Book Title

Chronique du colloque international Philosophy of language and Digital Humanities

Université de Calabre, Arcavacata di Rende (CS) Italie, 7-9 Mai 2019

Giuseppe COSENZA

Université de Calabre

cs.giuseppe@gmail.com

Du 7 au 9 mai 2019, à l’Université de la Calabre, a eu lieu le colloque international Philosophy of language and Digital Humanities qui a bénéficié du soutien du Département des Sciences de l’Homme (Dipartimento di Studi Umanistici) et de la bibliothèque de Sciences Humaines (Biblioteca di Area Umanistica E.F. Fagiani) de l’Université de Calabre.

Le colloque a été organisé par Emanuele Fadda, Daniele Gambarara, Marco Mazzeo et moi-même, avec un double but : 1) réunir plusieurs projets qui utilisent des techniques numériques afin de créer des plateformes scientifiques et de recherche numérique dans le domaine de la philosophie du langage au sens large ; 2) faire ressortir l’apport des recherches en sciences du langage à la création de ces plateformes. Dans ce cadre, le syntagme philosophy of language est à considérer dans un sens large, comprenant les recherches dans les domaines linguistiques et sémiotiques qui accordent de l’attention aux processus philosophico-épistémologiques.

Le colloque a été organisé en quatre sessions et chaque organisateur a pris en charge une session : la session Wittgenstein a été prise en charge par Mazzeo, la session Saussure par moi-même, la session sur la tradition saussurienne par Gambarara et la session Peirce par Fadda. Chaque organisateur a ouvert sa session par un état de l’art sur la complexité des archives de chaque auteur.

La structure du colloque a été conçue sur deux axes : 1) un sujet principal pour chaque session, avec la participation des équipes qui ont créé des plateformes numériques ; 2) des communications orientées vers des thématiques et des questions transversales aux quatre sessions, afin de favoriser les discussions entre chercheurs qui travaillent sur des projets concrètes selon des points de vue différents, relevant de la philosophie, de la linguistique, de la sémiotique, de l’informatique, de la bibliothéconomie, de l’archivistique. Les considérations ci-dessous offrent un aperçu des quatre sessions du colloque.

La première session a été consacrée à Wittgenstein. Les travaux de cette session ont comporté deux communications sur le projet numérique des manuscrits de Wittgenstein à Bergen (Norvège)1, l’une assurée par A. Pichler, responsable du projet et l’autre par M. De Iaco ; ensuite, C. Marras a dressé un panorama des apports théoriques de la philosophie du langage aux éditions numériques dans les sciences humaines. Cette session a pris comme focale la question de l’organisation des contenus scientifiques gérés par une plateforme numérique avec la construction de ontologies informatiques.

La deuxième session a été consacrée aux projets numériques relatifs à Saussure. Cette session a profité de la participation de G. Falquet et L. Nerima, responsables de la plateforme http://fds.unige.ch. Ils nous ont montré les expériences numériques faites sur la base de données pour ce qui concerne la transcription automatique de manuscrits et l’application de méthodes qui repèrent des similarités thématiques entre les textes. S. Piccini et A. Del Grosso ont présenté les avancements sur la plateforme philologique des éditions de manuscrits saussuriens et sur la terminologie numérique simple_fds fondée en 2013. F. Murano, dans sa communication, a présenté certains problèmes philologiques posés par l’édition des manuscrits saussuriens, en particulier par les notes des étudiants aux cours de Saussure, surtout les cours sur les langues anciennes. P. Monella a présenté des exemples illustrant la nécessité d’intégrer dans les systèmes d’édition numériques plusieurs niveaux d’édition, et minimum deux : diplomatique et interprétative. Cette session a été axée sur les questions philologiques dans le cadre des éditions numériques, surtout par rapport aux manuscrits modernes caractérisés par la présence de notes personnelles qui souvent ne constituent pas un texte achevé.

La troisième session, dédiée à la tradition saussurienne, a touché la question du rapport entre la connaissance acquise autour d’un savant et la diffusion de la recherche et de ces connaissances. Si le numérique permet des liens entre les connaissances et leur consultation à distance, le défi pour établir un système qui sert vraiment de lieu de recherche et non seulement de lieu de consultation, est la construction de bibliothèques numériques spécialisées et la mise en rapport de la bibliographie secondaire avec les textes originaux. A. Rovella a montré la valeur des instruments de classification numérique des bibliothèques et des archives et leur pertinence par rapport à la création d’une plateforme numérique de recherche. M. Servilio à présenté le projet de la plateforme numérique du laboratoire d’histoire des idées linguistiques de l’université la Sapienza de Rome (https://web.uniroma1.it/storiaideelinguistiche/archivio-pagliaro/scuola-romana).

La quatrième session à été consacré à C.S. Peirce. J. Nubiola (responsable du projet) et S. Barrena ont présenté la plateforme de consultation des recherches produite par le groupe d’Estudios Peirceanos de l’Universidad de Navarra, qui est la première (et la meilleure) plateforme consacrée à C.S. Peirce en espagnol (https://www.unav.es/gep). F. Bellucci, à travers l’analyse de quelques cas tirés des manuscrits nommés Syllabus of logic (notamment des variantes considérées à tort comme faisant partie d’un texte unique)2, a fait ressortir la valeur et l’urgence d’activer la recherche philologique sur les manuscrits du sémioticien américain. Si, d’un côté, le catalogue des manuscrits de Peirce a une unité qui est devenue un standard de référence, de l’autre côté, le grand projet d’édition complète en version papier a débuté il y a trente ans mais il s’est arrêté très tôt. Les problèmes financiers ont joué un rôle principal dans l’impasse du Peirce edition project, mais la complexité de l’édition d’une archive de manuscrits énorme comme celle de Peirce, où les problèmes philologiques d’édition demeurent toujours sous-estimés, a eu un rôle aussi important que le facteur financier. Enfin, C. Falco nous a montré les expériences faites dans le cadre du laboratoire de linguistique computationnelle Maurice Gros de l’Université de Salerne (https://labgross.unisa.it).

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1 On peut consulter le projet sur http://wab.uib.no/ et on peut consulter l’ontologie sur http://wab.uib.no/sfb/

2 Des cas analogues se trouvent également dans les manuscrits de Saussure (cf. p. ex. BGE Ms. fr. 3951/7).