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Notes du cours « histoire du verbe indo-européen » de Saussure (BGE ms. fr. 5128) : problèmes de datation

Charles Bally

Mariarosaria ZINZI

Università degli Studi di Firenze

mariarosaria.zinzi@unifi.it

Les recherches menant aux présents résultats s’insèrent dans un programme de recherche dont le but est l’édition des manuscrits de Ch. Bally ; elles ont bénéficié d’un soutien financier de la Société Académique de Genève. Je tiens à remercier Maria Pia Marchese, Francesca Murano et Daniele Gambarara pour l’attentive relecture du manuscrit. Si des erreurs subsistent, j’en porte la responsabilité.

1. Description du manuscrit1

Le manuscrit du Fonds Charles Bally déposé à la Bibliothèque de Genève sous la cote Ms. fr. 5128 se compose de 172 folios, distribués sur 5 cahiers (22 x 18,5 cm), les quatre premiers à pages blanches, le dernier à pages rayées. La couverture de tous les cahiers est rigide, en carton couleur bleu turquoise.

Les cahiers ont été réunis dans un volume et remis à la bibliothèque par Mme Alice Bally le 11 décembre 19632. Les premières pages des quatre premiers cahiers portent le titre du cours et le numéro du cahier ; les mêmes informations se retrouvent, avec la signature de Charles Bally, sur les couvertures des cahiers 2, 3, 4. Il est difficile de lire le texte qui se trouve sur la couverture du premier cahier, du fait qu’une étiquette portant les données du manuscrit est collée au-dessus. Le titre « Le verbe Indo-Européen. Ch. Bally » se trouve au milieu de la première page du premier cahier, l’indication « 1er cahier » est en haut à droite. Le numéro du cahier et le titre du cours se trouvent en haut à gauche sur les premières pages des cahiers 2, 3, 4 (c’est-à-dire aux ff. 36, 78, 114), alors que dans le cinquième cahier on ne trouve que l’indication « 5e cahier » en haut à droite sur la première page (f. 151). Il me semble que seules les indications du premier cahier sont de la main de Charles Bally. Mme Bally a supposé, en s’appuyant sur son contenu, que le cinquième cahier, dont les premières pages sont coupées, relève du même dossier : ainsi, sa couverture porte une étiquette contenant l’indication « Le verbe indo-européen. Notes de Charles Bally. Ce doit être le 5ème cahier ». La suggestion de Mme Bally est correcte, parce que le contenu du cahier est cohérent avec celui du cahier précédent : les notes s’ouvrent sur la suite de l’explication de la formation du parfait en indo-européen, en reprenant au point où s’arrêtent les notes du quatrième cahier.

Les pages ont été numérotées de façon progressive, sur le recto et sur le verso, au crayon rouge : la numérotation se poursuit sans interruption d’un cahier à l’autre, signifiant l’unité du texte. Le deuxième cahier garde la trace d’une précédente numérotation seulement au recto, qui est parfois biffée, parfois effacée et substituée par une numérotation, au recto et au verso, au crayon rouge. Suivant la numérotation précédente, les pages commençaient à 1.

Les ff. 35v, 69, 150a, 171bis, 172a, 172b, 172 ne contiennent pas d’écriture. De plus, le f. 35bis du premier cahier est coupé (on entrevoit de l’écriture au verso), ainsi que les ff 145a, 145b, 145c et 145d du quatrième cahier et les ff. 150f, 150g, 150h, 150i du cinquième cahier.

2. Datation du manuscrit

Sur le premier cahier on trouve le titre « Notes de Charles Bally. “Le verbe indo-européen” » et la notation « selon toute vraisemblance, ces notes ont été prises par Charles Bally dans les cours de celui qui fut son Maître : Ferdinand de Saussure probablement autour de 1903-1906 ». Mme Bally, qui s’est occupée de l’organisation et d’un premier catalogage du matériel que son mari avait légué à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève (testament d’août 1946), s’est vraisemblablement trompée, parce que la datation proposée sur la couverture contraste avec la chronologie des cours saussuriens établie par Linda (2001) 3, qui avait déjà signalé l’incongruité de la reconstitution de Mme Bally (Linda 1996 : 73, n. 36). Des cours portant sur le verbe indo-européen ne sont pas attestés pour la période 1903-1906, en revanche un cours dont le titre est Histoire du verbe indo-européen est attesté pour les semestres 1892-1893 + 1893 et 1893-1894 + 1894. Godel (SM : 16, n. 10) souligne la difficulté d’établir la date des cours dont témoignent les cahiers de Bally : « Bally n’a pas noté les dates des cours qu’il a suivis entre 1893 et 1906. Il est difficile de les rétablir à coup sûr : le cours de gotique, par exemple, annoncé au programme pour 1896-1897, n’aurait été donné que l’année suivante si la date indiquée par H. Duchosal (Inv. C II 1) est exacte ». Pourtant, la bibliographie que Bally note permet de supposer que le cours doit être daté dans les années 1893-1894 + 18944. Cette datation serait confirmée par la biographie de Bally : il est précepteur en Grèce de 1889 à 1893 et en 1893 il rentre, malade, à Genève. Redard (1982) affirme que, si la date généralement avancée est exacte, Bally connait Saussure en 1894 à un cours où l’a entrainé son ami Tojetti. De Mauro (CLG/DM : 312), en s’appuyant sur SM 16, affirme que Bally fréquente les cours de Saussure de 1893 à 1906 : le premier aurait été le cours d’Etymologie grecque et latine de 1893-1894. Pour Linda (2001 : 178) la présence de Bally au cours n’est pas certaine, mais les notes contenues dans Ms. fr. 5131/3-4 confirment sa présence (cfr. Murano, 2017). Si la proposition de datation des notes du cours sur le verbe indo-européen est correcte, il faudrait mettre à jour les listes des auditeurs dressées par Linda (2001) et ajouter le nom de Bally à celui de Tojetti pour le deuxième cours d’Histoire du verbe indo-européen (1893-1893 + 1894).

Les notes de cours prises par Bally évoquent les observations élaborées dans ce que Angeli et Vallini (Saussure 1990 [1991) ont identifié comme des notes préparatoires à un cours concernant l’histoire des langues indo-européennes qu’elles ont daté des années 1891-18925. Les autrices décrivent le manuscrit Ms. fr. 3970/c comme une première version, peu unitaire, des observations sur le double effet phonétique concernant le monovocalisme originaire indo-européen (à savoir la chute de e et sa transformation en o) et ses conséquences sur le plan morphologique. La reconstitution de la chronologie des cours saussuriens à Genève de Linda (2001) permet d’avancer qu’il s’agit des notes préparatoires au premier cours consacré au verbe indo-européen. Le sujet des exposés contenus dans Ms. fr. 3970/c et Ms. fr. 5128 est le même dans plusieurs sections : l’impression générale déclenchée par les documents est que les notes de la main de Saussure sont une ébauche de cours, dont on retrouve une réalisation effective dans les notes de Bally. Compte tenu de l’affirmation de l’élève, qui écrit que « pendant des longues années il [scil. Saussure] s’interdît de jamais faire deux fois le même cours, la même leçon » (Bally 1913 : 104), on peut proposer que les notes saussuriennes soient précédentes au premier cours d’Histoire du verbe indo-européen (1891-1892) et que les notes de Bally aient été prises au cours de l’année suivante. Un indice interne aux textes supporte cette hypothèse : lorsqu’il parle de la chute de e et de sa connexion à la nature musicale de l’accent indo-européen, Saussure fait référence à Passy dans les notes de cours de Bally. Il fait référence à Etude sur les changements phonétiques et leurs caractères généraux publié en 1891. Or, ce travail n’est pas cité dans les notes préparatoires au cours, où l’on trouve, cependant, une référence à Havet et à ses études sur la nature de l’accent indo-européen connectée à l’histoire du latin (Havet 1885). La référence à Passy dans le cours de 1893-1894 + 1894 confirme que les notes de cours de Bally sont postérieures aux notes préparatoires de Saussure, lesquelles, à leur tour, se situent immédiatement avant la publication du travail de Passy.

Saussure réfléchit dans ses propres notes à la morphologie indo-européenne, en consacrant, à ce que l’on peut constater, une place moins étendue que dans les notes de Bally à la morphologie du verbe indo-européen. Pourtant, la disposition des sujets traités est semblable. Les deux manuscrits s’ouvrent avec une réflexion sur la composition morphologique des mots indo-européens susceptibles d’analyse (Saussure 1990 [1991], ff. I, 1 (1r) – VI, 2 (9v) et Ms. fr. 5128 f. 1) : il manque dans les notes de cours de Bally les observations sur la « parfaite <mathématique> netteté et constance des éléments du mot indo-européen » (Saussure 1990 [1991], f. III, 2 (4v), ainsi que la polémique contre la terminologie traditionnelle de la morphologie, qui reconnait une signification absolue aux termes racine, suffixe et désinence6. Après les premiers moments consacrés à la composition morphologique des noms indo-européens, les notes de Saussure ainsi que les notes de Bally sont occupées par une longue digression de phonétique7 autour des lois qui régissent les racines (Saussure 1990 [1991], ff. IX, 1 (13r) – XXVII, 1 (27r) et Ms. fr. 5128 ff. 2-13) : « le double événement phonétique » (Saussure 1990 [1991], f. XXII, 4 (38v), à savoir la chute de e et sa transformation en o, qui se réalise en indo-européen est alors analysé. Une section des notes de cours prises par Bally évoque de façon plus évidente une partie des notes saussuriennes publiées par Angeli et Vallini (Saussure 1990 [1991]). On lit dans les notes de Saussure (1990 [1991], ff. XIV, 1 (22r), XIV, 2 (22v) :

Nous connaissons <relativement très bien> la place de l’accent tonique indo-européen. En gros, c’est l’accent indien ; marqué dans les textes védiques, mais pas dans les textes proprement sanscrits. [[ ]] Preuve 1° cet accent indien correspond parfaitement aux variations vocaliques dont nous allons parler ; or, ces variations étant indo-européennes, l’accent indien est donc un témoin fidèle de l’accent indo-européen. Mais [[ ]] 2° l’accentuation indienne est confirmée dans une certaine mesure par l’accentuation grecque ; c’est-à-dire pour autant que cette dernière n’est pas altérée par la loi postérieure qui n’admet le ton que sur les trois dernières syllabes du mot. Enfin 3° l’accentuation indienne est confirmée d’une manière éclatante par la plus ancienne accentuation germanique, telle que M. Verner // l’a reconstituée à l’aide de certains phénomènes consonantiques qui dépendent de l’accent par exemple en allemand

Vater maisBruder
malgré pater = frater
pour la même raison qu’en sanscrit
pitár mais bhrā́tar.

On trouve dans les notes de Bally (Ms. fr. 5128 ff. 5-6) :

L’accent indo-européen est le même que le sanscrit. Comme pour les notations védiques qu’on a prises d’abord pour une notation musicale, un rythme.

Cet accent est en relation avec la vocalisation (çrṓtum, çrŭtás). Or cette différence est Indo-européenne.

Appui de l’accent grec, mais en partie seulement

ποδός, πόδα, πόδες, ποδῶν

Sanscrit padás, pā́dam, pā́daṣ, padā́m

Preuve, tirée du gothique

Les occlusives fortes indo-européennes p t k ont en gothique 2 représentations

p = f et ƀ }Donc une fricative f, þ, χ ƀ = v franç(ais)
t = þ et đet une forte ƀ, đ, γđ = δ grec moderne
k = χ et γ (?)γ = g berlinois

Verner rapprocha en 1877 cette différence de l’accent sanscrit :

Ex. Scr. Bhrā́tā *brṓþēr bruder
mātā́ *mođḗr mutter
Parf(ait) goth(ique) 1e et 3e *taiχe il montra
1e plur(iel) *tiγumé
Scr(di)dḗça (di)diçimá
Pareillement en allem(an)d siéden gesotten

Angeli et Vallini (Saussure 1990 [1991] : 373) signalent que cette partie de la réflexion saussurienne sur les lois phonétiques (leurs manifestations, leur cause, leurs effets) est la plus tourmentée du manuscrit, la preuve étant le fait qu’en est gardée, dans le même document, une double version. La version reprise pour le cours de 1893-1894 + 1894 est la première du manuscrit saussurien.

Saussure élabore, dans ses propres notes ainsi qu’à l’occasion du cours de 1893-1894 + 1894, des réflexions sur la nature de l’accent indo-européen, sur les sons susceptibles de recevoir le ton (dans les notes prises par Bally Saussure parle explicitement de « monotonie des formes primitives », Ms. fr. 5128 f. 8) et sur le siège de l’accent dans le mot (Saussure 1990 [1991], ff. XXI, 1 (35r) – XXII, 3 (38r) et Ms. fr. 5128 ff. 7-8). Il manque, dans les notes de Bally, une référence critique à la théorie du guṇa, tirée de la doctrine des grammairiens hindous et empruntée par les études précédentes de grammaire comparée afin d’expliquer l’alternance ei/i et eu/u (Saussure 1990 [1991], ff. XXVI, 2 (25v) – XXVII, 1 (27r). Saussure souligne que ei et eu ne représentent pas un renforcement de i et u (état de guṇa), mais, au contraire, i et u suivent la réduction qui comporte la chute de e8

Les notes de Bally se poursuivent ensuite avec la partie plus spécifiquement consacrée au verbe indo-européen, mais, du fait que la majeure partie est sténographiée, on n’arrive à lire que des sections très limitées de l’explication saussurienne. On peut seulement s’appuyer sur les titres de paragraphes donnés par Bally, qui nous permettent d’avoir une idée de l’articulation du cours. Le sujet est la formation des différentes formes verbales, analysée à travers l’étude des mécanismes de composition de racines, thèmes, suffixes et désinences – y est reprise la réflexion sur l’alternance e/o en ce qui concerne les thèmes verbaux thématiques (Ms. fr. 5128 ff. 22-24) : Saussure, dans les notes de Bally, distingue formes thématiques (présent, aoriste, futur, dérivés – subjonctif et optatif – et dérivés nominaux) et formes athématiques (présent, dérivés – subjonctif –, imparfait, parfait – classification des racines et thèmes dérivés). Cependant, les notes de la main de Saussure (1990 [1991], ff. XXVIII, 1 (48r) – XXIX, 4 (49v) abordent l’analyse morphologique des formes, en distinguant premièrement les thèmes nominaux et ensuite les thèmes verbaux – distinction bientôt abandonnée, parce qu’il n’y a « aucune espèce de différence de forme entre un thème verbal et un thème nominal ; l’aspect est le même ; les lois en général sont les mêmes. Il n’y a donc pas lieu de les séparer pour l’étude ultérieure » (Saussure 1990 [1991], f. XXVIII, 4 (49v). Saussure relève qu’il faut avant tout se débarrasser de l’idée de l’ancienne grammaire selon laquelle les formes du même verbe auraient une base commune, en faisant un tout homogène. L’ensemble des formes qui composent un verbe ne peut être comparé qu’à une multiplicité de noms, parce que le verbe n’est pas une unité morphologique : l’unité du verbe est seulement une unité logique ou lexicologique, et est la « parfaite correspondance de l’idée, du sens, à travers les variations de temps et de mode » (Saussure 1990 [1991], f. XXX, 1 (52r). L’analyse des phénomènes qui se réalisent en indo-européen pendant la création de formes verbales est ensuite développée d’une façon peu systématique : Saussure se concentre uniquement sur le thème d’aoriste jusqu’à la fin des notes, qui terminent avec des considérations concernant la linguistique indo-européenne, qui semblent manquer dans les notes de Bally. Un point évident de contact entre les deux séries de notes est une section consacrée au redoublement attique : pourtant, Saussure lui consacre un bref paragraphe dans ses propres notes (Saussure 1990 [1991], ff. XXXI, 3 (54r) – XXXI, 4 (54v), alors que cinq folios des cahiers de Bally sont occupés par des réflexions portant sur ce sujet, et comprenant aussi un écho de la polémique entre Saussure et Wackernagel sur ce même sujet.

3. Conclusion

Compte tenu de la chronologie des cours saussuriens établie par Linda (2001) et de la bibliographie que Bally note dans Ms. fr. 5128, je propose que le manuscrit doive être daté des années 1893-1894 + 1894. De plus, étant donnée la ressemblance dans l’exposition des notes de Saussure et des notes de Bally, on pourrait conclure que les premières sont précédentes – et préliminaires – aux secondes. Cela pourrait supporter l’hypothèse de datation de Ms. fr. 3970/c suggérée par Angeli et Vallini qui, bien que l’on trouve parmi les folios (f. XXXIII) un faire-part de mariage qui porte l’indication de lieu et date (Genève, Mai 1888), considèrent la date un terminus post quem et non circa quem et supposent que le manuscrit peut être daté des années 1891-1892. La présence d’un faire-part de mariage qui contient des indications précises (spatiales et temporelles) a encouragé Mejía-Quijano à proposer que le manuscrit doive être daté d’une époque proche de 1888, c’est-à-dire pendant les années de l’enseignement parisien de Saussure ; Gambarara9 en rapporte :

Cl. Mejía, dans une note au Catalogue (15.09.2009) et dans une communication au colloque de l’Université de la Calabre (1-3.10.2009), a attribué ces notes au cours de Grammaire comparée du grec et du latin donné par Saussure à Paris en 1887-1888. En effet, une des dernières pages de ce premier texte est écrite sur le faire-part de mariage de ses cousins Paul van Berchem et Alice Necker, à Genève en mai 1888 (f. 57 = anc. f. 33).

Pourtant, Angeli et Vallini proposent une datation des années 1891-1892 pour deux raisons : les premières années de la rentrée de Saussure à Genève sont caractérisées par un intérêt renouvelé pour les langues classiques et des notes sur le verso de f. XXXVI, 4 renvoient à l’enseignement de Saussure en tant que professeur extraordinaire d’« Histoire et comparaison des langues indo-européennes » à l’Université de Genève10.

Considérer les manuscrits Ms. Fr. 3970/c et Ms. Fr. 5128 comme étant immédiatement successifs chronologiquement les insère dans une période où Saussure réfléchit à des thèmes de linguistique indo-européenne pour lesquels, bien qu’ils soient de type morphologique, il ne peut se passer de la phonétique. Saussure se consacre encore une fois à la question du double résultat du monovocalisme originaire de l’indo-européen, thème par ailleurs très cher à Saussure, qui y réfléchissait depuis quelque temps – on renvoie par exemple au Mémoire et au manuscrit intitulé Phonétique (bMS Fr 2066 (8), daté par Marchese au 1883-8511 – afin d’encadrer le problème d’une manière plus générale et systématique.

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1 La description ici offerte est préalable à une description plus précise et étendue du manuscrit, que je vais donner dans une prochaine publication.

2 La date est explicitement indiquée dans l’étiquette sur la couverture du premier cahier. Pour plus de renseignements autour du dépôt du matériel manuscrit de Bally à la Bibliothèque Publique de Genève on renvoie à Forel (1982).

3 En ce qui concerne les sources de la chronologie cfr. Linda (2001 : 167 ss.).

4 Je renvoie à un prochain article pour plus de renseignements autours des références bibliographiques notées par Bally.

5 Saussure (1990 [1991] : 372).

6 « En effet, partout où nous pouvons suivre la langue pendant quelques siècles, nous voyons [[ ]] que les éléments que nous réunissons sous la dénomination de racines ou de suffixes ont les origines les plus diverses, et ont été précipités dans une même catégorie par les accidents les plus imprévus » (Saussure 1990 [1991], f. V, 2 (7v)).

7 Le terme de « phonétique » est employé dans cet article dans le sens saussurien de « étude en diachronie des sons », par opposition à « phonologie » en tant qu’« étude de la phonation ». Cfr. ci-dessous CLG 55-56, Saussure (2002 : XVII-XX) et [Reichler-] Béguelin (1980 : 19).

8 A propos de la théorie du guṇa, Saussure (1990 [1991], f. XXVI, 2 (25v) explique : « Ce n’est que depuis une dizaine d’années, <tout au plus>, que la vieille théorie du guṇa a été définitivement détruite ». Saussure avait déjà dans le Mémoire (Mém. 136 n. 3) bouleversé la théorie empruntée par Schleicher, en démontrant que le degré normal comporte la présence de e. Cette idée est ensuite reprise par Osthoff (Brugmann-Osthoff 1881), qui déclare, en utilisant des mots attribués à Havet, « le guṇa est mort ! » (Brugmann-Osthoff 1881 : 348). Si la déclaration de mort du guṇa n’a qu’une dizaine d’années et si l’on prend les Morphologische Untersuchungen (Brugmann-Osthoff 1881) en tant que terminus post quem, la datation des notes de la main de Saussure au 1891-1892 peut être confirmée.

9 Gambarara (2009 : 292, n. 9).

10 Au contraire, Gambarara (2009 : 292, n. 9) soutient : « Dans Ms. fr. 3970/c on a donc deux textes de dates différentes, accostés par Saussure lui-même ».

11 Cfr. Marchese (1990) et l’introduction à Saussure (1995).

Bibliographie

Abréviations

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