À nos lecteurs
Comme déjà annoncé en partie dans le numéro 71, le numéro 72 de notre revue marque un changement important pour plusieurs raisons. Il est le premier à sortir après le passage de témoin à la présidence du Cercle (cf. la section IX ci-dessous), désormais assumée par John Joseph. En 2002, lorsque Daniele Gambarara est entré en fonction comme Président, le Cercle comptait moins de 50 membres (pour la plupart suisses). Pendant dix-sept ans il a été l’animateur principal de cette association savante qui compte aujourd’hui – grâce avant tout à son action inlassable, et à la collaboration constante et active des savant(e)s qui ont travaillé au sein du Comité – environ 175 membres dans le monde entier, tout en conservant une relation forte avec Genève et la Suisse.
À l’occasion de ce passage de témoin, le Comité a décidé de confier dorénavant le processus de préparation (appel à contributions, évaluation par les pairs, etc.) et de rédaction de chaque numéro à des responsables d’édition. Nous sommes les premiers à assumer cette tâche1, et nous ressentons toute la responsabilité de cette tradition, à la fois récente et datant de 1941.
Le numéro que nous présentons est le deuxième à être entièrement conçu pour une édition numérique et en double diffusion, sur papier et en ligne. Depuis le 14 décembre 2020, les Cahiers sont accessibles sur la plateforme numérique de la maison d’édition Droz (https://revues.droz.org/index.php/CFS) ; cette innovation permet la consultation en libre accès de la plupart des contributions, sauf pour les rubriques « Articles » et « Documents », qui ont une barrière mobile de trois ans, mais dont les contributions peuvent être achetées individuellement.
Au cours de l’année 2020, le Cercle a renouvelé son site web, et le nouveau site (https://www.cercleferdinanddesaussure.org), où l’on peut trouver, comme sur l’ancien, des informations sur les activités du Cercle et la publication des Cahiers, intègre des outils numériques. Parmi ces derniers nous voudrions mentionner en particulier la section « Cherchez l’article », qui permet de rechercher les contributions publiées dans les Cahiers par mot-clé ou par auteur, la section « Ressources électroniques », où l’on trouvera des liens vers la plupart des sites ayant trait à l’univers saussurien, et la section « Paroles » dédiée aux actualités saussuriennes. Toute suggestion ou notification de publications et événements est la bienvenue2.
À tous ces facteurs – déjà suffisants en eux-mêmes pour entraîner un retard dans la sortie du volume – s’est ajoutée, finalement, la terrible situation sanitaire que nous vivons encore aujourd’hui, et dont nous ne sommes pas encore en mesure de prévoir les conséquences à long terme.
Pendant ce temps, plusieurs savant(e)s qui ont travaillé avec profit sur l’œuvre et la pensée de Ferdinand de Saussure (certains étant membres du Cercle), et qui, plus généralement, ont apporté une contribution fondamentale à la linguistique et à la sémiologie, nous ont quittés : Jean-Claude Chevalier, Jacques Coursil, Antoine Culioli, Paolo Fabbri, Gérard Genette, Morris Halle, Jean Starobinski, Roland Posner, Peter Wunderli, entre autres. À certains d’entre eux il est rendu un hommage in memoriam (Culioli, Fabbri, Genette, Lazard) ou par une discussion de leur apport (Halle) dans les pages qui suivent. Un hommage in memoriam à Wunderli est prévu pour le numéro 73. La contribution de Starobinski aux études saussuriennes fera l’objet d’une section spécifique dans le numéro 74.
Parmi les choix éditoriaux que nous avons faits, il y a celui de publier en entier, dans ce numéro, une longue contribution concernant la copie du CLG annotée par Hjelmslev. Le type de texte et son importance étaient de nature à décourager la publication en deux parties dans deux numéros successifs. La rubrique « Lectures critiques » fait son entrée dans ce numéro des Cahiers ; la première contribution à cette nouvelle rubrique est une discussion détaillée d’un ouvrage dont le sujet (l’accentuation lituanienne) était particulièrement cher à Saussure. Le numéro contient également des documents intéressants et une riche section de comptes rendus et de chroniques de colloques. Depuis les mois de décembre 2020, la Bibliothèque de Genève a mis en ligne et en libre accès la plupart des manuscrits saussuriens : c’est une étape importante pour les études saussuriennes, et l’annonce de Daniele Gambarara (cf. la section VIII ci-dessous) donne des détails sur les modalités de consultation et sur les outils mis en place par la BGE.
Notre travail (et celui des responsables d’édition des prochains numéros, qui sortiront bientôt) vise à permettre aux Cahiers Ferdinand de Saussure de relever de nouveaux défis, mais toujours dans le sillage d’une tradition importante, et avec une pleine conscience que l’exploration du potentiel de la pensée de Saussure pour la linguistique, la sémiologie et la philosophie du langage est loin d’être achevée ; d’une certaine manière (en pensant aux possibilités ouvertes par le numérique), elle ne fait que commencer.
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