverture explosion ; un p est dit implosif […] ou explosif […]. Dans le même sens on peut parler de sons fermants et de sons ouvrants. […] D’une façon générale, il y a dans toute chaîne parlée de ces phases intermédiaires que nous appellerons tenues ou articulations sistantes. »

126. p. 80, « C’est là un des points de la théorie qui prêtent le plus à la discussion […] La tenue n’est donc qu’une implosion continuée. »

127. p. 81, « […] nous ne prétendons pas résoudre par là toutes les difficultés que soulève la division de la chaîne parlée en syllabes, mais poser seulement une base rationnelle pour l’étude de ce problème. Encore une remarque. Il ne faut pas confondre les mouvements fermants et ouvrants que nécessite l’émission des sons avec les diverses apertures de ces sons eux-mêmes. N’importe quel phonème peut être aussi bien implosif qu’explosif <tv> <sauf a !> ; mais il est vrai que l’aperture influe sur l’implosion et l’explosion, en ce sens que la distinction des deux mouvements devient d’autant moins nette que l’aperture du son est plus grande. »

128. p. 81, <tv> « […] l’écriture marque parfois cette distinction ; le w anglais, le j allemand et souvent le y français (dans yeux, etc.) représentent des sons ouvrants (u<, i<) par opposition à u et i qui sont employés pour u> et i>. »

129. p. 81, <tv> <*> « Enfin, comme on l’a vu us haut, au degré le plus élevé […] toute différence de ce genre. »

130. p. 81, « Il faut donc dédoubler le tableau des phonèmes sauf pour a, et établir comme suit la liste des unités irréductibles : […] a. »

131. p. 82, <tvr> « Pour la première fois, nous sommes sortis de l’abstraction ; pour la première fois apparaissent des éléments concrets, indécomposables, occupant une place et représentant un temps dans la chaîne parlée ; un peut dire que P n’était rien sinon une unité abstraite réunissant les caractères communs de p᷾ et de qui seuls se rencontrent dans la réalité […] »

132. p. 82, <tv> « On parle de P comme on parlerait d’une espèce zoologique ; il y a des exemplaires mâles et femelles, mais pas d’exemplaire idéal de l’espèce. »

133. p. 83, <tv> « […] nous ne tenons compte que des éléments différentiels, saillants pour l’oreille et capables de servir à une délimitation des unités acoustiques dans la chaîne parlée. Seules ces unités acoustico-motrices <tvr> doivent être considérées ; ainsi l’articulation […] parce qu’elle ne produit pas un son perceptible, ou du moins qu’elle ne compte pas dans la chaîne des phonèmes. »

134. p. 84, « Mais l’expérience montre que ce mouvement d’accommodation ne produit rien d’appréciable, si ce n’est un de ces sons furtifs <glidelyd>26 dont nous n’avons pas à tenir compte […] »

135. p. 84, « 3° CHAÎNON EXPLOSIF (<<) : Deux explosions peuvent se produire consécutivement ; mais si la seconde appartient à un phonème d’aperture moindre ou d’aperture égale, on n’aura pas la sensation acoustique d’unité <cf. 851> qu’on trouvera dans le cas contraire […]. C’est cette prononciation peu naturelle qu’on obtiendrait en s’arrêtant après le premier a… »

136. p. 85, « […] il faudra s’y prendre à deux fois et l’émission sera rompue. »

137. p. 85, « Un chaînon explosif continu peut comprendre plus de deux éléments, pourvu qu’on passe toujours d’une ouverture moindre à une ouverture plus grande (par exemple k᷾r᷾w᷾a) […] on peut dire que le nombre possible des explosions trouve sa limite naturelle dans le nombre des degrés d’aperture qu’on peut pratiquement distinguer. »

138. p. 85, <tv> <reelt rigtigt ?>27 : « Sans doute certains groupes de cette catégorie sont très usités dans certaines langues […] ; mais bien que faciles à prononcer, ils n’offrent pas d’unité acoustique (Voir la note suivante) »

139. p. 86, « 4° CHAÎNON IMPLOSIF (>>) est régi par la loi inverse. »

140. p. 86, « On voit que le chaînon implosif, comme le chaînon explosif, peut comprendre plus de deux éléments, si chacun d’eux a une ouverture supérieure à celui qui suit (cf. a͐r͐s͐t͐). »

141. p. 86, « Si dans une chaîne de sons on passe d’une implosion à une explosion (>|<), on obtient un effet particulier qui est l’indice de la frontière de syllabe […] »

142. p. 87, « Cette coïncidence régulière d’une condition mécanique avec un effet acoustique déterminé assure au groupe implosivo-explosif une existence propre dans l’ordre phonologique : son caractère persiste quelles que soient les espèces dont il est composé ; »

143. p. 87, « […] le son où de produit cette première implosion se distingue des sons voisins par un effet propre, qui est l’effet vocalique. »

144. p. 87, <tv> <jamen aperture relative>28 « Celui-ci ne dépend pas du tout du degré d’ouverture plus grand du son a […] »

145. p. 87, « Le son qui donne cette impression par son caractère de première implosive peut être appelé point vocalique <Burde være: det sonantiske punkt>29. On a donné aussi à cette unité le nom de sonante […] »

146. p. 88, « L’analyse montre que les sonantes sont toujours implosives et les consonantes tantôt implosives […] tantôt explosives […] »

147. p. 88, <?> « Inversement les occlusives, qui ont l’aperture minimale, sont toujours consonantes. »

148. p. 88, <ttv> <Diftonger !>30 « Dans la pratique ce sont les phonèmes d’aperture 2, 3 et 4 (nasales, liquides, semi-voyelles) qui jouent l’un ou l’autre rôle selon leur entourage et la nature de leur articulation. »

149. p. 88, « 1° Remarquant que certains phonèmes sont plus sonores que d’autres, on a cherché à faire reposer la syllabe sur la sonorité des phonèmes. »

150. p. 88, <tv> « S’il s’agit seulement de la sonorité relative de sons en contact, comment expliquer des groupes […] où c’est l’élément le moins sonore qui fait syllabe ? »

151. p. 88-89, « 2° M. Sievers a le premier établi qu’un son classé parmi les voyelles peut ne pas donner l’impression de voyelle […] on répond : tel son a telle fonction selon qu’il reçoit ou non l’‘accent syllabique’. C’est là un cercle vicieux […] »

152. p. 90, <tv> « Il y a aussi le cas des chaînons explosifs rompus […] il ne peut se prononcer normalement que p᷾z᷾t᷾a͐ <z͐?> : […] l’opposition entre z et a fait qu’on ne perçoit plus qu’une syllabe et qu’on entend à peu près p᷾z᷾t᷾a͐. »

153. p. 90, <dtv> « Dans tous les cas de ce genre, la volonté et l’intention peuvent, en intervenant, donner le change et tourner dans une certaine mesure les nécessités psychologiques […] et c’est là la condition fondamentale de la syllabation. »

154. p. 90, <tv> « Pourquoi fac est-il mesuré long dans factus ? On répond : à cause du groupe ct […] La véritable raison est que l’explosion et l’implosion sont essentiellement différentes sous le rapport de la durée. »

155. p. 91, <tv> <tvr> « La première est toujours si rapide qu’elle reste une quantité irrationnelle pour l’oreille […] Seule l’implosion peut être appréciée ; d’où le sentiment qu’on reste plus longtemps sur la voyelle par laquelle elle commence. »

156. p. 91, « C’est que dans des groupes tels que aiya, auwa on perçoit, mieux que partout ailleurs, la distinction […] ; et donnent nettement l’impression de voyelles <ɔ: sonantes>, i᷾ et u᷾ celle de consonnes. » <ɔ: consonantes>

157. p. 92, « […] une diphtongue est un chaînon implosif de deux phonèmes dont le second est relativement ouvert. »

158. p. 92, <tv> « Ceci revient à dire que les groupes appelés par les phonologistes diphtongues ascendantes ne sont pas des diphtongues, mais des groupes explosivo-implosifs dont le premier élément est relativement ouvert […] Quant aux groupes du type u͐o, i͐a avec l’accent sur et , tels qu’on les trouve dans certains dialectes allemands (cf. boub, liab), ce ne sont également que des fausses diphtongues […] l’unité qu’il n’a pas naturellement. »

159. p. 92-93, <tv> « M. Sievers et beaucoup de linguistes distinguent par l’écriture […] Mais cette notation, bien que reposant sur le témoignage de l’oreille, est au rebours du bon sens et efface justement la distinction qu’il importerait de faire. »

160. p. 93, « […] on ne peut, par exemple, faire aucune distinction entre newo et neuo ; »

161. p. 93, <tv> « Qu’on écrive duis, dusi […] et tout est effacé. »

162. p. 94, <nej: tn̩n̩>31 « […] et il faut écrire beritn̩nn̩ […] »

163. p. 94, <tv> « Pour créer une alternance de n sonants et consonants, il faut faire suivre l’implosion (premier n) de l’explosion (second n), puis reprendre l’implosion (troisième n). Comme les deux implosions ne sont précédées d’aucune autre, elles ont le caractère sonantique. »

164. p. 94, <tv> « Plus tard on s’est mis à les prononcer en deux syllabes […] Le changement s’est produit, non en plaçant un ‘accent syllabique’ sur l’élément i, mais en transformant son articulation explosive et <en ?> une articulation implosive. »

165. p. 95, « C’est encore lui qu’on retrouve dans cette prononciation vulgaire de la préposition de, que l’on transcrit par ed : un œil ed tanche. » <suder ?>32

166. p. 98, « On a vu p. 28, à propos du circuit de la parole, que les termes impliqués dans le signe linguistique sont tous deux psychiques et sont unis dans notre cerveau par le lien de l’association. Insistons sur ce point. Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. Cette dernière n’est pas le son matériel, chose purement physique, mais l’empreinte psychique de ce son, la représentation que nous en donne le témoignage de nos sens ; »

167. p. 98, <tv> : « C’est parce que les mots de la langue sont pour nous des images acoustiques qu’il faut éviter de parler des ‘phonèmes’ <tvr> <Se p. 65>33 dont ils sont composés. Ce terme, impliquant une idée d’action vocale, ne peut convenir qu’au mot parlé, à la réalisation de l’image intérieure dans le discours. En parlant des sons et des syllabes d’un mot, on évite ce malentendu, pourvu qu’on se souvienne qu’il s’agit de l’image acoustique. »

168. p. 99, <tv> « Nous appelons signe la combinaison du concept et de l’image acoustique […] »

169. p. 100, <tv> « Une remarque en passant : quand la sémiologie sera organisée, elle devra se demander si les modes d’expression qui reposent sur des signes entièrement naturels – comme la pantomime – lui reviennent de droit. En supposant qu’elle les accueille, son objet principal n’en sera pas moins l’ensemble des systèmes fondés sur l’arbitraire du signe. »

170. p. 101, <Sml. p. 106>34 « […] en ce sens la linguistique peut devenir le patron général de toute sémiologie, bien que la langue ne soit qu’un système particulier […] Le symbole a pour caractère de n’être jamais tout à fait arbitraire ; »

171. p. 101, <tv> <Sml. p. 104>35, « Il ne doit pas donner l’idée que le signifiant dépend du libre choix du sujet parlant […] nous voulons dire qu’il est immotivé, c’est-à-dire arbitraire par rapport au signifié […] »

172. p. 103, « § 3. SECOND PRINCIPE : CARACTÈRE LINÉAIRE DU SIGNIFIANT […] Tout le mécanisme de la langue en dépend (voir p. 170). »

173. p. 105, « En fait, aucune société ne connaît et n’a jamais connu la langue autrement que comme un produit hérité des générations précédentes et à prendre tel quel. C’est pourquoi la question de l’origine du langage n’a pas l’importance qu’on lui attribue généralement. Ce n’est pas même une question à poser ; » <(Spørgsmaalet strider mod definitionen af langue)>36

174. p. 106-107, <tv> « On peut, par exemple, débattre si la forme monogame du mariage est plus raisonnable que la forme polygame et faire valoir des raisons pour l’une et l’autre. On pourrait aussi discuter un système de symboles, parce que le symbole a un rapport rationnel avec la chose signifiée (voir p. 101) ; mais pour la langue, système de signes arbitraires, cette base fait défaut, et avec elle se dérobe tout terrain solide de discussion ; il n’y a aucun motif de préférer sœur à sister, Ochs à bœuf, etc. »

175. p. 107, <tv> « […] mais les signes linguistiques sont innombrables. »

176. p. 107, « […] ceux-là mêmes qui en font un usage journalier l’ignorent profondément. »

177. p. 110, <tv> « Les autres institutions humaines […] sont toutes fondées, à des degrés divers, sur les rapports naturels des choses ; […] La langue, au contraire, n’est limitée en rien dans le choix de ses moyens, car on ne voit pas ce qui empêcherait d’associer une idée quelconque avec une suite quelconque de sons. »

178. p. 110, « Mais il n’est pas allé jusqu’au bout et n’a pas vu que ce caractère arbitraire sépare radicalement la langue de toutes les autres institutions. »

179. p. 112, « La langue est pour nous le langage moins la parole. Elle est l’ensemble des habitudes linguistiques qui permettent à un sujet de comprendre et de se faire comprendre. »

180. p. 112, « Mais dans ces conditions, la langue est viable, non vivante ; »

181. p. 113, « Inversement si l’on considérait la masse parlante sans le temps, on ne verrait pas l’effet des forces sociales agissant sur la langue. Pour être dans la réalité il faut donc ajouter à notre premier schéma un signe qui indique la marche du temps : Dès lors la langue n’est pas libre, parce que le temps permettra aux forces sociales s’exerçant sur elle de développer leurs effets, et on arrive au principe de continuité, qui annule la liberté. »

182. p. 115, <tv> « C’est que là, comme en économie politique, on est en face de la notion de valeur ; dans les deux sciences, il s’agit d’un système d’équivalences entre des choses d’ordre différents : dans l’une un travail et un salaire, dans l’autre un signifié et un signifiant »

183. p. 115, « Il est certain que toutes les sciences auraient intérêt à marquer plus scrupuleusement les axes sur lesquels sont situées les choses dont elles s’occupent »

184. p. 115, <tv> « Pour les sciences travaillant sur des valeurs, cette distinction devient une nécessité pratique, et dans certains cas une nécessité absolue »

185. p. 116, <tv> : « C’est au linguiste que cette distinction s’impose le plus impérieusement <dtv> ; car la langue est un système de pures valeurs que rien ne détermine en dehors de l’état momentané de ses termes. Tant que par un de ses côtés une valeur a sa racine dans les choses et leurs rapports naturels (comme c’est le cas dans la science économique – par exemple un fonds de terre vaut en proportion de ce qu’il rapporte), on peut jusqu’à un certain point suivre cette valeur dans le temps, tout en se souvenant qu’à chaque moment elle dépend d’un système de valeurs contemporaines […] Mais nous venons de voir qu’en linguistique les données naturelles n’ont aucune place. »

186. p. 116, <dtv> « Ajoutons que plus un système de valeurs est complexe et rigoureusement organisé, plus il est nécessaire, à cause de sa complexité même, de l’étudier successivement selon les deux axes. »

187. p. 117, <tv> « Est synchronique tout ce qui se rapporte à l’aspect statique de notre science […] »

188. p. 117, <tv> « La première chose qui frappe quand on étudie les faits de langue, c’est que pour le sujet parlant leur succession dans le temps est inexistante : il est devant un état. <dtv> Aussi le linguiste qui veut comprendre cet état doit-il faire table rase de tout ce qui l’a produit et ignorer la diachronie. Il ne peut entrer dans la conscience des sujets parlants qu’en supprimant le passé. L’intervention de l’histoire ne peut que fausser son jugement. »

189. p. 118, <tv> « Depuis que la linguistique moderne existe, on peut dire qu’elle s’est absorbée tout entière dans la diachronie <dtv>. […] Telle est la tendance inaugurée par Bopp ; aussi sa conception de la langue est-elle hybride et hésitante »

190. p. 119, « Elle est à cheval sur deux domaines, parce qu’elle n’a pas su distinguer nettement entre les états et les successivités »

191. p. 119, <tv> « L’ancienne grammaire ne voyait que le fait synchronique ; la linguistique nous révèle un nouvel ordre de phénomènes ; mais cela ne suffit pas ; il faut faire sentir l’opposition des deux ordres pour en tirer toutes les conséquences qu’elle comporte »

192. p. 119, <dtv> « L’opposition entre les deux points de vue – synchronique et diachronique – est absolue et ne souffre pas de compromis. Quelques faits nous montreront et quoi consiste cette différence et pourquoi elle est irréductible »

193. p. 121, <dtv> « 1° Ces faits diachroniques n’ont nullement pour but de marquer une valeur par un autre signe […] Donc un fait diachronique est un événement qui a sa raison d’être en lui-même ; les conséquences synchroniques particulières qui peuvent en découler lui sont complément étrangères. 2° Ces faits diachronique ne tendent pas même à changer le système. On n’a pas voulu passer d’un système de rapports à un autre ; la modification ne porte pas sur l’agencement, mais sur les éléments agencés. »

194. p. 121, « Nous retrouvons ici un principe déjà énoncé : jamais le système n’est modifié directement ; en lui-même il est immutable ; seuls certains éléments sont altérés sans égard à la solidarité qui les lie au tout. »

195. p. 121, <tv> « C’est comme si une des planètes qui gravitent autour du soleil changeait de dimensions et de poids : ce fait isolé entrainerait des conséquences générales et déplacerait l’équilibre du système solaire tout entier »

196. p. 121, « […] ce n’est pas l’ensemble qui a été déplacé ni un système qui en a engendré un autre, mais seulement un élément du premier a été changé, et cela a suffi pour faire naître un autre système. »

197. p. 121, « 3° Cette observation nous fait mieux comprendre le caractère toujours fortuit d’un état. »

198. p. 122, <tv> « […] la langue n’est pas un mécanisme créé et agencé en vue des concepts à exprimer. Nous voyons au contraire que l’état issu du changement n’était pas destiné à marquer les significations dont il s’imprègne […] Dans chaque état l’esprit s’insuffle dans une matière donnée et la vivifie. Cette vue, qui nous est inspirée par la linguistique historique, est inconnue à la grammaire traditionnelle, qui n’aurait jamais pu l’acquérir par ses propres méthodes. La plupart des philosophies de la langue l’ignorent également : et cependant rien de plus important au point de vue philosophique. »

199. p. 122, « Dans le fait diachronique, c’est juste l’inverse : il n’intéresse qu’un seul terme, et pour qu’une forme nouvelle […] apparaisse, il faut que l’ancienne […] lui cède la place »

200. p. 122, <ttv> « Vouloir réunir dans la même discipline des faits aussi disparates serait donc une entreprise chimérique. »

201. p. 122, <dtv> « Dans la perspective diachronique on a affaire à des phénomènes qui n’ont aucun rapport avec les systèmes [passage marqué par un trait vertical bleu au marge], bien qu’ils les conditionnent »

202. p. 124, « détériorations » <beskadigelser>37

203. p. 124, <dtv> [sur les deux marges] « La langue est un système dont toutes les parties peuvent et doivent être considérées dans leur solidarité synchronique. »

204. p. 124, <tv> « Les altérations ne se faisant jamais sur le bloc du système, mais sur l’un ou l’autre de ses éléments, ne peuvent être étudiées qu’en dehors de celui-ci. Sans doute chaque altération a son contre-coup sur le système ; mais le fait initial a porté sur un point seulement ; il n’a aucune relation interne avec les conséquences qui peuvent en découler pour l’ensemble. »

205. p. 124, <dtv> « Pour montrer à la fois l’autonomie et l’interdépendance du synchronique et du diachronique, on peut comparer le premier à la projection d’un corps sur un plan. »

206. p. 125, <tv> « Mais de toutes les comparaisons qu’on pourrait imaginer, la plus démonstrative est celle qu’on établirait entre le jeu de la langue et une partie d’échecs. »

207. p. 126, <dtv> « Cette règle admise une fois pour toutes existe aussi en matière de langue ; ce sont les principes constants de la sémiologie. »

208. p. 126-127, <tv> « […] il est totalement indifférent qu’on y soit arrivé par une voie ou par une autre ; celui qui a suivi toute la partie n’a pas le plus léger avantage sur le curieux qui vient inspecter l’état du jeu au moment critique ; pour décrire cette position, il est parfaitement inutile de rappeler ce qui vient de se passer dix secondes auparavant. »

209. p. 127, <tv> <NB> : « Il n’y a qu’un point où la comparaison soit en défaut : le jouer d’échecs a l’intention d’opérer le déplacement et d’exercer une action sur le système ; tandis que la langue ne prémédite rien ; c’est spontanément et fortuitement que ses pièces à elle se déplacent – ou plutôt se modifient ; »

210. p. 127, <dtv> « § 5. LES DEUX LINGUISTIQUES OPPOSÉES DANS LEUR MÉTHODES ET LEURS PRINCIPES »

211. p. 128, <dtv> « […] il est évident que l’aspect synchronique prime l’autre, puisque pour la masse parlante il est la vraie et la seule réalité (voir p. 117). »

212. p. 128, <tv> « a) La synchronie ne connaît qu’une perspective, celle des sujets parlants […] »

213. p. 128, <dtv> <S. p. 141> : « Au fond le terme de synchronique n’est pas assez précis ; il devrait être remplacé par celui, un peu long il est vrai, de idiosynchronique. »

214. p. 129, <tv> « […] l’antinomie radicale entre le fait évolutif et le fait statique a pour conséquence que toutes les notions relatives à l’un ou à l’autre, sont dans la même mesure irréductibles entre elles. N’importe laquelle de ces notions peut servir à démontrer cette vérité. C’est ainsi que le « phénomène » synchronique n’a rien de commun avec le diachronique (voir p. 122) ; l’un est un rapport entre éléments simultanés, l’autre la substitution d’un élément à un autre dans le temps, un événement. Nous verrons aussi p. 150 que dans les identités diachroniques et synchroniques sont deux choses très différentes : historiquement, la négation pas est identique au substantif pas, tandis que, pris dans la langue d’aujourd’hui, ces deux éléments sont parfaitement distincts. »

215. p. 135, « Mais ce sont là des principes généraux existant indépendamment des faits concrets ; dès qu’on parle de faits particuliers et tangibles, il n’y a pas de point de vue panchronique. Ainsi chaque changement phonétique […] est limité à un temps et un territoire déterminé […] ; il n’existe que diachroniquement. C’est justement un critère auquel on peut reconnaître ce qui est de la langue et ce qui n’en est pas. Un fait concret susceptible d’une explication panchronique ne saurait lui appartenir. »

216. p. 135-136, <tv> « a) La vérité synchronique parait être la négation de la vérité diachronique, […] mais la conscience linguistique les rapproche et n’en reconnaît plus qu’un : cette vérité est aussi absolue et incontestable que l’autre. »

217. p. 138, « Une fois en possession de ce double principe de classification, on peut ajouter que tout ce qui est diachronique dans la langue ne l’est que par la parole. C’est dans la parole que se trouve le germe de tous les changements : chacun d’eux est lancé d’abord par un certain nombre d’individus avant d’entrer dans l’usage »

218. p. 139, <tv> « Ainsi dans l’étude synchronique de l’ancien français le linguiste opère avec des faits et des principes qui n’ont rien de commun avec ceux que lui ferait découvrir l’histoire de cette même langue […], si chaque idiome forme un système fermé, tous supposent certains principes constants, qu’on retrouve en passant de l’un à l’autre, parce qu’on reste dans le même ordre »

219. p. 140, <dtv> « […] il faut à tout prix situer chaque fait dans sa sphère et ne pas confondre les méthodes. »

220. p. 141, <dtv> <p. 128> « L’objet de la linguistique synchronique générale est d’établir les principes fondamentaux de tout système idiosynchronique, les facteurs constitutifs de tout état de langue. »

221. p. 141, « C’est à la synchronie qu’appartient tout ce qu’on appelle la ‘grammaire générale’ ; car c’est seulement par les états de langue que s’établissent les différents rapports qui sont du ressort de la grammaire. »

222. p. 141, <tv> [ondulé] « Dans ce qui suit nous n’envisageons que certains principes essentiels, sans lesquels on ne pourrait pas aborder les problèmes plus spéciaux de la statique, ni expliquer le détail d’un état de langue. »

223. p. 142, <tv> « En pratique, un état de langue n’est pas un point, mais un espace de temps plus ou moins long pendant lequel la somme des modifications survenus est minime. »

224. p. 143, <tv> « En linguistique statique, comme dans la plupart des sciences, aucune démonstration n’est possible sans une simplification conventionnelle des données. »

225. p. 144, <tv> « Les signes dont la langue est composée ne sont pas des abstractions, mais des objets réels (voir p. 32) ; ce sont eux et leurs rapports que la linguistique étudie ; »

226. p. 144, <dtv>: « 1° L’entité linguistique n’existe que par l’association du signifiant et du signifié (voir p. 99) ; »

227. p. 144, <dtv> « Des concepts tels que ‘maison’, ‘blanc’, ‘voir’, etc., considérés en eux-mêmes, appartiennent à la psychologie ; ils ne deviennent entités linguistiques que par association avec des images acoustiques ; »

228. p. 145, <tv> « […] pris à part, chacun de ces éléments n’a aucune des propriétés de l’eau. »

229. p. 145, <tv> « Quand nous entendons une langue inconnue, nous sommes hors d’état de dire comment la suite des sons doit être analysée ; c’est que cette analyse est impossible si l’on ne tient compte que de l’aspect phonique du phénomène linguistique. »

230. p. 145, « […] alors nous voyons ces parties se détacher les unes des autres, et le ruban amorphe se découper en fragments ; or cette analyse n’a rien de matériel. »

231. p. 146, <tv> <: lexème> « une tranche de sonorité qui est, à l’exclusion de ce qui précède et de ce qui suit dans la chaîne parlée, le signifiant d’un certain concept. »

232. p. 147, <tv> « […] car qu’est-ce qu’une phrase sinon une combinaison de mots, et qu’y a-t-il de plus immédiatement saisissable ? »

233. p. 147, <tv> « Cependant nous sommes mis immédiatement en défiance en constatant qu’on s’est beaucoup disputé sur la nature du mot, et en y réfléchissant un peu, on voit que ce qu’on entend par là est incompatible avec notre notion d’unité concrète. »

234. p. 148, <tv> « Mais autre chose est de sentir ce jeu rapide et délicat des unités, autre chose d’en rendre compte par une analyse méthodique. »

235. p. 148, « Mais d’abord jusqu’à quel point la phrase appartient-elle à la langue (voir p. 172) ? »

236. p. 151, « Ainsi nous parlons d’identité à propos de deux express “Genève-Paris 8 h. 45 du soir” qui partent à vingt-quatre heures d’intervalle. A nos yeux, c’est le même express, et pourtant probablement locomotive, wagons, personnel, tout est différent. »

237. p. 150, <tv> « […] on entend répéter à plusieurs reprises de le mot Messieurs !, on a le sentiment qu’il s’agit chaque fois de la même expression […] »

238. p. 151, <tv> « Ou bien si une rue est démolie, puis rebâtie, nous disons que c’est la même rue, alors que matériellement il ne subsiste peut-être rien de l’ancienne […] pareillement, ce qui fait l’express, c’est l’heure de son départ, son itinéraire et en général toutes les circonstances qui le distinguent des autres express. »

239. p. 152, « Opposons aux cas précédents celui – tout différent – d’un habit qui m’aurait été volé et que je retrouve à l’étalage d’un fripier […] Le lien entre les deux emplois du même mot ne repose ni sur l’identité matérielle, ni sur l’exacte similitude des sens […] »

240. p. 152, « Se fait-elle au nom d’un principe purement logique, extra-linguistique, appliqué du dehors sur la grammaire comme les degrés de longitude et de latitude sur le globe terrestre ? »

241. p. 153, « […] la distinction des mots en substantifs, verbes, adjectifs, etc., n’est pas une réalité linguistique indéniable. »

242. p. 153, <tv> « D’autre part, fondes ces classements sur autre chose que des entités concrètes […] c’est oublier qu’il n’y a pas de faits linguistiques indépendants d’une matière phonique découpée en éléments significatifs. »

243. p. 153-154, <tv> « Une novelle comparaison avec le jeu d’échecs nous le fera comprendre […] Prenons un cavalier : est-il à lui seul un élément du jeu ? Assurément non, puisque dans sa matérialité pure, hors de sa case et des autres conditions du jeu, il ne représente rien pour le joueur et ne devient élément réel et concret qu’une fois revêtu de sa valeur et faisant corps avec elle […] la notion d’identité se confond avec celle de valeur et réciproquement. »

244. p. 154, <tv> « Au point de vue pratique, il serait intéressant du commencer par les unités, de les déterminer et de rendre compte de leur diversité en les classant. »

245. p. 154 [passage enfermé entre parenthèses carrés] « Il faudrait chercher sur quoi se fonde la division en mots – car le mot, malgré la difficulté qu’on a à le définir, c’est une unité qui s’impose à l’esprit, quelque chose de central dans le mécanisme de la langue ; – mais c’est là un sujet qui remplirait à lui seul un volume ».

246. p. 154, <tv> « Ensuite on aurait à classer les sous-unités, puis les unités plus larges, etc. En déterminant ainsi les éléments qu’elle manie, notre science remplirait sa tâche tout entière, car elle aurait ramené tous les phénomènes de son ordre à leur premier principe. »

247. p. 154, « […] en matière de langue on s’est toujours contenté d’opérer sur des unités mal définies. »

248. p. 155, <dtv> « Psychologiquement, abstraction faite de son expression par les mots, notre pensée n’est qu’une masse amorphe et indistincte. […] Il n’y a pas d’idées préétablies, et rien n’est distinct avant l’apparition de la langue. »

249. p. 156, « […] sur le plan indéfini des idées confuses… »

250. p. 156, « Le rôle caractéristique de la langue vis-à-vis de la pensée n’est pas de créer un moyen phonique matériel pour l’expression des idées, mais de servir d’intermédiaire entre la pensée et le son <“Son” pourrait être remplacé ici par le terme plus général de “matérialisation”>, dans des conditions telles que leur union aboutit nécessairement à des délimitations réciproques d’unités. Il n’y a donc ni matérialisation des pensées, ni spiritualisation des sons, mais il s’agit de ce fait en quelque sorte mystérieux, que la ‘pensé-son’ implique des divisions et que la langue élabore ses unités en se constituant entre deux masses amorphes. »

251. p. 156, <tv> « Qu’on se représente l’air en contact avec une nappe d’eau : […] ce sont ces ondulations qui donneront une idée de l’union, et pour ainsi dire de l’accouplement de la pensée avec la matière phonique. »

252. p. 156, « On pourrait appeler la langue le domaine des articulations […] »

253. p. 157, <tv> « La langue est encore comparable à une feuille de papier : la pensée est le recto et le son le verso ; […] cette combinaison produit une forme, non une substance »

254. p. 157, <tv> « Le définit ainsi, ce serait l’isoler du système dont il fait partie ; ce serait croire qu’on peut commencer par les termes et construire le système en en faisant la somme, alors qu’au contraire c’est du tout solidaire qu’il faut partir pour obtenir par analyse les éléments qu’il renferme. »

255. p. 158, <tv> « Ne pouvant saisir directement les entités concrètes ou unités de la langue, nous opérerons sur les mots. […] nous les prendrons donc comme spécimens équivalents des termes réels d’un système synchronique, et les principes dégagés à propos des mots seront valables pour les entités en général. »

256. p. 158, « […] en quoi cette valeur diffère-t-elle de ce qu’on appelle la signification ? […] La valeur, prise dans son aspect conceptuel, est sans doute un élément de la signification, et il est très difficile de savoir comment celle-ci s’en distingue tout en étant sous sa dépendance. Pourtant il est nécessaire de tirer au clair cette question, sous peine de réduire la langue à une simple nomenclature (voir p. 97). »

257. p. 159, « […] le concept nous apparaît comme la contre-partie de l’image auditive dans l’intérieur du signe, et, de l’autre, ce signe lui-même, c’est-à-dire le rapport qui relie ses deux éléments, est aussi et tout autant la contre-partie des autres signes de la langue. »

258. p. 159, <tv> « Puisque la langue est un système dont tous les termes sont solidaires et où la valeur de l’un ne résulte que de la présence simultanée des autres […] »

259. p. 159, « […] toutes les valeurs semblent régies par ce principe paradoxal. Elles sont toujours constituées : 1° par une chose dissemblable susceptible d’être échangée contre celle dont la valeur est à déterminer ; 2° par des choses similaires qu’on peut comparer avec celle dont la valeur est en cause. Ces deux facteurs sont nécessaires pour l’existence d’une valeur. »

260. p. 160, <tv> « […] il faut savoir : 1° qu’on peut l’échanger contre une quantité déterminée d’une chose différente, par exemple du pain ; 2° qu’on peut la comparer avec une valeur similaire du même système, par exemple une pièce d’un franc, ou avec une monnaie d’un autre système (un dollar, etc.). »

261. p. 160, « De même un mot peut être échangée contre quelque chose de dissemblable : une idée ; en outre, il peut être comparé avec quelque chose de même nature : un autre mot. […] Faisant partie d’un système, il est revêtu, non seulement d’une signification, mais aussi et surtout d’une valeur, et c’est toute autre chose. […] Le français mouton peut avoir la même signification que l’anglais sheep, mais non la même valeur […]. La différence de valeur entre sheep et mouton tient à ce que le premier a à côté de lui un second terme, ce qui n’est pas le cas pour le mot français. »

262. p. 161, « Ce qui est dit des mots s’applique à n’importe quel terme de la langue, par exemple aux entités grammaticales. Ainsi la valeur d’un pluriel français ne recouvre pas celle d’un pluriel sanscrit, bien que la signification soit le plus souvent identique. »

263. p. 161, « La flexion offre des exemples particulièrement frappants. »

264. p. 162, <tv> « Dans tous ces cas nous surprenons donc, au lieu d’idées données d’avance, des valeurs émanant du système. »

265. p. 162, « Quand on dit qu’elles correspondent à des concepts, on sous-entend que ceux-ci sont purement différentiels, définis non pas positivement par leur contenu, mais négativement par leurs rapports avec les autres termes du système. Leur plus exacte caractéristique est d’être ce que les autres ne sont pas. »

266. p. 162, « […] un concept ‘juger’ est uni à l’image acoustique juger ; en un mot il symbolise la signification ; mais il est bien entendu que ce concept n’a rien d’initial, qu’il n’est qu’une valeur déterminée par ses rapports avec d’autres valeurs similaires, et que sans elles la signification n’existerait pas. Quand j’affirme simplement qu’un mot signifie quelque chose, […] je fais une opération qui peut dans une certaine mesure être exacte et donner une idée de la réalité ; mais en aucun cas je n’exprime le fait linguistique dans son essence et dans son ampleur. »

267. p. 163, « Ce qui importe dans le mot, ce n’est pas le son lui-même, mais les différences phoniques qui permettent de distinguer ce mot de tous les autres, car ce sont elles qui portent la signification. […] Arbitraire et différentiel sont deux qualités corrélatives. »

268. p. 164, « D’ailleurs il est impossible que le son, élément matériel, appartienne par lui-même à la langue. Il n’est pour elle qu’une chose secondaire, une matière qu’elle met en œuvre. Toutes les valeurs conventionnelles présentent ce caractère de ne pas se confondre avec l’élément tangible qui leur sert de support. »

269. p. 164, <tv> « Ainsi ce n’est pas le métal d’une pièce de monnaie qui en fixe la valeur […] il vaudra plus ou moins avec telle ou telle effigie, plus ou moins en deçà et au delà d’une frontière politique. »

270. p. 164, « Cela est plus vrai encore du signifiant linguistique ; dans son essence, il n’est aucunement phonique, il est incorporel, constitué, non par sa substance matérielle, mais uniquement par les différentes qui séparent son image acoustique de toutes les autres. »

271. p. 164, « Ce principe est si essentiel qu’il s’applique à tous les éléments matériels de la langue, y compris les phonèmes. <NB> »

272. p. 164, « Or ce qui les caractérise, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, leur qualité propre et positive, mais simplement le fait qu’ils ne se confondent pas entre eux <dtv>. Les phonèmes sont avant tout des entités oppositives, relatives et négatives. »

273. p. 166, « […] dans la langue il n’y a que des différences sans termes positifs. Qu’on prenne le signifié ou le signifiant, la langue ne comporte ni des idées ni des sons qui préexisteraient au système linguistique, mais seulement des différences conceptuelles et des différences phoniques issues de ce système. »

274. p. 166, <NB> « La preuve en est que la valeur d’un terme peut être modifiée sans qu’on touche ni à son sens ni à ses sons, mais seulement par le fait que tel autre terme voisin aura subi une modification (voir p. 160). »

275. p. 166, <tv> « Mais dire que tout est négatif dans la langue, cela n’est vrai que du signifié et du signifiant pris séparément : dès qu’on considère le signe dans sa totalité, on se trouve en présence d’une chose positive dans son ordre. »

276. p. 166, <tv> « Bien que le signifié et le signifiant soient, chacun pris à part, purement différentiels et négatifs, leur combinaison est un fait positif ; »

277. p. 167, <tv> « […] deux signes comportant chacun un signifié et un signifiant ne sont pas différents, ils sont seulement distincts. Entre eux il n’y a qu’opposition. »

278. p. 168, <tv> « C’est la différence qui fait le caractère, comme elle fait la valeur et l’unité. »

279. p. 169, « […] la langue est une forme et non une substance. »

280. p. 169, <tv> « On ne saurait assez se pénétrer de cette vérité, car toutes les erreurs de notre terminologie, toutes nos façons incorrectes de désigner les choses de la langue proviennent de cette supposition involontaire qu’il y aurait une substance dans le phénomène linguistique. »

281. p. 170, <tv> « Les rapports et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères distinctes dont chacune est génératrice d’un certain ordre de valeurs ; »

282. p. 170, <dtv> <X> : « D’une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la possibilité de prononcer deux éléments à la fois (voir p. 103). »

283. p. 170, « Ceux-ci se rangent les uns à la suite des autres sur la chaîne de la parole. Ces combinaisons qui ont pour support l’étendue peuvent être appelés syntagmes. Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives […] » En bas de page : <Terminus syntagma findes hos Baudouin de Courtenay (Введ. въ язуков. 52 og 55) (ogs. om ord)>38

284. p. 171, <dtv> « […] un terme n’acquiert sa valeur que parce qu’il est opposé à ce qui précède ou ce qui suit, ou à tous les deux. »

285. p. 171, « D’autre part, en dehors du discours les mots offrant quelque chose de commun s’associent dans la mémoire […] »

286. p. 171, « Elles n’ont pas pour support l’étendue ; leur siège est dans le cerveau ; elles font partie de ce trésor intérieur qui constitue la langue chez chaque individu. Nous les appellerons rapports associatifs. »

287. p. 171, <tv> « Le rapport syntagmatique est in praesentia […] Au contraire le rapport associatif unit des termes in absentia dans une série mnémonique virtuelle. »

288. p. 171, <tv> « À ce double point de vue, une unité linguistique est comparable à une partie déterminée d’un édifice, une colonne par exemple […] ; d’autre part, si cette colonne est d’ordre dorique, elle évoque la comparaison mentale avec les autres ordres (ionique, corinthien, etc.), qui sont des éléments non présents dans l’espace : le rapport est associatif. »

289. p. 172, <tv> « La phrase est le type par excellence du syntagme. Mais elle appartient à la parole, non à la langue (voir p. 30). »

290. p. 174, « […] de ces deux caractères de la série associative, ordre indéterminé et nombre indéfini, seul le premier se vérifie toujours ; le second peut manquer. »

291. p. 175, « […] un type caractéristique de ce genre de groupements, les paradigmes de flexion. »

292. p. 175, « … mais la série n’est pas indéfinie… <x)> » En bas de page : <x) I st. f. en endelig række kan maaske bedre her tales om en lukket række.>39

293. p. 175, <?> « […] c’est pas un acte purement arbitraire que le grammairien les groupe d’une façon plutôt que d’une autre ; »

294. p. 175, <tv> [ondulé] <Men langue – parole !>40 « […] pour la conscience des sujets parlants le nominatif n’est nullement le premier cas de la déclinaison, et les termes pourront surgir dans tel ou tel ordre selon l’occasion. »

295. p. 177, « Ce mécanisme, qui consiste dans un jeu de termes successifs, ressemble au fonctionnement d’une machine dont les pièces ont une action réciproque bien qu’elles soient disposées dans une seule dimension. »

296. p. 177, <tv> « Entre les groupements syntagmatiques, ainsi constitués, il y a un lien d’interdépendance : ils se conditionnent réciproquement. En effet la coordination dans l’espace contribue à créer des coordinations associatives, et celles-ci à leur tour sont nécessaires pour l’analyse des parties du syntagme. »

297. p. 179, « On comprend dès lors le jeu de ce double système dans le discours. »

298. p. 180, « Inversement ce procédé de fixation et de choix régit les unités les plus minimes et jusqu’aux éléments phonologiques, quand ils sont revêtus d’une valeur. »

299. p. 180, « […] cela revient à dire que leur présence ou leur absence à telle place compte dans la structure du mot et dans celle de la phrase. »

300. p. 180, <tv> « Or dans tous les cas de ce genre, le son isolé, comme toutes les autres unités, sera choisi à la suite d’une opposition mentale double : ainsi dans le groupe imaginaire anma, le son m est en opposition syntagmatique avec ceux qui l’entourent et en opposition associative avec tous ceux que l’esprit peut suggérer […] »

301. p. 183, <tv> « Entre les deux limites extrêmes – minimum d’organisation et minimum d’arbitraire – on trouve toutes les variétés possibles. »

302. p. 183, <tv> « […] on pourrait dire que les langues où l’immotivé atteint son maximum sont plus lexicologiques, et celles où il s’abaisse au minimum, plus grammaticales. »

303. p. 183, <tv> « […] mais le type de l’ultra-lexicologique est le chinois, tandis que l’indo-européen et le sanscrit sont des spécimens de l’ultra-grammatical. »

304. p. 186, <tv> « […] formes et fonctions sont solidaires, et il est difficile, pour ne pas dire impossible, de les séparer. Linguistiquement, la morphologie n’a pas d’objet réel et autonome ; elle ne peut constituer une discipline distincte de la syntaxe. »

305. p. 187, <tv> « En résumé, les divisions traditionnelles de la grammaire peuvent avoir leur utilisé pratique, mais ne correspondent pas à des distinctions naturelles et ne sont unies par aucun lien logique. La grammaire ne peut s’édifier que sur un principe différent et supérieur. »

306. p. 187, « L’interpénétration de la morphologie, de la syntaxe et de la lexicologie s’explique par la nature au fond identique de tous les faits de synchronie. »

307. p. 188, « Tout ce qui compose un état de langue doit pouvoir être ramené à une théorie des syntagmes et à une théorie des associations. »

308. p. 188, <dtv> « Tous les faits de syntagmatique ne se classent pas dans la syntaxe, mais tous les faits de syntaxe appartiennent à la syntagmatique. »

309. p. 188, <tv> [ondulé] « Cette tâche ne peut naturellement pas être entreprise ici, où l’on se borne à poser les principes les plus généraux. »

310. p. 189, <tv> « On peut dire que la somme des classement conscients et méthodologiques faits par le grammairien qui étudie un état de langue sans faire intervenir l’histoire doit coïncider avec la somme des associations, conscientes ou non, mises en jeu dans la parole. »

311. p. 190, « […] et c’est ainsi que la notion de génitif en soi prend place dans la langue. »

312. p. 190, <tv> « La valeur d’un groupe est souvent liée à l’ordre de ses éléments. »

313. p. 191, <tv> « […] le français moderne rend la notion de complément direct uniquement par la position du substantif après le verbe transitif […], tandis que le latin et d’autres langues le font par l’emploi de l’accusatif, caractérisé par des désinences spéciales, etc. »

314. p. 191, <tv> « […] en réalité, les unités matérielles, alignées dans un certain ordre, créent seules cette valeur. »

315. p. 201, « […] en germanique, comme en latin, þ tendait <NB> à se sonoriser spontanément à l’intérieur du mot ; »

316. p. 207, « On comprendrait que des changements grammaticaux relèvent de cet ordre de causes ; »

317. p. 247, <tv> « L’indo-européen ne connaissait pas les prépositions ; les rapports qu’elles indiquent étaient marqués par des cas nombreux et pourvus d’une grande force significative. »

318. p. 251, « […] il faut se garder de la confondre avec l’analyse objective, fondée sur l’histoire. »

319. p. 251, <tv> « […] une racine, un suffixe et une désinence […] ; le grec n’en apercevait que deux […] L’analyse objective voit quatre sous-unités […] comme un tout flexionnel opposé au radical. »

320. p. 251, <tv> [ondulé] « Dans les mots français entier […] enfant […] enceinte, l’historien dégagera un préfixe commun en-, identique au in- privatif du latin ; l’analyse subjective des sujets parlants l’ignore totalement. »

321. p. 251, « […] pas de commune mesure entre l’analyse des individus parlants et celle de l’historien, bien que toutes deux usent du même procédé ; »

322. p. 252, « L’analyse historique n’est qu’une forme dérivée. »

323. p. 252, <dtv> <Nej>41, « L’analyse hípp-o-s […] n’est pas fausse, elle est simplement « anachronique » […] »

324. p. 252, <Nej> « Cela revient à poser une fois de plus la distinction radicale du diachronique et du synchronique. »

325. p. 253, « Et comme le plus souvent la langue vivante ne permet pas de surprendre des analyses comme en faisait Bopp, les néogrammairiens, forts de leur principe, déclarent que racines, thèmes, suffixes, etc., dont de pures abstractions de notre esprit et que, si l’on en fait usage, c’est uniquement pour la commodité de l’exposition. »

326. p. 253, <dtv> [à droite et à gauche] « […] unie par un lien intérieur à l’analyse subjective de la langue vivante, l’analyse objective a une place légitime et déterminée dans la méthode linguistique. »

327. p. 256, <tv> « […] le radical reste distinct de la racine, même s’il lui est phonétiquement identique. »

328. p. 256, <tv> « [la racine] obéit à certaines règles de structure : les phonèmes n’y apparaissent pas dans un ordre quelconque ; certaines combinaisons de consonnes, telles que occlusive + liquide en sont proscrites en finale. »

329. p. 257, <tv> « Le préfixe précède la partie du mot reconnue comme radicale […] ou à un premier radical pour en faire un du second degré […] »

330. p. 299, <– sic ?> « *methyos »

331. p. 300, <tv> « Mais la vue sur le passé vise-t-elle la reconstruction des formes complètes et concrètes de l’état antérieur ? […] On peut aller plus loin : ces divers faits une fois reconstitués, on procède à la synthèse de tous ceux qui concernent une forme totale […] »

332. p. 301, « Le but de reconstructions n’est donc pas de restituer une forme pour elle-même, ce qui serait d’ailleurs assez ridicule… »

333. p. 301-302, « Les grandes lignes de l’indo-européen s’éclairent immédiatement par l’ensemble des reconstructions […] »

334. p. 302, <tv> « […] par exemple, que les suffixes étaient formés de certains éléments […] cache dans la règle une même alternance primitive : eozéro. »

335. p. 306, « Adolphe Pictet, un des pionniers du celtisme […] »

336. p. 307, « Or il ne semble pas qu’on puisse demander à une langue des renseignements de ce genre […] »

337. p. 310-311, « […] mais une objection très grave s’oppose à cette vue : un procédé linguistique n’est pas nécessairement déterminé par des causes psychiques. »

338. p. 312, « […] mais de ces déterminations et de ces classements on ne saurait rien conclure avec certitude en dehors du domaine proprement linguistique. »

339. p. 314, « Il serait plus légitime de parler de certaines transformations plus ou moins communes aux diverses langues d’une famille. »

340. p. 314, <tv> « Par contre-coup on a vu s’établir, assez généralement aussi, un ordre plus ou moins fixe pour la construction des phrases […] »

341. p. 315, « Il n’est même pas rare de constater que les traits communs à tous les représentants d’une famille sont étrangers à l’idiome primitif ; c’est le cas de l’harmonie vocalique […]. »

342. p. 315, « […] ce serait donc un trait commun sans être un trait originel, à tel point qu’il ne peut être invoqué pour prouver l’origine commune (très contestée) de ces langues […] »

343. p. 316, « En indo-européen aussi, le consonantisme des racines est soumis à des lois précises ; par exemple, elles n’ont jamais deux sons de la série i, u, r, l, m, n après leur e ; une racine telle que *serl est impossible, etc. »

344. p. 317, « Non ; il se trouve simplement que les langues sémitiques ont moins subi d’altérations phonétiques que beaucoup d’autres et que les consonnes ont été mieux conservées dans ce groupe qu’ailleurs. »

345. p. 319, [Index] <157> « Arbitraire du signe, définition, 100 ; arbitraire = immotivé, 101 […] »

346. p. 320, [Index] « Échecs, jeu d’ – comparé au système de la langue, 43, 225 <1> sv., 153 »

347. p. 323, [Index] « Motivation, motivé, 186 <0> sv. »

348. p. 324, [Index] « Phonèmes […] leur description sur l’acte articulatoire, 65 […] »

349. p. 324, [Index] <, en indo-européen, 316> « Racine, définition, 255 ; caractères de la – en allemand, 265, en français, 256 v., en sémitique, 256, 315, sv. »

350. p. 324, [Index] <123 sv., 163, 254, 258> « Signe linguistique, sa composition, 98 sv. ; son immutabilité, 104 ; sa mutabilité, 109 sv. ; – considéré dans sa totalité, 166 sv. ; – immotivé et – relativement motivé, 181 ; – zéro, 127, 170, 260, 265. »

5. Commentaire

La distribution des interventions (voir l’Appendice) montre que les chapitres qui ont attiré le plus l’intérêt de Hjelmslev sont les chapitres introductifs, à savoir ceux qui portent sur les considérations de portée générale sur les principes phonologiques et sur la linguistique synchronique. Cela n’a pas de quoi surprendre : ce sont les passages du CLG qui comprenaient le plus de contenus novateurs, et ceux qui ont été le plus fréquemment célébrés ou discutés dans la tradition disciplinaire.

On s’arrêtera ci-après brièvement sur quelques annotations parmi les plus significatives.

[Annotation n. 19] La remarque porte sur le statut épistémologique de la psychologie et sur son rapport avec la linguistique. D’après ce qu’on lit dans ce fragment, la psychologie relèverait strictement d’une dimension individuelle – dimension qui serait, en principe, en dehors de la langue. À la page précédente, cependant, la sémiologie était présentée comme emboitée dans la psychologie collective, qui était à son tour emboîtée dans la psychologie générale. Une telle synthèse laissait ouverte, pour la psychologie, la possibilité de prendre en charge la description de la dimension sociale qui est constitutive des systèmes des signes. Dans les Principes de grammaire générale (1928), Hjelmslev suit presque la même démarche théorique, en emboîtant la grammaire (c’est-à-dire la science des formes linguistiques) dans la psychologie collective et descriptive, sur la base du principe selon lequel tout ce qui est linguistique est psychologique, l’envers n’étant pas vrai (Hjelmslev 1928 : 266 et passim). La psychologie collective prend, dans ce même ouvrage, la place de la sociologie, cette dernière pouvant être réduite à la première à cause du fait que le fonctionnement du langage relève des lois « psychologico-logiques » communes à tous les hommes (cf. Cigana 2014a : 35). Par ailleurs, la même oscillation que Hjelmslev reproche ici au positionnement de la psychologie d’après Saussure affecte la théorie de Hjelmslev : à maintes reprises, dans ses Principes, Hjelmslev parle des phénomènes linguistiques comme des faits qui relèvent de la psychophysiologie42 en tant qu’étude indirecte des contenus de conscience : la seule démarche objective puisqu’elle porte sur les processus d’objectivation, c’est-à-dire d’expression, des contenus de conscience eux-mêmes. L’oscillation entre les dimensions collective et individuelle est reprise dans « La Stratification du langage » (1954), où le deuxième niveau de la substance, intermédiaire entre les appréciations collectives et le niveau purement physique, est appelé « sociobiologique ».

[Annotations n. 60, 72 et 263] Ces commentaires portant sur la célèbre distinction saussurienne entre phonologie et phonétique sont en résonance. La première est définie par Saussure comme une science auxiliaire, non-historique mais naturelle, ayant affaire à l’articulation physiologique des sons ; tandis que la dernière est la science historique et essentiellement linguistique des évolutions des sons. D’après Hjelmslev, si la phonologie relève de la parole et la phonétique de la diachronie, il faut en revanche qu’une étude systémique et synchronique des sons reste possible. Ce type d’étude est suggéré un peu plus loin dans le CLG (p. 56) par l’expression « système basé sur l’opposition psychique de ces impressions acoustiques ». Hjelmslev proposera qu’un tel système soit nommé phonématique – anticipant par là l’article « On the principles of phonematics » de 1935, rédigé pour le Second International Congress of Phonetic Sciences (cf. Hjelmslev 1985a). Hjelmslev reproche à Saussure de vouloir dresser le système phonologique avant d’avoir établi celui des phonèmes.

[Annotations n. 301 et 303] Ces deux annotations représentent peut-être les interventions les plus importantes du corpus. Elles montrent l’attention particulière portée par Hjelmslev au concept de « rapport associatif », qui sera un des éléments essentiels et constants de sa réflexion après les Principes (cf. Hjelmslev 1985b [1933] : 5 ; cf. Badir-Cigana 2017 : 248). Trois aspects sont retenus : l’ordre indéterminé et le nombre indéfini des séries linguistiques associatives, et le concept de paradigme flexionnel. Dans le texte du CLG, ce dernier élément est présenté comme un exemple de série associative quantitativement délimitée. L’annotation correspondante à ce passage va précisément dans ce sens : le terme série fermée est suggéré en marge, ce qui témoigne d’un premier effort de reformulation terminologique. Cet aspect sera développé plus tard par Hjelmslev ; il en fera une condition constitutive de tout système linguistique (ou sémiotique) et de sa description (cf. Hjelmslev 1971a : 64, 86sqq, 92). D’ailleurs, Hjelmslev ne semble pas être d’accord avec le texte du CLG en ce qui concerne la nature arbitraire de l’ordre des membres d’un paradigme. Ce serait ainsi, d’une manière arbitraire, que le grammairien grouperait les unités linguistiques (en l’occurrence, les cas) ? N’y aurait-il pas plutôt un certain principe d’ordre qui gouvernerait, de l’intérieur, la distribution des unités paradigmatiques ? Des travaux de comme la « Structure générale des corrélations linguistiques » (Hjelmslev 1985b [1933]), La catégorie des cas [Hjelmslev 1935-37] ou « Numerus og genus » [Hjelmslev 1956] seront à la fois le témoignage et le résultat d’une recherche de longue haleine axée sur ces questions. La solution à laquelle Hjelmslev aboutira est résumée, comme on le sait, dans sa théorie des « oppositions participatives » selon laquelle l’ordre des membres dans un paradigme n’est ni arbitraire ni fortuit, mais symptomatique, vu qu’il dépend des « lois de solidarité » qui gouvernent les rapports entre les membres de toute catégorie linguistique (cf. Cigana 2014b). C’est n’est pas par hasard si dans un vocabulaire latin ou grec, par exemple, on classifie les noms à partir du nominatif (singulier) et les formes verbales à partir de (la première personne de) l’indicatif, tous les deux étant membres extensifs des respectives catégories morphologiques. Dans des conditions idéales, l’usage reflète le schéma : entre les deux il y a une « Wahlverwandschaft »43.

[Annotations n. 332 et 333] La seule forme de critique franche et ouverte qu’on trouve dans l’exemplaire du CLG qu’on examine prend la forme de deux refus de l’hypothèse d’une séparation radicale entre les plans synchronique et diachronique. Cette réaction – qui se rapproche des critiques de Volochinov, de Bakhtine ou de l’école idéaliste de Vossler – va de pair avec la nécessité, pour Hjelmslev, d’un rapport dialectique entre les deux dimensions. Il s’agit d’une « antinomie » qui était particulièrement chère à Hjelmslev : il la reprendra explicitement dans la série de conférences faites en 1934 sur le système et sur le changement linguistiques (cf. Hjelmslev 2016), où il plaide pour une véritable Aufhebung de l’opposition entre synchronie et diachronie.

Globalement, l’ensemble des interventions présentes dans l’exemplaire du CLG que nous avons examiné dessinent les contours d’un « Saussure systématicien » (Laks 2012 : 100). Si l’on admet que le l’auteur de ces interventions a été effectivement Louis Hjelmslev, on dirait que le linguiste danois aurait entrevu dans le CLG les traces de l’idéal algébrique que Saussure avait annoncé dans ses notes manuscrites : « Il arrivera un jour […] où l’on reconnaîtra que les quantités du langage et leurs rapports sont régulièrement exprimables, de leur nature fondamentale, par des formules mathématiques » (Saussure 2002 : 206). Louis Hjelmslev serait donc, dans ce sens, le meilleur lecteur que Saussure aurait pu attendre pour recevoir, développer et diffuser ses idées.

Bibliographie

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ROUDET, Léonce (1910), Éléments de phonétique générale, Paris, H. Welter.

SAUSSURE, Ferdinand de (1894a), « À propos de l’accentuation lituanienne », Mémoires de la Société de Linguistique de Paris III, pp. 425 sqq. [repris dans Saussure 1922, pp. 490-512].

SAUSSURE, Ferdinand de (1894b), « Sur le nominatif pluriel et le génitif singulier de la déclinaison consonantique en lituanien ». Indogermanische Forschungen IV, pp. 456 sqq. [repris dans Saussure 1922, pp. 513-525].

SAUSSURE, Ferdinand de (1896), « Accentuation lituanienne », Indogermanische Forschungen VI. Anzeiger : 157 [repris dans Saussure 1922, pp. 526-527].

SAUSSURE, Ferdinand de (1916 [1922]), Cours de linguistique générale, Lausanne/Paris, Payot. [= CLG].

SAUSSURE, Ferdinand de (1922), Recueil des publications scientifiques de F. de Saussure, publié par Ch. Bally et L. Gautier, Lausanne, Payot.

SAUSSURE, Ferdinand de (2002), Écrits de linguistique générale, établis et édités par S. Bouquet et R. Engler, avec la collaboration d’A. Weil, Paris, Gallimard.

Appendice :

Distribution des types d’intervention dans les différents chapitres du CLG

§SIGNES HORIZONTAUX (SOULIGNEMENTS)SIGNES VERTICAUX (EN MARGE)GLOSES (TEXTUELLES, SYMBOLIQUES)INTERVENTIONS EN ROUGE
Introduction (p. 13-61)
Ix
IIxx
IIIxx
IVxx
Vxx
VIxxx
VIIxxxx
Appendice - Principes de phonologie (p. 63-95)
Ixxxx
IIxxxx
Première Partie - Principes généraux (p. 97-140)
Ixxxx
IIxxx
IIIxxxx
Deuxième Partie - Linguistique synchronique (p. 141-192)
Ixxx
IIxxx
IIIxx
IVxxx
Vxxx
VIxx
VIIxx
VIIIxx
Troisième Partie - Linguistique diachronique (p. 193-260)
I
IIxx
III
IV
V
VI
VII
VIII
Appendicesxxx
Quatrième Partie - Linguistique géographique (p. 261-289)
I
II
III
IV
Cinquième Partie - Questions de linguistique rétrospective / Conclusion (p. 291-317)
I
II
IIIxxx
IVx
Vx
Index (p. 319-326)
xx
Table des matières (p. 327-331)

____________

1 L’exemplaire en question fut retrouvé sur un comptoir exposant les doublons dont la bibliothèque universitaire voulait se débarrasser. Le fait n’est pas tout à fait surprenant. Après le décès de Hjelmslev, sa bibliothèque fut morcelée : son archive personnelle, contenant la correspondance, les brouillons des ouvrages et les documents inédits, fut confiée à la Bibliothèque Royale de Copenhague ; ses livres furent vendus à différentes bibliothèques, et il n’est pas impossible de les retrouver dans leurs catalogues. L’exemplaire de Negation in English and Other Languages (1917) d’Otto Jespersen ayant appartenu à Hjelmslev a été retrouvé, par exemple, à la bibliothèque de l’université d’Anvers (on remercie Johan van der Auwera et Stéphane Polis pour ce renseignement).

2 C’est aussi la date suggérée par Fischer-Jørgensen (1965 : vi) : « Hjelmslev had not read Saussure until 1925 ». Cf. ici note 4.

3 On peut considérer les Principes comme l’aboutissement d’une série d’autres travaux de Hjelmslev :

1916 Sammensatte Ord i Dansk [Les mots composés en danois], œuvre de 97 pages manuscrites par laquelle il gagna le concours organisé par son école, l’Hellerup Gymnasium.

1922 « Indtryk fra Litauen. I: Ydre linjer; II: Indre liv » [Impressions de la Lituanie. I : lignes extérieures, II : vie interne], Gads danske Magasin, 16 : 409-416.

1923 « Otto Jespersens Værk om Sproget » [L’œuvre de Otto Jespersen sur le langage], Tilskueren, 40(2) : 48-58.

1925a « Studentermødet i Nyborg » [La rencontre des étudiants à Nyborg], Ekstra Bladet, 18.8.

1925b « Aandsarbejdernes Internationale » [L’internationale des intellectuels], Ekstra Bladet, 19.10.

1926a « Création de nouvelles revues scientifiques », Bulletin des relations scientifiques, 1(1) : 39-40 ; concernant Acta Philologica Scandinavica.

1926b « Linguistique comparée et générale. Les efforts pour un système international de transcription phonétique et de translitération », Bulletin des relations scientifiques, 1(1) : 48-49.

4 Voir par exemple les gloses n. 354-359, où l’auteur se permet de corriger et compléter les entrées de l’index.

5 Par souci de clarté, nous reproduisons et les passages du CLG qui suscitent les remarques, et les interventions que nous transcrivons. Les annotations elles-mêmes sont reproduites entre chevrons < >, tant lorsqu’elles représentent des notes textuelles que lorsqu’elles prennent la forme de signes ou de figures. Ainsi, trois cercles dessinés dans la marge seront transcrits comme suit : < ∘ ∘ ∘ > ; et une note quelconque rédigée, comme suit : <note quelconque rédigée>. Si ces interventions se réfèrent à des mots ou à des expressions précises dans le CLG, elles seront placées entre chevrons < >, à l’intérieur du passage du CLG en question, juste après le mot ou l’expression auxquels elles s’appliquent. Les passages du CLG mis en valeur au moyen d’un trait vertical dans les marges sont transcrits précédés de la mention <tv>. Si le trait vertical est rouge, on l’indique par la mention <tvr> ; la forme <dtv> vaut pour « double trait vertical », <ttv> pour « triple trait vertical », <dtvr> pour « double trait vertical rouge », etc. On ajoute entre crochets toute autre indication servant à compléter les codes que nous venons de poser. Si les traits verticaux sont ondulés, on ajoutera « [ondulé] », s’ils apparaissent à droite du texte du CLG, on ajoutera « [à droite] », etc. Les traductions des passages rédigés en anglais ou en danois sont données en note. Pour les fragments du CLG qui apparaissent soulignés par l’auteur de ces interventions, nous avons décidé de les reproduire entre guillemets avec les soulignements en question. Lorsque ces soulignements apparaissent en rouge, nous l’indiquons par des soulignements pointillés. Lorsque deux types différents de soulignements se superposent, le passage sera indiqué par des soulignements ondulés. Notons enfin que, sauf indication contraire de notre part, toutes les interventions ont été faites au crayon noir (mine de plomb).

6 Traduction : « NB cf. p. 144 ».

7 Traduction : « Effectivement, une contradiction bizarre avec p. 33 ».

8 Ces termes représentent trois options de traduction du terme « tenus » en danois.

9 Proposition de traduction en danois de l’expression « cas tératologiques » : ‘aberrations’, ‘cas aberrants’.

10 Traduction : « Il doit y avoir quelque chose qui ne va pas ici (une lacune ?) cf. p. 55 et 58. »

11 Traduction : « Cf. p. 61. »

12 Traduction : « Ici il manque un terme chez Saussure. »

13 Traduction : « C’est-à-dire des malentendus du type “bonjour – manche de la hache” ». L’expression danoise est un non sequitur que Hjelmslev utilise pour traduire le terme coq-à-l’âne.

14 Traduction : « non plutôt du point de vue articulatoire ? »

15 Traduction : « le δ est le symbole utilisé par Jespersen pour le voile en tant qu’organe actif. La luette est désignée par Δ en tant qu’organe actif (Fon. p. 276), par k en tant qu’organe passif. Les désignations utilisées ici sont symétriques et donc à préférer ». Hjelmslev fait référence à Fonetik, En systematisk fremstilling af lære om sproglyd de Jespersen (1897-1899).

16 « **) Roudet 54-55 identifie erronément actif avec mobile et passif avec immobile. Mais ce n’est pas la même chose. La luette est mobile, mais parfois active, parfois passive. Il en va de même pour le voile ». Hjelmslev fait référence à l’ouvrage Éléments de phonétique générale de Roudet (1910).

17 « Jespersen admet 9 degrés d’ouverture (Fon. p. 160) ».

18 « !? Voir p. 72 ».

19 « Est-ce que cela est vrai ? »

20 « ibid. ? (Cf. Roudet 197) »

21 Traduction : « Précieuse définition de l’opposition voyelle : consonne ». Voyelle est ici traduite par « vokal », tandis que consonne est nommée « konsonant ».

22 Traduction : « Cf. p. 87 »

23 Termes danois proposés en tant que traduction de « intercepté » : « interrompre, obstruer, fermer ».

24 Traduction : « NB. : Donc cela est utilisé sans regard à l’opposition consonne : voyelle ». Les termes utilisés ici par Hjelmslev pour le couple « consonne : voyelle » sont modifiés par rapport aux précédents (voir note 21). À présent, le terme « voyelle » est rendu en danois par « selvlyd », tandis que « consonne » est nommée « medlyd », ce qui laisse entrevoir les successives définitions hjelmsléviennes de la voyelle en tant que constituant cénématique central (autonome), et de la consonne en tant que constituant marginal (non autonome, ne pouvant pas constituer une syllabe).

25 Traduction danoise pour « glotte relâchée ».

26 Traduction danoise pour « son furtif ».

27 Traduction : « C’est vrai ? ».

28 Traduction : « mais aperture relative ».

29 Traduction : « Cela devrait être : le point sonantique ».

30 Traduction : « Diphtongues ! »

31 Traduction : « Non : tn̩n̩ ».

32 Traduction : « tanche ? ».

33 Traduction : « Cf. p. 65 ».

34 Traduction : « Cf. p. 106 ».

35 Traduction : « Cf. p. 104 ».

36 Traduction : « Cf. la question va à l’encontre de la définition de langue ».

37 Traduction : « détériorations ».

38 Traduction : « Le terme syntagme se retrouve chez Baudouin de Courtenay (Введ. въ язуков. 52 et 55) (également référé aux mots) ». Hjelmslev fait référence à l’ouvrage « Vvedenie v jazykovedenie » (Introduction à la linguistique), publié par Baudouin de Courtenay en 1917.

39 Traduction : « Plutôt que de série finie, ici il vaudrait peut-être mieux parler d’une série fermée ».

40 Traduction : « Mais langue – parole ! ».

41 Traduction : « Non ».

42 « La psychologie indirecte s’appelle d’ordinaire psychophysiologie. D’après les diverses sortes de faits psychiques et des manières dont ils se révèlent, la psychophysiologie peut se constituer sous des aspects différents. Un des aspects essentiels de la psychophysiologie sera la linguistique, et, tout particulièrement, la grammaire » (Hjelmslev 1928 : 46, passim).

43 Le terme spécifique d’« affinité » est utilisé justement dans ce sens goethéen.